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L’ÉTUDE LEXICALE DU FRANÇAIS RÉGIONAL ANTILLAIS. À LA RECHERCHE D’UNE MÉTHODOLOGIE APPROPRIÉE. COLLOQUE bdlp Neuchâtel 29 SEPTEMBRE - 2 OCTOBRE 2010 tEODOR -FLORIN ZANOAGA UNIVErsitÉ Paris- sorbonne (paris IV) e.a . 4080 linguistique et lexicoGRAPHIE latines et romanes.
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L’ÉTUDE LEXICALE DU FRANÇAIS RÉGIONAL ANTILLAIS. À LA RECHERCHE D’UNE MÉTHODOLOGIE APPROPRIÉE COLLOQUE bdlpNeuchâtel29 SEPTEMBRE - 2 OCTOBRE 2010tEODOR-FLORIN ZANOAGAUNIVErsitÉ Paris-sorbonne (paris IV)e.a. 4080 linguistique et lexicoGRAPHIE latines et romanes
La meilleure méthode d’étudier le corpus: la lecture répétée. Économe “Personne chargée de l’administration matérielle d’une exploitation coloniale qui, avec le géreur, secondait le maître”.
Rubriques d’un article lexicographique:v. A. Thibault, «Glossairistique et littérature francophone», RLiR, 70, 2006, 143-180 / rubriques d’un article dans la BDLP-Antilles (AN). Entrée Cat. gram. Déf. → Renvois. Citations. Rem. Encyclop. Géo. Commentaire hist. et comp. Bbg.
Les entrées. I. a) « Le blanc-pays [Antillais non issu du métissage, descendant des premiers colons] ayant d’instinct la hantise d’une pareille situation ne savait trop quoi faire sinon blêmir et pousser des «tchip ! tchip» pour exprimer sa contrariété. » (Homme-au-bâton, 126) → entrée: TCHIP! b) « Elle lance un grand tchiiip en signe de colère. » (Tambour-Babel, 13) → entrée: TCHIP!
II. Les types lexicaux. Ex.: boulayè / boularien “joueur de tambour”; manawa / manarois “prostituée”; makè / marqueur “joueur qui marque le rythme du gwoka”.
Les définitions. I. Ne doivent pas avoir la complexité des définitions d’un dictionnaire encyclopédique. Ex. à-tous-maux “plante ornementale aux feuilles vertes et aux fleurs jaunes (Alpinia zerumbet)”. + commentaires encyclopédiques dans une rubrique spéciale.
II. Difficulté: la définition des créations idiolectales. « […] les vestés-cravatés et les va-nu-pieds, les casse-graines, les salisseurs de réputation, les pardon-mon-Dieu, les la-voix-de-son-maître, les mal-marqués, les agents payeurs, tout le monde a vu ! » (Tambour-Babel, 228)
III. Le mot à définir ne doit pas apparaître dans la définition. Exception: bâton-balai “manche à balai”.
La sélection des citations. Principe: choix de citations explicites, claires. Cas particuliers: ambiguïtés effectives (V. Catherine Fuchs). Ex.: « J’ai pointé à l’ANPE, gratté la crème d’un RMI avant de découvrir ma voie dans un restaurant branché où l’on servait – honni soit qui mal y pense – des sauterelles grillées au beurre de caviar, des vers palmistes au four sur coulis de cresson, des brochettes d’escargots du Bénin, des steaks de rat volant, du manicou braisé de la Martinique, et du racoon en daube de la Guadeloupe. » (L’Envers du décor, 63) → manicou “espèce de petit mammifère qui ressemble à l’opossum” / “espèce de crustacé”.
Rubrique géographique. Attestations dans les variétés de français régionaux + (éventuellement) attestations dans les patois et dans les dialectes => conséquences sur l’établissement de la nature du diatopisme (maintien d’un mot dialectal, maintien d’un diastratisme).
Commentaire historique et comparatif. Commentaire historique = syntagme ambitieux dans le cas de l’étude du français régional des Antilles. Classification du type lexical en fonction de son origine: a) archaïsmes. Indices: attestations dans ls dictionnaires créoles, dans le dictionnaire de français régional antillais de S. Telchid + en français du XVIIe siècle. Ex.: maudition “malédiction”. b) diastratismes. Indices: attestations dans les dictionnaires créoles, dans Telchid 1997 + attestations dans diverses aires de la France métropolitaine, parfois très éloignées les unes des autres. Ex.: boisonner “boire de l’alcool en grandes quantités”.
c) dialectalismes. Indices: attestations dans les dictionnaires créoles, dans Telchid 1997 et dans les dialectes et / ou les patois de l’Ouest de la France métropolitaine (d’où sont partis aux Antilles la plupart des colons). Ex.: mofwazé / mofrazé “personne qui a la possibilité de se transformer en animal” (emmorphoser est attesté dans les contes populaires du nord-ouest de la France métropolitaine). d) emprunts: à l’anglais: tray “plateau sur lequel sont transposés et exposés les produits à vendre”; aux langues amérindiennes: anoli “variété de petit lézard vert dans la plupart du temps” Indice: Breton 1665. aux langues africaines. Ex.: boloko “rustre”.
e) Innovations lexématiques (forme + sens). Ex. dérespecter “ne pas donner la considération nécessaire (à qqn.)”; Innovations sémantiques (sens seulement). Ex. économe.
Les premières attestations. Possibilités: a) quelques sources anciennes (ex. journaux des voyageurs, etc.); b) travail à partir d’un index de particularités relevées chez quelques auteurs antillais. ‘work in progress’ initié par M. A. Thibault. plus de 16 000 entrées pour l’instant. Désavantages: 1. seulement 13 auteurs pour l’instant. 2. attestations de date récente et très récente.
c) Travail avec le moteur de recherche Google Recherche de Livres (GRL), Google Books. Désavantages: • absence de rigueur dans la rédaction des références philologiques pour les livres numérisés (maison d’édition, lieu, année, volume) => un travail de vérification s’impose à partir des catalogues de bibliothèques (SUDOC, par ex.) et des manuscrits originaux; • parfois affichage des extraits seulement => risque de trouver des informations inadéquates à cause des fragments de texte trop réduits. • le dépouillement des ouvrages prend beaucoup de temps.
Le bilan bibliographique. Par ordre chronologique, pour observer les filiations, les plagiats éventuels. La nécessité d’avoir une certaine intuition pour trouver les mots dans les bonnes sources. Difficultés: anoli → s.v. anaóli (R. Breton, Dictionnaire caraïbe-français). écale des yeux “paupière” → s.v. kal-a-zyé (avec aphérèse) dans les dictionnaires créoles; ami → zanmi (agglutination du z de liaison) dans les dictionnaires créoles.
Autres difficultés d’ordre méthodologique. I. La distinction entre les antillanismes et les créations idiolectales. Solutions: a) recherches dans les dictionnaires créoles et dans le dictionnaire de français régional; b) recherche dans GRL et sur divers sites web; c) témoignage de l’auteur.
II. Des lacunes dans les dictionnaires créoles et dans d’autres sources. → risque d’inclure à tort certains mots dans la catégorie des idiolectalismes. Solution: témoignage de l’auteur ou d’un locuteur natif (ex. le poète martiniquais H. Poullet) => la nécessité des enquêtes sociolinguistiques pour les Petites Antilles. Ex.: remords du soir. l’Heure du Christ.
L’abondance des citations dans le commentaire des antillanismes: corpora parallèles ou signe de richesse de la documentation?
III. Absence presque totale des données sociolinguistiques. => difficulté de faire la distinction entre antillanismes et faits stylistiques. Solution: témoignage de l’auteur ou de H. Poullet. Ex.: alcali “ammoniaque” Vieux (FR) Courant (FRA) selon le témoignage de l’auteur.
IV. Rigueur philologique. L’écriture d’un glossaire de particularité est une partie du cotenu scientifique.
Conclusions Travailler sur le lexique du français antillais, c’est se poser une question de méthodologie à chaque pas. La subjectivité des choix méthodologiques (expérience linguistique, préjugés, pratique dans le domaine de la lexicographie). Un point de départ pour la création d’un manuel de lexicologie et lexicographie différentielle francophone. La lexicographie = plutôt une pratique qu’une science?
Je vous remercie! Questions…