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Plan de l’intervention. Généralités sur le transfert : Définitions Le transfert dans la cure et hors la cure Le transfert chez Freud Le cas Anna O et la découverte de Breuer Les « mésaventures » de Breuer et d’Anna O La pensée évolutive de Freud sur le transfert Le transfert chez Lacan
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Plan de l’intervention • Généralités sur le transfert : Définitions Le transfert dans la cure et hors la cure • Le transfert chez Freud • Le cas Anna O et la découverte de Breuer • Les « mésaventures » de Breuer et d’Anna O • La pensée évolutive de Freud sur le transfert • Le transfert chez Lacan • Le parlêtre et la perte de l’objet a : la constitution du sujet • Le transfert de l’analyste seul • L’analysant au travail
1. Historique du mot transfert • L’origine indo-européenne – Offrir à l’autre • Le terme transfert vient de "transferre" signifiant porter au-delà, ayant comme synonymes translation, transport. • Ce terme a été créé par James Sully (1) pour désigner l'acte par lequel un sentiment éprouvé pour un objet est étendu à un objet différent. Ce transfert se fait normalement par association de contiguïté (spatiale, temporelle, causale), dans un registre métonymique ou de ressemblance, en tant que métaphore. (1) Psychologue anglais (1842 – 1923)
Théodule Ribot (2) écrit dans sa Psychologie des sentiments : « L'amant transfère les sentiments suscités par la femme qu’il aime aux vêtements qu’elle porte, aux objets qui lui appartiennent. » Dans un autre sens, le sentiment de haine peut aussi se déverser sur les objets inanimés appartenant à une personne ennemie. (2) Philosophe et psychologue (1839 – 1916)
L’origine allemande du mot "transfert" • Le terme original est "übertragung" de "über" (au dessus de, par l'intermédiaire de, par delà, etc) et de "tragung" (le fait de porter); il s'agit de "sur-porter", de "porter par l'intermédiaire" (ce que signifie exactement aussi le mot "transfert" en français ou "transference" en anglais. • Le mot entier "übertragung" se traduit par "transmission", "transfusion", "cession" et, bien sûr, "transfert"...
2. Freud et la méthode psychanalytique • Dans l’œuvre de Freud, nous constatons un retard entre l'observation des faits et leur explication par la notion de transfert qui, comme la plupart des concepts freudiens évoluera à mesure que progressera sa pensée et se développera son expérience. • C’est à partir du « cas » de Anna O. que Freud va commencer à reconnaître les incidences du transfert dans la clinique.
Bertha Pappenheim, née à Vienne le 27 février 1856 et morte à Neu-Isenburg le 28 mai1936, est considérée comme la fondatrice du travail social en Allemagne. Connue aussi comme militante féministe, elle fonda la Ligue des femmes juives et lutta activement contre la prostitution. Souffrant de divers maux jusqu'en 1888, Bertha Pappenheim connut plusieurs séjours en milieu hospitalier et fut également, entre 1880 et 1882, la patiente de Joseph Breuer. Ce dernier expérimenta sur elle ce qui prit plus tard le nom de “méthode cathartique”, inspirée des enseignements de Jean-Martin Charcot. Son cas éveilla l'intérêt de Sigmund Freud, qui élabora la cure psychanalytique à partir de la méthode de Breuer
Le tableau clinique d’Anna O. (pseudonyme formé à partir de la lettre précédant ses initiales: BP/AO) défiait les méthodes classiques de la médecine de l’époque: • Elle manifestait des paralysies, des contractures et anesthésie des membres, une difficulté à tenir la tête droite, ainsi que de graves troubles de la vision et du langage, se trouvant en outre régulièrement dans l’incapacité de boire et de manger, une toux intense, un dégoût pour la nourriture…
Par ailleurs, à un certain moment la patiente a développé un symptôme assez particulier : elle a « oublié » la langue maternelle (l'allemand), ne pouvant s'exprimer qu’en anglais). Elle présentait aussi des « absences », de la confusion, des délires, et une altération de la personnalité. L’absence d’une cause neurologique visible rendait difficile de rattacher ce tableau à une maladie, amenant Breuer à poser le diagnostic de hystérie.
Joseph Breuer (1842-1925)Médecin physiologiste viennoisami de Freud
Breuer s’est rapidement rendu compte de l’aspect scindé de la patiente: un certain calme et une hyper excitation. • Il prit l’habitude de rendre visite régulièrement à sa malade. Il gagna rapidement sa confiance, elle lui parlait beaucoup, ce qui la soulageait. • Ensuite, un jour Anna O. a commencé à raconter dans les moindres détails l’histoire et la première apparition de l’un de ses symptômes. • Le résultat: disparition totale du symptôme en question.
"talking cure" ("cure par la parole") "chimney sweeping " ("ramonage de cheminée")
Cette association entre l’hypnose et l’écoute de la parole de la patiente, Breuer l’a intitulé la « méthode cathartique », cherchant à provoquer une catharsis (abréaction), décharge d’affects refoulés dont il faisait l’hypothèse qu’ils soutenaient l’état de paralysie
La suite… • Breuer pris dans le « contre-transfert » • Les incidences pour sa vie familiale • Les incidences pour la patiente
Freud avait déjà remarqué le mouvement de transfert intrapsychique : pour qu’une idée inconsciente puisse accéder au préconscient et conscient, elle doit trouver une « représentation anodine » existante déjà dans ces « lieux » pour pouvoir y passer, transvaser, le contenu « interdit » de circulation
Le transfert pour Freud à cette époque est minoré dans son importance : • des « transports d’affections » des « fâcheux incidents caractéristiques de certains types d’hystérie »
Freud pense alors qu’il peut exister une relation avec ses malades en toute confiance, une « alliance thérapeutique » entre deux personnes qui parlent ouvertement • Il explicite les difficultés de ses patientes et elles doivent collaborer : pas de différence entre personne et sujet
Découvertes à partir de l’ expérience d’Anna O: - Cherchant un sens pour le problème de la patiente, Freud pensait que son symptôme avait surgit à la place de la pensée refoulée, pensée liée à l’idée de vivre ses propres désirs au lieu de faire la garde malade
Découvertes à partir de cette expérience: - La puissance du transfert • L’étiologie sexuelle des névroses (Breuer se détache de Freud) • La résistance (Freud quitte la méthode « cathartique » (parole + hypnose) pour la méthode de l’association libre)
Tout part d’un constat: Il y a autre chose qui se joue avec les patientes de Freud, quelque chose de particulier à la « situation fausse » du cadre clinique, qui rendait possible qu’une certaine réaction adressée « à une autre personne » puisse se manifester.
la découverte du complexe d'Oedipe, de son universalité va conduire à une extension et une plus grande spécificité de la notion de transfert. L’expérience analytique va fournir des preuves de l’importance fondamentale de la personne "antérieurement connue", aimée, crainte (les parents) qui fournira des imagos recherchés par la suite dans la galerie des personnages de la vie du sujet.
"Que sont les transferts ? Ce sont des ré-impressions, des copies des émotions et des fantasmes qui doivent être éveillés et rendus conscients à mesure des progrès de l'analyse; ce qui est caractéristique de leur espèce, c'est la substitution de la personne du médecin à une personne antérieurement connue" (Freud, 1905)
Freud écrit : • Rien n’est plus difficile en analyse que de vaincre les résistances, mais n’oublions pas que ce sont justement ces phénomènes là qui nous rendent le service le plus précieux en nous permettant de mettre en lumière les émois amoureux secrets et oubliés des patients et en conférant à ces émois, un caractère d’actualité, car, il faut se rappeler que nul ne peut être tué in abstentia ou in effigie
Transfert positif • Il se compose de sentiments amicaux, tendres et conscients. • Mais aussi d’autres dont les prolongements se trouvent dans l’inconscient et qui se révèlent avoir un fondement érotique
Transfert négatif • A l’opposé, le transfert négatif concerne l’agressivité , la méfiance à l’égard de l’analyste; • Le transfert négatif tout comme le transfert positif inconscient, à charge érotique, • ce que Freud appelle la résistance du sujet à sa guérison
Le transfert sert les résistances mais ne peut être évité et il serait bien peu sérieux d'en nier l'existence et d'en négliger la compréhension. • Le(La) patient(e) préfère s'avouer amoureux(se) de son analyste plutôt que de laisser venir au jour son fantasme inconscient. Mais cette résistance - comme les autres - suffit mal à sa tâche et fait connaitre ce qu'elle voudrait cacher; le transfert constitue une façon privilégiée de saisir "à chaud", à l'état naissant, les éléments du conflit infantile
N’insistez pas! Mon transfert avec vous est négatif !!
Pour le maitre viennois, la névrose de transfert est une condition nécessaire de la cure radicale de la névrose. • Elle n'est pourtant pas suffisante, au point que, "le médecin s'efforce de limiter le plus possible le domaine de cette névrose de transfert, de pousser le plus de contenu possible dans la voie de la remémoration et d'en abandonner le moins possible à la répétition. • En règle générale le médecin ne peut épargner à l'analysé cette phase de la cure. Il est forcé de lui laisser revivre un certain fragment de sa vie oubliée mais il doit veiller à ce que le malade garde une certaine capacité de surplomber la situation qui lui permette malgré tout de reconnaitre dans ce qui apparait comme réalité le reflet renouvelé d'un passé oublié".(Freud, 1920)
La remémoration doit prendre le pas sur la simple répétition. • De ce fait, Freud accorde moins de valeur à l'abréaction, à la catharsis, au "revécu" des expériences infantiles qu'au souvenir récupéré ou même à la "construction" d'une lacune de la mémoire afin de faire tenir ensemble de façon cohérente les pièces du puzzle (Freud, 1895) exhibées par la technique de l'association libre
La compulsion de répétition • La compulsion de répétition est d'autant plus efficace, d'autant plus comparable à une machine à photocopier, que le matériel sensible devient proche... • La reproduction dans le transfert "survient avec une fidélité non désirée. Elle a toujours pour contenu un fragment de la vie sexuelle infantile, donc du complexe d'Oedipe et de ses ramifications..." (Freud, 1920) Cette répétition concerne des structures émotionnelles, des schémas relationnels. Il s'agit d'une stricte reproduction symbolique: en tant que telle, lui sont ouverts les canaux de la métaphore et de la métonymie, les transformations qui pour être parfois bizarres n'en obéissent pas moins à une logique que l'analyse ne laisse pas échapper.
Mon amour, mon chéri, mon petit fiancé, ma pupuce, mon ptit câlin…
La compulsion de répétition • C’est parce que le transfert est le lieu et l’occasion de la reproduction de ces tendances, de ces fantasmes, que Freud déclare que le transfert n’est qu’un fragment de répétition. • Plus la résistance à se souvenir est grande, plus la compulsion de répétition va s’imposer : à savoir, la mise en actes
Le contre transfert • Somme des affects suscités dans la personne de l’analyste par son patient. • Dans le courant freudien, il convient que l’ analyste soit à même de bien le repérer afin de ne pas empêcher le bon déroulement de la cure.
Le transfert confère une éminente autorité à l'analyste dont les interventions peuvent prendre du poids. Ses interprétations, alors même qu'elles s'affrontent à d'importantes résistances, peuvent ainsi faire leur oeuvre et se voir acceptées par l'analysant. • Ceci n'est d'ailleurs pas sans danger théorique : des interprétations hasardeuses peuvent ainsi être avalisées, non seulement par une approbation d'élève soumis, mais également selon tous les critères de confirmation qu'en attend l'analyste. • En effet dans la longue confrontation des deux protagonistes, l'analysant apprend les bonnes manières, celles qui satisfont, plus ou moins visiblement son analyste.
La fin de la cure • Elle intervient dans le courant freudien avec la résolution du transfert. • A force de faire jouer à son analyste des « rôles » au fil de sa parole libre et du récit de ses rêves, le patient finit par retrouver une certaine « unité » de lui- même. • Son passé ne le perturbe plus, consciemment comme inconsciemment
3.La position de Lacan • « j’ai indiqué qu’il fallait voir dans l’inconscient les effets de la parole sur le sujet- pour autant que ces effets sont si radicalement primaires qu’ils sont proprement ce qui détermine le statut du sujet comme sujet » ( les 4 concepts de la psychanalyse p142)
Définition du transfert en psychanalyse • Lien s’instaurant de façon automatique et actuelle du patient à l’analyste, réactualisant les signifiants qui ont supporté ses demandes d’amour dans l’enfance, et témoignant de ce que l’organisation subjective du sujet est commandée par un objet appelé par J.Lacan, objet a (dictionnaire de psychanalyse Larousse)
En dehors du cadre de l’analyse, le phénomène de transfert est constant, omniprésent dans les relations, que ce soient des relations professionnelles, hiérarchiques, amoureuses… • Dans ce cas, la différence avec ce qui ce passe en analyse consiste en ce que chacun des partenaires sont en proie à leur propre transfert, ce dont ils n’ont pas le plus souvent conscience
« l’inconscient est la somme des effets de la parole sur un sujet, à ce niveau où le sujet se constitue des effets du signifiant » • L’adulte est bel et bien un « sujet divisé » car il est en même temps sujet de ce qu’il énonce ( sujet de l’énoncé ) et sujet de l’inconscient ( sujet de l’énonciation) • On peut repérer les effets du langage et de son ambigüité dans la phrase suivante : « je crains qu’il ne vienne » Ce sujet a-t-il envie qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas ??
Quand l’infans ( celui qui ne parle pas encore, le « bébé »), commence à rentrer dans le langage, il va imiter le langage des parents ( accent, mots, expression) et s’en servir pour lui. • Le monde symbolique dans lequel il accepte de rentrer lui permet également de canaliser ses pulsions (orale, anale,invocante, scopique, sexuelle) : il peut « s’exprimer avec les autres »
Que veut-on de moi ? Qu’est-ce qui m’attend ?
Mais l’inscription dans le langage a un prix, celui de la perte irrémédiable de la position du « bébé », tout puissant, ne pensant faire qu’un avec la mère qui, elle-même, est toute puissante pour lui car elle lui obéit au moindre de ses cris ou mimiques. • Lacan nomme cette perte obligatoire : la perte de l’objet a, lequel prend différentes formes. • Cet objet a, l’adulte n’aura de cesse d’essayer de le retrouver, ce qui sera à l’origine de son désir.
J’me suis fais tout seul, comme un grand ! D’ailleurs c’est ce que dit mon papa et ma maman, « Hubert, tu es le plus intelligent de tous les garçons ! » J’me suis fais tout seul, comme un grand. D’ailleurs c’est ce que disent mon père et ma mère ! Tu es le plus intelligent de tous les enfants
Pour Lacan, c’est donc bien le manque qui est cause du désir, ce manque définitif causé par l’entrée dans le langage du « bébé ». • Le transfert dans la cure chez Lacan prend alors une autre figure que chez Freud.
En résumé : • Lacan a montré que le transfert est un phénomène absolument général du lien interhumain et comme tel ne saurait être localisé à la cure analytique. • Le transfert, tout comme le lien interhumain en général, met en jeu les mécanismes d'identification, de projection, d'introjection. • Le transfert renvoie à travers le langage qui les constitue, à une relation intrasubjective et à la dialectique fondamentale du désir dont la cause est l'objet "a" (Martin, 1963).
Le patient se rend chez l’analyste parce que ce dernier est un « sujet supposé savoir » pour lui. • L’analyste est obligatoirement en position de lui fournir des explications sur sa souffrance, son symptôme, son mal-être. Il est « supposé » connaître son « être profond ». • Mais Lacan immédiatement déclare que l’analyste à priori ne sait rien de la vie psychique du patient qui s’adresse à lui
Peurs enfantines refoulées… ou fantasme d’être poursuivi et dévoré par le « grand loup » ?
Les phénomènes de « transfert-contre transfert » ne sont alors que les manifestations de l’angoisse ou des impasses de l’analyste devant les propos délivrés par le patient quand il est en « association libre » sur le divan. • C’est bien Breuer qui est troublé par Anna O et qui désire avoir un enfant de plus. Alors l’hystérique lui obéit et lui montre tous les symptômes de la femme enceinte.
Le silence de l’analyste • "Demander, le sujet n'a jamais fait que ça, il n'a pu vivre que ça et nous prenons la suite.... La régression ne montre rien d'autre que le retour au présent de signifiants usités dans des demandes pour lesquelles il y a prescription" (Lacan, 1961).. demandes auxquelles nous aurions tort de vouloir donner la réponse qu'elles suggèrent ...
Dans la cure lacanienne, le silence de l’analyste n’est là que pour permettre au patient d’être à l’œuvre, à son travail : il est à proprement dire, un analysant de sa propre vie psychique. • La fin de la cure n’intervient que lorsque l’analysant aura accepté la perte définitive de « l’objet a », à savoir la castration dans le sens lacanien du terme.