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Une cohérence introuvable. Les politiques d’immigration et d’intégration en emploi au Québec.COLLOQUE DES ÉTUDIANTS ET DES JEUNES CHERCHEURSEnjeux actuels de l’immigrationdes gains fragiles, des acquis menacésCRIEC, UQAM3 mars 2011Marie-Thérèse ChichaÉCOLE DE RELATIONS INDUSTRIELLESUNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
PLAN • Quelques données statistiques • La sélection des immigrants • L’intégration en emploi • Francisation • Reconnaissance des diplômes • Expérience de travail québécoise • Discrimination en emploi • Conclusion
Quelques données statistiques - Taux d’emploi 2007-Québec: 75,7% I; 93,0% N
Quelques données statistiques: la première incohérence: la déqualification Le taux de déqualification représente le % d’immigrants diplômés universitaires qui travaillent dans un emploi sans exigence de diplôme universitaire Au Québec, en 2006: 42,1%.
Immigrantes moyennement déqualifiées (quelques exemples). Représentent 25% de l’échantillon
La conception de la grille de sélection • Critère adaptabilité: • 3 balises: • Les connaissances du candidat sur le Québec • Les démarches effectués pour faciliter son intégration éventuelle • Ses qualités personnelles. • Caractère subjectif • Entre 2006 et 2008 , 45% des demandes de travailleurs qualifiés ont obtenu la note de passage grâce aux points du critère adaptabilité.
Critère scolarité Depuis 2006: domaines de formation privilégiés: 12 points max. Or 65% des travailleurs qualifiés sélectionnés entre 2006 et 2008 n’ont obtenu aucun point pour les domaines privilégiés. Est-ce réaliste de penser que l’on peut atteindre les cibles d’immigration avec ce critère? Est-ce une question de mauvaise compréhension et sélection de la part des agents?
D’autre part, même avec des points pour les domaines privilégiés, il n’y a aucune assurance que les diplômes et l’expérience seront reconnus: • Par les ordres professionnels • Par les employeurs.
Une grande diversité de programmes • OFFRE DE TRAVAIL • Accueil et aide de première ligne • Formation linguistique • Développement de l’employabilité • Reconnaissance des études et de l’expérience étrangères • DEMANDE DE TRAVAIL • Formation en emploi et stages • Interdiction de la discrimination en emploi • Programmes d’accès à l’égalité • Initiatives de gestion de la diversité
LA FRANCISATION • Objectif important de la politique quécoise • Même si les 2/3 des immigrants sélectionnés obtiennent quelques points pour le français, les niveaux de connaissance sont très variables. • Parallèlement à l’augmentation du nombre d’immigrants en 2010, le gouvernement a réduit les cours de francisation • En avril 2010, abolition de 30 classes de francisation pour immigrants. (économie de 5 millions $/an) • Emploi-Québec a aboli 35 classes à temps partiel de français (économie de 600000 $) • La manque de maîtrise du français peut contribuer à la déqualification
Reconnaissance des diplômes: Rigidités et discrimination dans les règles et pratiques des principaux acteurs
Reconnaissance des diplômes: Rigidités et discrimination dans les règles et pratiques des principaux acteurs • Par exemple, en médecine • Discrimination systémique mettant en cause le Collège des médecins, le Ministère de la santé, les universités (décision de la CDPDJ 2010) • 85 places dans les quatre facultés sont restées inoccupées, dont 62 en médecine de famille, alors que 174 médecins diplômés à l’étranger qui avaient obtenu leur équivalence formelle du CMQ au terme des 3 examens obligatoires n’ont pas eu accès à la formation leur permettant d’exercer la médecine au Québec.
Rigidités et discrimination dans les règles et pratiques des principaux acteurs • Programmes de perfectionnement pour les ingénieurs formés à l’étranger • Partenariat: Ordre des ingénieurs, Polytechnique, ministères, CAMO-PI • Conditions d’accès: • Places contingentées • Priorité à ceux qui sont sur l’aide sociale • Taux de réussite: 76% vs 60% • Réticence des employeurs
Importance de l’expérience de travail locale Étude de Oreopoulos (2009). 6000 CV fictifs- Toronto • Les candidats immigrés ayant une expérience canadienne avaient 11% plus de chances que ceux qui disposaient d’un CV en tous points comparables, à l’exception de l’expérience canadienne. • Parmi les candidats ayant 4 à 6 ans d’expérience canadienne, il n’y avait pas de différence dans le taux de convocation à une entrevue entre les candidats ayant un diplôme canadien et ceux qui avaient un diplôme étranger.
L’expérience de travail locale • Immigrants diplômés dans des professions réglementées ou non réglementées. • PRIIME. Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi. 2005. • Subventions salariales aux PME (250 employés ou moins) • Objectifs: • inciter les PME à embaucher des immigrants et des membres de minorités visibles • Leur permettre d’ acquérir une première expérience de travail québécoise • Encourager leur maintien en emploi
Immigrants diplômés dans des professions réglementées ou non réglementées. • Comprend 4 volets: • Subvention • Accompagnement • Adaptation d’outils • Adaptation des pratiques de GRH • 2236 participants entre 2005 et 2008. • Les données les plus récentes indiquent: • 937 participants en 2007-2008 • 1008 participants en 2008-2009 = + 71 • 1045 en 2009-2010. = + 37 • À comparer avec les objectifs gouvernementaux d’ajout de 750 participants de plus par an. • Peu d’entreprises participent • Manque de promotion
La discrimination en emploi: résultats de testing Étude de Oreopoulos (2009). 6000 CV fictifs- Toronto • Nom à consonance britannique + diplôme et expérience au Canada vs nom chinois, indien ou pakistanais+ expérience de travail et diplôme étrangers. : probabilité plus de 3 fois plus élevée d’être retenus pour une entrevue. • Natifs avec nom à consonance britannique vs natifs avec nom à consonance chinoise, indienne ou pakistanaise: + de 40% de chance de convocation à une entrevue. • Selon l’auteur, ces résultats reflètent un niveau élevé de discrimination à Toronto à l’égard des candidats ayant un nom étranger ou une expérience étrangère. • À mon avis, compte tenu de la similitude des marchés du travail et des pratiques des entreprises, il est fort probable que des résultats semblables seraient obtenus également à Montréal.
Mesures de lutte contre la discrimination : Charte des droits et libertés de la personne du Québec • Articles 10, 16,18, 18,1 et 19 de la Charte • Limites: • Preuve de discrimination en matière d’origine ethnique ou nationale, est difficile à faire • Prévalence particulièrement élevée de fermetures de dossiers en raison de preuve insuffisante • Faible connaissance des droits et des recours par les immigrants • De plus, pour ceux qui les connaissent: le faible taux de réussite peut les inciter à accepter ou minimiser la discrimination afin de ne pas être licenciés.
Autres instruments • Programmes d’accès à l’égalité • Obligatoires dans le secteur parapublic. Loi 143 • Pas d’obligations précises dans le secteur public • Aucune obligation dans le secteur privé sauf pour l’obligation contractuelle (170 entreprises environ) • Accent mis sur programmes de gestion de la diversité: contours flous; non contraignants.
En conclusion: • Un large éventail d’interventions allant de la sélection à l’intégration en emploi • Absence de vision claire des objectifs • Un grand éparpillement des divers programmes. • Absence de cohérence entre les mesures adoptées et leur mise en oeuvre