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UNE CHAPELLE à CAMBO. Diaporama de Jacky Questel. Vous êtes à Cambo-les-Bains (64) perle du Pays Basque.
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UNE CHAPELLE à CAMBO Diaporama de Jacky Questel
Et voici le plan pour vous permettre de localiser cette merveille de chapelle et d’aller la visiter à la rue de la Bergerie. (au petit rond sur la gauche, ne pas confondre avec la mairie, presque au centre du plan !)
Nous étions arrivées à Cambo-les-Bains, magnifique petite station thermale des Pyrénées, et nous allions voir ma tante religieuse, dont les 94 printemps se portent allègrement, quand tout à coup… • Demi-tour ! Me dit Yvonne. Je crois avoir vu quelque chose. • Yvonne est la spécialiste des demi-tours. Nous avons donc demi-tournés. (Il faudra que je voie l’Académie pour faire accepter ce mot dans les dictionnaires !) Et Effectivement, sur le bord de la route, à peine visible, un petit écriteau : "La chapelle aux icônes." Nous avons emprunté un petit chemin et, au bout de quelques mètres, découvert cette petite chapelle.
Nous sommes venues pourtant bien souvent à Cambo les Bains ! Comment n’avons-nous jamais aperçu cette pancarte ? Nous avons un énorme coup de chance, la chapelle est ouverte. Et, la porte poussée, nous découvrons un autre monde ! Cet amour de petite chapelle est peinte du sol au plafond, et peinte de scènes traduites dans la façon des icônes. Les principaux moments de la vie du Christ s‘étalent en couleurs chantantes sur les murs. Le plafond, caréné comme une barque renversée, contribue à donner à cette chapelle une ambiance intime et chaude.
J’étais là, éblouie, incrédule… J’ai cherché à me renseigner : l’office du tourisme n’a vraisemblablement jamais reçu mes demandes de renseignements, la mairie ne savait rien, le prêtre de la paroisse pas davantage. Il m’a cependant orienté vers une maison de retraite pour prêtres. Finalement, l’un de ces prêtres se souvint que des documents avaient été remis à l’Abbaye de Belloc. À l’Abbaye de Belloc ! Il faut vous dire que cette abbaye, assise au cœur du Pays Basque, et où j’ai eu la chance d’aller plusieurs fois, est un de mes lieux de prédilection. Et sur qui suis-je tombée en bout de quête ? Sur le Père Marc, qui connaissait bien ma tante, et que donc je connaissais aussi ! Une première boucle était bouclée.
Il a eu l’obligeance de me fournir une masse de renseignements. Je commence par vous présenter quelques peintures, et je vous raconte ensuite l’histoire de cette chapelle. Ici, vous avez reconnu l’Annonciation faite à Marie, par un ange pressé et encore en mouvement. On a l’impression qu’il n’a même pas le temps d’arriver, et qu’il lui crie : "Eh ! Toi ! Là-bas ! Tu ne sais pas ce qui va t’arriver ?" Remarquez les mini-arches près du pied de l’ange : vous les retrouvez à la base de la peinture du prêtre sur la deuxième diapositive. Elles sont sur d’autres peintures. De petits détails donnent ainsi une unité à l’oeuvre. Remarquez aussi le linge rouge qui flotte au vent… Est-ce le vent de l’Esprit, qu’a voulu symboliser le peintre, cet Esprit qui et venu couvrir Marie de son ombre ?
Logiquement, sur le panneau mural qui suit, la Nativité. A la façon des icônes, plusieurs scènes sont ici représentées. En bas, le premier bain au bébé. Remarquez la main prudente de la personne qui s’apprête à baigner l’Enfant, et qui tâte si l’eau est à a bonne température ! Dans le centre du panneau, Marie couche son bébé, dument baigné et emmailloté, dans un berceau improvisé. Tandis que sur le bas de la peinture à gauche, le pauvre Joseph se demande quel est tout ce tintamarre, et si on ne pourrait pas le laisser dormir tranquille après tout le chemin qu’il vient de faire ! Car il y a du bruit ! Sur l’extrême droite à côté de la porte, on voit les moutons. Donc les bergers et leurs pipeaux ne sont pas loin. Et sur la gauche, voilà déjà les mages en une cavalcade impétueuse. Pendant tout ce temps, et malgré tout ce bruit, les anges, dans le haut de la composition, continuent à chanter leur joie.
Le temps passe vite ! Voici déjà ce qui est je pense l’institution de l’eucharistie, puisque je ne compte que onze apôtres. Le mouvement des pieds, le jeu des drapés montre ici aussi un mouvement. Les apôtres sont en marche… Vers quoi ? De toute façon, vers un avenir qu’ils doivent assumer seuls, puisque le Christ leur a annoncé son départ ! Je n’étais pourtant pas sûre de mon interprétation, car je suis intriguée par le geste du Christ, par le papier que tient l’un des personnages. Par le personnage vert de la fin du premier rang qui semble avoir son bras en écharpe. Mais le Père Marc m’a remis également une présentation des peintures préparée par l‘abbé Courtelarre, et qui me la confirme. Je vous promets d’ailleurs un deuxième diaporama, sensiblement avec les mêmes photos, pour vous présenter la symbolique de toutes ces œuvres. Patience !
Sur le mur d’une petite chapelle du côté, ce Christ hyperréaliste. Sur les murs de chaque coté, des anges que je vous présente sur les pages suivantes ; Et devant, cette statue de la Pieta : Marie tenant le corps de son fils sur ses genoux. Je vous la présente mieux sur la page suivante, et vous donne un exemple des vitraux très particuliers de cette petite chapelle exceptionnelle. Les vitraux de la nef sont l’œuvre de Gérald Franzetti, maître verrier à Bayonne.
Remarquez comme cet ange – ainsi que celui qui lui fait face – est curieux, et son œil en coulisse par-dessus le linge avec lequel il essuie ses larmes. Sur les diapositives sui-vantes, je vous présente des détails en vous racontant l’histoire de cet-te chapelle. Cette histoire est vraie de bout en bout, j’ai les écrits mêmes du Père Courtelarre et de Albert Proux, écrits qu’il commence par ces mots : Je dirai simplement que le Seigneur voit au loin et qu’il nous conduit par la main…
À quelques mètres de l’empla-cement de la chapelle se trouvait une maison, "Arzaindeia" qui accueillait de jeunes prêtres en traitement médico-psychologique. L’abbé Courtelarre était chargé de leur trouver des occupations. Il eut l’idée, vers les années 1980, de construire une petite chapelle attenante à la maison de retraite, avec plusieurs autels pour permettre à ces prêtres de célébrer l’office. Autorisation refusée par les services compétents : la cha-pelle devait être distante d’au moins 10 mètres de la maison de retraite. L’abbé mentionne que, par la suite, il en a chaudement remercié le Seigneur !
Et les prêtres se transformèrent en manoeuvres, porteurs, tâcherons. Par exemple, tous les parpaings étaient faits sur place : on gâchait le ciment et on le coulait dans des moules qu’il fallait ensuite relever et redescendre pour bien tasser le ciment. Toute la manipulation a été ainsi faite par les prêtres. Car le premier but de cette chapelle était de les occuper. Et la chapelle terminée, toute blanche, toute pimpante, que croyez-vous qu’il arriva ? La maison de repos fut fermée par l’administration compétente, comme si la seule finalité de cet établissement avait été l’édification de cette chapelle !
L’Abbé Courtelarre avait ramené, d’un pèlerinage en Palestine, la passion des icônes. Il rêvait de mettre une icône derrière le chœur. Mais où trouver le peintre ? Il fit de laborieuses recherches, mais c’est par hasard qu’une amie lui présenta Albert Proux, peintre autodidacte de Saint Pée de Nivelle, né en 1943. Celui-ci se montra enthousiasmé par ce projet. Les deux hommes se comprirent et s’apprécièrent très vite. Et il fut très vite décidé que, si les fonds le permettaient, toute la chapelle serait décorée.
Bien qu’il ait apprécié les œuvres antérieures de M. Proux, l’Abbé Courtelarre craignait que ce peintre ne soit pas exactement celui que la chapelle attendait. Aussi l’Abbé raconte dans son Journal : Au début de peinture, je lui ai dit carrément : si je ne suis pas satisfait du travail, je vous règlerai ce qui sera fait et je passerai un rou-eau de peinture, et tout sera dit. Je le vois encore et j’entends son cri : J’espère que non, et je ferai tout mon possible pour qu’il n’en soit pas ainsi !! M. Proux écrit de son côté : "j'ai fait mes débuts d'iconographe sous l'oeil attentif de mon commanditaire qui m'a déclaré... être satisfait, avoir eu un soupir de soulagement et mur après mur, le contrat a été rempli ; entre nous le fossé s'est peu à peu comblé ; je me suis pris au jeu, enlevé à mon tour de main habituelle par un emportement très mystérieux. C'est que selon toutes les apparences, on ne fait pas revivre Christ, Vierge ou un Saint Garicoitz (la Chapelle lui est vouée) en restant de marbre."
Albert Proux travailla d’après des photos prises dans des églises ou monastères russes, parfois trop petites et trop floues. Mais le travail avançait, le chef-d’œuvre prenait forme. Les peintures, commencées le 4 février 1984, étaient terminées le 11 août 1985, pour la fête de l’Assomption. Est-ce encore une "coïncidence" ?
Ce travail de peinture était parfois proche de la copie pure, parfois (comme pour les bergers) travail très personnel du peintre, parfois… Comment dire ? Voici une note de l’Abbé Courtelarre : Nous avons très logiquement com-mencé par la Vierge à l’Emmanuel. Nous avons installé un projecteur à distance voulue équipé d’une diapo excellente, et M. Proux a tracé, en suivant l’image, les diverses lignes et la reproduction. Il a mis à peu près deux heures pour tracer cette reproduction. Ce travail fait, nous avons regardé ; au fond de moi-même, je trouvais que "ça collait".
Le peintre s’est imprégné de la symbolique des formes et des couleurs dans les icônes. Il travaille de plus en plus sûrement. Lui qui ne croit en rien reste parfois "en conversation" avec la Vierge ou avec le Christ. L’Abbé Courtelarre note qu’un jour le peintre lui a confié rougissant que, lorsqu’il était chez lui, il était pressé de revoir "son Dieu", et qu’en arrivant, il l’avait embrassé… Cette réalisation a fait l'objet d'une bénédiction officielle le 11 août 1985, pour le départ de l'Evêque de Bayonne Mgr Vincent en la présence de l'Evêque rentrant Mgr Molères ainsi que par le Pope Orthodoxe Archiprêtre Jean Baïkovs de l'Église de Biarritz.
Je conclurai ce diaporama en rapportant les mots d’une visiteuse, cités par l’Abbé Cour-telarre : "Je veux que vous écriviez ce que vous a dit une vieille femme de 96 ans : cette chapelle est admirable, elle deviendra un lieu de pèlerinage et on y viendra de loin.« Cette chapelle appartient à la maison de retraite "Arditeya", qui en assure l'entretien. C'est aussi l'un des prêtres retirés à Arditeya qui y célèbre une messe tous les dimanches matin.
Photos : Yvonne Texte : Jacky Musique : Groupe basque Oldarra : Agur MariaMerci à Albert Proux pour ses compléments d’information et retrouvez-le à son atelier d’art : Rue Catherine Aguirre, 64500 Ciboure Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/