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Question 5- La raison et la croyance religieuse sont-elles compatibles ?. I-foi et raison sont-elles compatibles lorsqu’il s’agit d’expliquer l’homme et la nature ? A- la question de l’origine des espèces : 1-le créationnisme .
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Question 5- La raison et la croyance religieuse sont-elles compatibles ?
I-foi et raison sont-elles compatibles lorsqu’il s’agit d’expliquer l’homme et la nature ? A- la question de l’origine des espèces : 1-le créationnisme L'entrée dans l'Arche de Noé. Enluminure de Jacquemard de Hesdin, XVe s., France.
Créationnisme : théorie se basant exclusivement sur le texte biblique de la Genèse (ou ses reprises coraniques) pour penser quand et comment se sont formés l’univers, la terre, les êtres vivants, l’homme. • -âge de la Terre et de l’univers ≈ 4000 ans. • -le tout crée en 6 jours • tous seraient présents dès l’origine les espèces sont fixes
La scala naturae est la représentation classique de l’ordre de la création, supposé être hiérarchique et immuable. En haut culmine le créateur, en dessous les anges, puis l’homme, puis le monde animal, le monde végétal, enfin le minéral. Gravure de 1579
Les naturalistes au XVIIIe siècle sont créationnistes « Il y a autant d’espèces différentes que l’Être infini en a créées au départ » Buffon (1707-1788) Carl von Linné (1707-1778)
2. l’évolutionnisme de Darwin Charles Darwin (1809-1882) (1859)
« Le voyage à bord du Beagle (1831-1836 ) » - observation en Argentine : similitudes entre espèces fossiles disparues et les espèces présentes sur le même continent et seulement là. • observation des Galápagos : similitudes et variations entre les espèces de Pinsons. • Chaque espèce est adaptée à son milieu. • (gros bec grosses graines)
La théorie évolutionniste explique les similitudes et les variations entre les espèces proches : Proailurus, ancêtre le plus probable des félins, vivait il y a 25 millions d’années
Ou entre les espèces éloignées : L’archeopteryx Patte de lézard Patte de poule
La théorie et l’observation montrent que toutes les espèces vivantes sont parentes : elles ont un ancêtre commun
Dans ce cadre, l’homme n’a pas de place singulière dans l’ordre de la création - son apparition résulte du concours du hasard et des mécanismes de l’hérédité. Rien ne montre qu’il est le but de la création , ni l’étape ultime de l’évolution.
« On ne peut plus croire que l'homme soit l'œuvre d'un acte séparé de création »
- Toutes les espèces d’hominidés (homo sapiens, homo erectus…) et tous les autres primates (singes compris) ont un ancêtre commun
•La théorie créationniste ne repose que sur la CROYANCE en l’autorité de textes sacrés, dont elle affirme, sans preuve, que ceux-ci contiennent la Vérité : toute vérité, et que la vérité. •La théorie évolutionniste repose sur la RAISON : elle est justifiée par des arguments décisifs, des preuves, basées sur l’expérience (l’observation) et sur le raisonnement logique (construire une explication cohérente des données observées).
La raison : terme équivoque. • sens ordinaire : -avoir raison : être dans le vrai -une raison : un motif, un argument, une cause -la raison: connotation morale : suivre la raison = être raisonnable (ex : ne pas boire ou avec modération) • Sens philosophique : presque synonyme de l’intelligence, mais nuance : capacité d’user de son intelligence de manière correcte. Bref : capacité de l’homme de justifier correctement une idée, une décision ou une action.
Problème : pour l’explication de la nature ou de l’homme, certains soutiennent que la raison peut et doit s’appuyer sur certaines croyances issues de la religion, à titre d’hypothèse explicative.
B- la complexité de l’homme et de la nature suppose-t-elle une explication religieuse ? 1-l’argument du dessein intelligent •l’organisation du cosmos cet arrangement aussi extraordinaire du Soleil, des planètes, et des comètes, n’a pu avoir pour source que le dessein et la seigneurie d’un être intelligent et puissant. (…). Cet Etre gouverne tout, en tant que Seigneur de tout ce qui est. A cause de sa seigneurie, on a coutume d’appeler le seigneur Dieu « Pantocrator » [tout puissant] Newton (1643-1727) est physicien et théologien
« cet arrangement aussi extraordinaire du Soleil, des planètes, et des comètes, n’a pu avoir pour source que le dessein et la seigneurie d’un être intelligent et puissant »
• L’organisation des êtres vivants Il ne peut y avoir de dessein (design) sans quelqu’un pour le former (a designer) ; d’invention sans inventeur ; d’ordre sans choix ; d’arrangement sans être capable de ranger ; d’utilité et de relation à un but, sans quelque être qui puisse se fixer un but ; de moyens convenant à une fin, sans que la fin n’ait jamais été envisagée, et que les moyens ne lui aient été ajustés. Ajustement, disposition des parties, utilité de moyens en fonction d’une fin, rapports des instruments à un usage impliquent la présence d’une intelligence et d’un esprit. William Paley, Théologie naturelle, 1803
Ces penseurs soutiennent que Dieu gouverne l’ordre du monde. Ils ne s’appuient pas directement sur la croyance, mais bien sur des arguments : il y a des raisons de croire. Mais ces raisons sont-elles correctes ?
2/ contre l’explication religieuse du monde : les raisons avancées sont ou discutables ou inutiles. • • il y a des accidents dans la nature : • des désastres naturels
En l’an 64, un grand incendie détruit Rome. Les premiers chrétiens l’interprètent comme le signe de la venue imminente de la fin des temps et du jugement dernier. Nombre d’islamistes ont interprété les inondations de la Nouvelle-Orleans(2007) comme un signe divin : Dieu punit les impies et par ce présage annonce la venue du jugement dernier
des individus monstrueux • John Merrick, dit Elephant Man • -tous les organes ne sont pas bien ajustés : appendice; dents de sagesse
•on a pas besoin de faire appel à Dieu pour expliquer l’ordre : • l’astrophysique explique la formation de l’ordre cosmique par des mécanismes naturels et une part de hasard • la sélection naturelle explique très bien la formation des organismes vivants et leur adaptation au milieu
Bien qu’un organe ait pu, à l’origine, ne pas être formé dans un but bien précis, s’il remplit à présent cette fonction, nous pouvons dire, à juste titre, qu’il a été spécialement conçu pour cela. Selon le même principe, si un homme a fabriqué une machine dans un but bien précis, mais a utilisé pour sa construction de vieilles roues et poulies, des ressorts usagers, en ne leur faisant subir que de légères modifications, on doit dire de cette machine, dans son ensemble, avec toutes ses pièces constitutives, qu’elle a été spécialement conçue dans le but visé. Ainsi dans la nature toute entière, presque tous les organes de chaque être vivant ont probablement servi, dans des conditions légèrement modifiées, à des buts divers, et ont joué un rôle dans la machinerie vivante de nombreuses formes spécifiques anciennes, distinctes des formes actuelles.
C- concilier la foi et la raison 1- les positions extrêmes Le conflit pousse les partis à radicaliser leur position. •le scientisme : courant de pensée soutenant que les sciences de la nature peuvent seules -établir des vérités -guider l’homme et la société vers le progrès et le bonheur. La croyance religieuse est assimilée à la superstition : entièrement fausse.
•l’intégrisme (ou fondamentalisme) : tout courant religieux soutenant que toute vérité est contenue dans les textes sacrés et qu’il faut suivre à la lettre les règles religieuses établies par la tradition. Mgr Lefebvre, fondateur de la confrérie Saint-Pie-X, qui refuse toute modernisation de l’Eglise. Il est préférable d’adopter une position conciliante.
2- séparer les domaines de la foi et de la science. •elles ne procèdent pas selon les mêmes principes: -La science se sert de la raison (raisonnement logique et mathématique) et des expériences (observation et expérimentation) -La foi se base sur le « coeur » (Pascal), c’est-à-dire l’intuition : une connaissance sensible et immédiate « Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison »
Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses.
•elles ne portent pas nécessairement sur les mêmes objets: -La science s’occupe de connaître les faits et la manière dont le monde est agencé -La foi porte sur ce qu’il y a « au-delà » du monde matériel La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent; elle n'est que faible, si elle ne va jusqu'à connaître cela. Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t-on des surnaturelles ?
•elles n’ont pas nécessairement les mêmes buts : -La science ne s’occupe que de connaissance. -La foi a pour but premier un but moral : plaire à Dieu (culte, prière) et assurer notre salut. L’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on va au ciel, et non comment va le ciel
3- la notion de foi éclairée •Les philosophes des Lumières (18ème siècle) ont appelé l’humanité à sortir de l’obscurantisme: cesser de refuser les connaissances rationnelles, en particulier scientifiques. Voltaire •Cela n’implique pas de renoncer à la foi : simplement, -la foi ne doit pas entrer en contradiction avec la raison -La foi peut être assistée de la raison, qui peut l’éclairer sur certains points. Remarque : 12ème siècle en Andalousie : « les lumières andalouses ». Développement des connaissances et d’un esprit de tolérance entre les religions, les sciences, la philosophie.
Le philosophe musulman Ibn Rush dit Averroës affirme ainsi que la Révélation (coranique) ne peut être en contradiction avec ce que découvre la raison humaine, car: -la raison est un don de Dieu -elle ne cherche qu’à connaître la création de Dieu. Si une contradiction apparaît, alors il faut interpréter le texte religieux, en s’appuyant sur la connaissance de la langue et du contexte historique de la révélation
II-foi et raison entre-elle nécessairement en conflit en ce qui concerne les principes de vie ? 1- les principes essentiels de la foi sont d’accord avec la raison Exemple : « l’amour du prochain », valeur morale de bienfaisance, prônée d’abord par le christianisme, peut être aussi soutenue par la raison (la réflexion)
• la « règle d’or » : il faut aimer son prochain comme soi-même. justification de Jésus : telle est la volonté de Dieu. « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes »
• la théorie morale de Mill justifie la même règle de vie, en se basant sur deux principes rationnels (= élaborés par la réflexion). -« principe d’égale considération des intérêts » : pour juger de la meilleure manière d’agir dans nos conduites, il faut être impartial « Entre son propre bonheur et celui des autres, l’utilitarisme exige de l’individu qu’il soit aussi rigoureusement impartial qu’un spectateur désintéressé et bienveillant »
- Le « principe d’utilité » : Pour savoir si notre action est bonne, il faut estimer la somme de bonheur qu’elle est capable d’engendrer (à terme) Or, être bienfaisant accroît le bonheur de l’autre sans forcément entraver le mien
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » Dans la règle d’or de Jésus de Nazareth, nous retrouvons tout l’esprit de la morale de l’utilité. Faire ce que nous voudrions que l’on nous fît, aimer notre prochain comme nous-mêmes : voilà qui constitue la perfection idéale de la moralité utilitariste.
2- des conflits persistants entre raison et foi •Certains intégristes prônent la violence contre les non croyants, violence qui est injustifiable.
• mais croyance fanatique, irrationnelle ≠ foi éclairée par la raison : il faut interpréter les textes religieux qui semblent appeler à l’usage de la violence (Averroès) dans le sens des passages pacifiques.
Conclusion : la croyance religieuse est compatible avec la raison si elle ne s’enferme pas dans l’obscurantisme et qu’elle accepte une lecture critique, nécessaire pour son propre bien.