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SOISSONS. No 1. A prime abord, Soissons, ville d’environ 30 000 habitants, située à 80 km au nord de Paris, apparaît comme une ville moderne, aérée, avec très peu de vieux quartiers et de larges avenues bordées de maisons élégantes et cossues qui ne sont même pas centenaires…
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SOISSONS No 1
A prime abord, Soissons, ville d’environ 30 000 habitants, située à 80 km au nord de Paris, apparaît comme une ville moderne, aérée, avec très peu de vieux quartiers et de larges avenues bordées de maisons élégantes et cossues qui ne sont même pas centenaires… C’est que Soissons est une ville martyre de la première guerre mondiale. Occupée par les Allemands fin août 1914, reprise par les Français un mois plus tard lors de la bataille de la Marne, puis de nouveau par les Allemands en 1918. Après le conflit, huit maisons sur dix avaient été détruites… C’est d’ailleurs toute la région qui fut le témoin des batailles meurtrières et l’on croise de nombreux cimetières militaires le long des routes. Pourtant Soissons a un passé prestigieux. Elle tient son nom du puissant peuple belge, « les Suessions » mais elle fut créée en l’an 20 av. J.C. C’était la très romaine « Augusta Suessionum »
Au IIIe siècle, la ville est encore un puissant bastion romain de la Gaule du Nord menacée par les Francs Saliens. C’est en 486 que le dernier général romain Syagrius est défait par le jeune roi franc Clovis qui la garde comme capitale. Elle fait donc partie intégrante de la royauté mérovingienne et verra le sacre de Pépin le Bref en 751 et de Carloman en 768. La ville médiévale est très prospère aux XIIe et XIIIe siècles. Toutefois les pouvoirs intra-muraux s’affrontent à partir de 1116. Ce sont ceux du comte, de l’évêque et de la commune. Le siège de 1414, qui vise à soumettre la cité au pouvoir royal, la ruine mais elle est reconstruite par Louis de Luxembourg secondé par l’évêque Jean Milet. Henri II renforce son rôle de place forte destinée à protéger Paris et plus tard, sous Henri IV, elle devient un centre administratif et judiciaire. Son rôle est encore accru durant la Révolution et l’Empire.
LE VASE DE SOISSONS Beaucoup en connaissent l’histoire : un très beau vase avait été trouvé dans une église et l’évêque le réclamait. Clovis demanda alors qu’il soit exclu du partage pour les guerriers et qu’il lui soit remis. Or, l’un d’eux s’en empara et le brisa. Quelques mois plus tard, lors d’une inspection, Clovis déclara à ce guerrier « personne n’a apporté d’armes aussi mal tenues que les tiennes » et saisissant sa hache, il la jeta par terre. Lorsque le guerrier se pencha pour la ramasser, Clovis lui planta la sienne dans le crâne en lui disant : « ainsi as-tu traité le vase de Soissons! »
Soissons, ville fortifiée au Moyen-âge, voit ses murailles restaurées au XIXe siècle. Ces fortifications cèderont toutefois, en quatre jours seulement, lors de l’attaque de 1870!
Aspect paisible de la ville le long des rives de l’Aisne et décoration de la pile d’un pont.
Le vieux pont construit au XIIIe siècle apparaît sur ce tableau en 1824. Détruit durant la guerre de 14, reconstruit par les Anglais puis de nouveau en ruines lors de la dernière guerre, il a été remplacé par une passerelle. L’une de ses arches sur lesquelles passa Jeanne d’Arc en 1429, a été conservée et placée dans un parc de la ville.
Au centre de la grande place Fernand Marquigny, le Monument aux morts constitue, à lui seul, un résumé de l’histoire de la ville avec un panneau rappelant l’épisode du Vase de Soissons, un autre évoquant le passage de Jeanne d’Arc et un rappel des misères de la population civile durant les derniers grands conflits.
En haut à gauche, le vase de Soissons, à droite, Jeanne d’Arc et, en bas, les scènes de détresse des populations.
Abolition des servitudes féodales en 1134. Carolingien défendant le royaume franc. Soldats des deux dernières guerres.
Un très beau pavillon datant de 1626, ancien siège de la Compagnie des Arquebusiers, subsiste encore. De style Louis XIII, il est construit en pierre de taille et en brique. Une grande salle aux dix fenêtres garnies de vitraux servait aux assemblées de la Compagnie. Malgré le courage des artilleurs qui défendaient le bastion en 1870 le pavillon fut endommagé et perdit ses vitraux. Un grand portail d’entrée érigé à la demande du Maréchal d’Estrées en 1638, a été parfaitement restauré.
Soissons fut le siège de plusieurs monastères et abbayes. Ils feront l’objet d’un second diaporama. Cependant, dans la diapositive suivante, à proximité de l’église de Saint- Vaast, on peut voir une porte provenant de l’abbaye Saint-Médard qui fut installée à l’entrée d’une école. Cette dernière a été déplacée mais la porte reste en place.
Porte provenant de l’Abbaye Saint-Médard, devant l’église Saint-Vaast, de style néo-roman, construite dans la seconde moitié du XIXe siècle.
L’Hôtel de ville occupe un très bel édifice de style néo-classique, construit à l’emplacement du château des comtes de Soissons, par l’Intendant Le Pelletier de Mortefontaine entre 1772 et 1775. Il était le représentant du roi dans la province. Cette construction est agrémentée d’un joli jardin à la française.
La cathédrale Saint Gervais et Saint Protais, la troisième des grandes cathédrales du Nord de la France, fut érigée entre les XIIe et XIVe siècles. Sa façade asymétrique n’est surmontée que d’une seule tour. La deuxième qui était prévue ne fut jamais construite. De style gothique classique, elle comporte de véritables chefs-d’œuvre. Le bras sud de son transept est un pur produit du gothique primitif du XIIe siècle tandis que le bras nord est une magnifique version de l’art rayonnant du XIVe, avec une splendide verrière. Son chœur, de style lancéolé, est entouré d’un large déambulatoire sur lequel s’ouvrent cinq chapelles rayonnantes. Le clocher qui s’élevait à la croisée des transepts fut renversé par les Huguenots et la cathédrale subit d’autres dégradations à La Révolution. Sous le 1er Empire, elle servit de poudrière et une explosion se produisit en 1815, endommageant les vitraux de la nef centrale.
Les pires dégâts survinrent lors de la première guerre mondiale et ce n’est qu’en 1937 que la restauration fut complétée…
Certaines parties de la toiture ont retrouvé les tuiles vernissées d’antan.
Les vitraux du chœur, ceux de la rosace de façade et la magnifique verrière du transept nord dont la photo provient du site Wikipédia..
Evocation du martyr de Saint Crépin et Saint Crépinien, qui eut lieu à Soissons au IIIe siècle. A noter cependant que les Anglais, eux, les font vivre dans le comté de Kent en Angleterre…
Les Soissonnais s’enorgueillissent de posséder ce chef d’œuvre de Rubens, l’Adoration des Bergers.
L’évêché et un vestige de l’ancienne construction dont il ne reste que peu d’éléments, laquelle reconstruite, abrite maintenant des services publics.
Monument commémoratif pour les morts de l’empire britannique durant la première guerre mondiale et plaque apposée dans la cathédrale.
Après la première guerre mondiale, les élus de la ville, en la reconstruisant, en profitèrent pour remodeler complètement son implantation. Un style art-déco avec ses lignes géométriques fut adopté et de nombreux monuments commémoratifs furent érigés. Notamment, outre celui à la mémoire des britanniques, on en construisit un autre de grande ampleur pour évoquer l’œuvre des Sociétés coopératives de Reconstruction des régions libérées que l’on peut voir sur la diapositive suivante. En passant en arrière on apprend que la reconstruction a touché 3700 édifices publics, 488 000 maisons, 85 000 propriétés agricoles. On a compté 90 000 propriétaires sinistrés et 16 millions de dommages de guerre ont été distribués.
Ce monument, lui, est érigé en mémoire de deux instituteurs, Bordeaux et Polette, ainsi que des fusillés par l’ennemi durant la guerre de 1870.
L’une des artères principales, la rue Saint-Martin et le Palais de Justice.
L’une des constructions plus fantaisistes d’après la guerre de 14…
La maison égyptienne érigée pour un orthopédiste qui était féru d’égyptologie!
De splendides demeures furent construites après la première guerre mondiale, le long des grands boulevards qui s’étendent à la place des anciennes fortifications. Souvent elles appartenaient à de gros propriétaires terriens des environs.
ET LE HARICOT ? Plusieurs légendes lui sont rattachées… En voici deux : Durant une épidémie pendant la guerre de cent ans, des habitants partirent précipitamment en emportant leurs récoltes et échappèrent des graines. A leur retour, ils trouvèrent, miraculeusement de gros haricots qui les sauvèrent de la famine. Une autre légende veut qu’au XIXe siècle, un guetteur qui surveillait la ville du haut de la tour de la cathédrale, sema des haricots dans des caisses le long des garde-fous. Ceux-ci s’accrochant à la rampe couvrirent la tour d’une verdeur étonnante. A ceux qui s’étonnaient, Le Paon (c’était son nom) déclarait: « C’est du vrai Soissons. Dieu créa la fleur et lui dit Sois Rose. Il créa le haricot et lui dit Sois Son et va en paix». Quoi qu’il en soit, même si la culture du plus gros haricot d’origine française s’est déplacée vers Craonne, on peut désormais acheter, des haricots de Soissons en confiserie dans cette ville…
Ainsi se termine cette promenade soissonnaise, réalisée malheureusement par un temps presque constamment gris le jour où j’ai pris le plus de photos… Un deuxième volet traitant de Soissons, ville d’abbayes, viendra compléter ce tour d’horizon.