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Quand « mes connaissances » font méconnaissance

Quand « mes connaissances » font méconnaissance. Institut de Psychologie - Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie. Pr. Pierre G. COSLIN et Dr. Yvane WIART.

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Quand « mes connaissances » font méconnaissance

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Presentation Transcript


  1. Quand « mes connaissances »font méconnaissance Institut de Psychologie - Laboratoire de Psychologie Clinique et de Psychopathologie Pr. Pierre G. COSLIN et Dr. Yvane WIART Influences des théories implicites d’intervenants professionnels dans la perception et l’analyse des situations d’enfants en danger Étude ONED 2008 (2nde Partie) Contact:pierre.coslin@parisdescartes.fr

  2. Sous la Direction du Pr. Pierre G. Coslin • Ont participé à l’étude : • Philippe Bonnet • Annick Cartron • Hélène Chauchat • Henriette Englander • Céline Giron • Jocelyne Hansen • Brigitte Tison • Yvane Wiart Avec la collaboration de : • Jocelyne Joureau-Coslin • Gilles Legrand • Émilie Maurel • Ahmed Mohamed • Elena Myasoedova • Alexandre Peyre

  3. Cette étude est extraite de travaux visant à mettre au jour les représentations des professionnels intervenant auprès de l’enfance en danger et à préciser les liens entre leurs représentations et leurs pratiques, en vue d’éclairer des programmes de formation. L’étude a été conduite à partir de questionnaires complétés par des entretiens. Questionnaires Entretiens Assistantes sociales 64 10 Écoutants de téléphonie sociale 46 10 Enseignants (professeurs des écoles) 65 10 Gendarmes 43 Non autorisés Médecins 50 8 Psychologues 41 17 Cette étude sera prochainement publiée sous la référence : Coslin, P.G. & Tison, B. (à paraître). Les professionnels face à l’enfance en danger : Lorsque la méconnaissance fait mal. Paris : Masson Elsevier.

  4. Les représentations auxquelles la plupart des professionnels ont recours face à la maltraitance relèvent de théories dites implicites, c’est-à-dire de théories qui ne donnent pas lieu à une présentation formelle et qui sont dictées par l’expérience et les informations acquises à propos de tel ou tel type de vécu. Selon Pourtois et Desmet (2004), les professionnels associent la bientraitance à la satisfaction de besoins psychosociaux de l’enfant, aux composantes affectives, cognitives et sociales. Ces représentations peuvent cependant les conduire à interpréter paradoxalement les situations qu’ils rencontrent. Elles peuvent interférer avec leurs réactions face à l’enfance en danger, en particulier lorsqu’il s’agit de leur conception et de leurs éventuelles justifications à propos de la violence envers l’enfant.

  5. Les « justifications » de la violence à l’égard des enfants peuvent ainsi conduire certains à excuser l’usage de la force et de toutes sortes de contraintes et punitions, à les rendre « acceptables », voire à rendre en partie l’enfant responsable des violences qu’il subit. • Cette responsabilité supposée se fonde alors sur des mythes dénigrant l’enfant, des croyances religieuses et/ou éducatives légitimant la violence parentale et une conception limitée de la violence (Fortin, 1995) • Vous pouvez consulter sur ce sujet un autre poster virtuel de ce colloque présenté par le Dr. Y. Wiart et le Pr. P. G. Coslin : • Quand la méconnaissance de la violence fait mal… Interprétation de la violence envers l’enfant chez des intervenants auprès de l’enfance en danger. • Vous pouvez également consulter une synthèse de ces travaux sur le site de l’ONED : http://www.oned.gouv.fr/docs/production-interne/recherche/synthese08_coslin06.doc

  6. On peut emprunter à Karen Horney (1951) trois conceptions contrastées de la nature humaine susceptibles d’influencer les théories implicites des intervenants professionnels concernant l’enfant et les pratiques éducatives jugées adéquates. • L’adoption de l’une ou l’autre de ces conceptions conduit à privilégier un certain type de résultats par rapport à ce qu’on attend de l’enfant (lestraits de caractère) et les moyens pour y parvenir (lespratiques éducatives et lescomportements parentaux valorisés) • soit, l’enfant est perçu comme fondamentalement mauvais et doit, en conséquence, être strictement contrôlé, y compris par l’usage de la force, pour apprendre à se maîtriser • soit, il est partagéentre bon et mauvais, et le développement de la raison et de la volonté vont aider à ce que le positif l’emporte sur le négatif • soit, il est considéré comme essentiellement bon, et le but de l’éducation est de l’aider à développer harmonieusement son potentiel.

  7. En résumé, la formation initiale des intervenants combinée à leur histoire et à leur identité professionnelle induit des théories implicites que notre étude a cherché à mettre en évidence (cf. graphique). Ces théories influencent leur conception, et leurs éventuelles justifications de la violence, (voir poster Wiart & Coslin), mais aussi : I - les traits de caractère attendus et privilégiés chez l’enfant II - les pratiques éducatives qu’ils jugent adéquates III - les comportements parentaux qu’ils valorisent

  8. -I- Traits decaractère attendus et privilégiés chez l’enfant Dans l’étude,les traits de caractère étaient répartis selon trois catégories liées à l’adaptation de l’enfant, à son potentiel d’expression et de créativité et à sa sociabilité. Les professionnels devaient choisir et classer six traits (adjectifs) appartenant à l’une ou l’autre de ces catégories, selon l’importance qu’ils leur accordaient. La sociabilité est nettement privilégiée par tous les professionnels, suivie de l’adaptation qui précède l’expression. La sociabilité est particulièrement représentée par “équilibré” et “gai”, mais aussi par “confiant”, “bon” et “gentil”. Elle est surtout mise en avant par les écoutants et les enseignants, puis, à un moindre niveau, par les travailleurs sociaux et les psychologues. L’adaptation est représentée par “sage”, “raisonnable”, “honnête”, “responsable”, “respectueux” et “discipliné”, particulièrement avancée par les médecins et les gendarmes. L’expression est totalement ignorée par les écoutants et les médecins.

  9. Assistantes Sociales Équilibré S (5.1) Autonome E (3.9) Gai S (3.8) Gentil S (3.8) Sûr de soi E (3.7) Confiant S (3.7) Écoutants Équilibré S (4.7) Confiant S (4.4) Gai S (4.1) Soigneux A (4.0) Sage A (4.0) Bon S (3.7) Enseignants Soigneux A (6.0) Équilibré S (4.9) Bon S (4.0) Intelligent E (3.8) Confiant S (3.8) Gai S (3.7) Médecins Équilibré S (5.0) Raisonnable A (4.7) Gai S (4.1) Intelligent E (4.0) Honnête A (3.8) Responsable A (3.8) Gendarmes Honnête A (4.5) Équilibré S (4.4) Gai S (4.2) Respectueux A (3.9) Sûr de soi E (3.7) Discipliné A (3.7) Psychologues Bon S (5.3) Sûr de soi E (4.6) Équilibré S (4.5) Travailleur E (4.0) Sage A (4.0) Raisonnable A (4.0) -I- Traits decaractère attendus et privilégiés chez l’enfant . A = Adaptation, E = Expression et S = Sociabilité

  10. -II- Pratiques éducatives L’étude, s’inspirant de Baumrind (1971), permet de différencier trois types d’intervention parentale combinant l’affection et le contrôle dont bénéficie l’enfant. -(1)type autoritaire : se caractérise par un contrôle systématique des activités de l’enfant sur un mode le plus souvent coercitif (menaces et punitions) et une affection limitée. Les parents donnent peu d’explications et de justifications, et les droits de l’enfant ne sont ni reconnus ni respectés -(2)type laxiste : laisse à l’enfant une liberté d’attitudes et de choix pleine et entière. Les parents ne fixent pas de limites, ne signifient pas d’exigences et n’imposent aucun cadre, pas plus d’ailleurs qu’ils ne manifestent d’affection. -(3)type libéral : les parents exercent un contrôle sur les activités de l’enfant tout en établissant un dialogue et une concertation régulière avec lui. Les exigences sont fortes, mais une attention importante est portée à l’enfant, ce qui conduit à une souplesse d’ensemble.

  11. -II- Accord des professionnels avec les pratiques éducatives autoritaires (1) Un professionnel sur trois est en accord avec les pratiques éducatives autoritaires qui contrôlent systématiquement les activités de l’enfant. Ce sont les gendarmes, les enseignants et les médecins et, à un moindre niveau, les assistantes sociales qui mettent le plus en avant de telles pratiques.

  12. -II- Accord des professionnels avec les pratiques éducatives laxistes (2) La plupart des professionnels sont en désaccord avec les pratiques éducatives laxistes qui ne posent ni cadre, ni limites. Même s’il s’agit d’exceptions, il est cependant étonnant que quelques médecins, psychologues et enseignantsacceptent des pratiques donnant la liberté de quitter la table avant la fin du repas ou accordant à l’enfant tout le temps qu’il veut pour jouer.

  13. -II- Accord des professionnels avec les pratiques éducatives libérales (3) Les pratiques libérales combinent au mieux la supervision de ce que fait l’enfant et un attachement marqué. La majorité des intervenants sont en accord avec de telles pratiques, en particulier, les médecins, les psychologues et les assistantes sociales, encourageant la prise de responsabilité de l’enfant et préférant le dialogue au recours à la punition en cas de difficultés. Les écoutants se présentent comme les moins libéraux en matière d’éducation.

  14. -III- Comportements parentaux valorisés Les représentations des comportementaux parentaux valorisés sont liées à la satisfaction des besoins psychosociaux dont les composantes, selon Pourtois et Desmet (2004), sont multiples : affectives, cognitives, sociales et idéologiques. L’étude permet d’apprécier à quels besoins l’éducation parentale doit prioritairement répondre pour permettre la bientraitance de l’enfant : - besoins d’affection dont la satisfaction permet à l’enfant d’éprouver un sentiment de sécurité car ses besoins d’attachement sont satisfaits - besoins cognitifsqui concernent les conditions de l’accomplissement de l’individu : besoins de stimulation, d’expérimentation et de renforcement - besoins de communication permettant d’apprendre à interagir avec autrui dans un climat de bienveillante attention - besoins sociaux s’inscrivant dans le cadre d’échanges interactifs et harmonieux avec les parents et les autres personnes - besoins liés au développement de l’enfant auxquels les parents doivent répondre pour qu’il parvienne à se projeter dans l’avenir et accéder à son autonomie d’adulte.

  15. -III- Comportements parentaux valoriséscomme favorisant les besoins des enfants (1) Les besoins affectifs sont mis en avant par près de la moitié des professionnels. Médecins, gendarmes, enseignants et travailleurs sociaux sont ceux qui les valorisent le moins. Le sentiment de sécurité qu’éprouve l’enfant qui se sait aimé est ignoré une fois sur deux ! Les besoins de communication sont prônés par moins d’un tiers des professionnels. L’interaction avec l’autre est peu valorisée.

  16. -III- Comportements parentaux valoriséscomme favorisant les besoins des enfants (2) Les besoins liés au développement sont mis en avant par un seul professionnel sur six, et même un sur 15 chez les écoutants. Les besoins cognitifs et sociaux s’avèrent ignorés par la plupart. Seuls les gendarmes manifestent un léger intérêt pour les besoins sociaux, que médecins et assistantes sociales ignorent.

  17. Pour conclure L'image de la bientraitance émergeant des entretiens est en relative cohérence avec les comportements parentaux valorisés et les traits privilégiés chez l'enfant. L’image de la maltraitance est correctement ciblée dans les entretiens. Cependant, certaines méconnaissances apparaissent quand on compare entretiens et questionnaires. Des dissonances troublantes C’est ainsi que, dans les entretiens, les assistantes sociales accentuent le besoin de respect et de protection de l'enfant et sont sensibles à la violence psychique, mais considèrent, dans les questionnaires, que les enfants ne respectent plus les parents et qu’une fessée ne fait de mal à personne. De même, au niveau des questionnaires, si de nombreux écoutantsdésapprouvent la fessée et les corrections, un quart d’entre eux ne jugent pas violent de menacer un enfant de lui faire du mal. Plus d’un quart minimisent la violence de lui donner des ordres en criant, et près d’un sur deux ne trouvent pas violent de l’empêcher de parler aux voisins.

  18. Il existe également un hiatus chez les enseignants entre leur reconnaissance globale de l'impact de la violence psychologique rapportée dans les entretiens, et la quasi méconnaissance de la violence relevée dans certaines réponses aux questionnaires. Il semble encore qu’il y ait une part d’incohérence dans le fait que les gendarmes ne soient pas très nombreux à valoriser les pratiques éducatives autoritaires, à l'exception des punitions en cas de mauvais résultats scolaires qu’ils sont seuls à approuver massivement, alors qu’ils minimisent nettement la violence subie par les enfants. Des réponses indécises Il faut également relever le taux important de réponses indécises, par lesquelles les professionnels ne se prononcent pas, soit qu’ils n’aient pas la réponse, soit qu’ils évitent de la donner. Ainsi, un médecin ou une assistante sociale sur trois ne s’expriment pas quant au fait que les enfants ne respectent plus leurs parents, tout comme 30 % des assistantes sociales et des psychologues à propos de l'absence de limites des enfants, et pas loin d'un quart des assistantes sociales, médecins, écoutants et enseignants, voire 30 % des gendarmes, en ce qui concerne le fait que les enfants mentent facilement.

  19. Cette indécision semble en relation avec la nature des violences évoquées, concernant particulièrement les violences psychologiques. De tels résultats sont étonnants car même s’ils s’avèrent minoritaires, ils émanent de personnels dont la tâche est de protéger l’enfant. N’y a-t-il pas là manifestation d’un manque de reconnaissance de cette violence psychique, qui, bien que moins connue, présente une dangerosité certaine, car elle touche à la dévalorisation de l’enfant, à la non reconnaissance de sa personne et de ses capacités et peut obérer la construction de son identité et de sa bonne estime de soi. Unecertaine cohérence dans l’image de la maltraitance Par contre, en accord avec ces conceptions contrastées de la nature humaine chères à Karen Horney, on relève une certaine cohérence entre l'attribution de la violence à la responsabilité de l'enfant présente dans quelques entretiens et les réponses de même type dans les questionnaires, ou encore à propos de la « gifle éducative » quand « l'enfant le mérite » évoquée dans les entretiens et la relativisation manifestée par quelques-uns quant à la violence subie par l'enfant en risque « qui n'est pas pour autant maltraité ». Ainsi, les représentations explicites d’un enfant perçu positivement cohabitent chez certains avec des théories implicites valorisant son contrôle, fut-il parfois violent.

  20. Références Baumrind, D. (1971). Current patterns of parental authority. Developmental Psychology Monograph, 4, 1-103. Coslin, P.G. (2008). Influence des théories implicites d’intervenants professionnelsdans la perception et l’analyse des situations d’enfants en danger. Paris : ONED, http://www.oned.gouv.fr/docs/production-interne/recherche/synthese08_coslin06.doc Coslin, P.G. & Tison, B. (à paraître). Les professionnels face à l’enfance en danger : Quand la méconnaissance fait mal. Paris : Masson Elsevier. Fortin, A. (1995). Développement d’une mesure de la justification de la violence envers l’enfant. Journal International de Psychologie, 30 (5), 551-572. Horney, K. (1951). Neurosis and human growth : The struggle toward self-realization. New York : Norton & Company. Pourtois, J.-P. & Desmet, H. (2004). L’éducation implicite. Paris : PUF. Wiart, Y. & Coslin, P.G. (2009). Quand la méconnaissance de la violence fait mal… Interprétations de la violence envers l’enfant chez des intervenants auprès de l’enfance en danger. 3ème Colloque Psychologie et Psychopathologie de l’enfant : Aux sources de la violence de l’enfance à l’adolescence. FFPP, Paris.

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