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Sociologie de la jeunesse. 24 septembre – 1 octobre 2013, Hakan YÜCEL. Construction de la jeunesse. Etre jeune n’a pas signifié en tout temps la même chose; il n’est même pas sur que cela ait toujours signifié quelque chose.
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Sociologie de la jeunesse 24 septembre – 1 octobre 2013, Hakan YÜCEL
Construction de la jeunesse • Etre jeune n’a pas signifié en tout temps la même chose; il n’est même pas sur que cela ait toujours signifié quelque chose. • La promotion de l’enfance, puis de l’adolescence est le fait de la bourgeoisie qui, à partir du XVIIIe siècle, modifie son attitude à l’égard de son descendance. • La baisse de la fécondité • Promotion sociale de la famille • Éducation extra-familiale – un cadre social à un nouvel âge de la vie: l’adolescence.
La promotion de l’enfance • La thèse de Philippe Ariès :découverte de l’enfance,puis de l’adolescence de la société bourgeoise naissante. • Au Moyen-âge dès l’age de sept ans les enfants auraient été pratiquement confondus avec les adultes.
Exceptions !!! • Les étudiants constituent bien au Moyen-âge un groupe social particulier, • Très minoritaires parmi l’ensemble des jeunes, mais dont les manifestations sont souvent spectaculaires. • Les communautés scolaires forment des groupes corporatifs, des communautés juvéniles qui vagabondent, qui s’initient à la vie sexuelle, qui profite de sa liberté.
Bourgeoisie – l’enfance,la jeunesse • L’IDÉOLOGIE bourgeoise : La découverte de l’enfance correspond à l’extension de l’économie marchande où chacun doit être libre d’aller où il veut et de vendre son travail au prix de ses capacités. Tandis que dans l’économie nobliaire et paysanne ces transmissions patrimoniales attachées à la terre et à la « maison » qui maintiennent l’enfant dans un état de dépendance totale à l’égard de l’économie familiale. • L’enfant devient un être à former, libre de lancer dans la vie pour réussir ou échouer selon ses capacités. • Si la place de chacun n’est plus donnée à l’avance, elle est, de toute évidence, à créer par l’éducation. • La destruction des distinctions sociales fondées sur la naissance et en proclamant le principe de l’égalité des tous, elles exaltent le désir d’ascension individuelle et, avec lui, la projection sur les enfants, par le biais e l’éducation, des projets de promotion sociale...
Trois Jeunesse au XIXe Siècle • La jeunesse bourgeoise : une nouvelle catégorie intermédiaire entre la famille et la société, entre l’enfance et l’age adulte : l’adolescence. Par l’éducation • 1842 : 1 / 42, 1876 : 1/21, en 1854 4600 bac sur 107.000 • Une culture générale que éducation professionnelle. • L’égalité à la naissance…. • Un mode de vie particulier : la chambre du jeune homme. • La bourgeoisie encourage le désir de réussite individuelle et elle veut contrôler la période qui y prépare. • Contre la méfiance des parents est tempérée par l’organisation quasi militaire de l’enseignement secondaire. L’Ecole normale de Sèvres a été crée en 1881. (l’enseignement secondaire)
Jeunesse ouvrière • Jeunesse ouvrière : la famille ouvrière est marqué par l’instabilité de l’emploi et de logement. En 1841 il y a 100.000 enfants de 8 à 16 ans 8h de travail. • En 1882 l’obligation scolaire de 7 à 13 ans. • Une entrée précoce dans le monde de travail.
Jeunesse traditionelle • Jeunesse traditionnelle : l’Eglise et l’Ecole empêche la classe d’age juvénile dans la société traditionnelle. L’école primaire ouvre des horizons pour les enfants. • L’Ecole en préparant à la vie adulte, a amené un changement irréversible dont l’influence ne peut être uniquement décrite en termes d’enfermement et de cassure d’une sociabilité juvénile à la fois spontanée et rituelle.
Jeunesse comme ressource • Le modele de jeunesse comme ressource suppose d’analyser des discours, des pratiques ou des dispositifs dans lesquels les jeunes prennent une part notable, a leurs yeux ou a ceux d’autres acteurs, dans la construction d’une place qui n’est plus donnée d’avance.
Jeunesse menace • Une autre paradigme: la “jeunesse menace” . Le modèle de la jeunesse comme menace repose sur l2idée que cet âge, déjà biologiquement troublé par les tourments de l’adolescence, ne peut être que socialement troublé par les affres (douleurs, tortures) de la crise socio-économique. Cependant, le paradigme de jeunesse menace/ paradigme de la jeunesse dangereuse, vise moins les problèmes qui se posent aux jeunes que ceux que les jeunes posent a la société. • Les thématiques de la “jeunesse menace” donnent l’occasion de focaliser la question juvénile sur le triple versant de l’affrontement, de la dangerosité, et de la stigmatisation. C’est a cette occasion qu’émergent ces mots clés bien connus, que ressassent sans lassitude apparente les gros titres médiatiques, comme “délinquance”, “incivilité”, “insécurité”, “violence”, etc. Apparait aussi, en l’espèce, un système causal implicite qui, dans une chaine de stigmatisations, mets en scène familles et territoires.
Jeunesse comme ressource • Dans le cadre de jeunesse comme ressource, la citoyenneté renvoie aux interactions des jeunes avec les modes d’institution de la vie démocratique. Dans le registre plus informel des sociabilités, la civilité désigne d’une part un art d’etre ensemble au quotidien et, d’autre part, un exercice de maitrise de soi, avec le support que forment certaines pratiques culturelles connues sous le terme générique de hip-hop, regroupement de pratiques graphiques, chorégraphiques et musicales. (p. 13) • Citoyenneté et civilité composent le socle de la participation, processus formant une orientation a part entière, bien que mineure, des politiques publiques de la jeunesse. (p:13)
Jeunesse comme ressource • Le paradigme de jeunesse comme ressource suppose des approches de recherches attentives a plusieurs points. D’abord au “terrain” urbain en tant qu’il peut être “qualifiant” au regard d’orientations pluridisciplinaires, la question du normatif sous le double aspect de l’invention normative et de la socialisation, puis réfléchir aux pratiques des jeunes, non comme des pratiques “indigènes” et/ou “sauvageonnes”, mais comme processus de socialisation secondaire et de rencontres potentielles avec les institutions. • Enfin il faut envisager la description et l’évaluation d’eexpérimentations sociales initiées souvent par des dispositifs ou des mesures liées a l’insertion (dans sons sens le plus large).
Les jeunes gens d’aujourd’hui • Qu’entendons-nous par la jeunesse? • Nous avons fait porter notre recherche sur des garçons de dix-huit à vingt ans. • C’est la sortie du lycée, dans lesgrands écoles, avant l’emprise d’une carrière… • La génération dont nous voulons esquisser une image est donc celle qui naquit vers 1890. • … Pour être franc il s’agit de la jeunesse d’élite. Nous n’avons pas voulu tracer le portrait du jeune homme moyen de 1912, mais esquisser les traits des meilleurs et d’écrire le type nouveau de la jeune élite intellectuelle. • http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5729391w/f4.image.r=.langFR (pour télécharger)
Les thèmes du livre “les jeunes gens d’aujourd’hui” • Le pessimisme des ainés • L’optimisme de nouveaux venus • C’est par la confiance en soi que d’abord elle nous frappe. Elle a exilé le doute.L’espritqui la guide est un esprit d’affirmation, de création. • La foi patriotique • Le réveil de l’instinct national
Suite.. Sport –nationalisme-jeunesse • L’influence du sport et des voyages • Le bénéfice moral du sport, j’entends de ces sports collectifs,comme lefootball, si répandu dans nos lycée, c’est qu’il développe l’esprit de solidarité… • D’autre part, les sports font naitre l’endurance, le sang-froid, ces vertus militaires, et maintiennent la jeunesse dans une atmosphère belliqueuse • . Photo: Vahram Papazian, Vèmes Jeux Olympiques, Stockholm 1912
Suite… Contacts avec les autres • L’habitude des voyages, enfin, loin d’affaiblir l’idée de patrie, l’a transformée et précisée. Ceux qui voyagent sentent le mieux l’opposition des étrangers à eux-mêmes: ils prennent conscience de leurs différence:”Chaque foisque je me suis trouvé à l’étranger, nous déclarait un jeune étudiant de lettres, j’ai éprouvé en moi la vérité et la force du sentiment patriotique.”. • La facilité des communications a servi au réveil des nationalités: le sentiment national est devenu moins territorial, il s’est transformé en sentiment de race,de culture. De réalités physiques, naturelles, les frontières sont devenues,aux yeux de notre jeunesse,une réalité morale.
La jeunesse n’est qu’un mot • Le réflexe professionnel du sociologue est de rappeler que les divisions entre les âges sont arbitraires. on ne sait pas à quel âge commence la vieillesse, comme on ne sait pas où commence la richesse. En fait, la frontière entre jeunesse et vieillesse est dans toutes les sociétés un enjeu de lutte. Par exemple, j'ai lu il y a quelques années un article sur les rapports entre les jeunes et les notables, à Florence, au XVIème siècle, qui montrait que les vieux proposaient à la jeunesse une idéologie de la virilité, de la virtú, et de la violence, ce qui était une façon de se réserver la sagesse, c'est-à-dire le pouvoir.
Stéréotypes sur la jeunesse • les stéréotypes sur la jeunesse, ou encore dans la philosophie, de Platon à Alain, qui assignait à chaque âge sa passion spécifique, à l'adolescence l'amour, à l'âge mûr l'ambition. La représentation idéologique de la division entre jeunes et vieux accorde aux plus jeunes des choses qui font qu'en contrepartie ils laissent des tas de choses aux plus vieux. On le voit très bien dans le cas du sport, par exemple dans le rugby, avec l'exaltation des « bons petits », bonnes brutes dociles vouées au dévouement obscur du jeu d'avants qu'exaltent les dirigeants et les commentateurs (« Sois fort et tais-toi, ne pense pas »). Cette structure, qui se retrouve ailleurs (par exemple dans les rapports entre les sexes) rappelle que dans la division logique entre les jeunes et les vieux, il est question de pouvoir, de division (au sens de partage) des pouvoirs. Les classifications par âge (mais aussi par sexe ou, bien sûr, par classe...) reviennent toujours à imposer des limites et à produire un ordre auquel chacun doit se tenir, dans lequel chacun doit se tenir à sa place.
Coupures en classes d’age • La jeunesse et la vieillesse ne sont pas des données mais sont construites socialement, dans la lutte entre les jeunes et les vieux. Les rapports entre l'âge social et l'âge biologique sont très complexes. Si l'on comparait les jeunes des différentes fractions de la classe dominante, par exemple tous les élèves qui entrent à l'École Normale, l'ENA, l'X, etc., la même année, on verrait que ces « jeunes gens » ont d'autant plus les attributs de l'adulte, du vieux, du noble, du notable, etc., qu'ils sont plus proches du pôle du pouvoir. Quand on va des intellectuels aux PDG, tout ce qui fait jeune, cheveux longs, jeans, etc., disparaît.
Les champs • Chaque champ, comme je l'ai montré à propos de la mode ou de la production artistique et littéraire, a ses lois spécifiques de vieillissement : pour savoir comment s'y découpent les générations, il faut connaître les lois spécifiques du fonctionnement du champ, les enjeux de lutte et les divisions que cette lutte opère • l'âge est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable ; et que le fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale, d'un groupe constitué, doté d'intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente. Il faudrait au moins analyser les différences entre les jeunesses
Adolescence irresponsabilité • Dans un cas, on a un univers d'adolescence, au sens vrai, c'est-à-dire d'irresponsabilité provisoire : ces « jeunes » sont dans une sorte de no man's land social, ils sont adultes pour certaines choses, ils sont enfants pour d'autres, ils jouent sur les deux tableaux. C'est pourquoi beaucoup d'adolescents bourgeois rêvent de prolonger l'adolescence : c'est le complexe de Frédéric de L'Éducation sentimentale, qui éternise l'adolescence. Cela dit, les « deux jeunesses » ne représentent pas autre chose que les deux pôles, les deux extrêmes d'un espace de possibilités offertes aux « jeunes ».
Jeunesses et classes sociales • Un des facteurs de ce brouillage des oppositions entre les différentes jeunesses de classe, est le fait que les différentes classes sociales ont accédé de façon proportionnellement plus importante à l'enseignement secondaire et que, du même coup, une partie des jeunes (biologiquement) qui jusque-là n'avait pas accès à l'adolescence, a découvert ce statut temporaire, « mi-enfant mi-adulte », « ni enfant, ni adulte ». • Les écoles du pouvoir, et en particulier les grandes écoles, placent les jeunes dans des enclos séparés du monde, sortes d'espaces monastiques où ils mènent une vie à part, où ils font retraite, retirés du monde et tout entiers occupés à se préparer aux plus « hautes fonctions » • On connaît le cas du fils de mineur qui souhaite descendre à la mine le plus vite possible, parce que c'est entrer dans le monde des adultes. (Encore aujourd'hui, une des raisons pour lesquelles les adolescents des classes populaires veulent quitter l'école et entrer au travail très tôt, est le désir d'accéder le plus vite possible au statut d'adulte et aux capacités économiques qui lui sont associées : avoir de l'argent, c'est très important pour s'affirmer vis-à-vis des copains, vis-à-vis des filles, pour pouvoir sortir avec les copains et avec les filles, donc pour être reconnu et se reconnaître comme un « homme ».
révolte • …pour que les classes populaires puissent découvrir que le système scolaire fonctionne comme un instrument de reproduction, il fallait qu'elles passent par le système scolaire. Parce qu'au fond elles pouvaient croire que l'école était libératrice, ou quoi qu'en disent les porte-parole, n'en rien penser, aussi longtemps qu'elles n'avaient jamais eu affaire à elle, sauf à l'école primaire. Actuellement dans les classes populaires, aussi bien chez les adultes que chez les adolescents, s'opère la découverte, qui n'a pas encore trouvé son langage, du fait que le système scolaire est un véhicule de privilèges. • La révolte confuseest globale, elle met en cause le système scolaire dans son ensemble et s'oppose absolument à ce qu'était l'expérience de l'échec dans l'ancien état du système (et qui n'est pas pour autant disparue, bien sûr ; il n'y a qu'à écouter les interviews : « Je n'aimais pas le français, je ne me plaisais pas à l'école, etc. »). Ce qui s'opère à travers les formes plus ou moins anomiques, anarchiques, de révolte, ce n'est pas ce qu'on entend ordinairement par politisation, c'est-à-dire ce que les appareils politiques sont préparés à enregistrer et à renforcer.
Discrimination anti-jeunes • Il est certain que, par-delà toutes les différences de classe, les jeunes ont des intérêts collectifs de génération… indépendamment de l'effet de discrimination «anti-jeunes», le simple fait qu'ils ont eu affaire à des états différents du système scolaire fait qu'ils obtiendront toujours moins de leurs titres que n'en aurait obtenu la génération précédente. • Il y a une déqualification structurale de la génération. Même dans la bourgeoisie, une part des conflits actuels s'explique sans doute, par le fait que le délai de succession s'allonge… • Ceci n'est sans doute pas étranger à la contestation qui s'observe dans les professions libérales (architectes, avocats, médecins, etc.), dans l'enseignement, etc. • Les vieux ont intérêt à renvoyer les jeunes dans la jeunesse, les jeunes ont intérêt à renvoyer les vieux dans la vieillesse.
Adulescent • Tony Anatrella définit la notion des « adulescents », qui l’a inventé dans la décennie 1970, des jeunes entre 24 ans et le début de la trentaine, en partie marqués par le chômage et en partie relativement insérés socialement dans des études ou une activité professionnelle toute en formant un groupe des post-adolescents dépendant de leurs parents. • Voir pour les détails sur cette catégorie: • Tony Anatrella, « Les ‘adulescents’ » in Etudes, n°3991-2, juillet-août 2003, pp. 37-47.
Adonaissant • Posters de lolitas ou de footballeurs aux murs de leurs chambres, « looks griffés »…, • ils n’ont pas 12 ans, mais ils affichent déjà des codes de représentation et d’expression propres. Entre l’enfance et l’adolescence, voici donc venue l’adonaissance. Et s’il s’agissait bien d’une phase nouvelle et originale de prise de possession de soi ? • Cette époque charnière, F. de Singly l’appelle l’« adonaissance ». Ces jeunes sont en demande de petits gestes de flexibilité de la part de leurs parents (sur les horaires, sur les sorties, sur la musique, l’installation de la chambre…), mais ne sont pas encore à même d’opposer à l’identité familiale une originalité personnelle.