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Roman inédit de Léo Beaulieu. 20. Chapitre 18 Deuxième Partie. – Je suis au pied de ton lit, Hélène ! Nous éprouvons une panne de courant ! C’est noir partout dans le manoir !
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Roman inédit de Léo Beaulieu 20 Chapitre 18 Deuxième Partie
– Je suis au pied de ton lit, Hélène ! Nous éprouvons une panne de courant ! C’est noir partout dans le manoir ! – Pauvre petite !…, Viens ! Viens près de moi… Tu as peur ? ignorant totalement que cette dernière fait partie de ce plan maléfique et qu’elle connaît tout au sujet de cette panne… - Je quitte le manoir, Hélène ! Je veux que tu me remettes mon livret de banque, car j’en aurai besoin. N’en croyant pas ses oreilles, la voix tremblotante : – Tu pars ? Vraiment ? Mais, où vas-tu donc, ma pauvre enfant ? – Oui ! Je pars ! Je profite justement de la cohue pour m’échapper de l’emprise de ce monstre qui a gâché ta vie ! Pas question qu’il ruine la mienne ! Vite, Hélène… trouve-le ! Je sais que Goldberg te l’a confié !
Aussi surprise qu’émotive, la bonne argumente un peu avec sa protégée, tentant une ultime fois de la dissuader. Elle ne veut pas être responsable de sa fuite et encore moins avoir été complice en le lui remettant. Dans cette obscurité, elles ne distinguent presque rien ! Hélène, confuse… troublée par le vacarme produit par le déplacement affolé des personnes qui courent dans le passage, cède et finalement abandonne la discussion. Elle réussit à trouver une chandelle d’appoint qu’elle allume presque en tremblant afin de fouiller dans son sac à main. Comme pour pallier aux problèmes qui pourraient survenir après son départ, Édith a la brillante idée de causer un désordre sans nom dans la chambre de la bonne pour faire croire à un vol. Énergiquement, elle ouvre quelques tiroirs et les vide de leur contenu, éparpillant sur le plancher, vêtements, cosmétiques, documents, enfin tout ce qui lui tombe sous la main. Éventuellement, à force d’arguments, elle réussit à convaincre Hélène de lui rendre son dû !
– Mais pourquoi t’acharnes-tu à mettre ma chambre sans dessus dessous…Qu’est-ce qui te prend ? Je ne comprends pas, Édith ! Je ne te reconnais plus ! Arrête Édith ! – Non ! Non ! J’ai fait exprès pour éparpiller tes effets dans l’intention de t’éviter la tâche difficile de répondre aux questions de la disparition de mon carnet de banque. Ainsi, ils croiront que c’est un vol perpétré lors de la panne. De cette manière-là, tu n’as rien à craindre ! On ne te soupçonnera même pas. Ça va juste t’arranger, crois-moi, Hélène ! La bonne ne sait que répondre à cette insinuation. Elle est estomaquée ; les choses se passent beaucoup trop vite pour elle dans une pareille circonstance…
La chandelle ne produit qu’une faible lueur, mais quand même suffisante pour trouver le livret. Exaspérée par cette exigence inattendue, la pauvre bonne n’en peut plus ! Elle se sent totalement dépassée par tous ces événements subits, et, mitraillée de questions d’Édith, décidément, elle abdique sous la pression. Tenant le fameux livret de banque, elle le rend… un peu à l’aveuglette… vers l’endroit où elle croit être sa protégée. Sentant que l’objet de convoitise est retiré de sa main, elle éclate alors en larmes… puis, dans un moment de faiblesse, elle s’affaisse lourdement au pied de son lit… Oh ! Malheur ! Dans sa chute, inconsciemment, Hélène lâche prise de la chandelle qui roule au sol, embrasant le rebord brodé de la couverture du lit qui s’enflamme instantanément. Édith se lance vers la bonne, la soulève rapidement… et les deux se précipitent hors de la chambre au pas de course !
Hélène tombe de nouveau et se blesse à une cheville ! Éprouvant de la difficulté à suivre Édith, suffoquée par la fumée qui se dégage de sa chambre et qui envahit le couloir, elle lance à la petite, plus jeune et alerte : – Sauve-toi vite, Édith… moi, je ne peux plus te suivre…, je m’arrangerai…, je connais bien les pièces de ce manoir ! – Voyons, Hélène, je ne peux pas te laisser ! Tu peux à peine marcher ! Elle lui tend la main… Hélène s’accroche tout de même au bras d’Édith et se relève ! Les deux se faufilent le long du couloir, tentant de se rendre jusqu’à la sortie. Mais, l’effort est trop pénible pour la bonne qui, exténuée, abandonne. Édith, très incommodée par la fumée toxique, la cherche en vain. Cependant, violemment bousculée par ceux et celles qui tentent de fuir, elle est entraînée comme une pièce de bois dans cette rivière humaine… et n’y parvient pas. Hélène succombera peu de temps après...
Sam, le gardien de sécurité attitré à la surveillance de la petite, demeure à son poste dans la grande salle, tentant de calmer les gens en les dirigeant vers l’extérieur. Il a déjà sonné l’alerte qui communique avec le poste de police le plus près. Toutefois, un tel scénario n’avait pas été prévu par les concepteurs du système d’alarme ; ce signal a besoin d’électricité pour s’acheminer au poste des sapeurs ! Par chance, les invités, les traiteurs et les jeunes hôtesses réussissent à s’en tirer, se réfugiant dans le jardin extérieur. Les flammes envahissent la chambre d’Hélène et en lèchent déjà les fenêtres. Jason, qui attend Édith comme prévu près de la grille du manoir, voit tout ! S’emparant d’une pierre, il brise la vitre de l’alarme mécanique installée dans une de ces boîtes rouges fixées à un poteau au bord de la rue et tire la manette. Les sapeurs arrivent rapidement sur les lieux et réussissent à contenir les flammes dans la chambre de la gouvernante réduisant ainsi substantiellement les dégâts au manoir…
– Dommage… ! J’aurais bien aimé qu’il soit complètement rasé, ce maudit manoir… pense Jason, presque à haute voix. – Je prie surtout pour que personne n’ait péri. Soudainement, la silhouette d’Édith apparaît. Épuisée, elle se blottit dans les bras de Jason ! Seule, Hélène n’a pas survécu à ce sinistre… Asphyxiée par la fumée dense, elle y trouva la mort. Son dernier geste aura été noble… puisqu’elle accepta malgré tout d’aider Édith dans sa fuite. Fin du Chapitre 18 - À suivre…
20 Tous droits réservés - 2006 Photos : Pierrette Beaulieu Pièce musicale : Pays d’en Haut de Michel Cusson