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Mot : une notion probl
E N D
1.
3. Mot : notion problématique Plusieurs possibilités de définition :
Définition graphique.
Définition prosodique ou phonique.
Définition sémantique ou sémantico-référentielle.
4. Mot : définition graphique le mot est à l’origine une unité typographique, définie par les typographes. Un mot graphique est une séquence de caractères délimitée par deux espaces.
Cette définition pose un problème : le découpage graphique peut être assez arbitraire.
dès que vs lorsque
portefeuille vs porte-monnaie
parce que vs pourquoi
? La définition typographique, bien que commode, ne correspond pas à une réalité linguistique en soi, mais à un code orthographique.
5. Mot : définition prosodique ou phonique Dans les langues dites à accent lexical, l’accent peut contribuer à la démarcation des mots.
Dans certaines langues la place de l’accent est fixe : il tombe, par exemple, toujours sur la première syllabe d’un mot (finnois, hongrois). Dans d’autres, elle peut varier, mais reste toujours identique pour un même mot (russe, anglais, italien).
Problème : ce critère n’est pas opératoire dans les langues où il n’existe pas d’accent lexical, comme en français, où l’accent est syntaxique (i.e. accent de groupe).
6. Mot : Définition sémantique ou sémantico-référentielle un mot égal une notion, un concept, un objet, une chose. C’est sans doute la définition la plus spontanée. Toutefois, elle pose autant de problèmes que les précédentes. En effet, il s’agit d’une définition très vague, qui fournit des résultats contradictoires.
manger les pissenlits par la racine
= « mourir »
quand les poules auront des dents
= « jamais »
7. Mot : notion problématique Les trois définitions du mot ne convergent pas : plusieurs « mots graphiques » peuvent renvoyer à une seule notion (« mot sémantico-référentiel), et vice versa.
Quelle que soit la définition adoptée, elle restera problématique. Nous emploierons donc le terme « mot » par pure commodité et avec précaution, tout en étant conscient des problèmes qu’il pose.
Mot : « une structure phonique et graphique stable que le locuteur apprend à reconnaître et à reproduire » (A. Niklas-Salminen) ? Lexicalisation
8. Mot / Morphème En morphologie lexicale, le mot est généralement évacué au profit du morphème, unité linguistique dont la définition fait appel à des critères moins hétéroclites et plus cohérents que celle du mot.
Morphème : le morphème est l’unité significative minimale dans la langue (= la plus petite unité de sens). Il n’est donc pas analysable en d’autres unités significatives.
9. Morphème : identification De quelle manière identifie-t-on les morphèmes ?
La méthode la plus fréquemment utilisée est le test de la segmentation – commutation.
Prenons l’exemple de chanteur. Une première segmentation, assez intuitive nous permet d’identifier deux morphèmes : chant- et –eur.
Cette segmentation semble être adéquate, car les deux segments commutent avec d’autres segments. Ils préservent par ailleurs leur sens lorsqu’ils se combinent avec d’autres morphèmes.
10. Morphème : identification
11. Morphème : identification La segmentation doit être validée par la stabilité du sens des morphèmes obtenus.
roug – eur
doul – eur
aigr – eur
dans – eur
chauff – eur
12. Morphème : identificationPlan graphique / plan phonique Il ne faut pas confondre le plan graphique et le plan phonique. Les deux ne coïncident pas toujours.
Certains morphèmes, en français par exemples, ont une manifestation graphique et non phonique. Comparez :
Une table / des tables
Ici, la marque du pluriel a une manifestation graphique seulement.
13. Morphème : identificationPlan graphique / plan phonique Des formes identiques du point de vue graphique peuvent correspondre à différentes séquences phoniques :
inacceptable, incorrect, inusité,
Si on s’appuie exclusivement sur l’écrit, on obtient deux segments identiques, -in, dans ces deux mots, alors qu’en réalité il s’agit de deux segments phonétiquement distincts : [in] et [e~~ ].
14. Morphème : identificationPlan graphique / plan phonique Il ne faut donc pas oublier que la langue est d’abord une réalité phonique. Cet aspect l’emporte donc sur l’écrit.
On aura recours à la forme graphique seulement lorsque la forme phonique ne nous permet pas de mettre en évidence l’existence de certains morphèmes.
15. Morphèmes / Morphes /Allomorphes Les morphèmes sont des unités abstraites, au même titre que les phonèmes. Or, jusqu’à présent, par commodité, nous avons employé ce terme pour désigner des unités concrètes obtenues lors de la segmentation d’un mot.
Nous allons donc établir une distinction entre morphe et morphème.
« Morphe » désign les unités concrètes (i.e. segments) obtenues lors de la segmentation d’une séquence.
« Morphème » désigne la valeur des morphes.
16. Morphèmes / Morphes /Allomorphes Différents morphes peuvent réaliser un même morphème (i.e. avoir la même valeur).
Ex (1) Dans cerisier et oranger, -ier et –er sont deux morphes avec une valeur identique.
Ex (2) Dans tables et tableaux, -s et –x sont deux moprhes (graphiques) avec une valeur identique (i.e. le pluriel).
Lorsque plusieurs morphes correspondent à un seul morphème, on parle d’allomorphie : ces morphes sont des allomorphes d’un même morphème.
17. Morphèmes / Morphes / AllomorphesDistribution La méthode principale pour repérer les phénomènes d’allomorphie s’appuie sur la notion de distribution.
Distribution : l’ensemble des contextes (ou environnements) dans lesquels une unité linguistique particulière peut apparaître constitue sa distribution. Le contexte correspond aux unités qui précèdent ou suivent l’unité concernée.
Lorsqu’on compare la distribution de deux éléments (unités linguistiques), plusieurs cas de figure peuvent se produire :
18. Morphèmes / Morphes / AllomorphesDistribution A. Opposition
Les deux éléments (= segments) apparaissent dans les mêmes contextes et s’opposent : la substitution de l’un à l’autre entraîne une différence de sens.
Les deux éléments (= segments) correspondent à deux unités (= morphèmes) distinctes.
Ex. assidu / assiduité / assidûment
digne / dignité / dignement
banal / banalité / banalement
grave / gravité / gravement
Les morphes (segments) –ité et –ment apparaissent dans les mêmes contextes - ils s’adjoignent à un adjectif – mais ils s’opposent : le mot obtenu n’a pas le même sens ni la même catégorie syntaxique.
? -ité et –ment réalisent chacun un morphème différent (i.e. ce sont deux morphes correspondant à deux morphèmes différents).
19. Morphèmes / Morphes / AllomorphesDistribution B. Variation libre
Les deux éléments (= morphes) apparaissent dans les mêmes contextes, mais ne s’opposent pas (i.e. la substitution de l’un à l’autre n’entraîne pas de différence de sens). Dans ce cas, on parle de variation libre.
Deux morphes en variation libre sont les différentes réalisations d’un même morphème ; ce sont des allomorphes d’un même morphème.
Ex. rouvrir / rouvrir
récrire / réécrire
rengager / réengager
r- et ré- apparaissent dans les mêmes contextes –devant un verbe avec un initial vocalique, mais la substitution de l’un à l’autre n’entraîne pas de différence de sens
? r- et ré- sont en variation libre.
20. Morphèmes / Morphes / AllomorphesDistribution C. Distribution complémentaire
Les deux éléments (=morphes) n’apparaissent jamais dans le même contexte (i.e. leur distribution ne présente aucune intersection), ils ne peuvent donc pas s’opposer, mais ils réalisent la même valeur. Dans ce cas, ils sont en distribution complémentaire.
Deux morphes en distribution complémentaire sont les différentes réalisations (= variantes) d’un même morphème : ce sont des allomorphes.
Ex. oranger, pêcher, …
prunier, cerisier, pommier, …
Les deux morphes -ier et –er n’apparaissent pas dans le même contexte.
21. Morphèmes / Morphes / AllomorphesDistribution Le tableau de la distribution de –ier et –er :
Ce tableau illustre une distribution complémentaire : La même valeur n’apparaît pas deux fois dans la même colonne.
Le choix de –ier ou de –er est déterminé par un facteur phonologique. On parle dans ce cas de conditionnement phonologique.
22. Morphèmes / Morphes / AllomorphesConditionnement 1. Conditionnement phonologique
Le choix d’un allomorphe peut dépendre des facteurs phonologiques. Dans ce cas, on parle du conditionnement phonologique.
Ex. -ier vs -er
23. Morphèmes / Morphes / AllomorphesConditionnement 2. Conditionnement grammatical
On parle de conditionnement grammatical, lorsque le choix de l’allomorphe est déterminé par une catégorie grammaticale.
Ex. Le choix du genre féminin ou masculin pour le suffixe dans les exemples suivants :
éditeur / éditrice
danseur / danseuse
chasseur / chasseresse
24. Morphèmes / Morphes / AllomorphesConditionnement 3. Conditionnement lexical
Parfois, le choix d’un allomorphe dépend d’un lexème particulier. Dans ce cas, on parle de conditionnement lexical.
Ex. Le choix de l’allomorphe du suffixe dérivationnel dans les cas suivants :
accidentel / artisanal