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CHATEAU MARGAUX. SITUATION GEOGRAPHIQUE. LA NAISSANCE D’UN GEANT. Connu dès le XII ième siècle, il s’appelle alors la Mothe de Margaux et ne possède pas encore de vignes.
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LA NAISSANCE D’UN GEANT • Connu dès le XII ième siècle, il s’appelle alors la Mothe de Margaux et ne possède pas encore de vignes. • En 1152, Aliénor, héritière du duché d’Aquitaine, épouse Henri Plantagenêt, le futur roi d’Angleterre Henri II. L’Aquitaine va ainsi appartenir à l’Angleterre jusqu’en 1453. • Une vraie bénédiction pour les vins de Bordeaux auxquels s’ouvre le marché anglais ! • Les propriétaires de la Mothe de Margaux seront des seigneurs d’importance, mais il faudra attendre la famille de Lestonnac pour engager la constitution d’un domaine, tel que nous le connaissons aujourd’hui. • De 1572 à 1582, Pierre de Lestonnac anticipe l’évolution générale du Médoc qui commence à abandonner les cultures céréalières au profit de la vigne.
Famille Lestonnac • A la fin du XVII ième siècle, Château Margaux occupe 265 hectares, surface dont il ne s’écartera plus : un tiers du domaine est désormais consacré à la vigne. • A cette époque, l’Angleterre et la Hollande boivent du clairet, un vin assez pâle et qui ne vieillit pas bien … • Château Margaux devient rapidement un haut lieu de l’art de faire du vin et la hiérarchie entre les différents crus de Bordeaux se dessine déjà … • Le Château Margaux est réellement né !
Le régisseur Berlon • Au fil des générations, l’habileté des uns, les innovations des autres, font progressivement du Château Margaux un vin d’excellence. • Ainsi au début du XVIII ième siècle, le régisseur Berlon sera le premier à vinifier séparément les raisins rouges et les raisins blancs, dont les ceps étaient à l’époque plantés en mélange dans les vignes. • Les prémices de la vinification moderne apparaissent … • Berlon comprend également l’importance des sols, il connaît déjà les meilleures parcelles : l’influence du terroir se dessine …
Le XVIII ième siècle • En 1705, le London Gazette annonce la première enchère des grands crus de Bordeaux. • Le millésime 1771 est le premier « claret » à apparaître dans un catalogue de Christie’s. • La renommée des premiers crus de Bordeaux franchit l’Atlantique et Thomas Jefferson, ambassadeur des Etats-Unis en France, dépeint la hiérarchie qui règne déjà entre les meilleurs vins. • Il passe une commande de Margaux 1784, dont il écrit qu’il ne peut y avoir une meilleure bouteille de Bordeaux ! • La révolution française met fin à ce siècle d’or bordelais et Elie du Barry, comte d’Hargicourt et seigneur de Margaux, est conduit à l’échafaud par la terreur jacobine. • Château Margaux est alors vendu aux enchères par les révolutionnaires comme Bien National …
La Colinilla • Laure de Fumel parvient à racheter le domaine au citoyen Miqueau, qui l’a pourtant complètement dilapidé, laissant même geler les orangers ! • Cette femme est la dernière descendante des familles Lestonnac, Pontac, Aulède, toutes apparentées et qui ont veillé si bien sur Margaux pendant trois siècles. • Les années de la révolution auront raison de son courage et de sa passion pour ses terres, qu’elle met aux enchères en 1801. • Le nouvel acquéreur, Bertrand Douat, est un basque revenu d’Espagne avec une fortune considérable et le titre de marquis de la Colinilla. • En réalité, cet homme ne s’intéresse pas vraiment à la vigne et Château Margaux est pour lui un moyen de conforter son ascension sociale …
La Colinilla (suite) • Le manoir gothique, qui a remplacé l’ancien château fortifié du domaine, ne lui paraît d’ailleurs pas digne de la réputation de son vignoble. • Il fera construire à sa place la demeure que l’on admire encore de nos jours. • Les travaux commencent en 1810, alors que la Colinilla a déjà 70 ans. • Il meurt en 1816 sans avoir jamais habité son château !
Architecture • Le Marquis de la Colonilla s’est adressé à l’architecte bordelais à la mode Louis Combes. • Louis Combes réalisera là son chef-d’œuvre, souvent surnommé le Versailles du Médoc ! • Le génie de Combes est d’avoir su créer une véritable petite cité viticole, en disposant de part et d’autre du château les bâtiments nécessaires à la production du divin nectar.
Aguado • Les enfants de la Colinilla ne s’intéressent pas au domaine et le vendent à un espagnol : Alexandre Aguado. • A cette époque Aguado est le premier banquier à acquérir un grand château bordelais. • Château Margaux devient pour lui une élégante propriété agréable à vivre. • Il meurt plutôt jeune et les heurs et malheurs du XIX ième siècle contrastent avec la pérennité du vignoble, qui reste remarquablement entretenu par les régisseurs successifs, alors qu’une première calamité apparaît sous la forme d’un champignon venu des Etats-Unis : l’Oïdium. • En 1879, Emily Macdonnel, dame d’honneur écossaise de l’impératrice Eugénie, et épouse du fils d’Aguado vend le château au comte Pillet-Will.
En 1855, Napoléon III organise à Paris la Deuxième Exposition Universelle, après celle de Londres en 1851. Il ne veut pas rater l’occasion de glorifier les produits français, dont les prestigieux vins du Médoc. Il désire que ces vins soient présentés dans le cadre d’un classement avec cotation, dont l’aboutissement sera ce fameux classement officiel de 1855, qui divise en 5 niveaux une soixantaine de crus du Médoc et une propriété des Graves … … le fabuleux Château Haut-Brion Seuls quatre crus sont classés « Premier Grand Cru Classé » et Château Margaux est le seul à être noté 20/20 ! Parmi les 14 « Deuxième Cru Classé », on retrouve 5 appellations Margaux, dont le fameux Château Lascombes. Parmi les 14 « Troisième Cru Classé », on retrouve 10 appellations Margaux,dont les célèbres Château Giscours, Palmer, Kirwan et Cantenac Brown. CLASSEMENT DE 1855
Pillet-Will • La fin du XIX ième siècle est marquée par la mauvaise rentabilité des vins du Médoc, qui sont foudroyés par une grande récession mondiale, le mildiou et le phylloxéra. • La production de Château Margaux reprendra au fur et à mesure des nouveaux traitements et des replantations. • Les jeunes pieds issus des replantations ne permettent cependant pas de produire des raisins de qualité optimale et une partie de la production est vendue comme second vin, le futur Pavillon Rouge du Château Margaux. • A la mort de Pillet-Will, le domaine revient à son gendre, duc de Trémoille, pourtant élu député de la Gironde sur une liste radicale de gauche ! • Mais il perd son siège à l’élection de 1910, ce qui l’incite à délaisser sa propriété pour chasser le souvenir d’un électorat ingrat …
Ginestet • C’est le courtier Pierre Moreau, homme de confiance de Trémoille, qui réunit le syndicat d’actionnaires acheteurs de Margaux et gère le domaine. • L’innovation la plus importante de Pierre Moreau est l’obligation de mise en bouteilles au château adoptée en 1924 et véritable garantie d’authenticité pour les acheteurs. • Fernand Ginestet et son fils Pierre entrent alors en scène • Ils ont construit leur fortune dans le négoce du vin. • Mais c’est leur ami Boylandry, maire de Saïgon et importateur de vins, qui réunit les fonds nécessaires à l’achat du domaine en 1950. • Fernand et son fils réorganissent patiemment le vignoble et leur maison de négoce est l’un des établissements les plus respectés de Bordeaux. • Mais la récession des années 1970 et quelques millésimes désastreux aboutissent à la vente de Château Margaux !
André Mentzelopoulos • Le nouvel acquéreur de Château Margaux est un grec : André Mentzelopoulos. • La vie de cet homme est exceptionnelle ! • Il naît à Patras en 1915, dans le Péloponnèse, d’un père hôtelier, qui n’a de cesse d’enseigner à ses enfants plusieurs langues étrangères, afin de réaliser le rêve de tant de Grecs : partir à l’étranger et faire fortune … • André comble les attentes de son père, après des études de littérature à Grenoble, il part en Extrême-Orient : Birmanie, Chine, Inde et Pakistan. • Il fait fortune dans l’import-export de céréales. • De retour en Europe, il épouse une Française et acquiert en 1958, la société Félix Potin qui possède 80 épiceries de quartier. • André fait de cette société une importante maison de distribution moderne aux 1600 points de vente et au prestigieux patrimoine immobilier à Paris.
André Mentzelopoulos (suite) • André Mentzelopoulos est tombé amoureux de Château Margaux, dont les colonnes ioniques qui ornent le péristyle lui rappelent sa Grèce natale … • Sa formidable acuité intellectuelle lui permet de saisir l’ampleur du travail à accomplir pour que Margaux retrouve sa place de Premier, la seule qui lui revienne … • Ses efforts sont récompensés par le millésime de 1978, salué comme exceptionnel ! • Il décède en 1980, trop tôt et trop vite pour jouir de la renaissance de son Château Margaux. • Aucun propriétaire n’aura joué un rôle aussi profond et en aussi peu de temps, dans l’histoire pourtant séculaire de Château Margaux !
Corinne Mentzelopoulos • A la mort de son père, sa fille va tenter de consolider la notoriété de Château Margaux. • Sa jeunesse l’empêche peut-être de discerner l’important pari qui est le sien, mais qui est heureusement partagé par toute l’équipe de Margaux ! • Après une licence de Lettres Classiques et le diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, Corinne se met au travail et se passionne très vite pour sa nouvelle tâche. • Elle va bénéficer de l’engouement pour les vins de Bordeaux des amateurs du monde entier … • Pour renforcer son capital, elle cherche de nouveaux investisseurs et trouve la société Agnelli connue pour sa marque de voitures Fiat. • Cette association va durer 10 ans, jusqu’en 2003, lorsque le groupe Agnelli décide de se séparer des parts qu’il détient dans le capital de Château Margaux. • Corinne Mentzelopoulos les rachète aussitôt et devient l’unique actionnaire du domaine …
LE TERROIR • Sur un plateau central de 6 km de long sur 2 km de large prédominent les graves garonnaises. • Les graves de Margaux ont été étalées en nappe par une ancienne Garonne au Quaternaire ancien. • De belle taille, elles sont associées à des galets de dimension moyenne. • C’est sur cette nappe ancienne, qui repose sur un soubassement tertiaire calcaire ou argilo-marneux que se sont installés les meilleurs crus du Médoc. • Beaucoup de graviers et de cailloux, des sols pauvres, retenant mal l’eau, une vigne profondément enracinée : toutes les conditions de réussite sont rassemblées !
Pour avoir droit à l’Appellation d’Origine Contrôlée Margaux, les vins rouges doivent : provenir des communes de Margaux, Cantenac, Arsac, Soussans et Labarde. Satisfaire à des conditions de production précises : encépagement (Cabernet-Sauvignon, Cabernet-Franc, Carménère, Merlot Noir, Petit Verdot, Cot ou Malbec). minimum de sucre (178 grammes par litre de moût). degré (10°5 acquis). rendement de base (45 hl par hectare). LES CONDITIONS DE PRODUCTION
QUELQUES CHIFFRES • Superficie : 1.413 hectares (8,5 % du vignoble médocain). • Production moyenne : 9.100.000 bouteilles. • Nombre de viticulteurs : 74 • CATEGORIE DE CRUS : • 21 Crus classés (62 % de la production). • 20 Crus Bourgeois (29,5 % de la production). • 4 Crus Artisans (1 % de la production). • 29 autres appellations (7,5 % de la production).
LES GRANDS CRUS DE MARGAUX • Premier Cru. • Château Margaux • Deuxièmes Crus. • Château Brane-Cantenac • Château Durfort-Vivens • Château Lascombes • Château Rauzan-Gassies • Château Rauzan-Ségla • Troisièmes Crus. • Château Boyd-Cantenac • Château Cantenac-Brown • Château Giscours • Château Kirwan • Château d’Issan • Château Desmirail • Château Ferrière • Château Palmer • Château Malescot Saint-Exupéry • Château Marquis d’Alseme Becker
LES GRANDS CRUS DE MARGAUX • Quatrièmes Crus • Château Marquis de Terme • Château Pouget • Château Prieuré-Lichine • Cinquièmes Crus • Château Dauzac • Château du Tertre
LE PAVILLON BLANC • La production de Pavillon Blanc est une tradition séculaire à Château Margaux. • Vendu au XIX ième siècle comme vin blanc de Sauvignon, il existe sous l’appellation Pavillon Blanc depuis 1920. • Le vignoble de douze hectares est composé uniquement de sauvignon blanc. • Il est situé sur une ancienne parcelle de la propriété qui n’a pas été retenue dans l’aire de l’appellation Margaux. • La consolation est aujourd’hui grande d’y récolter un vin blanc original … • Pavillon Blanc séjourne sept à huit mois en barriques avant d’être mis en bouteilles.
LE PAVILLON ROUGE • Ce deuxième vin de Château Margaux est apparu dès le XIX ième siècle et a pris son nom définitif, Pavillon Rouge, en 1908. • Après une éclipse entre les années 1930 et le milieu des années 1970, il est réapparu dès l’arrivée d’André Mentzelopoulos en 1977. • Sa production n’a cessé de croître, afin d’améliorer la qualité du premier vin. • Depuis quelques années, la sélection d’un troisième vin est venue renforcer la qualité de Pavillon Rouge. • Il bénéficie des mêmes techniques traditionnelles de vinification et d’élevage en barriques, mais il est souvent mis en bouteilles trois ou quatre mois plus tôt que Château Margaux, car sa structure plus fine ne requiert pas un élevage aussi prolongé. • Il évolue plus vite en bouteilles et peut donc être bu plus rapidement, tout en gardant, dans les grands millésimes, un excellent potentiel de vieillissement.