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3-3-4 La peinture de la première Renaissance en Italie. La première renaissance au nord de l’Italie: Mantegna, Bellini, le paysage et le néoplatonisme Botticelli.
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3-3-4 La peinture de la première Renaissance en Italie La première renaissance au nord de l’Italie: Mantegna, Bellini, le paysage et le néoplatonisme Botticelli
Si en architecture la renaissance est marquée par un retour à l’antiquité classique , la renaissance en peinture est avant tout un retour à la nature, à l’observation directe de la nature. Cette observation directe va permettre la découverte des lois de la perspective linéaire, qui va par la suite permettre aux peintres de représenter le monde qui nous entoure tel qu’il se présente à notre regard. La Sainte Trinité, Masaccio, 1425, Santa Maria Nouvelle à Florence
Masaccio (1401-1428) • C’est un peintre nommé Masaccio, qui va, à lui seul, et à l’âge de 21 ans, lancer le nouveau style. • La Sainte Trinité, que Masaccio peint en 1425 dans l’église Santa Maria Nouvelle à Florence, est la première œuvre monumentale qui obéit aux règles de la perspective mathématique énoncées par Brunelleschi. La Sainte Trinité, Masaccio, 1425, Santa Maria Nouvelle à Florence
La renaissance en peinture arrive après la renaissance en sculpture et en architecture, ainsi nous retrouvons le volume du corps sous le drapé, réaffirmé par Donatello en sculpture, qui renforce le sentiment de la « réalité » de la Trinité de Masaccio. Les figures sont vigoureuses et sculpturales.L’architecture représentée est une architecture réelle, nous retrouvons sur les peintures de cette période la représentation de l’architecture de la renaissance.
Masaccio, 1427, Fresques de la Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence: le plus important ensemble conservé
Dans la fresque de tribut de Saint Pierre, nous retrouvons la perspective linéaire (les lignes de fuites convergent derrière la tête du Christ), mais pour rendre l’illusion de la réalité, Masaccio utilise aussi la lumière (qui arrive de droite) et la perspective de l’atmosphère (changement du ton du paysage).
La lumière arrive de droite dans la fresque, comme la lumière naturelle qui provient réellement de la fenêtre de la chapelle. L’espace de la fresque prolonge ainsi l’espace réel. L’architecture représentée est aussi une architecture réelle, où l’homme peut s’imaginer rentrer, et non un décor comme dans l’architecture en trompe l’œil des fresques de Pompéi…
Les figures de Masaccio sont stables, nous retrouvons le contrapposto et le volume du corps sous la draperie. Masaccio sait aussi bien rendre les corps nus en plein mouvement.Ces corps ici ont une ombre indiquant une source de lumière naturelle, et non plus divine... Elle arrive dans la fresque du même côté que celle venant de la fenêtre de la chapelle… Adam et Ève chassés du paradis, Masaccio, 1427, Fresques de la Chapelle Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence
Masaccio est mort jeune. Ses contemporains vont peu à peu adopter le nouveau style, mais avec moins de force , clarté, consistance… Dans l’Annonciation de Fra Angelico (1440-1450), l’espace est en perspective mais les figures sont minces, décharnées, gothiques. Fra Filippo Lippi peint sa Vierge (vers 1440) aux détails réalistes mais perspective en somme irrationnelle…
Domenico Veneziano va introduire un nouveau type de tableau d’autel appelé la Sainte conversation,La sacra conversazione. Ses couleurs sont très spécifiques: rose, vert clair, jaunes, évoquant la lumière pâle du petit matin. Vierge à l’enfant, (vers 1445, bois)
Piero dellaFrancesca (1412/20- 1492) La mort prématurée de Masaccio va laisser un vide. Pour retrouver un autre maître de l’envergure, il faudra attendre la seconde génération des artistes de la première renaissance, un élève de Domenico Veneziano, connu dans son temps aussi comme géomètre et mathématicien… La découverte de la vraie croix (1452-59), fresque, Saint François, Arezzo
Dans son œuvre nous voyons une recherche rigoureuse de la perspective (Brunelleschi, Alberti), mais aussi la monumentalité des personnages (Masaccio), et l'utilisation de la lumière pâle et des couleurs expressives de son maître Domenico Veneziano. Piero della Francesca, La découverte de la vraie croix (1452-59), fresque
Aussi connu dans son temps comme mathématicien, Piero della Francesca arrive à l’impression de solennité, cet aspect intemporel de ses personnages en les traitant en corps géométriques (sphères, cylindres, cônes) sur lesquels il applique strictement les règles de la perspective mathématique… Piero della Francesca, Résurrection, fresque, 1463
Portraits de Federico da Montefeltro et son épouse Battista Sforza, 1465/66
Andréa del Castagno Cette fresque prolonge l’espace réel du réfectoire de Ste Apollonia à Florence, par la représentation du dernier repas du Christ, La Cène. La Cène, vers 1445/50, fresque, Ste Apollonia, Florence
Padoue: Mantegna (1431-1506): Le Christ mort Raccourci (de plus court):procédé, correspondant aux lois d’optique, qu’utilisent les peintres et les sculpteurs pour représenter les corps et objets en perspective (skraćenje). C’est Mantegna qui va présenter les cas extrêmes de cette perspective linéaire maintenant acquise par les peintres: son Christ mort, raccourci, est insoutenable, dans la réalité de son corps sujet aux imperfections de notre œil charnel…
Son Saint Jacques conduit au supplice, présente un point de vue inhabituel, la scène est vue d’en bas. Mantegna, Saint Jacques conduit au supplice, 1455, fresque détruite pendant la Seconde guerre mondiale
Dans son Saint Sébastien, nous retrouvons tout le programme de la peinture de la première Renaissance: la colonne à laquelle le saint est attaché est antique, le dallage est rendu en perspective et le corps du saint chrétien est vigoureux, sculptural, un corps d’athlète. Au fond, un paysage paisible, presque lyrique contraste avec le drame du Saint Sébastien martyre. C’est que Mantegna travaille à Padoue, près de Venise… Mantegna, Saint Sébastien, vers 1455/60
Venise et le paysage lyrique: Giovanni Bellini (1431-1516) Ces paysages lyriques ont été tout particulièrement repris par les peintres vénitiens, et deviennent la caractéristiques de la Renaissance à Venise. Le saint, tout petit dans le paysage, pieds nus et en extase mystique devant les beautés de ce monde, nous invite à les admirer. Giovanni Bellini, Saint François en extase, 1485
Nous retrouvons cette beauté du monde offerte à notre admiration dans cette Vierge en Majesté entourée de Saints, de 20 ans postérieure. La Vierge est placée dans l’abside d’une église, nous la voyons à partir de la nef, mais les bras du transept sont des baies ouvertes, par lesquelles nous entrevoyons un paysage, remplaçant ici le fond doré des icônes médiévales. Une lumière naturelle baigne la scène, lui donnant une atmosphère calme et méditative. Giovanni Bellini, Vierge en Majesté entourée de saints, 1505, retable, Santa Zaccaria, Venise
Le Néoplatonisme: le sensible symbole de l’intelligible, la beauté des choses provenant de la splendeur divine, le Beau est le Bien… • La renaissance a commencé avec un retour aux textes latin et grecs, repris, relus, traduits.Ainsi sont aussi traduites et commentées les œuvres complètes de Platon et de Plotin, qui exerceront un impact considérable sur l'art de la Renaissance. • Se basant sur le mysticisme de Platon, le néoplatonisme considère que la vie de l’univers en général, et de l’homme en particulier, est lié à Dieu, de sorte que toutes les révélations de l’esprit humain, et non seulement la Bible et les écrits chrétiens, ont une valeur d’enseignement. Ainsi le néoplatonisme fonde le dogme chrétien dans la pensée platonicienne, et abolit les limites entre le sacré et le profane. • Cette conception de l'Univers où le sensible (=qui peut être senti)symbolise l'intelligible (= qui peut être compris),et la beauté des choses provient de la splendeur divine est particulièrement propice à inspirer les peintres, comme l'idée platonicienne selon laquelle le Beau est identique à l'Idée suprême, l’Idée qui est aussi le Bien dans d'autres dialogues…
Nous avons vu que des thèmes classiques étaient parfois employés dans l’art du Moyen Age, mais les mythes classiques étaientréinterprétés comme allégories chrétienne.Les artistes ne pouvaient s’inspirer du répertoire classique de poses, gestes, expressions qu’en changeant l’identité de leur sujet: ainsi Bacchus devenait Jésus, les philosophes les apôtres, Hercule Samson…. Nous avons parlé du décalage entre le fond et la forme classique.
Avec la pensée néoplatonicienne il est à nouveau possible de peindre les épisodes de la mythologie gréco-romaine, comme ici Botticelli, peignant La Naissance de Vénus, vers 1480.
Le Néoplatonisme et Botticelli (1444-1510) Les néoplatoniciens parlent de la « Venus céleste » pour parler de Vierge Marie comme source de l’amour divin. Cette Venus céleste reste dans le domaine spirituel, alors que sa sœur jumelle, la Venus ordinaire, engendre l’amour humain. Détail, Venus, Botticelli, La Naissance de Vénus, vers 1480
C’est aussi Eve d’avant le péché, l’amour divin réapparaissant sur Terre, la nouvelle église chrétienne qu’une fois sur terre, et habillée, elle va symboliser, et finalement cette renaissance dont l’époque revendique le nom… Botticelli, La Naissance de Vénus, vers 1480
Pour en savoir plus sur l’interprétation de la Naissance de Vénus, explorer le site d’UQAM: http://revueexsituuqam.wordpress.com/2010/12/17/la-naissance-de-venus-de-sandro-botticelli-la-representation-dun-mythe/
La fin du quattrocento florentin, la première renaissance florentine… • Cette période est marquée par des événements politiques qui influenceront beaucoup les arts: la chute des Médicis et l’arrivée au pouvoir du moine dominicain Savonarole (exécuté en 1498), connu pour ses sermons fanatiques et apocalyptiques. • Après l’autodafé de Savonarole, Florence redevient une république, au sens des cités-État: avec l'influence des Cinq cents nobles et grands les plus importants dans la cité c’est plutôt une ploutocratie. • C'est à cette époque que Machiaveli écrit son œuvre majeure le Prince, pour instruire l'un des princes Médicis, qui mettront trente ans à reprendre grâce aux yeux des Florentins.
Rome et la reprise de pouvoir politique par la papauté • La papauté reprend sa puissance politique en Italie et devient un important centre de patronage artistique. • Le but: que les monuments de la Rome chrétienne surpassent la beauté de la Rome païenne. • Le projet le plus ambitieux de l’époque: la décoration de la chapelle Sixtine au Vatican à laquelle la plupart des grands artistes de l’époque vont participer. • Nous allons voir ici la fresque La remise des clefs de Pietro Perugino, qui au niveau du thème traite l’épisode fondatrice de la papauté, alors qu’au niveau formel elle présente un manifeste sur l’art de la première Renaissance.
Pietro Perugino, La remise des Clefs, 1485, fresque, Chapelle Sixtine, Le Vatican
Ainsi nous arrivons à la Haute Renaissance… • La Haute Renaissance fait référence à l’art de la Rome papale, de Florence et de la république de Venise de 1500 à 1530. • Avec la peinture de la Haute Renaissance, l’art occidental atteint son apogée. • Les maîtres de cette période sont notamment Léonard de Vinci (1452-1519), Michel-Ange (1475-1564) et Raphaël (1483-1520), alors que Bellini, Giorgione et Titian poursuivent la tradition de la peinture vénitienne...
Masaccio, Trinité, 1425, fresque, Sainte Marie Nouvelle, Florence
Domenico Veneziano, Vierge à l’enfant (vers 1445, bois) La sacra conversazione
Piero dellaFrancesca (1412/20- 1492) La découverte de la vraie croix, vers 1460, fresque, Saint François, Arezzo
PierrodellaFrancesca: Portraits de Federico da Montefeltro et son épouse Battista Sforza, 1465/66
Andréa del Castagno, La Cène, vers 1445/50, fresque, Ste Apollonia, Florence
Padoue: Mantegna, Le Christ mort, (1431-1506) Le raccourci
Mantegna, Saint Jacques conduit au supplice, 1455, Saint Sébastien, vers 1455/60
Venise et le paysage lyrique: Giovanni Bellini (1431-1516), Saint François en extase, 1485 Néoplatonisme: le visible symbole de l’intelligible
Le Néoplatonisme: la philosophie et la mythologie gréco-romaine +le christianismeLa Naissance de Vénus (vers 1480) de Sandro Botticelli (1444/5-1510)
Rome: que la Rome chrétienne égale la Rome païenne: Chapelle Sixtine, Le Vatican: Pietro Perugino, La remise des Clefs, 1485