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HISTOIRE DES ARTS : Analyse de « La liberté guidant le peuple ». Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix (né à Charenton-Saint Maurice le 26 avril 1798 - mort le 13 août 1863 à Paris).
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HISTOIRE DES ARTS : Analyse de « La liberté guidant le peuple » Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix (né à Charenton-Saint Maurice le 26 avril 1798 - mort le 13 août 1863 à Paris). Son père avait été député à la Convention pendant la Révolution et avait voté la mort du roi. Mais surtout était un partisan de Napoléon Ier. Les frères de Delacroix ont combattu dans les armées impériales. C’est un admirateur de l’Empereur. Dès son adolescence montre des dispositions pour l’art en général (il était très attiré par la musique). En 1815, il rentre dans un atelier de peinture, puis en 1816 aux Beaux-Arts. Dès 1822, il expose ses tableaux au Salon officiel*, où elles sont très critiquées. A partir de 1826, il fréquente Victor Hugo. Il est ami de Géricault, grand peintre du mouvement romantique*. Il a fait de nombreux voyages, en Angleterre, en Afrique du nord. Il inspira de nombreux peintres, comme Vincent Van Gogh. *Salon officiel : organisé par les Beaux-Arts pour exposer les artistes. La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix (1798-1863), huile sur toile, 260x325, 1830, Musée du Louvre Contexte historique : Le règne de Charles X (dernier frère du roi Louis XVI). Il a succédé à son frère Louis XVIII, qui avait restauré le monarchie après la défaite définitive de Napoléon Ier en 1815. C’est la Restauration. Charles X remet en cause les acquis de la Révolution et souhaite rétablir une monarchie plus forte. Il publie quatre ordonnances en mars 1830, supprimant la liberté de la presse et modifiant la loi électorale, pourtant déjà très limitée. Cela entraine une révolution à Paris, de trois jours, dite les « Trois Glorieuses », les 27, 28 et 29 juillet. Le roi et la dynastie des Bourbons sont renversés. C’est leur cousin Louis-Philippe Ier qui devient roi, en promettant de respecter la constitution et les libertés. Ce n’est pas encore le retour de la République, qui sera rétablie en 1848, après une nouvelle révolution, qui chasse Louis-Philippe.
En 1831, Delacroix présente au Salon officiel, ce tableau. Il le peint pour s’attirer la faveur du nouveau gouvernement. C’est une peinture du mouvement romantique*, où chaque personnage donne des impressions contradictoires. C’est aussi un hommage au « Radeau de la Méduse » du peintre Géricault. Il est acheté par Louis-Philippe pour 3000 francs or et exposé au Palais du Luxembourg. Elle n’y restera que quelque mois, de peur que le sujet n’encourage des émeutes. Il a donc été censuré. Elle est exposée au Louvre depuis 1874. *Mouvement romantique : faire ressentir au spectateur des émotions très fortes et contrastées, plus proches de la vraie vie. Victor Hugo en est le chef de file. Description du tableau : La scène se déroule la 2ème journée de l’émeute, le 28 juillet 1830. Mais on ne sait pas où précisément. La vue du spectateur se situe très bas, face à des figures aussi grandes que lui. Le tableau représente une des barricades, dont Paris s’est couvert pendant les 3 Glorieuses (il y en a eu jusqu’à 4000). C’est l’assaut final. La foule se dirige vers nous, le spectateur, dans un nuage de poussière, brandissant des armes. Elle franchit la barricade et déferle vers le camp adverse. Le spectateur n’est pas passif. Il est dans la position de l’ennemi. Il doit soit fuir, soit combattre. On sent bien le mouvement de ce groupe. Il avance au milieu des morts et des blessés. A sa tête, 4 personnages debouts, avec au centre une femme. Ces hommes sont d’origines sociales diverses, comme on peut le voir à leur allure et leurs vêtements. A l’arrière plan, on voit les tours lointaines de Notre-Dame, avec le drapeau tricolore, ce qui situe la scène à Paris. On voit aussi un bataillon d’infanterie, attaqué par les coups de feu venant des fenêtres.
Composition du tableau : Les lignes directrices évoquent une pyramide, très exactement une double pyramide. Les morts constituent la base, le fusil de Delacroix et la position du petit Gavroche composent les 2 côtés. La liberté est située au centre de cette figure géométrique, au point de rencontre de lignes obliquesqui attirent le regard sur elle. Le peindre invente le « hors champ », avant la photographie. Le cadrage est serré et coupe les personnages et le drapeau sur les bords. Cela donne l’impression que les personnages sont immenses et vont sortir du tableau. La grande diagonale descendante de gauche à droite délimite la frontière entre la zone sombre et la zone claire de l’œuvre. Est suggéré un mouvement d’ascension vers le drapeau et la lumière. La femme et l’enfant des rues sont situés près du point d’intérêt naturel supérieur droit de la toile. L’autre point se situe au niveau des cadavres. La lumière provient de l’arrière de la scène, derrière le drapeau, mais aussi de la gauche. Elle met en valeur le drapeau et la femme. Elle provient sans doute d’un incendie, mais il éclaire le groupe comme un soleil levant. Delacroix a utilisé peu de couleurs froides, surtout des couleurs chaudes, qui sont en harmonie, en particulier au centre du tableau, avec le rouge éclatant du drapeau.
*Allégorie : figure incarnant une idée abstraite. La femme est une allégorie* de la Liberté. C’est une fille du peuple, incarnant la révolte, la détermination et la victoire. Elle est coiffée du bonnet phrygien, symbole de liberté, allusion à la Révolution française et aux sans-culottes. Le drapeau est tricolore. Il vient d’être instauré drapeau officiel par le nouveau régime. Il est le symbole de la réconciliation, car aussi drapeau de l’Empire (Delacroix est un admirateur de Napoléon Ier). Il ondule vers l’arrière, vers le peuple symbolisé par les combattants. Elle porte un fusil, symbole de la lutte du peuple pour la liberté, mais aussi de violence. Elle a la poitrine dénudée, en référence aux Victoires de l’Antiquité, aux statues grecques. Ce qui a fait scandale, de même que son aisselle poilue, jugée vulgaire. Elle a la peau noircie par la poudre à canons ou la crasse? Son profil est grec, comme une statue. C’est la seule femme parmi les hommes. Elle regarde en arrière car elle les entraine vers la victoire finale. La lumière éclaire son corps à droite. Elle est en action, elle avance vers nous, on le voit à son pied gauche qui est en avant. Le garçon, symbolise les « gamins de Paris ». Ils ont participé aux combats. On voit d’ailleurs l’un d’entre eux, à gauche, agrippé aux pavés . Ce garçon est le symbole de la jeunesse, révolté par l’injustice. Mais il est aussi un symbole de violence et de désordre. Est-ce un héros ou un vaurien? Il inspira le personnage de Gavrochedans les « Misérables » à Victor Hugo, trente ans plus tard. Il porte des pistolets dans chaque main, une giberne (une sacoche) trop grande. Il a pris ces objets sur les soldats morts. Lui aussi avance vers nous, la bouche ouverte sur un cri de guerre, entrainant au combat, les insurgés.
L’homme au 2ème plan, en chapeau haut de forme. C’est peut-être un bourgeois, ou même Delacroix ou l’un de ses amis. Il est vêtu à la mode de ces années là. Il porte un pantalon large et une ceinture rouge. Il a une arme à la main. Il se peut que Delacroix se soit représenté au côté de la Liberté. On aperçoit derrière lui le bicorne d’un polytechnicien. L’bomme au foulard sur la tête. Il symbolise les paysans employés temporairement à Paris pour gagner leur vie. Sa blouse bleue, sa ceinture rouge et sa chemise blanche sont un rappel des couleurs du drapeau. Il saigne sur le pavé et se redresse à la vue de la Liberté. Au 1er plan, à gauche, le cadavre d’un homme dénudé,dépouillé de son pantalon, les bras étendus et la tunique retroussée. On retrouve là aussi les couleurs du drapeau (ses chaussettes bleues) A droite sur le dos, le cadavre d’un garde suisse, en tenue de combat et face contre terre un cuirassier. La foule marche sur un monticule de cadavres, prix à payer pour que le peuple gagne sa liberté.
Interprétation : Ce tableau est à la fois une peinture de la réalité et une allégorie*. C’est une peinture d’histoire et une image d’actualité. La femme du peuple est symbole de la liberté, les combattants, ouvrier, artisan, bourgeois, gamin des rues, représentent toutes les couches sociales du peuple en armes. Dans un mélange de réalisme et d’idéalisme, de description crue et d’héroïsme. La toile est militante… Cependant, on peut se demander l’objectif de Delacroix: critique et caricature de la démocratie? Ou bien éloge? La question peut être posée, car l’impression qui se dégage de ce tableau est surtout la violence et l’impression de peuple incontrôlable dont il faut se méfier. Le tableau est très ambigu. Delacroix à 32 ans, est un peintre reconnu, soutenu par le gouvernement. Il a assisté aux combats de ses fenêtres. Il est rassuré par l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe. Il est d’ailleurs décoré de la légion d’honneur et reçoit de nombreuses commandes. Mais en même temps, le tableau fait rapidement peur dans sa mise en scène même. Car le peuple se libère lui-même, sans chef à sa tête, sinon l’allégorie de la Liberté. Le mouvement semble sans fin, on ne sait pas où il va, ce qu’a voulu Delacroix. C’est la Révolution en marche, sans fin, perpétuelle. Ce tableau réveille le patriotisme, par l’emploi récurent des couleurs tricolores. C’est ainsi que l’on peut comprendre que ce tableau fait partie de notre imaginaire, car la figure de la Liberté symbolise désormais La Marianne, personnification de l République française. Allez voir la vidéo! http://horslesmurs.ning.com/video/eugene-delacroix-la-liberte Réalisé par Marie-Pierre DAUTANE