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LILYMAGE présente
AUGUSTE RENOIR ( 1841-1919 )
Auguste Renoir est l’un des plus célèbres peintres français. Il a appartenu à l’école Impressionniste mais s’en est assez vite écarté, plus intéressé par la peinture de corps féminins que par celle des paysages, et fortement influencé par Raphaël. Il est né à Limoges le 25 Février 1841. En 1845, la famille Renoir s’installe à Paris et en 1862, il rentre aux Beaux-Arts où il rencontre Monet, Bazille et Sisley. En 1864, il présente au Salon « Esmeralda » qui connut un vif succès mais sa carrière débuta réellement en 1867 lors de l’exposition de « Lise à l’ombrelle ». De 1870 à 1883, il entre dans sa période impressionniste dont le tableau le plus célèbre fut « le déjeuner aux canotiers »
De 1883 à 1890, Renoir doute et il entre dans sa période Ingresque. Après un voyage en Italie, il modifie son trait de pinceau. Les contours des formes sont plus précis et les couleurs plus froides. En 1885, il devient papa pour la première fois et se lance dans des toiles sur la maternité. De 1890 à 1900, il change de nouveau de style, il fait un mélange de l’Impressionnisme et de la période Ingresque. Il reprend la fluidité des traits et « les jeunes filles au piano » est acquise par l’état français pour le musée du Luxembourg. En 1894, il a un second fils Jean qui deviendra cinéaste (la grande illusion et la règle du jeu). De 1900 à 1914, il entre sans sa période Cagnoise et souffre d’importants rhumatismes mais il continuera à peindre jusqu’à sa mort pour oublier la disparition de sa femme Aline en 1915.
« Le Pont-neuf »à Paris fut croqué depuis la rive droite de la Seine. De nombreux promeneurs flânent sur les quais et sur le pont. Sur la droite, on distingue un de ces établissements de bains qui étaient nombreux sur la Seine à cette époque. A l’arrière-plan, la statue d’Henri IV se profile indistinctement contre une rangée d’édifices grisâtres. Sur la gauche, des immeubles traités avec force détails, se détachent contre un ciel clair aux nuages cotonneux. Le peintre donne une dominante or et bleue à son œuvre, animée ça et là par les voitures et les ombres grises des passants. Le fleuve est rendu avec des touches légères qui créent un plaisant effet de vibrations
« Le bal du Moulin de la Galette » célèbre un monde plein de charme et de joie de vivre, aujourd’hui révolu, celui des bals populaires. Sur cette toile on reconnaît des amis de Renoir, notamment, les peintres Franc-Lamy, Norbert Goeneutte ainsi que Rivière (le biographe du peintre), attablés autour de la traditionnelle grenadine. C’est la première fois que Renoir peint une scène de bal d’une composition aussi élaborée, avec des figures en mouvement et des jeux de lumières complexes. Les zones d’ombre et de lumière alternent sur les visages et les vêtements des personnages selon la position du soleil. Le peintre a très exactement rendu l’ensemble tapageur et légèrement débraillé de cette guinguette de Montmartre.
« Le Pont du chemin de fer » fut peint à Chatou qui était avec Argenteuil un des lieux qu’affectionnaient les impressionnistes. C’est un champ d’expérimentation picturale sans égal, car il saisit les mille frémissements de la nature au bord de la Seine avec un plaisir toujours renouvelé. Ce tableau, est du reste, un de ses paysages les plus exubérants de l’époque. Les marronniers roses en fleurs se détachent sur des feuillages verts près d’un pont en partie masqué par des arbres. Un personnage masculin est, à peine esquissé, avec des touches très libres près de la Seine. Fidèle à l’impressionnisme, Renoir saisit cette image fugace de la nature en fête par une belle journée de printemps. Le ciel rose et violacé, d’une facture plus souple, rappelle les tonalités chères à Monet.
Renoir a ramené les « Fruits du Midi » d’un voyage en Italie qui l’a profondément transformé. Il décide d’utiliser une palette nouvelle, influencé par les vives couleurs du pays. Ces piments, ces grenades, ces aubergines, ces tomates, ces citrons, il les peint en rehaussant les teintes de manière inhabituelle et en se concentrant sur les trois couleurs primaires, qu’il sature à souhait, comme s’il voulait extraire tout le jus des fruits qu’il nous présente. Comme pour toutes ses natures mortes, il choisit de mettre les fruits en valeur en les plaçant au centre de la composition. Le mur, imprécis, n’offre que des tonalités en retrait. Pour donner plus de vivacité à son sujet, il utilise deux techniques : des coups de brosse horizontaux et des petites hachures en diagonales
« Le déjeuner des canotiers » reflète toute l’insouciance des dimanches dans les guinguettes au bord de l’eau, où canotiers, ouvriers et cocottes mènent joyeuse vie. La scène se passe au restaurant « la Fournaise » à Chatou, lieu de rencontre des canotiers et des impressionnistes. La femme, au premier plan, à gauche, est Aline Charigot, la future épouse de l’artiste. Assis, en face d’elle, le peintre Gustave Caillebotte. D’autres amis de Renoir figurent sur le tableau. Cette toile révèle des changements dans la technique de l’artiste : les couleurs sont plus variées, les contrastes plus nets, les personnages mieux définis. Le vermillon d’une collerette tranche avec le blanc lumineux de la nappe, qui sera de nouveau à l’honneur dans des œuvres comme la « fête arabe ».
« La Seine à Argenteuil »de 1892 diffère énormément des deux autres toiles du même nom peintes en 1873. Dans cette dernière toile, le paysage est beaucoup plus riche et animé : une rangée d’arbres imposants, traités avec de larges touches multicolores, occupe la partie droite de la toile. La végétation au sol est rendue avec une pâte épaisse posée en quelques coups de pinceau rapides. Sur la gauche, trois voiliers esquissés sommairement se détachent contre la berge opposée. La Seine est restituée avec des touches larges et épaisses, alors que le ciel est traité avec des tâches croisées. Renoir choisit ici des tons beaucoup plus vifs et variés qui s’exaltent mutuellement.
« Les deux jeunes filles » datent de la période où Renoir est devenu un peintre de renom. Après s’être spécialisé dans le portrait de ses mécènes pour gagner de l’argent, il ne prend plus que des modèles anonymes, juste pour le plaisir. Ce tableau est un thème désormais fréquent dans l’œuvre de Renoir : deux jeunes filles en tête à tête, l’une tournée vers le spectateur, l’autre de profil. Pour les représenter, Renoir a le trait de crayon précis. Il utilise les couleurs chatoyantes et lustrées qui font sa réputation et joue dans cette gamme élargie de teintes qui signe sa palette.
Le thème de la leçon de piano revient fréquemment dans l’œuvre de Renoir. Cet exercice lui permet de se rattacher à une tradition solide dans l’histoire de la peinture et de faire plaisir à ses riches commanditaires. « Yvonne et Christine Lerolle » sont les filles du peintre Henry Lerolle qui était un des fondateurs de la Société nationale des Beaux-Arts. Avec une grande délicatesse, Renoir restitue la complicité qui unit les deux sœurs. Depuis longtemps, il a délaissé le style impressionniste et réintroduit le noir dans sa palette. La robe rouge de Christine et l’habit blanc d’Yvonne tranchent très vivement sur le piano noir. Plus tard, l’artiste dira à Julie Manet : « il n’y a que du noir et du blanc dans la peinture. On doit donner au blanc son intensité par la valeur de ce qui l’entoure et pas en y mettant du blanc ».
Cette « Nature morte » annonce le début du XXème siècle. Renoir est toujours à l’œuvre : il ne se passe pas un jour sans qu’il ne peigne. Tout son talent est résumé dans cette œuvre : transparence du vase, douceur de certains tons, acidités des autres … Maurice Denis écrivait de lui, en 1892 : « Idéaliste ? Naturaliste ? Comme il vous plaira. Il a su se borner à traduire ses émotions à lui, toute la nature et tout le rêve avec des procédés à lui : il a composé avec les joies de ses yeux de merveilleux bouquets de femmes et de fleurs ». Cette toile contraste avec les dernières natures mortes de Renoir, qui seront presque réduites à l’état d’ébauche. On sent ici, une œuvre travaillée où chaque objet occupe une place bien définie.
Renoir s’est installé sur la côte d’azur tant pour des raisons de santé que pour des motifs esthétiques et c’est là qu’il peindra « les Terrasses de Cagnes ». Il a installé son chevalet à deux pas de chez lui. C’est sa demeure qui, à droite, asseoit la composition de la toile en la bloquant complètement. Les habitations forment un canevas de formes géométriques qui occupe toute la partie supérieure de la toile. Par contraste, la végétation du premier plan foisonne, dessinant des arabesques fluides. Les coups de pinceau sont rapides, les touches légères font éclater des couleurs vives et chaudes comme celles d’un pastel. Avec sa robe rouge vif, la jeune femme assise sur le bord de la terrasse, est le pivot de la toile. Mais, discrète, elle se fond dans l’environnement mais elle met en valeur la vue sur le village.
Auguste Renoir est un peintre qui a laissé une quantité considérable d’œuvres. D’où ma difficulté à sélectionner ces dix peintures que je vous ai présentées. Contrairement à beaucoup d’artistes qui moururent non reconnus et dans la misère, Renoir a réussi à vivre de ses tableaux. Il put revoir ses premières œuvres exposées au musée du Louvre, le mois précédant sa mort. Impulsif, nerveux et bavard, Renoir eut souvent des opinions contradictoires mais il était très loyal. De tous les impressionnistes, c’est lui qui a peint avec le plus de non-constance les évènements et les plaisirs des gens « ordinaires ». Il est le seul à avoir fait des œuvres grandeur nature. Il s’éteignit le 3 Décembre 1919 à Cagnes/Mer.
Création : Liliane CAVALLARI. Tableaux et informations prises dans les Edts. Atlas. Musique : Fire and Ice de Ernesto Cortazar. Décembre 2006.