E N D
1. LES DEMENCES FRONTO-TEMPORALES A. MAHEUT-BOSSER
EPU –mai 2005
CMRR – Centre de Gériatrie
Service - Pr Paille
2. INTRODUCTION 2ème cause de démence dégénérative
Maladie neuro-comportementale
1er cas décrit : 1892- Pick
Pathologie souvent méconnue
Démence fronto-temporale « syndrome clinique liée à des lésions dégénératives de la région antérieure du cortex cérébral »
Les dégénérences lobaires fronto-temporales (DLFT)
bases neuro-anatomiques : atteinte des lobes frontaux et temporaux.
3. ORGANISATION FONCTIONNELLE 1 Le système de l’action repose :
Sur le lobe frontal pour son élaboration volontaire
Sur les ganglions de la base pour son contrôle
Le lobe frontal permet donc l’élaboration de l’action et son adéquation avec les attentes et de son environnement. On décrit 3 sous régions fonctionnelles
la région dorso-latérale
Le cortex préfrontal orbito-ventral
Le cortex préfrontal interne (ou médian)
Réf. : R. Levy. Organisation fonctionnelle du cerveau. La revue du praticien 2003, 53 : 361-66.
4. ORGANISATION FONCTIONNELLE 2 Globalement, la région frontale et les ganglions
de la base permettent :
d’élaborer
de préparer
de contrôler
de valider
Les fonctions exécutives : processus mentaux
nécessaires pour élaborer l’action volontaire
5. ORGANISATION FONCTIONNELLE 3 G. Derouesne : « les fonctions exécutives sont des processus contrôlés qui interviennent dans les tâches nouvelles, ou non encore entièrement automatisées, ou lorsque se produisent des perturbations du contrôle automatique des routines (par exemple : lorsqu’un élément imprévu survient pendant une activité hautement automatisée, comme la conduite automobile)
Réf. : C. Derouesne. Sémiologie des fonctions exécutives. Revue du Praticien 2003, 53 : 388-393.
6. ORGANISATION FONCTIONNELLE 4 La région dorso-latérale
Fonction essentielle pour les fonctions exécutives
Planification
Manipulation des représentations mentales
Conceptualisation de règles
Organisation temporelle d’une action
Inhibition des comportements primitifs ou réactifs à l’environnement
Récupération d’une information mémorisée
Réf. :
C. Desrouesne.Sémiologie des fonctions exécutives. Revue du Praticien
2003, 53 : 388-393. R. Levy Organisation fonctionnelle du cerveau. Revue du Praticien
2003, 53 : 361-366.
7. ORGANISATION FONCTIONNELLE 5 Le cortex préfrontal orbito-ventral
Fonction : traitement de l’affect
de l’émotion
de la motivation (système limbique)
Lésion
incapacité à évaluer la portée de ses actions
Émoussement affectif
Conduites asociales et désinhibées (sociopathie acquise)
8. ORGANISATION FONCTIONNELLE 6 Le cortex préfrontal interne (médian)
Fonction : débuter tout comportement autogénéré
Lésion
Atteinte des mécanismes d’initation comportementale (mutisme akinétique)
9. ORGANISATION FONCTIONNELLE 7 Connexions :
Striatum : axe fronto-striatal
Cortex préfrontal
pallidum thalamus
10. ORGANISATION FONCTIONNELLE 8 Syndromes frontaux par des désafférentation du cortex préfrontal
Lésions des ganglions de la base
ex. : maladie de Parkinson
maladie de Huntington
AVC touchant le thalamus ou les noyaux caudés
Lésions des fibres de connection
Ex. : leucoencéphalopathies vasculaires
certaines scléroses en plaque
11. ORGANISATION FONCTIONNELLE Cortex préfrontal : structure exécutive
Intervient dans la mémoire épisodique dans les stratégies d’encodage et de récupération
Dans l’étiquetage temporel de l’information à mémoriser
Réf. Richard Levy
Organisation fonctionnelle du cerveau. Revue du praticien
2003, 53, 361-366.
12. CLINIQUE 1 Tableau clinique dominé par les signes psycho-comportementaux et une modification de la personnalité avec des fonctions mnésiques préservées initialement.
Polymorphisme des signes comportementaux liés à la topographie des lésions frontales
- âge de début : 51 à 58 ans, formes précoces et tardives.
13. CLINIQUE 2 Motif de la consultation :
Pathologie psychiatrique
Problèmes médico-légaux
Démence atypique
Présentation : souvent évocatrice « frontal »
Patient :
- désinhibition ou apathie
- indifférence affective
- stéréotypies – conduites inadaptées
- négligence physique
- manque de goût vestimentaire
Accompagnant : décrit souvent sans ménagement les troubles de comportement devant le patient indifférent (ce qui diffère des entretiens dans le cadre de pathologie de type Alzhiemer – F. Pasquier)
Réf. F. Pasquier Démences fronto-temporales In : C. Duyckaerts, F. Pasquier
Démences – Doin, 2002, pp 221-234.
14. CLINIQUE 3 Fréquence des symptômes comportementaux (changement par rapport à l’état antérieur) sur l’échelle de dyscomportement frontal au moment de la 1ère visite (d’après Pasquier et al.)
Cf tableau suivant
15.
Troubles du contrôle de soi 100 %
Hyperoralité/Changement de goût alimentaire 86%
Instabilité motrice 81 %
Irritabilité 76 %
Désinhibition comportementale 70 %
Troubles du contrôle émotionnel 49 %
Désinhibition verbale 48%
Appétence pour l’alcool 41 %
Négligence personnelle 95%
Hygiène, Vêtements, harmonie…
Désintérêt 100%
Désintérêt social 100%
Apathie 94%
Conduites stéréotypées 66%
Troubles affectifs 100%
Emoussement affectif 78%
Tristesse apparente 34%
Emotionalism 48%
Exaltation 34%
F. Pasquier et coll. Diagnostic clinique des démences fronto-temporales. Rev. Neurol. (Paris) 1998 ;154: 217-23.)
16. CLINIQUE 4 Critères cliniques de démence fronto-temporale d’après the Lund and Manchester Group in : F. Sellal, E. Kruczek. Doin Editeurs, 2001, 145 p.
Cf tableau suivant
17. 1- Troubles du comportement
Début insidieux et lente progression
Perte précoce de la « conscience personnelle » (mauvais hygiène personnelle, laisser-aller vestimentaire)
Perte précoce des convenances sociales (manque de tact, actes délictueux els que vols à l’étalage)
Signes précoces de désinhibition (sexuelle, verbale, jovialité, inappropriée, impatience motrice)
Rigidité mentale
Hyperoralité (boulimie, consommation excessive d’alcool, exploration orale d’objets)
Comportements stéréotypées et persévératifs (déambulations, gestes répétitifs, ritualisation telles que collectionnisme, toilettage…)
Comportement d’utilisation (manipulation incessante des objets)
Distractibilité, impulsivité
Anosognosie précoce
18. 2- Symptômes affectifs
Dépression, anxiété, exacerbation thymique, délire transitoire
Préoccupations hypochondriaques bizarres
Indifférence émotionnelle
Amimie (inertie, aspontanéité)
3- Troubles du langage
Réduction progressive du langage
Stéréotypies verbales
Écholalie et persévérations
Mutisme tardif
19. 4 - Préservation de l’orientation spatiale et des praxies
5 - Signes physiques
Réapparation précoce de réflexes archaïques (grasping reflex, réflexes de succion, moue)
Incontinence précoce
Akinésie, rigidité et remblements tardifs
Pression artérielle basse et labile
6 - Examens paracliniques
EEG normal
Atrophie frontale et/ou temporale antérieure en imagerie cérébrale
Disproportion entre la sévérité des troubles neuropsychologiques frontaux et la moindre intensité des troubles de la mémoire, du langage ou des fonctions visuo-spatiales.
20. En faveur du diagnostic
Début avant l’âge de 65 ans
Histoire familiale
Paralysie bulbaire, faiblesse musculaire, amyotrophie, fasiculations (par atteinte du motoneurone)
Réf. :
The Lund and Manchester Groups Clinical and neuropathological criteria for frontotemporal dementiat. J. Neurol Neurosurg Psychiatry 1994 : 57 : 416-8.
21. CLINIQUE 5 Le syndrome de dysfonctionnement exécutif clinique : manifestations comportementales +++
Défaut d’initiative
Manque de flexibilité « le patient devient rigide, figé dans ses habitudes et persévère dans ses actions »
Trouble de l’attention, concentration (distracbilité)
Le patient ne peut assurer complètement la réalisation d’une tâche séquentielle et abandonne en cours de route les activités qu’il a commencées
Difficultés +++ dans les situations où il faut exécuter plusieurs tâches
Réf. Derouesne.
Sémiologie des fonctions exécutives. La revue du praticien 2003, 53 : 388-392.
22. CLINIQUE 6 Blumer et Beson (1975)
Syndrome frontal pseudo-psychopathique versus pseudo-dépressif
Manifestations pseudo-dépressives
Perte d’activité
aboulie
Apathie
Indifférence affective
Manifestations psychopathiques
Impulsivité
Comportement puéril
Désinhibition
Jeu de mots à connotation sexuelle
Anosognosie
Perturbation des relations sociales
Réf. : M. Habid, B. Joly-Pottuz. Sémiologie des troubles du comportement par lésion cérébrale. La revue du praticien 2003, 53 : 394-397.
23. LES OUTILS DE DEPISTAGE ET DE DIAGNOSTIC 1 Le MMS de Folstein : longtemps normal
Tests de fluence verbale : précocement altérés
2 épreuves simples
Épreuve de type « go-no go »
Recherche de comportement d’utilisation ou d’imitation
Tests de similitude
24. LES OUTILS DE DEPISTAGE ET DE DIAGNOSTIC 2 Wisconsin card starling test (WCST)
Le Trail Making Test (TMT)
Le test de Stroop
La Behavioral Assessment of the dysexecutive syndrome (BADS)
25. EXAMEN CLINIQUE 1 Examen neurologique : longtemps normal
Au cours de l’évolution peuvent survenir :
Des réflexes archaïques
Une apraxie de la marche
Des désordres végétatifs (hypotension artérielle)
26. EXAMEN CLINIQUE 2 Examens complémentaires
EEG : normal
Imagerie cérébrale : lésions dans la partie antérieure du cerveau (atrophie)
Scanner
IRM
Scintigraphie au HMPAO
27. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL Les maladies psychiatriques
Les autres démences
28. DEMENCE FRONTO-TEMPORALE AVEC SYNDROME PARKINSONIEN LIE AU CHROMOSOME 17 (FTDP-17) Foster et coll. 1996 : 1ère description
82 familles décrites
Début : 49 ans
Évolution : 9 ans
EVOLUTION
Majoration progressive
Durée moyenne d’évolution : 8 ans (2 à 20 ans).
29. TRAITEMENT 1 Pas de déficit cholinergique dans la DFT donc pas d’anticholinestérasique
neuroleptiques : pas d’intérêt, risque de mauvaise tolérance (tr. Cognitifs, agressivité hallucinations, délire, malaise, incontinence)
Réf. F. Pasquier, F. Lebert, I. Lavenu et coll.. The clinical picture of frontotemporal dementia : diagnosis and follow-up. Dement Geriatr Cogn Disord 1999 ; 10 (suppl1) : 10-4.
Mais… En cas d’agressivité et d’agitation sévères, introduction possible d’un neuroleptique atypique (Réf. Sarazin , Groupe hospitalier Pitié-Salpétrière, Paris, Neuropsy.
30. TRAZODONE F. Lebert (2004)
Etude randomisée en double aveugle
Population : 31 : 16 femmes, 15 hommes
Moyenne d’âge : 61,7 ans
MMSE moyen : 21
Protocole : Trazadone : 150 à 300 mg/jour à dose progressive (50 mg puis 100 mg pendant 6 jours, puis 150 mg pendant 3 semaines, et en l’absence d’effets secondaires, la posologie était de 300 mg pendant 6 semaines)
Résultats : intérêt de la Trazadone versus PCB (NPI)
Pas d’intérêt sur le plan cognitif
Pas de signe d’effets secondaires dans le groupe Trazadone Versus PCB
31. LA TRAZODONE (TRAZOLAN ®) IRS atypique
Antidépresseur à action sédative
Demi-vie : 8 heures
Précautions d’emploi
Insuffisance rénale
Insuffisance hépatique
Hypotension
Arythmies (surtout si cardiopathies sous jacentes)
ATCD d’hypertrophie prostatique
Interactions médicamenteuses
Alcool, barbituriques, neuroleptiques, BZD
Digoxine, warfarine
Autres IRS : risque de syndrome sérotinergique
32. COCHRANE COLLABORATION : 2005 TRAZODONE ET AGITATION D’ORIGINE DEMENTIELLE Lebert 2004 : 31 patients atteints de DFT, trazadone : 150 à 300 mg/jour
Terri 2000 : 73 patients atteints de syndrome démentiel de type Alzheimer trazadone : 200 mg/jour
Conclusion : efficacité ?
Inefficacité ?
33. TRAITEMENT 2 IRS :
Etude Paroxetine (40 mg) versus PCB
Population : 10 sujets atteints de DFT
Durée : 6 semaines
Outils d’évaluation :
NPI (neuropsychiatrie Inventory)
CBI (Cambridge Behavorial Inventory)
Résultats : pas d’efficacité de la paroxetine.
Réf. Deakin JB, Rahman S, Nestor PJ, Sahakian BJ. Paroxetine does not improve symptoms and impairs cognition in frontoremporal demnatia : a double-blind randomized controlled trial. Psychomarcology (Berl). 2004 Apr;174 (4):400-8.
34. TRAITEMENT 3 R. Moretti et coll (2003) : paroxetine versus piracetam
Population : 16 patients
Paroxetine : 20 mg/jour (n:8)
Piracetam 1,200 mg/jour : n:8
Âge : 64-68 ans
Durée de l’étude 14 mois
Outil d’évaluation : le stress des soignants
Résultats : amélioration des troubles psycho-comportementaux.
Réf. : Moretti R., Torre P. Antonello RM, Cazzato G, Bava A. Frontotemporal dementia :paroxetine as a possible treatment of behavior symptoms. A randomized, controlled, open 14-mont study.
35. MOCLOBEMIDE (IMAO-A) G. Adler et coll (2003)
Population : 5 hommes, 1 femmes
Méthodologie : étude ouverte
Age moyen : 62 (57-67)
Protocole : Moclamine : 300 à 600 mg/j pendant 4 semaines
Résultats :
de l’agressivité : 4 patients
de la distractibilité : 3 patients
Réf. : Pharmacological treatment of frontotemporal demantia: treatment response of the MA-A inhibitor miclobemide. George Adler, Martin Teufel and Lutz M. Drach. Int. J. GERIATR Psychiatry 2003, 18: 653-655.
36. CONCLUSION Pathologie méconnue
Souvent confondue avec une pathologie psychiatrique
Risque de iatrogénie par des prescriptions de neuroleptiques