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L'enseignement social de l'Église catholique 1 - introduction. Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard: « Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990 –
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L'enseignement social de l'Église catholique1 - introduction Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard: « Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990 – Ouvrage mis gracieusement par Don Patrick à disposition pour tout enseignement en la matière. Qu’ils en soient ici remercié!
L'Évangile est la source vive de cette doctrine sociale et nous avons sous les yeux le développement historique d'une pensée greffée sur les Béatitudes, puis déployant ses potentialités à travers les âges, les nations, les coeurs. • Dans les trois premiers siècles, l'Église périodiquement persécutée et le christianisme déclaré Religio illieita, il n'était pas possible de faire fructifier publiquement son message social.
Après Constantin, l'âge des Pères donna lieu, tant chez les grecs que chez les latins, à un enseignement social de style pastoral. La première scolastique du XIIIe avec saint Thomas et la seconde au XVIeavec Suarez ont donné un caractère systématique à la doctrine sociale de l'Église, puis on assista au XVIe et au XVIIIe à un déclin de la pensée sociale et politique vitalement chrétienne qui traduisait la montée en puissance de l'État-Nation après la déchirure entre chrétiens.
La révolution industrielle et l'avènement de la démocratie politique trouvèrent l'Église, ou plutôt ses membres, hiérarchie comprise, non préparés à donner une réponse chrétienne aux défis de l'ère moderne. • Il y eut d'abord une attitude négative marquée par des condamnations, moment inévitable de tâtonnements après le long silence de l'âge classique et les formidables bouleversements de l'âge nouveau, puis, à la fin du XIXe siècle, un grand pape, Léon XIII, sut faire fructifier une tradition ancienne pour offrir des pensées nouvelles, adaptées à la société industrielle en voie de sécularisation. • Depuis un siècle, les successeurs de Léon XIII poursuivent son oeuvre en apportant chacun son génie propre.
Depuis quelques années, la doctrine sociale de l'Église est contestée de différents côtés, en particulier sur le plan économique et dans le domaine de la morale sexuelle. On lui reproche de ne pas être suffisamment libérale par peur de l'argent et de la sexualité dans un monde que la technique ne cesse de transformer et dont les mentalités ne sont plus celles d'hier. • Le libéralisme ne s'identifie pas, pour l'Église, avec la liberté; elle lui reproche l'absence de normes absolues capables de fonder des droits et des devoirs. • La crise des totalitarismes est parfois comprise comme le succès du libéralisme, mais encore une fois l'Église a une autre conception de la liberté que les libéraux, et elle tire d'autres conclusions de l'effondrement du communisme qu'elle a condamné dès 1849.
Le développement de la doctrine sociale de l'Église est présenté à travers onze étapes caractérisée chacune, jusqu'au XIXe siècle, par une figure particulièrement importante et, depuis le XIXe siècle, par les papes. • Cette genèse de la doctrine permet d'en mieux connaître la nature et les virtualités si diverses.
NATURE DE LA DOCTRINE SOCIALEDE L'ÉGLISE CATHOLIQUE • La doctrine sociale de l'Église catholique qui s'est développée; depuis les premiers chrétiens jusqu'à nos jours, vise à appliquer le haut message évangélique aux sociétés humaines à travers les âges et les civilisations. • Elle est une traduction sociale et politique des Béatitudes, et le scandale qu'elle a toujours suscité et continuera de provoquer tient à cette origine révélée. L'échelle de valeurs du christianisme n'est pas celle du monde et sa finalité dépasse la vie présente.
la doctrine sociale de l'Église s'incarne • L‘oeuvre de la raison n'est pas pour autant écartée et le souci du bien-être matériel n'est pas méprisé. Tout au contraire, la doctrine sociale de l'Église s'incarne dans une réflexion rationnelle qui progresse comme toute pensée humaine et se trouve conditionnée par les mentalités et les circonstances de la vie du monde. • Elle vise à réaliser le bonheur de l'homme dès ici-basen subordonnant toujours le bonheur terrestre à la vocation spirituelle de chaque personne et de l'humanité dans son ensemble. • Son centre de perspective est christocentrique, ce qui donne à la vertu théologale de charité une place centrale dans son enseignement.
deux pôles • On pourrait ainsi distinguer deux pôles dans la doctrine sociale de l'Église : le premier est prophétique, il correspond au message révélé et renvoie constamment aux Écritures ; le second relève de la raison qui peut connaître la loi naturelle et reconnaître les droits de l'homme qui en découlent. • Il n'y a pas confusion entre les deux plans qui sont pourtant indissociables. • Le progrès de la réflexion permet, en particulier, de mieux faire la part du Révélé et de la raison dans le corpus doctrinal de l'enseignement social.
dans quelle mesure cette doctrine sociale a été appliquée ? • Toute l'histoire de l'Église est là pour répondre à cette question : vingt siècles d'exercice de la charité et de luttes pour la justice, mêlés, il est vrai, chez les chrétiens, d'insuffisances, de faiblesses et de trahisons. En toute rigueur, seuls les saints, reconnus ou non, sont des témoins authentiques de la charité, mais avec eux et autour d'eux, beaucoup d'hommes et de femmes ont mis en pratique, chacun à sa manière, la doctrine sociale de l'Église.
L'attitude des catholiques • L'attitude des catholiques a aussi changé, et si l'on en juge par les sondages, confirmés par les taux réels de pratique religieuse, seule une minorité d'entre eux adhère aux directives du Magistère en matière sociale.
La vertu d'espérance • La vertu d'espérance est une vertu chrétienne et tout au cours de l'histoire de l'Église, il y a eu des moments désespérés, soit en raison d'hostilités extérieures, soit à la suite de crises internes. • Pour y répondre, l'Église a dû recourir a ses sources spirituelles et renouveler ses forces culturelles et intellectuelles. • Le renouveau spirituel et même mystique qui s'observe chez des chrétiens doit s'accompagner d'un effort culturel et intellectuel s'adressant au grand nombre, et la doctrine sociale de l'Église pourrait être un élément de ce renouveau. Encore faudrait-il qu'elle soit mieux connue et étudiée dans une triple approche, historique, comparative et spirituelle.
Approche historique • Approche historique, sans en rester aux cent dernières années de son développement, mais en se familiarisant avec ses étapes antérieures dont la connaissance est une source de sagesse. L'histoire en elle-même n'est pas une science, car elle concerne le singulier et la science porte sur le général, mais elle montre le rôle des différents facteurs dans la trame des événements : les hommes, l'influence des idées, la causalité économiques, etc. • D'un grand nombre d'événements uniques, on peut tirer une expérience qui peut éclairer et permettre dans une certaine mesure de prévoir
Approche comparative • Approche comparative ensuite, la doctrine sociale de l'Église n'a pas qu'une application locale ou régionale, elle concerne toutes les civilisations et s'adresse à toutes les mentalités. Fréquemment, on ne retient d'elle qu'une approche particulière destinée à résoudre une question spécifique dans un cadre donné. Il convient de relativiser les questions locales en les replaçant dans des contextes plus vastes, ceux des autres régions, continents et des civilisations différentes
danger de transformer la doctrine sociale de l'Église • Il y a toujours le danger de transformer la doctrine sociale de l'Église en une idéologie, c'est-à-dire en une théorie ou une pratique subordonnée à une option purement humaine qui tient lieu de postulat échappant à toute critique. • La comparaison avec d'autres expériences peut être salubre. En Amérique latine, la question sociale revêt une dominante économique; en Afrique, c'est la question ethnique qui est décisive, et en Inde les appartenances religieuses commandent tout. • La tentation est grande dans chacune de ces régions de tout ramener à une seule problématique donnant naissance à une idéologie.
Approche spirituelle • Approche spirituelle, enfin, pour donner son vrai sens à la doctrine sociale de l'Église qui n'est pas une liste de recettes, ni un recueil de principes, ni un guide pour militant social, mais l'expression de la charité de l'Église du Christ, s'incarnant dans les réalités quotidiennes pour les évangéliser de l'intérieur. • La dimension prophétique, liée à la parole de Dieu, et la dimension rationnelle se rejoignent grâce à la charité qui donne une 'âme a la doctrine sociale de l'Église et lui évite, par sa référence à l'absolu qui est Dieu, de devenir une idéologie purement humaine. • Jean-Paul II en Inde, accompagné de Mère Teresa, illustre assez bien notre propos, car l'un et l'autre sont des exemples vivants d'une conviction s'exprimant par un enseignement inspiré et une pratique qui ne l'est pas moins.
Pour une civilisation de l'amour • Paul VI, dans son homélie mémorable de Noël 1975, a inauguré l'usage de cette expression que Jean-Paul II reprend fréquemment. • Pour eux, cette civilisation de l'amour est la réalisation d'une conception de la vie sociale, de la vie économique, de la vie politique, qui s'effectuerait grâce à une inspiration vitalement chrétienne justifiant une telle expression.
Une telle perspective n'est-elle pas un voeu pieux? • La différence entre une utopie et un projet comme celui-là est d'ordre théologique. • Une utopie consisterait à prévoir une civilisation éventuelle dans laquelle nos aspirations se trouveraient comblées par le moyen des seules forces humaines. Dans la perspective théologique et prophétique de l'Église, il y a une autre source d'ordre spirituel et même surnaturel qui fonde l'espérance chrétienne. • Pour les papes et pour les chrétiens qui utilisent cette expression-là, il s'agit donc d'une attitude axée sur la vertu théologale d'espérance qui, elle-même, est indissociable de la vertu théologale de charité et de la foi.
Y a-t-il un enseignement social chrétien? Où se trouve-t-il? • Quand on parle de « civilisation de l'amour », il y a une dimension sociale qui se trouve incluse. Ce n'est pas simplement une attitude personnelle ou individuelle, mais une approche communautaire, et l'enseignement social chrétien explicite et justifie cette dimension communautaire. La personne n'est pas un être isolé, elle fait partie d'une communauté et ce sont les exigences de la vie en communauté, dont les personnes sont les acteurs, qui vont être formulées par l'enseignement social de l'Église. • Notons que cette doctrine sociale ne date pas du siècle dernier, elle remonte à la naissance même de l'Église et découle directement de l'Évangile.
Idéologie? • Par « idéologie », on peut entendre toute espèce de systèmes d'idées y compris les idées religieuses. Je propose une définition plus spécifique en disant qu'une idéologie a deux aspects essentiels : d'une part, elle offre une explication plus ou moins rationnelle du monde et de la vie humaine; d'autre part, elle mobilise l'affectivité.
ce qu'il y a de particulier avec l'idéologie • Dans ces deux opérations rationnelles et émotives que l'on retrouve aussi dans les religions, ce qu'il y a de particulier avec l'idéologie c'est précisément l'absence de référence à une dimension transcendante. • Dans ces conditions, l'idéologie, au sens strict du terme, est contemporaine de la sécularisation. • En gros, le phénomène idéologique apparaît au lendemain de l'âge des Lumières et commence à fructifier au XIXe siècle pour s'épanouir au XXe avec les grands courants d'idées et d'émotions caractéristiques de l'âge totalitaire, au moment où les idéaux proprement religieux sont abandonnés ou mis en cause.
L’idéologie n'éclaire qu'une partie de la réalité? • la réalité déborde constamment le regard de l'intelligence humaine; elle est trop complexe pour pouvoir être considérée de manière globale et chaque époque, chaque civilisation se caractérise par une sensibilité particulière à certains aspects du réel. Le fait même du développement de J'enseignement social chrétien montre qu'aucune période n'appréhende toutes les dimensions de la vie humaine et c'est au cours des siècles que le message social de l'Église déploie ses potentialités. Il convient d'éviter de bloquer le point de vue dominant d'une période, d'une culture ou d'une mentalité pour en faire une sorte d'absolu.
N'y a-t-il pas toujours le danger de voir les positions sociales de l'Église être récupérées par des groupements, par des partis, par des personnes qui transforment ces principes en idéologies? • il y a là un danger, il suffit de regarder l'actualité et même l'histoire proche pour voir qu'on y tombe assez souvent. C'est peut-être justement une preuve de la nécessité de connaître notre passé. Le P. Congar expliquait que l'histoire était une école indispensable de sagesse pour le théologien, on peut dire pour tous. Afin de ne pas retomber perpétuellement dans les mêmes travers, qui sont symétriques, il faut avoir une connaissance du déroulement de l'histoire qui nous montre comment se vit le passage des générations, des mentalités, pour se préparer à conserver l'essentiel au milieu des changements les plus inattendus.
L'Église s'incarne • L'Église s'incarne, elle n'est pas destinée à simplement énoncer des principes, mais à inspirer des actions concrètes, à s'engager. Le génie du christianisme, c'est d'être à la fois transcendant et incarné. Les solutions concrètes sont toujours à inventer, il n'y a pas de réponse enfin trouvée aux problèmes qui se posent brusquement. Il faut penser et la réflexion n'est pas rendue inutile par la connaissance de la doctrine sociale. Au contraire, cette dernière est faite pour susciter la pensée et l'initiative en fournissant un cadre régulateur qui évite de s'égarer immédiatement sous l'influence des courants idéologiques, des passions et des modes.
N'est-ce pas un peu inhabituel pour une conscience moderne de tenir à la fois la dimension transcendante et la dimension d'incarnation? • Vous posez le problème du positivisme qui est une sorte d'obsession pour la civilisation moderne, depuis disons le 'axe siècle, et qui consiste notamment, pour reprendre les expressions d'Auguste Comte, à s'intéresser au comment plutôt qu'au pourquoi des choses et à n'avoir d'autre absolu que le relatif. • Le résultat, c'est une perte du sens de la transcendance. • Les extraordinaires succès de la technique risquent de nous faire perdre de vue que l'homme ne vit pas seulement de moyens et d'instruments, mais aussi de finalités.
Aujourd'hui, lorsqu'on admet le fait religieux, on voudrait le réduire à une dimension purement subjective, purement individuelle. • En 1990: Jean-Paul II cite un sermon sur la conscience du grand théologien anglais –le cardinal Newman - qui insiste sur la complémentarité entre l'obéissance à la conscience et l'obéissance à l'Évangile. Le pape ajoute ceci : • « Peu de personnes ont soutenu les pleins droits de la conscience comme il l'a fait; peu d'écrivains ont plaidé d'une manière aussi persuasive la cause de son autorité et de sa liberté, et pourtant il n'a jamais permis que la moindre trace de subjectivité ou de relativisme polluât son enseignement. » (Message du 18 juin 1990.)
au lendemain du concile Vatican II on constate un désintérêt pour l'enseignement social chrétien, notamment en France? • C'est d'ailleurs assez paradoxal, parce que le concile lui-même a fourni une constitution Gaudium et spes sur l'Église dans le monde qui est très remarquable; par ailleurs, Jean XXIII et Paul VI sont les auteurs d'encycliques qui font date : Mater et Magistra (1961), Pacem in terris (1963) et Populorum progressio (1967). Il faut attendre Jean-Paul II pour observer une nouvelle attitude, plus positive, à l'égard de la doctrine sociale de l'Église. Le P. Chenu venait de faire paraître un bref ouvrage intitulé : La Doctrine sociale de l'Église comme idéologie (1979), lorsque Jean-Paul II dans son premier voyage apostolique, au Mexique, reprit avec force l'expression dans des termes qui contredisaient complètement la thèse du dominicain français.
N'y a-t-il pas cependant aujourd'hui en France une difficulté à médiatiser cet enseignement social? Il ne semble pas qu'il soit très connu et qu'il puisse véritablement mobiliser des mouvements nouveaux. • Vous avez raison d'insister sur le cas particulier de la France du point de vue de la formation. • Contrairement à la plupart des pays occidentaux, les principales universités françaises n'ont pas de faculté de théologie. Il en résulte que seuls les instituts catholiques offrent des cours où la doctrine sociale de l'Église peut être enseignée, ne touchant ainsi qu'une minorité. Il y a là une carence au plan institutionnel. • Bien entendu, des groupes et des associations organisent des cours sur l'enseignement social chrétien, mais il manque un climat universitaire à ce niveau-là, qui puisse favoriser des recherches plus vastes et plus systématiques donnant lieu à des publications et ouvrant des débouchés. A propos des groupes charismatiques, je voudrais rappeler le mot de Maritain : « Il faut avoir la tête dur et le cœur doux. » L'un sans l'autre est périlleux.
n'est-il pas nécessaire d'avoir des lieux où puissent s'élaborer et se transmettre l'enseignement social chrétien? • Il y a au moins deux possibilités : soit de rendre plus actives, plus dynamiques les institutions actuelles – je pense aux universités ou aux institutions qui, officiellement, délivrent ce genre de formation –, soit, c'est la deuxième possibilité, en créer de nouvelles. • On peut tenter de faire les deux, c'est-à-dire essayer de rendre plus dynamiques encore les institutions existantes et en créer d'autres plus adaptées à tel ou tel public. • Ce ne sont pas des individus isolés qui pourront reconstituer un tissu culturel, social et économique d'inspiration vitalement chrétienne; et pour prendre des initiatives nouvelles il faut des communautés, fussent-elles modestes