380 likes | 465 Views
Comment rendre compte de la mobilité sociale ?. LA MOBILITE SOCIALE.
E N D
LA MOBILITE SOCIALE Comme les inégalités structurent la société en groupes distincts hiérarchisés et que les statuts sociaux ne sont pas assignés par la naissance (ils ne sont pas héréditaires), normalement les individus doivent pouvoir circuler entre ces groupes sociaux. Etudier la mobilité sociale, c'est se demander dans quelle mesure les statuts sociaux sont héritables : plus ils le sont, moins la mobilité est grande, plus les inégalités risquent d'être ressenties comme injustes.
Egalité des chances : Situation souvent considérée comme la meilleure conception de l’équité (égalité proportionnée, « à chacun selon ses mérites ») et ne laisserait subsister que des « inégalités justes » ne reflétant que les différences de mérite. Cette situation peut impliquer des actions de discrimination positive visant à corriger les inégalités initiales héritées (de la nature ou du milieu social d’origine) – exemple des Zones d’Education Prioritaire – La réalisation de cette situation se caractérise par la mobilité sociale à la différence de ce qui existe dans les sociétés d’ordres ou de castes / Situation qui est caractérisée par l’existence d’entraves à l’équité et finalement à la mobilité sociale.
Mobilité / immobilité sociale : Changement de position sociale au cours de la vie active d'un individu (mobilité intragénérationnelle) ou entre générations (mobilité intergénérationnelle). Généralement, sans autres précisions, c’est de ce dernier phénomène dont il est question. Il y a mobilité sociale lorsqu’un individu occupe une position sociale différente de celle de ses parents (du chef de famille) / dans le cas contraire, il y a hérédité ou immobilité sociale.
Reproduction sociale : Tendance du système social à se perpétuer, à se reproduire dans le temps : maintien des inégalités, des rapports sociaux, conservation de la structure sociale, ……. Destinée : Une table (de mobilité sociale) de destinée mesure la répartition des positions acquises par les « fils » d’une même origine sociale. Recrutement : Une table (de mobilité sociale) de recrutement mesure la répartition des origines sociales des membres d’une catégorie socioprofessionnelle donnée. Mobilité structurelle / nette : Mobilité due aux transformations de la structure économique conduisant à l’apparition, au renforcement ou, au contraire, au déclin de certaines activités et partant professions / Mobilité indépendante de toute évolution structurelle.
Une table de mobilité brute est un tableau à double entrée croisant la position sociale d'un individu à l'âge adulte avec son origine familiale. La CSP des individus (40 à 59 ans) est comparée avec celle de leurs pères pour mesurer l'écart ou la proximité entre le statut social de 2 générations. La diagonale donne le poids de ceux qui retrouvent la position sociale de leur père (immobilité) ; La dernière ligne représente la position sociale des hommes de 40-59 ans en 1993. Autrement dit, nous avons la structure sociale de la population active des fils ; La dernière colonne représente l’origine sociale des hommes de 40-59 ans. En d’autres termes, c’est la structure sociale de la population active des pères. Les tables de mobilité sont généralement transformées en tables de « destinée sociale» et en tables de « recrutement social » pour en faciliter la lecture.
Groupe socioprofessionnel du fils en fonction de celui du père en France en 2003 (7 millions d’hommes français, actif ou ancien actif, âgés de 40 à 59 ans en milliers)
Une table de mobilité brute est un tableau à double entrée croisant la position sociale d'un individu à l'âge adulte avec son origine familiale. Les colonnes nous renseignent sur le devenir des fils à 40-59 ans qui avaient un père appartenant à telle ou telle catégorie sociale au même âge Les lignes nous renseignent sur l'origine sociale des hommes de 40-59 ans qui ont une position sociale donnée en 2003. La diagonale donne le poids de ceux qui retrouvent la position sociale de leur père (immobilité) ; La dernière ligne (appelée aussi marge) représente l'origine sociale des hommes de 40-59 ans en 2003. Autrement dit, nous avons la répartition des statuts socioprofessionnels des pères ou la structure sociale de la population active des pères ; La dernière colonne (appelée aussi marge) représente la position sociale des hommes de 40-59 ans. En d’autres termes, c’est la répartition des statuts socioprofessionnels des fils ou la structure sociale de la population active des fils.
Table de destinée sociale en France en 2003 (en %) (Source : INSEE, Enquêtes FQP 2006) Lecture : En France, en 2003, 22,0% (252/1143 x 100) des fils d’agriculteurs avaient le même métier que leur père à 40-59 ans, 37,3% (426/1143 x 100) étaient devenus ouvriers… Les données surlignées sont les valeurs supérieures à la marge signalant une surreprésentation des catégories sociales concernées dans la destinée sociale.
Cette table répond à la question : quelle est la position sociale actuelle de ceux qui ont une origine sociale donnée à 40-59 ans ? Autrement dit, que deviennent (destinée) les enfants qui avaient un père de telle ou telle catégorie sociale. Cette table part du passé (PCS du père) et se projette dans l'avenir (fonction du fils). La diagonale explique l'hérédité sociale ou l’immobilité sociale (position sociale du fils = celle du père). Une forte immobilité pour les enfants de cadres supérieurs et les enfants d’ouvriers puisque plus d’un enfant sur deux retrouvent la position du père dans le premier cas et près d’un enfant sur deux dans le second. Une plus grande mobilité pour les enfants d’agriculteurs, de petits patrons, de professions intermédiaires et d’employés. Ainsi, près d’ ¼ des enfants d’employés sont cadres à 40-59 ans, ¼ sont devenus ouvriers et plus d’ d’ ¼ sont montés dans la catégorie profession intermédiaire…Les classes moyennes sont au cœur de la mobilité sociale. La prédominance des trajets courts : la mobilité ascendante ou la mobilité descendante se fait dans la catégorie immédiatement supérieure ou inférieure. Ainsi, 1/3 des enfants de professions intermédiaires accèdent à la catégorie cadres supérieurs et ¼ tombent dans les catégories employés et ouvriers.
Table de recrutement en France en 2003 (en %) Lecture : En France, en 2003, 88,4% (252/285 x 100) des agriculteurs de 40-59 ans avaient une origine agricole, 7% (20/285 x 100) avaient une origine ouvrière. Les données surlignées sont les valeurs supérieures à la marge signalant une surreprésentation des PCS concernées dans le recrutement social.
Cette table répond à la question : quelle est l’origine sociale de ceux qui occupent une position sociale donnée à 40-59 ans ? Autrement dit, quelle est la composition sociale (recrutement) d’une catégorie sociale donnée. Cette table part du présent (PCS du fils) pour se projeter dans le passé (PCS du père). La diagonale représente l'autorecrutement On observe : Des catégories qui s’autorecrutent : 4 agriculteurs sur 5 sont d’origine agricole, plus d’un ouvrier sur deux est d’origine ouvrière. Ce sont des catégories en régression qui recrutent en leur sein. Des catégories qui recrutent à l’extérieur : les cadres, les professions intermédiaires, les employés (des catégories en expansion) et les petits patrons. Ainsi, près d’un cadre sur quatre est issu de la classe ouvrière et un autre cadre sur cinq est issu des professions intermédiaires. De même, plus d’un petit patron sur trois est d’origine ouvrière.
Table de l’immobilité en France en 2003 (en %) Mobilité sociale brute =100 – immobilité= mobilité structurelle + mobilité nette
L’immobilité sociale et la mobilité brute Lecture : En France, en 2003, 3,6% (252/7047 x 100) des hommes de 40-59 ans ont retrouvé la position de leur père dans la catégorie agriculteurs, 2,6% (182/7047 x 100) dans la catégorie artisan, commerçant, chef d’entreprise… Pour connaître l’importance de l’immobilité sociale, il suffit de faire la somme du % des immobiles (nombres de personnes qui retrouvent la position du père à 40-59 ans/total des hommes de 40-59 ans x 100). Ainsi, en France, en 2003, 35,3% des hommes de 40-59 ans occupent la même position sociale que leur père. La mobilité n’est donc pas parfaite et ce d’autant plus que la mobilité se fait dans des catégories proches . Cependant, on peut en déduire que deux hommes sur trois de 40-59 ans sont mobiles. Il s’agit de la mobilité brute qui est composée d’une mobilité structurelle et d’une mobilité nette.
Mobilité structurelle = Somme de la différence négatives (ou positives) des marges
Lecture : En France, 4% des hommes de 40-59 ans sont agriculteurs en 2003 et 16,2% de ces hommes avaient un père agriculteur soit une perte de 12,2 points pour les agriculteurs dans la structure sociale. La mobilité structurelle ou contrainte est due à l'évolution de la structure de la population active. C'est la mobilité imposée par l'évolution de la structure sociale au cours du temps. Ainsi, tous les fils d’agriculteurs ne pouvaient pas prétendre devenir agriculteurs à leur tour car le nombre d’agriculteurs de 40-59 ans est passé de 1 143000 à 285 000. De même, tous les fils de cadres ne peuvent pas occuper tous les postes de cadres parce que le nombre de cadres a augmenté fortement entre deux générations. En conséquence, les individus sont obligés de changer de position sociale parce que la structure sociale évolue. En France, en 2003, 24,7% (12,2 + 8,9 + 3,6 = 24,7) des hommes de 40-59 ans ont dû changer de position sociale à cause des modifications de la structure sociale de la société. Cette dernière s’explique par les 30 glorieuses qui ont bouleversé les secteurs économiques (industrialisation, tertiairisation, concentration des entreprises et urbanisation). D’où un recrutement massif de cadres (ingénieurs, cadres bancaires…), de professions intermédiaires (techniciens, comptables…) et d’employés au détriment des agriculteurs, des petits patrons et des ouvriers.
« Un tel paradoxe peut être schématiquement expliqué » 22% des fils agriculteurs sont devenus agriculteurs 78% des cadres ne sont pas fils de cadres Cadres (fils) Agriculteurs (pères) 22% des cadres sont fils de cadres Cadres (fils) Agriculteurs (fils) Agriculteurs (fils) 88% des agriculteurs sont fils d’agriculteurs Cadres (pères) 52% des fils de cadres sont devenus cadres 12% des agriculteurs ne sont pas fils d’agriculteurs 78% des fils agriculteurs ne sont pas devenus agriculteurs 48% des fils de cadres ne sont devenus cadres
Mobilité sociale brute = 100 – immobilité = mobilité structurelle + mobilité nette Mobilité structurelle= somme de la différence (positive ou négative) des marges Mobilité nette = Mobilité brute – Mobilité structurelle
La mobilité nette La mobilité nette est la mobilité qui n’est pas due aux changements de la structure sociale de la société mais qui peut être attribuée au mérite des individus. Elle exprime la véritable fluidité de la société. Ainsi, en France, en 2003, 40% (64,7 – 24,7 = 40) des hommes de 40-59 ans ont changé de position sociale vis-à-vis de leur père de leur propre initiative. La fluidité sociale ou mobilité relative Elle permet de mesurer les différences de probabilité d’être mobile selon qu’on appartient à telle ou telle PCS. Pour l’essentiel on compare la mobilité des fils d’ouvrier s à celle des fils de cadres Ainsi On peut tempérer le constat de la mobilité nette par le calcul de « l’odds ratio », c'est-à-dire le rapport des chances de 2 catégories opposées pour accéder aux « bonnes positions » plutôt qu’aux « mauvaises ». Ainsi, en France, en 2003, un enfant de cadre a 52,5% de « chances » de devenir cadre et 8,8% de « malchance » de devenir ouvrier, soit un rapport de 6,7. Dans le même temps, le fils d’ouvrier a 10,1% de « chances » de devenir cadres et 45,8% de « malchance » de rester ouvrier, soit un rapport de 0,22. L’odds ratio est donc de 6,7/0,22 = 30,5 ce qui signifie que les enfants de cadres ont 30,5 fois plus de « chances » que ceux d’ouvriers d’accéder aux bonnes places plutôt qu’aux mauvaises. Ce rapport devrait être de 1 pour être dans une société totalement fluide.
Les limites des tables de mobilité Le choix de la population : un biais masculin. Des études ont montré, en effet, que le métier et les diplômes de la mère avaient une influence certaine sur la position sociale des enfants. Le choix de l’âge Or, avec le développement du chômage des seniors et des préretraites, la situation sociale peut évoluer même après 40 ans Le degré de mobilité observé dépend de la finesse du découpage de la société. La mesure de la hiérarchie sociale : elle dépend de la société à un moment donné ce qui rend difficile la comparaison entre un père et un fils. une société fluide ne veut pas dire une société égalitaire du point de vue des situations sociales. On peut avoir une société très hiérarchisée, inégalitaire, et en même temps très mobile.
Cependant la reproduction sociale demeure Evolution de la part des trajectoires intergénérationnelles 1983-2003
Devenir des élèves entrés en 6ème en 1995 selon leur origine sociale (en %)
La place dans la société ne dépend pas que du diplôme D’une part, la politique du gouvernement, qui a cherché à démocratiser l’Ecole et à augmenter le niveau scolaire de la population, a incité les enfants de milieux populaires à poursuivre leurs études. Cette massification de l’Ecole peut avoir des « effets pervers » car la généralisation du diplôme conduit à leur dévalorisation ce qui ne permet pas aux enfants de milieux populaires, qui ont obtenu des diplômes supérieurs à ceux de leurs parents, d’accéder à des positions sociales plus élevées. C’est le constat que fait, en 2005, la sociologue Marie Duru-Bellat dans son livre « L’inflation scolaire » - 2006. L’accroissement du nombre de diplômes dans un contexte de chômage de masse aboutit à un déclassement social des diplômés et remet en cause les objectifs de l’Ecole D’autre part, la liaison entre le diplôme et la position sociale n’est pas étroitement corrélée. C’est le « paradoxe d’Anderson ».
Le paradoxe d’Anderson Diplôme relatif et position sociale relative du fils par rapport à son père (homme de 40 à 59 ans en milliers et en %) (Source : Insee enquête FQP 1993)
Les différences de fécondité Une autre forme de mobilité structurelle tient aux différences de fécondité entre les PCS. En effet, des groupes dont la fécondité est relativement forte (agriculteurs et ouvriers) ne peuvent pas à structures professionnelles stables, conserver en leur « sein » tous leurs enfants, ces groupes sont des fournisseurs de main d’œuvre et forcent la mobilité sociale puisqu’une partie des enfants devra obligatoirement émigrer vers d’autres PCS. En revanche, d’autres groupes, tels les employés, se caractérisent par un nombre de naissances inférieur à celui nécessaire pour remplir les positions et sont donc consommatrices de main d’œuvre. Par ailleurs, la distribution inégale des enfants entre les familles a une influence sur la mobilité. En effet, on sait que le nombre d’enfants dans une famille influence leur chance de réussite scolaire et sociale ; les familles ayant un nombre limité d’enfants concentrent leurs ressources pour maximiser les potentialités de ces derniers (Professions intermédiaires, Cadres, Artisans, commerçants et chefs d’entreprises); tandis que celles qui ont un nombre élevé (Agriculteurs et ouvriers) sont conduites à les disperser et réduisent ainsi les chances de réussite de leurs enfants.
L’immigration L’immigration d’ouvriers non qualifiés, pendant les années d’après guerre, a favorisé l’ascension sociale d’une partie de la classe défavorisée et laborieuse puisque les postes les plus dévalorisés ont été occupés par les immigrés. La féminisation de la population active Enfin, on peut soutenir l’idée selon laquelle la féminisation de la population active depuis la fin des années 60 d’une part et d’autre part, le confinement relatif des femmes actives dans les postes subalternes (discrimination) a permis à davantage d’hommes d’occuper des emplois moyens ou supérieurs.
Répartition de la catégorie sociale de l’épouse par rapport à celle du mari en %, en 2000
Faut-il nécessairement plus de mobilité sociale ? Jusqu'à maintenant, nous avons implicitement admis que la mobilité sociale était une bonne chose. Dans nos sociétés démocratiques, on est effectivement choqués à l'idée que les positions sociales ne soient pas accessibles à tous, et dépendent notamment du milieu social familial - la Révolution Française s'est d'ailleurs faite en grande partie contre ce genre de " privilèges ". Mais si la mobilité sociale est un élément de la démocratisation de nos sociétés, il ne faut pas croire pour autant qu'elle soit suffisante en soit. Elle peut même avoir des effets négatifs.
La mobilité sociale a paradoxalement des aspects négatifs, d'une part parce que la mise en compétition des positions sociales crée de l'incertitude, et d'autre part parce qu'elle individualise l'échec et le rend ainsi plus difficile à supporter. • La mobilité sociale fait peur parce qu'une société mobile est une société incertaine. On a tendance à ne considérer que les aspects positifs de la mobilité sociale parce qu'on ne l'envisage que comme promotion sociale. Or, la mobilité sociale, ça peut être aussi la "démotion", la régression dans la hiérarchie sociale. Et cette mobilité descendante est très difficile à accepter pour les individus. Il faut être psychologiquement très fort pour "repartir de zéro", et cela est souvent vécu comme un traumatisme. Une certaine immobilité sociale peut ainsi être vue comme la contrepartie d'une relative protection contre la compétition. Inversement, la mobilité sociale peut faire peur parce que chacun voit qu'il peut y gagner mais aussi y perdre beaucoup.
Dans une société mobile, l'échec est un échec individuel et est plus difficile à accepter. Paradoxalement, il est psychologiquement plus facile, pour l'individu, de ne pas pouvoir accéder à une position sociale s'il est victime d'une ségrégation : dans ce cas, l'échec ne peut lui être reproché puisque la compétition était en quelque sorte "truquée". Mais échouer dans une société mobile, où l'origine sociale ne pèse pas sur le destin des personnes renvoie chaque individu à ses propres insuffisances : s'il échoue, il ne peut en imputer la faute qu'à lui-même. C'est pourquoi l'échec scolaire est plus mal vécu dans une société où l'accès au diplôme est, au moins en apparence, démocratisé. Quand l'accès à l'école était réservé aux classes supérieures, ceux qui échouaient pouvaient toujours se dire que cet échec était d'abord une injustice faite à leur groupe social.
Mobilité sociale ne veut pas dire égalité des positions sociale: dans nos sociétés démocratiques, on a tendance à confondre les deux –Or ce sont en fait deux formes d'égalité, égalité des chances et égalité des positions. Au-delà , il y a un débat fondamental de philosophie politique : la mobilité sociale permet-elle de justifier les inégalités ?
Une société plus mobile n'est pas forcément plus égalitaire : Comme on l'a vu plus haut, la mobilité sociale désigne les déplacements d'individus entre des positions sociales hiérarchisées, donc inégales. Un accroissement de la mobilité sociale ne signifie pas que ces inégalités se réduisent. Inversement, une société peut être très égalitaire mais n'avoir aucune mobilité sociale : les individus restent fixés dans des positions sociales très voisines.
La mobilité sociale peut-elle justifier l'inégalité ? C'est une question très controversée. Les penseurs les plus libéraux soutiennent généralement que, dès lors que les positions sociales sont également accessibles pour tous, peu importe qu'elles soient inégales. Les meilleures places seront occupées par les plus méritants, et l'inégalité ne fait que récompenser les efforts. Inversement, d'autres soutiennent qu'il importe peu que les positions sociales soient ouvertes si elles restent inégales. On peut même dénoncer dans la mobilité sociale un moyen de faire oublier l'inégalité : les individus se démèneront pour atteindre les meilleures places plutôt que de lutter collectivement contre les inégalités.
Conclusion :Depuis les travaux pionniers de Pitirim Sorokin en 1927, puis de Lipsett et Bendix en 1959, les enquêtes de mobilité vont décevoir les espoirs. Les études sur la France sont très nombreuses depuis les années 1960. Elles concluent à une mobilité individuelle ou nette faible et stable : autrement dit, si la mobilité structurelle (induite par l’évolution du pourcentage de chaque PCS, c.à.d. des marges des tables de mobilité) était nulle, la plupart des fils reproduiraient la position de leur père. Sous la question de la mobilité sociale, il y a donc des enjeux : comment les individus vont-ils accéder aux positions socialement valorisées ? Est-ce sur la base des mérites personnels ? Est-ce en fonction de l'origine sociale ? Ces deux pôles sont possibles. La réalité conjugue les deux. L'origine sociale pèse encore largement mais des choix, des stratégies individuelles sont toujours possibles. Ainsi les inégalités qui différencient et hiérarchisent les groupes sociaux entre eux sont pour une part " héritables ". La question qui se pose est alors une question de légitimité : est-il juste qu'il en soit ainsi ? C'est à chaque société de le dire en fonction des valeurs qui la sous-tendent.