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Acquisition et évaluation des compétences linguistiques en Langue des Signes. Historique. Jusqu’à la fin des années 1970 : le mode d’expression visuo-manuel utilisé par les personnes sourdes n’était pas vraiment considéré comme une langue à part entière
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Acquisition et évaluation des compétences linguistiques en Langue des Signes
Historique • Jusqu’à la fin des années 1970 : le mode d’expression visuo-manuel utilisé par les personnes sourdes n’était pas vraiment considéré comme une langue à part entière • Maintenant il a été démontré que les compétences en jeu dans l’acquisition de la LS sont dans de nombreux domaines les mêmes que celles concernant l’acquisition d’une langue parlée • Évaluation des compétences en LS : récente
La Langue des Signes • La langue signée s’appuie sur les signes comme système de production permettant à cette langue d’être transmise de façon perceptible (fonction d’échange) • Les signes sont l’équivalent linguistique et fonctionnel des mots (unités lexicales des langues parlées) • Phonologie = organisation sous-lexicale des signes
PHONOLOGIE • Rappel : trait phonologique = trait caractéristique indécomposable et sans signification, universel pour toutes les langues des signes. • 4 classes de codes phonologiques : 4 paramètres de formation des signes : • Configuration • Localisation/emplacement • Mouvement • Orientation
PHONOLOGIE • Chaque paramètre de formation se combine avec les autres pour former la « syllabe ». Les signes peuvent être jusqu’à quadrisyllabiques, mono ou bi-manuels. • 5è paramètre de formation: l’expression du visage: controversé car d’autres la considèrent de la même façon que la prosodie ou l’intonation pour les langues parlées : ajoute de l’info et aide à la segmentation du discours mais ne fait pas partie du signe en lui-même sur le plan phonologique. • NB: accès précoce à la LS rare : seulement 5 à 10% des enfants sourds ont des parents sourds qui leur ont appris la LS dès la naissance
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Prémisse : afin d’étudier la vitesse d’articulation dans la production de signes ou de mots, il faut pouvoir exclure les pauses du discours (qui prennent 40 à 50% du temps total de parole). • Vitesse d’articulation mesurée par le nombre de signes/de mots par minute. • NB: bien que la vitesse d’articulation varie significativement d’une personne à l’autre, elle reste vraiment constante pour la même personne (dans différentes situations).
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Sujets : 3 bilingues : jeunes adultes entendants de parents sourds. Ont appris la LS dès leur naissance (comme première langue) et continuent à l’utiliser quotidiennement (en même temps que l’anglais). Sont très à l’aise dans les 2 langages. • Tâche : raconter une histoire de leur enfance ou une histoire qu’ils connaissent bien, la même dans 3 conditions : • En ASL • En anglais parlé • Simultanément signé et parlé
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Le tout était filmé et il y avait donc 4 retranscriptions (parlé et signé dans les conditions séparées et parlé et signé dans la condition simultanée). • Temps total des histoires : pas différent : ça prenait + ou – le même temps de raconter la même histoire que ce soit en LS ou en anglais. • Exclusion des pauses : plus difficile de distinguer les pause dans la LS qu’en langue parlée sous-estimation probable du temps de pause en LS
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Résultats en conditions séparées : Quand les pauses sont exclues du discours, la vitesse d’articulation des mots est presque deux fois celle des signes, et ce pour chaque sujet.
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Mais certains diront que cette différence peut provenir du fait qu’il y a 2 versions de l’histoire et qu’elles ne sont pas les mêmes Résultats de la condition simultanée : • Accroissement du temps passé en pause pour chaque sujet peut-être le reflet d’un investissement cognitif plus important • même quand le contenu est exactement le même, la vitesse d’articulation des mots est au moins 1,5 fois celle des signes.
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison de la vitesse d’articulation • Les signes semblent être plus longs à produire que les mots.On pouvait s’y attendre étant donné que les signes sont plus complexes et impliquent des mouvements coûteux en temps.Qu’en est-il pour les phrases ? Suite à ces résultats, on peut s’attendre à ce qu’elle durent plus longtemps
BELLUGI & FISCHER (1972)Comparaison temporelle des phrases • Phrases divisées en propositions. // entre propositions en signes et en mots • Condition simultanée : moyennes de 1,2 à 1,6 secondes par proposition. MAIS le flot naturel de narration a été altéré dans cette condition • Conditions séparées : pas de différences significatives. Cela varie plus d’un sujet à l’autre que d’une modalité à l’autre pour le même sujet.
BELLUGI & FISCHER (1972)Conclusion • Alors qu’on a trouvé des différences frappantes et consistantes pour la vitesse d’articulation entre signes et parole (les signes mettent pour être produits, +ou- 1,5 fois le temps que mettent les mots); on retrouve une similarité de la durée mise par proposition pour les deux modalités. = paradoxe : les signes sont plus lents à produire que les mots les phrases signées ne prennent pas plus de temps à produire que les phrases parlées Pourquoi ?
BELLUGI & FISCHER (1972) : Explications • Quels sont les mécanismes en LS qui compensent cette perte de temps en articulation des signes? • Comment la LS gagne du temps tout en communicant de façon non ambiguë ? • 3 grands mécanismes : • Délétion • Incorporation • Changements corporels et faciaux
BELLUGI & FISCHER (1972) : ExplicationsA. Délétion • Morphèmes grammaticaux : suppression des mots de fonctions (it’s, to, the, …)Ex : « it’s against the law to drive on the left side » « ILLEGAL DRIVE LEFT-SIDE » • Anaphores : suppression des pronoms (quand les noms ont déjà été mentionnés)Ex : « John likes Mary, so he goes and visit her a lot » « JOHN LIKE MARY, WELL, GO VISIT MUCH » • Verbes généraux : usage de verbes spécifiquesEx : « so they came in » « ENTER »
BELLUGI & FISCHER (1972) : ExplicationsB. Incorporation • L’emplacement/localisation : des mouvements directionnels reflètent la disposition spatiale de personnes ou d’objets en relation avec l’interlocuteur.Ex : « I will bring something down of that shelf for you » le verbe BRING incorpore le lieu de la source (une haute échelle, donc le signe bouge vers le bas) et le datif (« you ») • Le nombre : quand le verbe reflète le nombre, la forme du signe verbal peut changer de différentes façons : • Changement de configuration manuelle et nombre de mains • Changement du mouvement • Répétition du verbe Ex : CLIMB : si 1 personne, 2 doigts dans 1 main; si 2 personnes, 2 doigts dans chaque main; si bcp, 4 doigts dans chaque main
BELLUGI & FISCHER (1972) : ExplicationsB. Incorporation • La manière : utilisé de la même façon que l’intonation dans le langage parléEx : « terrific explosion » « EXPLODE » de façon grave, telle que l’adjectif est incorporé dans le verbe. • La taille et la forme : un signe peut incorporer la taille et la forme de l’objet ainsi que sa source, son but et son instrument.Ex : le verbe « REMOVE » : « REMOVE LARGE PAINTING FROM WALL WITH HANDS » est différent de « REMOVE NAIL FROM WALL WITH CLAW HAMMER »
BELLUGI & FISCHER (1972) : ExplicationsC. Changements corporels et faciaux • Expression faciale : • Négation : hochement de tête, souvent réduit à un froncement de sourcil pendant toute la proposition.Ex :« I don’t know that » « ME KNOW THAT + froncement de sourcils » • Acquiescement : hochement de tête pendant la proposition. Dans une question de type oui/non, ça correspond souvent à la 2ème partie.Ex : « You like this, don’t you » « YOU LIKE THIS? +hochement » • Interrogative : questions de type oui/non souvent marquées par un haussement de sourcils. • Guillemets (prise de rôles) : regard sur l’interlocuteur pendant la narration et ailleurs durant la citation.
BELLUGI & FISCHER (1972) : ExplicationsC. Changements corporels et faciaux • Attitude corporelle : notamment pour indiquer les différents personnages dans une histoire et indiquer qui parle à qui.Très économe en temps, très fréquemment utilisé en LS, aide aussi à rendre le discours vivant et absorbant à regarder.
BELLUGI & FISCHER (1972)CONCLUSION • L’exploitation des mécanismes disponibles à la modalité rend possible la compensation du problème apparemment lié à la LS, à savoir que les signes prennent plus de temps à articuler que les mots. • Grande tendance à condenser le message en LS
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage • Babillage manuel = productions manuelles répétitives sans significations, présentées en mouvement dans l’espace définit pour l’expression dans la LS de référence de l’enfant. • Le babillage manuel est présenté par la majorité des enfants exposés précocement à la LS (qu’ils soient sourds ou entendants de parents sourds).
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) • Idée : si on observe un babillage manuel en LS et s’il a les même caractéristiques que le babillage vocal, alors c’est que le babillage résulterait de la maturation d’une capacité langagière neuronale applicable au traitement de différents types de signaux (plutôt qu’uniquement aux mécanismes articulatoires responsables de la parole). • Caractéristiques du babillage vocal : • Échantillon des sons possibles • Organisation syllabique (CV : bababa) • Pas de signification ou de référent apparent
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) • Sujets : 5 enfants : 2 sourds (de parents sourds) et 3 contrôles (enfants entendants de parents entendants). • Analyse des babillages vocaux et des activités manuelles chez tous les enfants • Résultats : 2 types d’activité manuelle : • Babillage manuel syllabique : basé sur les 3 caractéristiques : 1) échantillon réduit d’unités combinatoires 2) organisation syllabique 3) Pas de signification ou de référents • Gestes : pas d’organisation interne, produits référentiellement (ex : tendre les bras pour être pris)
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) • Gestes : même type et même quantité chez les enfants sourds et entendants • Babillage manuel : beaucoup plus produit par les sourds (entre 32 et 71% de l’activité manuelle contre 4 à 15% chez les entendants)
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) • Babillage manuel des enfants sourds partage 6 caractéristiques avec le babillage vocal d’enfants entendants: • Utilisation d’un échantillon réduit d’unités phonétiques qu’on retrouve dans l’ASL (32%) • Utilisation préférentielle de 4 types de syllabes par les enfants sourds: a, b, c, d • Répétitions dans babillages vocal et manuel des sourds • Stade du babillage syllabique manuel à 10 mois (entre 7 et 10 mois chez les enfants entendants) • Progression dans le babillage manuel similaire à celle dans le babillage vocal et dans une évolution temporelle similaire : jargon entre 12 et 14 mois pour les deux (formes possibles mais inexistantes du lexique ASL)
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) 6) Continuité entre les formes phonétiques et syllabiques du babillage manuel et les premiers signes : les unités les + fréquemment utilisés dans le babillage étaient aussi les + fréquentes dans leurs premiers signes.De plus premiers mots et premiers signes apparaissent à des âges similaires (entre 10 et 12 mois) • Babillage = expression d’une capacité neuronale amodale capable d’un traitement de la parole et des signes : forme et organisation du babillage sont liés à la structure linguistique abstraite du langage • Les enfants semblent donc prédisposés de façon innée à découvrir les input particuliers des unités phonétiques et syllabiques
PHONOLOGIE: aspects développementauxA. Babillage : PETITTO & MARENTETTE (1991) • Babillage = mécanisme par lequel les enfants découvrent les moyens de produire la structure du langage • Les similarités d’évolution temporelle, de structure et d’usage existant entre le babillage vocal et manuel suggèrent qu’il y a une capacité langagière unitaire qui sous-tend l’acquisition des langages humains signé et parlé.
PHONOLOGIE: aspects développementauxB. Premiers signes • COMPREHENSION • Premières mises en lien entre des signifiants proposés par l’entourage (les signes) et leurs signifiés (signification ou objets que ces signes symbolisent). Fonction symbolique • Pas de test d’évaluation en LSBF car difficultés : • Certains référents peuvent être exprimés par plusieurs signes (ex: l’enfant ne connaît pas le signe du test mais connaît un synonyme) • Population de référence trop petite pour normalisation
PHONOLOGIE: aspects développementauxB. Premiers signes • EXPRESSION • 1 signe : vers 8 mois ½. • 10 signes : vers 13 mois ½. • Combinaison de 2 signes : vers 17 mois • Les premières productions signées porteuses de signification apparaissent plus précocement qu’en langue parlée (car, à cet âge, la motricité manuelle est en avance sur la motricité bucco-phonatoire) • Apparition concomitante du babillage manuel et des premiers signes significatifs
PHONOLOGIE: aspects développementauxB. Premiers signes • EXPRESSION (suite) • Comment déterminer qu’une production manuelle possède la fonction symbolique, est bien un signe ? • Signe = tout item lexical utilisé dans au moins deux situations contextuelles différentes en l’absence du référent. • Signe = tout item lexical présenté pour évoquer une classe de référents qui lui sont reliés (ex: « papa » en pointant les chaussures de papa) • Mots-phrases produits au même âge que l’enfant entendant exposé à une langue parlée stade plus tributaire des capacités cognitives que des capacités motrices de l’enfant.
PHONOLOGIE: aspects développementauxB. Premiers signes • BABY-SIGNES • Baby-signe = déformation des signes (ne sont pas toujours identiques à ceux utilisés par les locuteurs) • Ce phénomène reflète la difficulté articulatoire de la langue : les erreurs portent souvent sur les éléments les plus difficiles à produire. • Emplacement > Mouvement > Configuration > Orientation • Saillance perceptive joue sans doute un rôle : ce qu’on voit mieux est plus vite acquis
PHONOLOGIE: aspects développementauxC. Erreurs phonologiques • Erreurs pas par hasard : portent sur les caractéristiques phonologiques des signes, par modification d’un ou de plusieurs paramètres (dans les productions les plus difficiles). les enfants respectent les contraintes phonologiques et les adaptent à leurs capacités articulatoires. • Configuration manuelle : erreurs à cause de la similitude phonologique et de la difficulté d’exécution. • Emplacement/localisation : proximalisation des erreurs: l’enfant modifie le plus souvent l’emplacement en le rapprochant du tronc. • Mouvement : omission ou simplification de ce paramètre (surtout les mouvements de rotation).
MORPHOLOGIE • Les langues signées ont une grammaire aussi complexe et organisée que celle des langues parlées. • Il y a des règles de modifications des signes en fonction de la signification des énoncés. • Formes infléchies ou conjuguées des verbesEx : « donner » répété 2 fois dans l’espace frontal = « distribuer » • Pronoms en fonction du contexte sémantique et grammatical: marqué par un pointage directionnel, un classificateur ou une intégration morphosyntaxique dans le verbe.
SYNTAXEA. Accord spatial du verbe • Verbes directionnels : accord du verbe en utilisant des éléments de référence placés grammaticalement dans l’espace (pronominalisation du verbe).Ex : « voir » : près des yeux du locuteur si parle à la première personne, dans un point de l’espace si référence à un autre personnage • 5 ans : l’enfant comprend les règles d’accord du verbe. • 6 ans : l’enfant accorde spatialement le verbe en utilisant l’espace d’exécution des signes comme référence. • Entre 5 et 6 ans : sur-généralisations erronées de certaines règles grammaticales sur des verbes invariables ou on directionnels • En ASL ces règles sont décrites et formalisées mais pas en LSBF
SYNTAXEB. Expression faciale (marqueur non manuel) • Mimiques faciale pour accompagner les questions : • Questions de type oui/non : rehaussement de sourcils. < 1,6 ans • Questions de type qui/quoi/comment/où : froncement de sourcils. Vers 3,6 ans. • Conditionnel : haussement de sourcils sur la partie de la phrase au conditionnel (ex: BOOK LOSE WILL ORDER OTHER ONE). Vers 3,11 ans • Idem pour différencier 2 propositions • Pas de test concernant l’expression faciale en LSBF
SYNTAXEC. Pointage référentiel • Concerne le pointage réel et abstrait de personnes ou d’objets absents • Pointage référentiel linguistique : acquisition des pronoms personnels • Vers 9 mois : pointage non linguistique des objets/personnes • Vers 18 mois : pointage correspondant à l’utilisation des premiers pronoms (avec erreurs pour les réversibles) • Entre 2 ans et 2 ans ½ : début de l’usage approprié des pronoms personnels • Erreurs sur pronoms réversibles = évidences d’une analyse nouvelle du geste, l’enfant reconnaît l’index pointé comme un signe au sens linguistique du terme et non plus comme un référentiel concret. • Pas de test concernant les référents abstraits en LSBF
SYNTAXE PETITTO (1987) : Introduction • 2 modèles de l’acquisition du langage • « Interaction-based models »Le langage est dérivé de capacités cognitives générales plutôt que de capacités linguistiques spécifiques (Reilly et Greene, 1980)(basé sur Piaget) • Child-based models »Le langage émerge de structure spécifiques au langage (Wexler et Culicover, 1980)(basé sur Chomsky)
SYNTAXE PETITTO (1987) : Introduction • Réfutation de BLes connaissances sur le langage : via connaissances pré-linguistiques, rôle central des gestes pré linguistiques • Bates et coll. (1983) : 13 mois : gestes avec objets en main = équivalent gestuel du mot, donc = gestes pré-linguistiques. • Clarck (1978) :Les mots déictiques émergent des gestes de pointage précoce dans une progression naturelle et continue.
SYNTAXE PETITTO (1987) : Objectif de l’étude • But = acquérir des données afin de voir si l’acquisition des structures linguistiques se fait en continuité à partir de structures non ou pré-linguistiques, OU si elle se fait en discontinuité, témoignant alors d’une réorganisation des connaissances par rapport aux formes linguistiques dépendant de l’émergence du système grammatical.
SYNTAXE PETITTO (1987) : Explications sur les pronoms • Acquisition des pronoms en ASL • Même organisation linguistique formelle que le LP: • Fonctions déictiques et lexicales • Signification de « I » et « YOU » suivant l’événement raconté et suivant la personne qui parle • Propriétés de référence instable aux contraires des mots • Erreur de réversibilité • Mais différences : • Espace et mvt = moyen clé pour communiquer en LS, pas en LP, • unités de mvt et spatiales = morphèmes de LP • En LP, relation mot référent est arbitraire, en LS il est non arbitraire
SYNTAXE PETITTO (1987) : Explications sur les pronoms • Structures des pronoms personnel en ASL • ME: signé par le signeur en pointant directement sur sa poitrine • YOU: signé en pointant vers la personne à qui on s’adresse • Espace de signage délimité, à statut multimorphémique • 3ème pronom : comme en LP, fonction anaphorique et déictique complexe • Si qqun présent dans le contexte du discours : pointe vers lui • Si référent absent, on pointe vers un locus spatial arbitraire (celui qu’occupait la personne) • En LS (≠ LP), les expressions déictiques (« this, there, that,… ») sont signées par pointage comme pour les pronoms personnels.
SYNTAXE PETITTO (1987) : Méthode • Sujets • 2 filles sourdes de naissance, Kate et Carla • ASL comme 1ere langue via parents sourds • Procédure • Observation: vidéo de 12 X 1h, conversation libre à la maison ou en laboratoire avec les parents • Expérimentation: 3 tâches d’éludation de pronoms A) Tache d’identification d’images B) Tache Action C) Tache Hiding Box
SYNTAXE PETITTO (1987) : Résultats • Période précoce : 6-12 mois • 1°: cpt de recherche et de grasping : 6-8 mois • 2°: pointage vers gens/lieux/objets/événements : 10-12 mois • Pointage avec un bras tendu vers la personne ou l’objet avec les yeux fixés sur le regard de l’adulte • Même période que pour le LP
SYNTAXE PETITTO (1987) : Résultats • Période moyenne: 12-18 mois • Pointage vers personnes cesse mais continue pour le pointage vers des objets/lieux/évènements. • Phénomène pas du à un déficit cognitif ou de langage car celui-ci se développe normalement par rapport aux autres enfants sourds et entendants. • nombre de signes produits seul ↓ nombre de combinaisons de signes ↑ • nombre de signes et de combinaisons de signes ↑ avec le temps • MLU ↑ durant cette période
SYNTAXE PETITTO (1987) : Résultats • Période moyenne (suite) • Échec de pointage vers soi-même et les autres qui serait du à une inhabilité à reconnaître et à faire référence à soi-même et aux autres. • Référence à soi-même et aux autres via noms propres (idem LP).
SYNTAXE PETITTO (1987) : Résultats • Période d’erreur : 21-23 mois • Kate: • 1er pronoms à 22 mois, connaissance instable de ceux-ci • Erreur inversion consistante: YOU=ME • Produit pas ME mais le comprend • Fait référence à elle-même avec le signe « girl » • Connaît pas le signe de son prénom (K) • N’utilise pas les 2 et 3ème pronoms mais fait référence à eux avec des noms propres • Pointage déictique vers objets et endroits est sans erreurs
SYNTAXE PETITTO (1987) : Résultats • Carla: • 1er pronoms : 21 mois, connaissance instable de ceux-ci • Jargon approximatif de son nom jusqu’à 25 mois • 3types d’erreurs: • erreurs d’inversions inconsistantes: inversions non systématiques de YOU et ME, comme pour les enfants entendants • erreur de référent à la 3ème personne: produit le 3ème pronom sans spécifier le référent • erreurs de pronoms possessifs: utilise MY et MINE à la place de ME et vice-versa, pareil pour YOU et YOUR => pas erreur sémantique mais confusion entre usage de pronoms personnels et possessifs (qd utiliser l’un ou l’autre) • Usage correct des pronoms personnels: 25-27 mois
SYNTAXE PETITTO (1987) : Discussion • Pourquoi une fonction sélective du pointage disparaît? • Explication possible dérivée des recherches sur l’acquisition du sens des mots, de la morphologie et de la syntaxe • Slobin, 1973, 1982 et 1985: l’enfant met plus de temps pour apprendre un mot dont les unités morphologiques ont une seule forme de surface et plusieurs significations sous-tendues que lorsqu’un mot à une seule forme de surface et une seule signification. C’est pourquoi, il déciderait d’éviter d’utiliser ces formes tant qu’il ne maîtrise pas leurs composantes entièrement.
SYNTAXE PETITTO (1987) : Discussion • Pointage en ASL: forme de surface unique à significations complexes et ayant des fonctions grammaticales => difficile à maîtriser • Pq éviter YOU et ME? • Pluri-fonctionnalité du pointage + complexité conceptuelle des référentiels pronominaux • L’enfant préfère donc éviter YOU et ME en faveur d’items lexicaux plus simples, qui enlèvent toute ambiguïté
SYNTAXE PETITTO (1987) : Discussion • Pourquoi les enfants font-ils des erreurs de pronoms? • A) Hypothèse égocentrique • Pour Piaget (1955),les enfants échouent dans la distinction entre soi et l’autre, avec comme conséquence qu’ils sont incapables de tenir compte du point de vue de l’auditeur dans une conversation. • En ASL, apprendre des signes requière que l’enfant soit capable d’effectuer une transformation spatiale, c’est-à-dire de produire en miroir ce qu’il voit, plutôt que la forme littérale. => cela présuppose que l’enfant n’estpas égocentrique • 2 faits additionnels contrecarrent l’hypothèse égocentrique: • si l’impossibilité à changer de perspective est due à l’égocentrisme, on devrait observer des erreurs d’inversions dans une large sortes d’items lexicaux, ce qui n’est pas le cas (ici que inversion ME-YOU) • cette hypothèse ne peut expliquer la nature asymétrique de l’erreur (signe YOU pour ME mais pas le contraire)