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Le siècle des totalitarismes. Dessin de David Low, 1940. Affiche de la SFIO, 1951. Un seul parti. Le système concentrationnaire. Censure, propagande. Annexions. Le chef. Elimination des opposants. Culte du chef.
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Le siècle des totalitarismes Dessin de David Low, 1940
Un seul parti Le système concentrationnaire Censure, propagande Annexions Le chef Elimination des opposants Culte du chef
Première partieComment les régimes totalitaires se sont développés et affirmés ? A- Naissances du totalitarisme Caricature américaine, 1930
Si l'on cherche comment, dans son immense majorité l'opinion allemande, interprète l'armistice du 11 novembre 1918, et la paix de juin 1919, on se trouve en face de la version suivante, propagée par tous les journaux, enseignée dans toutes les écoles, ancrée dans tous les cerveaux, bien avant l'accession d'Hitler au pouvoir : l'Allemagne n'a pas été militairement vaincue ; son armée n'a pas été battue en rase campagne ; ses frontières n'ont pas été violées; elle n'a pas été envahie ; elle a été victime, avant tout, du blocus, moyen de guerre inhumain, contre lequel l'emploi de la guerre sousmarine à outrance était parfaitement légitime ; […] enfin, l’univers était ligué contre elle ; c'est pourquoi, à l'instigation du gouvernement civil et des milieux parlementaires, elle a demandé un armistice, prologue à une paix qui, dans sa pensée, devait être négociée d'égal à égal […] ; les conditions mises par les Alliés à l'octroi d'un armistice ont été cependant draconiennes […] ; l'Allemagne aurait pu les repousser et reprendre la lutte ; mais, à ce moment, les sociaux-démocrates, les marxistes, les juifs ont porté à la patrie un coup de poignard dans le dos ; l'arrière a trahi le front ; il a fait une révolution qui rendait toute résistance impossible. Les Alliés ont [ ... ] imposé à l'Allemagne, sous menace d'invasion, une paix non librement négociée, mais dictée, un Diktat, ils l'ont contrainte à se reconnaître coupable de guerre. André-François Poncet, ambassadeur de France à Berlin de 1931 à 1938, De Versailles à Postdam, Flammarion, 1948.
Nous allons au Reichstag pour utiliser à notre profit les armes de la démocratie. Nous devenons députés pour paralyser l’esprit de Weimar avec sa propre collaboration. Si la démocratie est assez stupide pour nous donner des cartes de transports gratuits et une indemnité parlementaire, c’est son affaire […]. Nous prendrons tous les moyens légaux à notre disposition afin de révolutionner la situation actuelle. Si nous arrivons lors des élections à placer 60 ou 70 agitateurs de notre parti dans les différents parlements (=le Reichstag et les autres assemblées locales), l'État lui-même nous offrira les armes avec lesquelles nous le combattrons (... ). Mussolini aussi s'est fait élire au Parlement et peu de temps après, il a marché sur Rome avec ses chemises Noires. Il ne faut pas croire que nous avons découvert dans le parlementarisme notre chemin de Damas. Nous y venons en ennemis! Comme le loup fait irruption dans la bergerie. Joseph Goebbels, Der Angriff (= L’Attaque), 30 avril 1928.
Cette rencontre entre Hitler et Papen, le 4 janvier 1933, dans ma maison de Cologne, fut arrangée par moi, après une démarche de Papen dans ce sens le 10 décembre 1932. Avant d'entreprendre ce pas, je me concertai avec un grand nombre de dirigeants de l'économie et m'informai de leur état d'esprit. Ils aspiraient à l'arrivée au pouvoir d'un Führer fort, pour former un gouvernement durable. Lorsque le NSDAP subit son premier revers, aux élections du 6 novembre 1932, un soutien par l'économie allemande devint urgent. Un intérêt commun du grand capital résidait dans la peur du bolchevisme et l'espoir que les nationaux-socialistes, une fois au pouvoir, créeraient en Allemagne les fondements d'une politique et d'une économie stables. [ ... ] On attendait également une nouvelle conjoncture économique par la distribution de plus grosses commandes de l'État: [ ... ] Hitler prévoyait l'accroissement de l’armée allemande de cent mille à trois cent mille hommes, la construction d'autoroutes du Reich, l'amélioration des moyens de transport, en particulier les chemins de fer du Reich. Déclaration du banquier Kurt von Schröder, extrait de Nazi Conspiracy and Agression, 1946.
Comment les régimes totalitaires se sont développés et affirmés ? • Similarités et spécificités • Les finalités : • Fabriquer l’homme nouveau • Eliminer l’ennemi • Les moyens : • La terreur • La communication de masse • Un guide
La fabrique de l’homme nouveau Aoste, statue du Stade des Marbres, 1932 Der Wächter, bas-relief d’Arno Breker, 1938 Le couple, Alexandre Rodtchenko, photo, 1932
August Sander, Vétérans aveugles, photographie, 1929, tirage en 1950
Définition et exclusion de l’ennemi Les pères ayant été arrêtés, ce fut le tour des familles, au début de 1930. Le Guépéou n’y suffisant plus, on a mobilisé les fils d’activistes. C’étaient des hommes du pays, des gens que tout le monde connaissait mais on aurait dit qu’ils étaient comme hébétés, envoutés. Ils considèrent ces paysans comme du bétail, comme des cochons. (…) Ils puent, ils ont tous la vérole, mais ce sont des ennemis du peuple (…) tandis que les komsomols et les miliciens sont tous des héros. Ces propos commencèrent à m’influencer moi aussi, j’étais une gamine. (…) La radio, le cinéma, les écrivains et Staline disaient la même chose : (…) il faut les anéantir tous, en tant que classe, ces maudits (…). Pour les tuer, il fallait déclarer : les koulaks, ce ne sont pas des êtres humains. Tout comme les Allemands disaient : les juifs, ce ne sont pas des êtres humains. C’est ce qu’ont dit Lénine et Staline, ce ne sont pas des êtres humains. V. Grossman, Tout passe, 1963, extraits. « Chassons les koulaks du kolkhoze » affiche soviétique du début des années 30
Définition et exclusion de l’ennemi « Peuvent être assignés à un séjour forcé de police ceux qui ont commis ou manifesté le propos délibéré de commettre des actes dirigés à ébranler violemment les ordonnancements nationaux, sociaux et économiques constitués à l’intérieur de l’Etat ou à en diminuer la sûreté, ou encore à contrecarrer ou à faire obstacle à l’action des pouvoirs de l’Etat, de manière à porter de façon quelconque un dommage aux intérêts nationaux en relation avec la situation intérieure ou extérieure de l’Etat ». Loi fasciste de 1926
Définition et exclusion de l’ennemi Brochure nazie expliquant les lois de Nuremberg aux enfants, 1938
Etude transversale Le chef, la jeunesse et la propagande dans les régimes totalitaires « Comme leurs yeux brillent, lorsque le Führer est tout près d’eux ! » Photographie d’Heinrich Hoffmann, Maison Brune à Munich, 1932
« Je crois en le Duce suprême Créateur des Chemises noires Et en Jésus Christ son unique protecteur. Notre sauveur fut conçu D’une bonne ménagère et d’un brave forgeron. Il fut un valeureux soldat, il eut des ennemis. Il est descendu à Rome : le troisième jour, il a ressuscité l’Etat Il est monté au pouvoir Il siège à la droite de notre souverain D’où il viendra juger les bolcheviks. Je crois en ses lois sages En la communion des citoyens En la rémission des peines En la résurrection de l’Italie, en la force éternelle. Ainsi soit-il. » Acte de foi envers le Duce appris par les enfants des Italiens en Tunisie dans les « Maisons d’Italie », années 30
Photographie d’Arkadi Shaikhet, années 30 Jamais nos champs fertiles n'ont donné une telle moisson. Jamais nos villages n'ont connu un tel bonheur. Jamais la vie n'a été aussi bonne et les esprits aussi élevés. Jamais jusqu'à présent le seigle ne fut si vert. Sur toute la terre, le soleil lance une lumière plus chaude. Car la face de Staline le fait briller plus fort. Je chante pour mon enfant reposant dans mes bras. Grandi telles ces fleurs, délivré de toute crainte. Tu apprendras la source de ce soleil qui baigne notre pays. Ettes petites mains copieront le portrait de Staline. Ode à Staline en 1939, sur une musique de Prokofiev
Autre piste pédagogique : Comparer l’histoire du jeune Quex avec celle de Pavlik Morozov. Affiche du film Le jeune hitlérien Quex, de Hans Steinhoff, 1933
Pendant un demi-siècle, Pavlik Morozov fut le modèle du pionnier communiste qui, à 14 ans, dénonça son père comme «ennemi de classe» puis fut assassiné par des membres de sa famille. Le mythe a depuis volé en éclats mais il n'en finit pas de hanter le pays. Lors de la perestroïka à la fin des années 80, la légende de Pavlik Morozov est l'une des premières à être revisitée. Pour les démocrates, le petit villageois qui a accusé son père d'aider les koulaks (paysans riches) et qui l'a envoyé pour dix ans au goulag n'était qu'un pauvre enfant embrigadé par le Parti. Sa mythification illustre l'une des périodes les plus sombres de la répression stalinienne, le début des années 30 avec la collectivisation forcée et la liquidation sanglante des koulaks. Le héros a agi dans l'objectif pur et sacré de servir le Parti. La légende est née. Des meetings de protestation sont organisés dans les écoles. De tout le pays, des lettres parviennent au tribunal, au procureur Vychinski, à Staline lui-même. Les écoliers promettent «des études de fer et une discipline de choc» pour venger Pavlik, et supplient: «pas de pardon pour l'ennemi de classe». Désormais dans toutes les écoles, la salle réservée aux pionniers va porter le nom de Pavlik Morozov. D’après l’article de Véronique Soule paru dans Libération le 23 juin 1999
Totalitarismes et démocraties A- Totalitarisme et démocratie, quels antagonismes ?
Le fascisme nie que le nombre, par le seul fait d’être le nombre, puisse diriger les sociétés humaines. Il nie que ce nombre puisse gouverner grâce à une consultation périodique. Il affirme l’inégalité ineffaçable, féconde, bienfaisante des hommes qu’il n’est pas possible de niveler grâce à un fait mécanique et extérieur comme le suffrage universel. On peut définir les régimes démocratiques comme ceux qui donnent au peuple, de temps en temps, l’illusion de la souveraineté. (…) Le fascisme repousse dans la démocratie l’absurde mensonge conventionnel de l’irresponsabilité collective, le mythe du bonheur et du progrès indéfinis. Mais si la démocratie peut être comprise différemment, si elle signifie ne pas refouler le peuple en marge de l’Etat, le fascisme a pu être défini par celui qui écrit ces lignes comme une « démocratie organisée, centralisée et autoritaire ». Benito Mussolini, La doctrine du fascisme, 1930, extraits.
Sur la base de l’article 48, paragraphe 2, de la Constitution du Reich, les dispositions suivantes sont ordonnées pour contrer les violences communistes qui mettaient l’Etat en danger : 1- Les articles 114, 115, 117, 118, 123, 124 et 153 de la Constitution du Reich sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Il est donc possible de restreindre les droits à la liberté personnelle, la liberté d’opinion, la liberté de la presse, la liberté de s’organiser et de se rassembler, la confidentialité des communications postales, télégraphiques et téléphoniques. Les mandats pour les perquisitions ainsi des ordonnances pour les confiscations et les limitations de la propriété sont possibles au-delà des limites proscrites. 2- Si, dans un Land, les mesures nécessaires pour rétablir la sécurité et l’ordre ne sont pas prises, le gouvernement du Reich peut se charger à titre provisoire des pouvoirs de l’autorité suprême du Land. Ordonnance du président du Reich « pour la protection du peuple et de l’Etat », 28 février 1933