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1. Infections urinaires du sujet âgé Dr Christine Perret-Guillaume
Capacité de Gérontologie
Année 2006
2. Introduction La plus fréquente des infections bactériennes chez le sujet âgé et très âgé
tableaux très souvent atypiques
incidence des IU ? avec l’âge
fréquence des récidives
3. Définitions Bactériurie significative : = 105 bactéries / ml
Dans les conditions de prélèvement stérile
? Symptomatique : dysurie, pollakiurie, brûlures mictionnelles, pesanteurs pelviennes, rétention aigüe d’urine, incontinence urinaire, douleurs fosse lombaire, fièvre, hypothermie, signes généraux (sd confusionnel, altération EG…)
Cystite
Pyélonéphrite
Prostatite
Infection sur sonde
? Asymptomatique
4. Bactériurie asymptomatique (Infectious Diseases Society of America Guidelines : IDSA) Chez la femme : même bactérie sur 2 prélèvements consécutifs = 105/ml (B-II)
Chez l’homme : une bactérie retrouvée sur un prélèvement stérile = 105/ml (B-III)
Une bactérie isolée par sondage : = 102/ml (A-II)
Leucocyturie associée chez 90% des PA insitutionalisées et 50-100% des personnes avec sonde urinaire à demeure
Clinical Infectious Diseases 200; 40: 643-54
5. Bactériurie asymptomatique :dépistage Avant résection transuréthrale de prostate (A-I)
Avant procédure urologique pour laquelle un saignement muqueux est attendu (A-III)
Non
chez les femmes diabétiques (A-I)
chez PA vivant en communauté (A-II), ou en institution (A-I)
chez personnes avec lésion de la moelle épinière (A-II)
si sonde urinaire à demeure (A-I)
6. Epidémiologie IU
20% des femmes et 3% des hommes ont une bactériurie entre 65 et 70 ans
23 à 50% des femmes et 20% des hommes après 80 ans
jusqu’à 50% en milieu hospitalier
Infections urinaires dominées par les bactériuries asymptomatiques
la prévalence élevée des bactériuries asymptomatiques est un marqueur du niveau de dépendance et de la polypathologie
7. Epidémiologie bactériuries asymptomatiques
En milieu communautaire son incidence augmente de 1% par décade chez la femme : 1% chez étudiante ? = 19% si = 80 ans
Plus fréquente chez femme diabétique
Prévalence, 17 à 33% chez la femme non « institutionnalisée » de plus de 65 ans
6 à 15% chez l’homme vivant en communauté de plus de 75 ans
25 à 50% des femmes âgées vivant en maison de retraite
15 à 40 % des hommes âgés vivant en maison de retraite
+ 2-7% par jour si sonde urinaire
8. Facteurs prédisposants Femme :
privation en oestrogènes
atrophie du tractus uro-génital post-ménopausique
alcalinisation du vagin (entérobactéries)
prolapsus (vidange vésicale incomplète)
Homme :
hypertrophie prostatique
diminution des sécrétions prostatiques
microcalculs prostatiques
9. Facteurs prédisposants 2 sexes :
augmentation adhésion bactérienne aux cell uroépithéliales
diminution de la capacité rénale à excréter acide, urée et à maintenir une osmolalité élevée
? défenses immunitaires
multiplication des manœuvres endoscopiques urinaires : cathéter, néphrostomie, cystoscopie…
médicaments (diurétiques, anticholinergiques, neuroleptiques, benzodiazépines, traitement innmunosuppresseur)
10. Facteurs prédisposants (2 sexes) troubles neurologiques centraux ou périphériques (?mobilité, dysfonction vésicale) :
Démence, AVC
Hydrocéphalie de l’adulte, maladie de Parkinson
Neuropathie végétative diabétique
Obstacles
Sténose de l’urèthre
Diverticules vésicaux
Tumeurs urothéliales
Lithiases
11. Facteurs prédisposants (2 sexes) Facteurs généraux
Alitement, déshydratation, dépendance
Incontinence urinaire ou anale
Troubles du transit, diarrhée, fécalome
Insuffisance rénale
Comorbidités (diabète)
12. Particularités cliniques expression polymorphe :
infections vésicales et parenchymateuses symptomatiques
bactériuries asymptomatiques
Cystite :
brûlures mictionnelles, pollakiurie
mais aussi
Incontinence
mictions impérieuses
AEG, fébricule, anorexie, confusion
? troubles mentaux …10% des cas
fréquence des cystites récidivantes (déf : 3-4 épisodes par an)
13. Particularités cliniques Pyélonéphrite, prostatite
fièvre
parfois précédée d’un syndrome confusionnel
Troubles digestifs : anorexie, vomissements (iléus), douleurs de la fosse iliaque
asthénie, baisse d’autonomie récente, AEG, chute, somnolence
pyélonéphrite : fréquence des complications à type de choc septique (jusqu’à 26%)
infection urinaire fébrile chez l’homme ? atteinte prostatique fréquente
(PSA élevés dans 83%)
14. Particularités diagnostiques Pas de test systématique !!!
? Rechercher une IU devant :
des signes urinaires typiques
des signes atypiques
syndrome septique
AEG, baisse d’autonomie récente, confusion, somnolence, abdomen aigü
dépistage de la bactériurie asymptomatique (cf dia précédente)
15. Particularités diagnostiques en cas d’altération des fonctions cognitives, limites de l’examen clinique clinique
la présence d’une fièvre isolée doit faire rechercher une autre cause (pb bactériurie asymptomatique)
pb d’incontinence préalable
Troubles de la communication…
16. Particularités diagnostiques Limites de la bandelette urinaire
sensibilité augmente si on considère nitrites ou leucocytes +
Se : 95% ; Sp : 75%
bonne VPN (62 à 99%), VPP : 30-40%
négativité possible selon le germe (streptocoques, pyocyaniques)
ECBU si leucocytes et/ou nitrites
17. Particularités diagnostiques Particularités du recueil
ECBU ? toilette soigneuse du méat puis recueil de deuxième jet ou de milieu de jet qui sont difficiles chez le sujet âgé
? collecteur externe chez l’homme (moins de 30 min) : si négatif, absence d’infection, si positif interprétation difficile
? sondage urinaire chez la femme si conditions d’asepsie impossibles (c/o la femme âgée, % de souillure estimée > 31%)
? sur sonde, après le changement de sonde si possible
Critères
leucocyturie > 104 leucocytes / ml
pyurie : > 105 bactéries / ml
18. Bilan étiologique Touchers pelviens +++
et en cas de première infection chez l’homme, infection haute ou récidivante chez la femme
? ASP
? échographie abdomino-pelvienne avec évaluation du résidu post-mictionnel, recherche d’une T vésicale
19. Particularités bactériologiques Les germes responsables diffèrent de ceux de l’adulte jeune
Varient selon sexe, âge, lieu
Plus le niveau de soins et la dépendance sont élevés, plus épidémiologie microbienne proche de celle de hôpital
? En milieu communautaire
femme :
Escherichia coli 50-75%, proteus, klebsielle
homme :
Proteus mirabilis = E. coli : 40-50%
fréquence de Entérocoque, Staphylocoque, Streptocoque B ?
Résistance de Escherichia coli et Proteus spp ? /
Amoxicilline :30%
trimethoprime / cotrimoxazole : 25%
Résistance de klebsielle / trimethoprime : 25%
J Antimicrobio agents 2006 236-41
20. Prévalence en % des principaux germes responsables d’infections urinaires communautaires en fonction du sexe
21. Particularités bactériologiques En milieu institutionnel
BG – 85%, E coli 40% (étude Strasbourg, Médecine et Maladies infectieuses, 2006)
femme :
Escherichia coli prédomine <50%
homme :
Proteus mirabilis
urines polymicrobiennes dans 10 à 30% des cas
? bactéries de résistance croissante aux ATB : Klebsiella pneumoniae, Citrobacter freundii, Providencia Stuartii, Enterobacter cloacae, Pseudomaonas aeuginosa ; forte variabilité inter-institutionnelle
22. Particularités bactériologiques En milieu institutionnel, résistances des bactéries :
60 % pour amoxicilline
42% si inhibiteur des béta-lactamases
C3G efficaces dans 90% des cas
Fluoroquinolones : efficaces sur plus de 65% des bactéries
23. Particularités bactériologiques ? Chez les sondés au long cours, urines contaminées dans 100% des cas après 1 mois (5-10% par jour…)
Proteus mirabilis, E. coli, Pseudomonas aeruginosa, Providencia stuartii, Enterococcus faecalis
forte variabilité selon les structures
jusqu’à 2-5 germes avec « turn-over » important
sans traitement persistance longue possible de Proteus mirabilis et Providencia stuartii.
24. Particularités bactériologiques ? En milieu hospitalier
infections localisées au site urinaire dans 27 à 64% des cas.
E. coli : 23 à 48,5% des isolats
puis Proteus mirabilis, bactéries Gram + (entérocoque ++) : 15 à 24%
Si bactériémie
BG- dans 88% des cas
E coli 46%, BG- à résistance élevée
Mortalité élevée : 33% (en lien avec nb comorbidités, statut cognitif, durée hospitalisation, hypoalbuminémie, aug PNN, LDH, pas avec âge)
25. Bactériuries asymptomatiques Femmes : E coli, Klebsiella, staphylocoques
coag -, Enterococcus species, Streptocoque gr B, Gardnerella vaginalis
Hommes : Staphylocoques coag - = BG- ou Enterococcus species
Quand anomalie urogénitale, si PA institutionnalisées
Femme :plutôt E coli
Homme : plutôt Proteus mirabilis
Sonde urinaire à demeure
Polymicrobien
Avec Pseudomonas aeruginosa, organismes producteurs d’uréase (P. mirabilis, Providencia stuartii, Morganella morganii
26. Prévention Contrôle des facteurs favorisants : déshydratation, fécalome, anticholinergiques…
Limitation du recours à la sonde urinaire
Rééducation vésico-sphinctérienne
Hygiène locale
Oestrogénothérapie locale
Jus de cranberry ???
27. Particularités thérapeutiques Mesures non médicamenteuses
Recherche et traitement des causes favorisantes
Règles hygiéno-diététiques
boissons abondantes, mictions fréquentes, hygiène périnéale
rétablir une trophicité vaginale (ep si I récidivantes) : ovules d’oestriol
Traiter en absence d’autre cause si fièvre isolée, ne pas traiter en excès (ep si altération cognitive, pb émergence de résistances…)
28. Particularités thérapeutiques : bactériurie asymptomatique à traiter seulement (IDSA guidelines):
avant une résection transuréthrale de prostate (A-I)
avant un autre geste urologique pour lequel un saignement muqueux est attendu (A-III)
si, chez une femme, elle persiste 48 heures après le retrait d’une sonde urinaire (B-I)
en cas de greffe rénale ou autre greffon (?)
La présence d’une leucocyturie associée à la bactériurie n’est pas une indication de traitement (A-II)
Ne pas traiter : femmes diabétiques (A-I), personnes âgées (en communauté (A-II) ou institution (A-I)), si sonde urinaire à demeure (A-I)
29. Particularités thérapeutiques chez l’homme, exclure des signes ou facteurs de stase (caractère clinique obstructif d’un adénome prostatique = dysurie +++, TR+++, phimosis, sténose du méat, pH urinaire acide (facteur de lithiase urique), calculs sur ASP ou échographie, résidu post-mictionnel échographique)
? traitement étiologique +++
lithotripsie extracorporelle
chirurgie endoscopique
prothèses endo-uréthrales
30. Particularités thérapeutiques ? infection sur sonde
prévenir +++
avec latex siliconé ou silicone
système clos, règles de soins d’hygène
à limiter dans le temps
si fuites chercher une infection et mettre calibre inférieur
pas clampage pour rééducation
31. Particularités thérapeutiques ? drainage continu seulement si rétention sur obstacle chronique ou d’origine neurologique, alternatives au sondage +++
rechercher développement d’un calcul vésical sur des fragments de sonde incrustés) (surveillance régulière bactériologique et radiologique (ASP, écho)
ne pas traiter sauf si fébrile (rechercher alors orchi-épididymite ou prostatite)
? changement de sonde voire idéalement KT sus-pubien (sonde CI si prostatite aigüe)
32. Antibiothérapie
Posologie à adapter à la fonction rénale ++++, risques d’interaction médicamenteuse, compliance…
Problèmes de l’isolement septique et géographique : tolérance, problèmes d’application en institution…
Pyélonéphrite
monothérapie si aucun critère de gravité (choc) ou facteur favorisant*
bithérapie si signe de gravité, abcès rénal, pyonéphrose
diabète, immunosuppresseur, évolution > 48 heures, I rénale, matériel endoprothétique, pyélonéphrite sur obstacle, malformation voies urinaires
34. CONCLUSIONS Fréquence des infections urinaires en gériatrie
Notamment des bactériuries systématiques
Savoir ne pas traiter
Antibiothérapie ciblée pour prévenir les résistances