L’école démocratique Vers un renoncement politique ?

1. L’école démocratique Vers un renoncement politique ?

2. L’école démocratique contre la naturalisation des inégalités « Les cancres ne profitent jamais pour ainsi dire de l’enseignement donné en classe : ils y restent aussi étrangers que les mendiants qui vont l’hiver se chauffer dans notre musée du Louvre restent indifférents à la beauté des Rembrandt. Rien n’est plus intéressant que de connaître la psychologie de ces cancres. C’est une question qui a une grande importance sociale, et on doit se préoccuper constamment de diminuer le nombre de ces déchets, afin qu’ils ne deviennent pas définitifs » Alfred Binet, Les idées modernes sur les enfants, 1911 (extrait de Bertrand Ravon, L’échec scolaire histoire d’un problème public, In Press, 2000

3. L’école démocratique contre les catégorisations misérabilistes « Les difficultés sociales ne sont pas sans conséquences sur la vie des enfants (alimentation, sommeil, conditions de travail, etc...) dont la qualité conditionne pour une part la disponibilité face aux efforts à fournir pour réussir à l’école (…). Les apprentissages fondamentaux sont plus difficilement mis en œuvre : beaucoup d’enseignants accueillent maintenant des enfants mal socialisés, nourris d’une seule culture télévisuelle de bas niveau, disposant d’un vocabulaire et d’une syntaxe pauvres, inadaptés à la situation de communication. C’est vrai pour les primo-arrivants, pour les enfants issus de l’immigration, surtout quand le français n’est pas la langue utilisée à la maison ». IGEN-IGAENR, La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves, Rapport n°2006-076, octobre 2006

4. Il vaut mieux douter trop que trop peu… « Il y a donc jamais lieu d’être certain du caractère naturel des inégalités que l’on constate entre les hommes dans une situation sociale donnée et, en la matière, tant qu’on n’a pas exploré toutes les voies par où agissent les facteurs sociaux d’inégalité et qu’on n’a pas épuisé tous les moyens pédagogiques d’en surmonter l’efficacité, il vaut mieux douter trop que trop peu ». Pierre Bourdieu, J.C. Passeron, 1964

5. L’enseignement progressiste c’est « la confiance dans les masses » Une des caractéristiques de l'enseignant progressiste, c’est « la confiance dans les masses », donc ici, la confiance dans les masses des élèves - même et surtout les plus exploités - je voudrais dire la confiance dans leurs ressources culturelles : il sait que ces élèves participent d'emblée à une culture, leur culture, même si elle ne répond pas aux critères scolaires. Il ne s’agit pas de l’ignorer, ni d’en rester à sa célébration, mais les difficultés même que ces enfants vivent, leurs efforts pour ne pas se laisser abattre dans l’existence, peuvent servir de points d’appui à l’enseignant pour les mener, malgré tout, par leur propre chemin, jusqu’aux grandes réussites culturelles ». Georges Snyders, 30 avril 2011

6. Qu’est-ce qu’une école démocratique ?

7. Une analyse compréhensive et transversale des ressorts de la crise éducative actuelle • L’école maternelle  • L’éducation populaire • Le traitement social de la violence à l’école • Le traitement de la difficulté scolaire • La politique d’éducation prioritaire • Le développement du soutien scolaire privé • La réforme de la carte scolaire

8. Constats et analyses • L’un des ressorts de la crise éducative actuelle est quelle marque un renoncement au projet de construction d’une école démocratique - situation que l’on peut considérer comme en rupture avec les périodes et les crises précédentes • L’école actuelle emprunte certains traits du libéralisme économique, associé à un autoritarisme bureaucratique et à un discours pédagogique passéiste tout en réhabilitant des doctrines anciennes comme celles de la méritocratie et de l’élitisme républicain articulées à la doxa moderniste de l’excellence. • Ce qui caractérise les politiques éducatives actuelles c’est précisément qu’elles ne tiennent pas compte des spécificités de l’éducation mais s’alignent sur un modèle emprunté à l’économie marchande (compétitivité, concurrence, évaluation, efficacité, libre choix du consommateur).

9. Un référentiel pour une contre-analyse : l’école démocratique • Une école qui réduit les inégalités d’instruction associées au milieu social et au genre en cohérence avec le principe d’égalité énoncé dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen annexée au préambule de la constitution française • Une école qui favorise l’émancipation des individus et l’autonomie de pensée • Une école humaniste, progressiste, adossée au principe de l’éducabilité de tous et qui ne réduit pas l’expérience scolaire à celle de la souffrance et de la disqualification • Une école non inféodée à l’impérialisme économique et utilitariste, qui ne considère par les citoyens comme de simples consommateurs d’école • Une école qui remette l’apprentissage, la culture et la connaissance au centre de son projet en lien et place de l’obsession permanente des classements et de la concurrence • Une école qui défende les idéaux collectifs davantage que la maximisation des intérêts privés