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L’admission en CHRS d’insertion: une sélection paradoxale

L’admission en CHRS d’insertion: une sélection paradoxale. Thierry Michalot Doctorant Sciences des sociétés et de leur environnement ISPEF UMR Lyon 2 Éducation et politique Directeur de recherche: Charles Gardou en collaboration avec Arnaud Simeone.

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L’admission en CHRS d’insertion: une sélection paradoxale

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Presentation Transcript


  1. L’admission en CHRS d’insertion: une sélection paradoxale Thierry Michalot Doctorant Sciences des sociétés et de leur environnement ISPEF UMR Lyon 2 Éducation et politique Directeur de recherche: Charles Gardou en collaboration avec Arnaud Simeone

  2. Qu’est ce qu’un CHRS et qui peut en bénéficier? • CHRS: Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale • Qui peut en bénéficier? « Bénéficient, sur leur demande, de l'aide sociale pour être accueillies dans des centres d'hébergement et de réinsertion sociale publics ou privés les personnes et les familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d'insertion, en vue de les aider à accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale. » Art L345-1 du code de l’action sociale et des familles

  3. Il existe 3 types de structure • Les CHRS d’urgence:Pas de condition d’admission mais hébergement de courte durée (3 à 7 nuits par mois maximum) et le centre est fermé la journée. • Les CHRS de stabilisation:Nouveau dispositif (Loi DALO et PARSA mars 2007, mis en place à l’automne 2007). Admission sur entretien mais sans trop de contraintes. L’hébergement est pour une durée de 2 à 3 mois. • Les CHRS d’insertion:Admission sur entretien et avec une sélection importante car il y a 1 place pour 5 demandes en Rhône Alpes et jusqu’à 10 en Ile de France.

  4. La procédure pour une admission en CHRS d’insertion • Le travailleur social reçoit le demandeur en entretien individuel et recueille des informations sur la personne. • Le travailleur social présente la situation devant la commission d’admission qui statut sur la demande. Elle est composée des travailleurs sociaux du CHRS et de son responsable.

  5. Les paradoxes autour de l’admission en CHRS d’insertion • Les CHRS I ont une mission de service public donc devraient être ouverts à tous les ayant droits. Mais il n’y a pas assez de place pour tous les demandeurs. • Les critères d’admission définis par la loi ne suffisent pas pour faire un choix entre les demandeurs. • D’autres critères d’admission sont donc utilisés par les travailleurs sociaux. Mais lesquels ?

  6. Les recherches sociologiques montrent que: • Les publics en demande d’hébergement ou d’aide sont empiriquement répartis entre les « prêts » et « les pas prêts » pour l’insertion. (P. Pelège 2004) ou les « dignes » de recevoir de l’aide et les autres (Astier I. 1998). Ceci ressemble à la classification traditionnelle du pauvre « méritant » et du pauvre « non méritant » mis en relief par Geremek (1987) • Les personnes les plus démunies de la catégorie ciblée n’ont pas accès aux dispositifs qui leur sont destinés. Effet Mathieu (Damon J. 2002)

  7. Pourquoi cette question de l’admission est-elle devenue cruciale ? • Parce que face au nombre important de demandes, les TS doivent s’assurer que leur choix se réalise avec une grande équité. • Car faire un choix entre les demandeurs c’est prendre le risque de participer à l’exclusion sociale de certaines catégories de personnes, alors que la mission du TS est de lutter contre cette exclusion.

  8. Notre recherche essaie de montrer: • Sur quels critères d’admission les TS s’appuient pour évaluer l’accès d’une personne en CHRS d’insertion. • Comment ces critères évoluent au cours de la formation professionnelle. • Comment les travailleurs sociaux élaborent leur jugement à partir de ces critères. • La place des informations intra-subjectives dans les prises de décision.

  9. Méthodologie et Population Deux enquêtes avec deux méthodologies distinctes: • La première auprès d’un échantillon de 230 travailleurs sociaux (38 étudiants de 1ere année, 133 étudiants de 3eme année et 59 professionnels travaillant en CHRS I et U) • Elle se fonde sur la théorie du noyau central de la représentation sociale et la méthode de l’évocation libre initiée par Abric JC (2001). Elle nous permet de mettre en lumière les représentations que les TS ont sur les critères d’admission. • La deuxième auprès d’un échantillon de 72 travailleurs sociaux ( 30 étudiants de 1ere année, 20 étudiants de 3eme année et de 22 professionnels travaillant en CHRS I et U) • Elle se fonde sur la Théorie Fonctionnelle de la Cognition et la méthode de la mesure fonctionnelle. (Anderson NH 1996). Elle nous permet d’évaluer la place de chaque critère et de voir comment des informations intra-subjectives ou non avouables sont utilisées lors des évaluations.

  10. Résultats de la première enquête

  11. Évolution des critères au cours de la formation

  12. Conclusion de cette première enquête • Nous voyons que l’importance des critères individuels tels que la motivation, le respect des règles, l’autonomie, s’installe au cours la formation professionnelle. • Nous voyons que la perception de l’alcool et des troubles psychiques se transforment en critère négatif entre la première et la troisième année. • Nous n’observons pratiquement aucune différence entre les représentations des étudiants qui ont fait un stage en CHRS et les autres. • Par conséquent, nous pouvons penser que les étudiants intègrent au cours de la formation que les causes de l’exclusion sont plus de l’ordre de difficultés individuelles que le fait de l’organisation sociale.

  13. Avec la deuxième enquête nous souhaitons connaître: • La place des informations intra-subjectives lors des évaluations de la nécessité d’aide. • Si une information telle que le sexe peut influencer les décisions. • Si l’urgence de la situation est prise en considération lors des évaluations.

  14. Outils utilisés pour la deuxième enquête • Un carnet composé de 42 scénarios différents (32 vignettes combinant 5 facteurs + 10 vignettes unifactorielles) • Les cinq facteurs ont deux modalités: sexe du demandeur (Homme/ Femme), Isolement social (Pas isolée socialement/ Isolée socialement), l’alcoolisation apparente (Alcoolisé/ A jeun), la motivation perçue (N’est pas motivé/ est motivé), Logement (Vit chez un tiers/ Vit à la rue) • Les TS doivent juger de la nécessité d’accueil en CHRS pour un individu fictif décrit dans chaque scénario. La réponse se fait sur une échelle continue de 200 mm allant de pas très favorable à tout à fait favorable à l’admission en CHRS I • Un questionnaire.

  15. Traitement des données • Pour chaque vignette les réponses se mesurent en millimètre allant de 0mm pour pas très favorable à 200mm pour très favorable. Puis les données sont traitées comme des données quantitatives. • Les moyennes par vignette et par critère ainsi que l’analyse de la variance (ANOVA) et l’analyse multiple de la variance (MANOVA) sont réalisées avec le logiciel STATISTICA. • Le questionnaire nous a permis de construire nos variables indépendantes et de savoir comment chaque TS pense avoir utilisé les différents critères donnés dans les vignettes.

  16. Résultats unifactoriels (ANOVA)

  17. Résultats multifactoriels (MANOVA)

  18. Constats • Lorsque les travailleurs sociaux n’ont qu’une seule information pour faire leur choix, les critères sur l’alcoolisation et le sexe du demandeur ne sont pas significatifs, alors que la motivation, l’isolement social et le logement le sont. • Lorsque les travailleurs sociaux ont cinq informations pour faire leur choix, tous les critères sont significatifs. • Le dépouillement des questionnaires montre que les travailleurs sociaux sont tous d’accord pour affirmer que le critère sur le sexe est le critère qui leur a le moins servi.

  19. Les personnes motivées sont celles qui seront prioritaires et ceci quel que soit le degré d’alcoolisation (Test de Duncan p<.0001) Si la personne n’est pas motivée, l’alcoolisation n’est pas prise en considération. En effet l’écart n’est pas significatif. Si la personne est motivée c’est la personne qui n’est pas alcoolisée qui a toutes les chances d’être admise par rapport à toutes les autres (Test de Duncan p<.0001) Interaction entre Motivation et Alcoolisation apparente Conclusion: La motivation est le critère sur lequel repose la sélection. L’alcoolisation n’intervient qu’en deuxième plan pour faire un choix entre deux personnes motivées.

  20. Interaction entre Motivation et Sexe du demandeur • Nous observons que la motivation est le critère qui donne le plus de chance d’intégrer un CHRS • En cas de non motivation le sexe n’est pas pris en compte • En cas de motivation c’est la femme qui aura la priorité par rapport à un homme (Test de Duncan p<.00005) Conclusion: Une fois encore la motivation est le premier critère. Le sexe du demandeur n’est pris en considération que dans le cas ou il y a une motivation.

  21. Les personnes motivées sont prioritaires et ceci quel que soit l’isolement social et le lieu pour dormir. En cas de motivation et d’isolement social, l’écart entre une personne qui vit à la rue ou chez un tiers (7,9mm) est moins important que si la personne n’est pas isolée (16,9mm) avec p<.0001 Interaction triple entre Motivation x Isolement sociale x lieu pour dormir Conclusion: Le lieu pour dormir n’est pas le critère le plus important pour faire un choix entre les demandeurs.

  22. Conclusion • Les critères qui correspondent au droit à l’accès aux CHRS tels que l’isolement social et les difficultés liées au logement ont moins d’importance que la motivation du demandeur. • L’utilisation du critère de la motivation s’acquiert au cours de la formation professionnelle ce qui nous permet de dire que ce critère est professionnellement recevable. • Ces résultats peuvent être mis en perspective avec les travaux de plusieurs sociologues qui montrent que la contractualisation modifie profondément le sens du travail social. En effet, la motivation permet de faire reposer le non accès aux CHRS sur une responsabilité individuelle et non sur les politiques sociales qui imposent la contractualisation et mettent les demandeurs en situation de concurrence. • Nous pouvons nous demander comment les TS vont mesurer la motivation lors de l’entretien. Nous pouvons craindre que l’évaluation de la motivation repose sur des informations subjectives et collectivement partagées (stéréotypes). • L’utilisation et l’interprétation de l’information sur l’alcoolisation apparente montrent que les TS partagent des stéréotypes, qu’ils les entretiennent et qu’ils savent les transmettre aux étudiants. • Les TS ne sont pas toujours conscients de la manière dont ils élaborent leur jugement. Le sexe du demandeur permet dans certains cas de faire un choix entre les demandeurs, alors qu’ils affirment le contraire. De plus, nous n’observons aucun changement dans l’utilisation de ce critère tout au long de la formation. Le sexe du demandeur serait utilisé de manière inconsciente et sur des représentations sociales bien ancrées. • En s’appuyant sur le critère de la motivation, les TS orienteraient inconsciemment les personnes les plus en difficulté vers les dispositifs d’urgence ou de stabilisation, qui paradoxalement sont les moins dotés pour accompagner les personnes. • La conjonction de tous ces phénomènes pourrait expliquer comment l’effet Mathieu constaté par Damon J (2002) peut se mettre en place dans un dispositif qui a pour mission de lutter contre les exclusions.

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