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Welcome aboard !. Une présentation du transport maritime et de la vie des marins au long cours. Arnaud de Boissieu Juin 2008. My name is Eranio Custodio. J'ai 55 ans. Je suis Philippin. Je suis marin depuis 1979. J'aime ce métier qui m'apporte toujours de nouveaux défis.
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Une présentation du transport maritime et de la vie des marins au long cours Arnaud de Boissieu Juin 2008
My name is Eranio Custodio J'ai 55 ans. Je suis Philippin. Je suis marin depuis 1979.J'aime ce métier qui m'apporte toujours de nouveaux défis. Je ne suis pas passé par une école maritime aux Philippines. J'ai d'abord travaillé 7 ans dans une usine de textile. Puis j'ai fait les démarches pour avoir un livret maritime. Cela m'a pris seulement un an : j'ai eu de la chance. J'ai commencé comme messman, puis OS, puis AB.
Je suis marié. J’ai deux jumeaux de 10 ans. Ma femme était comptable. Maintenant, elle est à la maison. Mon fils décidera seul si le métier de marin lui convient.
Je connais déjà la France, car j'ai travaillé sur des bateaux qui transportaient du bétail depuis Sète. Maintenant, je travaille à la CMA CGM, une compagnie française et troisième compagnie mondiale de conteneurs, depuis 7 ans, soit 5 contrats de 9 mois.
Comme beaucoup de navires modernes, notre bateau a été construit en Corée en 2001. Il bat pavillon des Bahamas.
Le CMA CGM EIFFEL mesure 272 mètres de long, 32 mètres de large, 57 mètres de haut et transporte 4 400 containers.
Nous sommes 21 marins à bord, Croates et Philippins. Mais on peut voir 5, 6, 7 nationnalités différentes sur certains navires.
INTERNATIONALISME La CMA CGM est une compagnie française. Le navire bat pavillon des Bahamas (Nassau)Le manager est anglais. Il fait appel à des sociétés de mains d’œuvre croates et philippines pour nous recruter.
Nous ne savons pas ce que contiennent les containers qui voyagent toujours sous douane.
Nous faisons la ligne de la Chine : Marseille, Barcelone, Gènes, Malte, Damiette en Egypte, le canal de Suez, Port Kelang en Malaisie, Singapour, Hong Kong, la Corée, et 3 ou 4 ports en Chine.
Notre vitesse est de 24 noeuds, soit 45 km/h. Il nous faut 7 semaines pour faire un aller et retour vers la Chine. 1 nœud = 1852 m par heure
Lent, notre bateau ? Peut-être, mais efficace. Un avion transporte (vite) 120 tonnes, quand un bateau transporte couramment 150 000 tonnes.On peut dire que 1 bateau égale 1000 avions... ou plus.
Une tonne de minerai traverse l’Atlantique pour le prix d’une course de taxi à Paris. Et le transport maritime depuis l’Asie de la paire de chaussuresque vous avez aux pieds revient à 0,3 euros.
85% du commerce mondial se fait par bateau, et 65% de ce que vous achetez à Carrefour est « made in China »
Un container est chargéen moins de 2 minutes par les dockers. Nous, les marins, nous surveillons le chargement.
deplusenplusgros En 1951, le plus gros pétrolier transportait 35 000 tonnes. Aujourd’hui, les plus gros pétroliers transportent plus de 300 000 tonnes.
deplusenplusgros Les premiers porte-conteneurs transportaient 1000 boites. Aujourd’hui, les plus gros bateaux en transportent 11000, et même 15 000. Mais nous sommes toujours le même nombre de marins à bord…
demoinsenmoinsnombreux …Il y en a même de moins en moins ! En 1970, on trouvait 30 marins sur un bateau. Aujourd’hui, nous sommes souvent moins de 20.Est-ce un progrès humain ?
De plusenplusloin 70 km Marseille Les anciens ports, en pleine ville, ne sont plus adaptés. Les nouveaux ports sont construits loin des centre-villes, et nous nous retrouvons loin de tout, isolés. Port de Fos
Les ports modernes, loin des villes, sont peu accueillants pour nous. Tout est fait pour les marchandises, mais si peu pour les hommes.
Dans un port, notre joie est de trouver au moins une cabine téléphonique pour appeler notre famille. Mais même cela est de plus en plus difficile.
Une trentaine d’états accordent des pavillons de complaisance de façon extrêmement libérale à des navires qui n’appartiennent aucunement à leurs ressortissants. 60 % des bateaux naviguent sous pavillons de complaisance.
Panama, Bahamas, Liberia, Chypre, Marshall, Cambodge, Antigua, Bermudes, Luxembourg, etc… Pas ou peu d’impôts, pas ou peu de réglementation sociale. Tous les pays développés utilisent des “pavillons bis”. Mais ”Pavillon de complaisance” ne veut pas dire “bateau poubelle”.
Les bateaux poubelles, cela existe : Erika, Prestige… Il faut lutter pour les supprimer. Mais aujourd’hui, la plupart des bateaux sont en bon état.
Des armateurspeu scrupuleux, souvent introuvables, abandonnent quelquefois navire et équipages. Qui va alors prendre en charge les marins ?
Nous sommes Philippins, Indiens, Ukrainiens, Russes, Turcs, Bulgares… Où sont passés les marins Français ?
Aujourd'hui, les marins sont des hommes compétents formés dans des écoles maritimes internationalement reconnues.
Nous travaillons 7 jours sur 7, pendant 10 heures, ou plus. À bord, c’est lundi tous les jours ! Et nos contrats sont de 6 à 9 mois.
Nous gagnons 600 dollars (400 €) pour les moins chanceux, 1500 dollars (1000 €) au tarif syndical international.
Aucun Européen ne travaillerait pour ces salaires, mais je gagne 4 fois plus que si je travaillais aux Philippines.
ITF (International Transport Federation) est une fédération syndicale mondiale qui défend nos droits et lutte contre les abus et exploitations dont nous sommes victimes.
Les bateauxsont beaux, mais aujourd’hui nos difficultés s’appellent stress, dépression, solitude, mal du pays…
Un navire est une usine qui tourne 24 h sur 24.Il peut être difficile de rencontrer un autre marin qui a des horaires différents.
Les escales ne sont pas un temps de repos ou de détente. Au contraire, c’est le moment où nous avons le plus de travail : provisions, entretien, réparations et, de plus en plus, inspections.
Notre joie est de pouvoir sortir à terre. Souvent, ce n’est possible que grâce aux foyers des marins.
Suite aux attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont imposé des règles de sécurité qui, si elles sont appliquées, rendent problématiquesnos sorties à terre et les visites à bord .
Ces réglements font de nous des terroristes en puissance, alors que nous sommes des travailleurs migrants qui apportons jusque dans vos ports tout ce dont vous avez besoin.
Pourtant, l’accueil des marins est un besoin reconnu mondialement. Des conventions du BIT recommandent que cet accueil soit pris en charge par les ports. La France a ratifié ces conventions en 2003. On attend les applications concrètes.
Un foyer des marins, c’est 2 heures de détente hors du bateau. Selon les escales, nous restons quelque fois des mois sans mettre pied à terre.
Qu’ils s’appellent Stella Maris (pour les catholiques) ou Flying Angel (pour les anglicans), les foyers nous offrent la joie d’un moment de détente.
Stella Maris et Flying Angelsont des images de marque que les marins connaissent dans le monde entier : ils leur font confiance.
Notre première demande est de communiquer avec nos familles :les foyers mettent téléphones et ordinateurs à notre disposition.
Les sourires accueillants et communicatifs des bénévoles sont l’âme des foyers.
Quand les ¾ du temps nous ne pouvons pas mettre pieds à terre,une visite sur le bateau, c’est un bonjour donné, un sourire échangé, une rencontre ébauchée, comme une bouteille à la mer…
Quand j’ai eu un accident et que j’ai été hospitalisé à Marseille, quelle joie j’ai eue de recevoir des visites.
Puisse le Seigneur qui est bon guider notre route et nos attentes de voir des pays étrangers.Le bateau roule au creux de la mer.Notre espoir est en Dieu quand nous sommes tous en prière.
La mer est mon pays Le navire est ma maison Mon travail, c’est ma vie Qui suis-je ?
Un pétrolier décharge pour100 millions d’euros de pétrole brut en 24 h Ses frais d’escale sont de l’ordrede150 000euros Certains armateurs acceptent deverser18 euros au foyer pour l’accueil des marins