310 likes | 496 Views
Atelier « Initiation à la sociologie » Epinay, septembre à novembre 2006. Classe de 3 ème D Collège Roger Martin du Gard Epinay sur Seine. Magistère de Sciences sociale – Paris 5 – La Sorbonne Sous la direction scientifique du professeur Dominique Desjeux, anthropologue, www.argonautes.fr.
E N D
Atelier« Initiation à la sociologie »Epinay, septembre à novembre 2006 Classe de 3ème D Collège Roger Martin du Gard Epinay sur Seine Magistère de Sciences sociale – Paris 5 – La Sorbonne Sous la direction scientifique du professeur Dominique Desjeux, anthropologue, www.argonautes.fr
Collège Roger Martin du Gard, Epinay sur Seine (93) Sarah Cattan, Professeur Anne-Laure Perez, documentaliste Karim Zagoud, film Jean-Marc David, documentaliste Magistère de sciences sociales, Sorbonne (Paris 5) Séverine Dessajean, docteur en ethnologie, chercheur associé au CERLIS (CNRS) Karen Rousseau, étudiante en Première année et L3 Lucile Hervouet, étudiante en Première année et L3 En quoi l’école peut-elle être un facteur d’intégrationÉquipe d’animation
Aïdara Sadany Amajjar Sohila Ange jean-Claude Badda Sarah Betari Asma Birot Matthieu Durosier Abel El Shahawy Hamed Hadjeb Aziz Hajjout Yassin Hocine Sophia Kefane Fayette Laffont Jordan Magnier Cindy Menouchi Lamia Mirceski Fiona Mniai Abd-allah Olivary Elodie Tea Philippe Équipe des élèves
Problématique • En quoi l’école peut-elle être un facteur d’intégration ? • En quoi l’école peut-elle être un facteur d’échec? • En quoi l’école peut-elle être un facteur de réussite ?
Déroulement de l’atelier (1/3) • 1ère séance: 26 septembre • Présentation de l’atelier en présence de Dominique Desjeux • 2ème séance : 3 octobre • Réflexion et rédaction du guide d’entretien qui se compose de 3 parties : • Le parcours scolaire • L’école et l’ascension sociale • L’école et l’intégration • Simulation d’un entretien par Séverine Dessajan avec Lucile Hervouet
Déroulement de l’atelier (2/3) • 3ème séance: 10 octobre • Passation des entretiens auprès de Melle Je, Mr Mu, Mr T., Mr Ma • Passation de 2 autres entretiens le 17 octobre auprès de Mme Mi et Mr A. • Retranscription des entretiens par Lucile Hervouet et Karen Rousseau • 4ème séance : 24 octobre • Analyse de la 1ère partie des entretiens portant sur le parcours scolaire des enquêtés
Déroulement de l’atelier (3/3) • 5ème séance : 7 novembre • Analyse des dernières parties des entretiens portant sur « l’école et l’ascension sociale » et « l’école et l’intégration » des enquêtés • 6ème séance : 14 novembre • Présentation des premiers résultats de l’enquête à la Sorbonne, en présence de Dominique Desjeux • Réflexions sur une conclusion
Les enquêtés (1/3) • Melle Je.:femme, 20 ans, étudiante Bac +3, Saint-Ouen. Scolarité sans problèmes majeurs, primaire, collège et lycée dans de petites structures de province. Elle est étudiante en sciences sociales aujourd’hui. • Melle Lu.:femme, 20 ans, étudiante Bac +3, Issy-les-Moulineaux. Scolarité en banlieue jusqu’au bac, puis classe préparatoire dans un lycée de Paris. Scolarité sans problèmes majeurs, elle connaît l’expérience de son frère qui réussit mieux dans le domaine sportif que scolairement.
Les enquêtés (2/3) • Mme Mi.:femme, 56 ans, femme de ménage, Epinay. Née au Maroc, elle n’a pas eu accès à l’école. Elle est arrivée en France à l’âge de 40 ans où elle a appris à lire et à écrire. Elle envoie désormais des fournitures scolaires au Maroc et intervient dans les classes pour transmettre sa motivation d’apprendre. • Mr Mu. :homme, 35ans, entraîneur de basketball, Epinay. Né au Maroc, où il a effectué deux années de scolarité. Il est arrivé en France à l’âge de 10 ans où il a recommencé sa classe de CP. Il a eu son Bac et a fait une formation d’entraîneur de Basket (niveau Bac +3). Il se définit comme autodidacte, dénonce les faux débats autour des termes d’intégration et de double culture.
Les enquêtés (3/3) • Mr T. : homme, 42 ans, intervenant scolaire, homme politique, Épinay. Il a effectué sa scolarité dans une ville de banlieue parisienne, a connu un problème d’orientation à la fin de la troisième. Il a eu son Bac puis a soutenu un premier doctorat. Aujourd’hui il poursuit ses études. Il dénonce la discrimination et l’ambivalence du terme intégration. • Mr A. : homme, 55 ans, épicier, Villeneuve la Garenne. Né en Algérie, il est arrivé en France à l’âge de 14 ans, âge où il a dû arrêter l’école pour travailler. Il détient deux CAP en commerce et en hôtellerie. Il n’a jamais été soutenu par ses parents. • Mr Ma. : homme, 65 ans, architecte, Epinay. Né en Algérie, il a effectué toute sa scolarité à Paris. Après le Bac il a été instituteur, puis a repris des études pour devenir architecte.
I.École et Savoir (1/2) • Les enquêtés sont unanimes sur le fait que l’école c’est l’apprentissage, l’instruction : • « l’école veut dire instruction » (Mr T.) • « l’école c’est apprendre» (Mr Ma.) • « l’école c’est s’enrichir de la tête » (Mr Mu.) • « les bases sont indispensables, elles servent le plus » (Melle L.) • Mais ils distinguent un savoir scolaire sanctionné par un diplôme, d’un savoir relevant de la culture générale, qui permet de s’accomplir: • « j’attendais deux choses personnellement : savoir plus de choses et me construire au niveau de ma profession » (Mr T.) • « [L’école], c’est une démarche égoïste, on y va pour soi, pour s’accomplir, [sinon] le savoir ne sert qu’à avoir un diplôme » (Mr. Mu)
I. Ecole et savoir (2/2) • Mais ce savoir qui permet de s’accomplir est ambivalent : il peut octroyer une certaine liberté ou être un danger potentiel : • « ouvrir une fenêtre sur un champ, et ce champ là c’est le savoir, et le savoir c’est une forme de liberté » (Mr Mu.) • « l’école est indispensable, l’école est une arme » (Mr T.) • « il y a un savoir positif et un savoir qui peut mener à la dictature aussi » (Mr T.)
I. Ecole et vie sociale • Il y a aussi unanimité sur le fait que l’école soit le lieu où on se fait des amis: • « c'est tout ce que j'ai fait dans ma vie, pour l'instant. C'est là où j'ai rencontré mes copains… » (Melle Je.) • « [L’école], c’est être avec des gens de mon âge, se côtoyer, c’est un foyer social » (Mr Ma.)
I. Pourquoi apprendre ? • On peut distinguer deux manières de travailler à l’école, qui correspondent aux deux formes de savoir. - On peut travailler sous la pression des personnes de l’entourage : • « la famille est toujours une pression en soi » (Mr Mu.) - Ou on peut travailler pour soi : • « je voulais vivre de mes propres moyens et ne plus être aux crochets de mes parents » (Mr Mu.) • Dans les deux cas le plaisir aide beaucoup : • « jusqu’au collège c’était moyen, au lycée ça me plaisait plus, je faisais de la sociologie et de l’économie. Je savais mieux où j’allais, ça m’a permis de mieux apprécier.» (Mlle Lu.)
I. Apprendre au-delà de l’école • Mais quand on n’a pas la chance d’aller à l’école, comment peut-on s’instruire ? • « il n’y a pas d’âge pour s’instruire. » (Mme Mi.) • « on devrait tous être des autodidactes. » (Mr Mu.) • Même si l’école permet d’acquérir les bases de l’instruction, il existe aussi d’autres lieux complémentaires pour apprendre: • « on peut aller à la bibliothèque, les conversations avec les gens » (Mr T.) • « on peut apprendre dans les musées » (Mr Mu.)
I. L’importance de la motivation pour réussir (1/2) • Pour l’ensemble des enquêtés, l’école est très importante. Cependant, leur degré de motivation varient en fonction de leur parcours notamment. • Ceux qui n’ont pas eu accès à l’école ou qui ont été témoins d’échecs scolaires ont d’autant plus envie de transmettre leur motivation d’apprendre : • « j’aimerais aller dans vos classes pour faire comprendre leur chance aux élèves et transmettre ma motivation» (Mme Mi.) • « il faut être motivé par le savoir, tous et toutes. L’école c’est important» (Mr T.)
I. L’importance de la motivation pour réussir (2/2) • Les parents tentent eux aussi de transmettre cette motivation à leurs enfants. Ce qui montre l’importance de la réussite scolaire dans notre société. On peut citer l’exemple de Mr A.: ses parents n’ont pas fait d’études et ils ne l’ont pas non plus poussé à en faire. Mais lorsqu’il est devenu père, Mr A. a encouragé ses enfants et cette motivation a porté ses fruits: • « j’ai mon fils qui a eu son CAPES, il est professeur des écoles» • On peut transmettre cette motivation aux autres dans le cadre de son métier comme le fait Mr. T. au quotidien ou comme Mme Mi. souhaiterait le faire: • « mon rêve est de construire une salle de classe dans mon village»
I. Le rapport à l’avenir lorsqu’on est à l’école(1/2) • Lorsqu’on est à l’école, il est difficile de se projeter dans le futur, il y a un manque de recul : • « les matières scientifiques, je ne savais pas comment et à quoi cela pouvait me servir à » (Melle Lu.) • « …ne pas savoir ce que je fais après le Bac, je n’avais pas d’idée» (Melle Je.) • L’avenir et la question de l’orientation sont donc des problèmes auxquels chacun est confronté. A l’école aussi il faut faire des choix, et l’instruction peut justement aider à prendre les bonnes décisions : • « après le bac, on est un peu perdu… » (Mr Ma.)
I. Le rapport à l’avenir lorsqu’on est à l’école (2/2) • Or, ce sont justement ces choix qui nous permettent de construire notre avenir et à ne pas subir les « déterminismes » à l’école. • « on est là pour apprendre ce qu’est un schéma social, avec ses règles,(…), on cherche à nous normer alors qu’il y a la possibilité d’obtenir, dans ce lieu, une liberté.» (Mr Mu.) • «les élèves, quels qu’ils soient, peu importe leur niveau social, sont plus performants quand ils ont compris le sens de l’école. » (Mr. T)
II. Qu’est ce que l’intégration ?(1/2) • Une définition de l’intégration: • « opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité ou à un milieu » (Dictionnaire Le Petit Robert) • Mais cette notion est plus complexe. Selon les enquêtés, elle peut avoir plusieurs significations et est parfois mal utilisée. C’est pourquoi certains refusent d’utiliser cette notion: • « je ne l’accepte pas pour plein de raisons :c’est encore une fois un truc qu’on a construit (…) pour moi c’était des faux débats qui ancrent en fait les gens dans le communautarisme. » (Mr Mu.) • « je préfère le mot ‘inséré’ plutôt qu’intégré » (Mr T.)
II. Qu’est ce que l’intégration ? (2/2) • L’école joue-t-elle un rôle dans l’intégration ? Même s’ils n’ont pas tous eu accès à l’école ni obtenu les mêmes diplômes, tous les enquêtés reconnaissent que l’école est un facteur d’intégration. • On peut synthétiser leur position d’après une réponse de Mr A. : « aujourd’hui, c’est plus facile de pouvoir s’intégrer ». En effet, selon lui, la mixité sociale, le fait qu’aujourd’hui, les gens communiquent plus et soient plus mélangés est un facteur d’intégration. A l’inverse, les « ghettos » limitent les possibilités d’intégration. • Si l’on accepte de considérer l’école comme un facteur d’intégration, peut-on alors faire son avenir sur cet apprentissage scolaire ? • Mr T. portait beaucoup d’espoir en l’école: « j’attendais trois choses de l’école:pour mon métier, pour se construire et du savoir à transmettre. » • En tant que lieu de contact et d’échange, l’école peut donc être un des facteurs d’intégration.
II. École, culture et intégration (1/2) • L’école permet de se construire une identité. La culture est une notion essentielle puisqu’elle aide les individus à se définir. Certains enquêtés se présentent même par leur culture d’origine et leur nationalité. • « je me présente, je m’appelle Mi…, je suis Marocaine. » (Mme Mi.) • « j’ai trois cultures: Kabyle, Arabe et Français, et c’est une chance » (Mr A.) • La culture est une notion complexe. Quand on parle de culture on parle des pratiques religieuses, d’origine, de tradition,… On doit aussi différencier : - cultures sociales : « je n’ai pas deux pays mais selon les niveaux de vie oui. Ma mère vient d’un niveau social plus élevé que mon père.» (Mlle Lu.) - culture religieuse: « je suis de culture juive» (Mr Ma.)
II. École, culture et intégration (2/2) • Cependant, si le fait d’avoir une double culture est vécue comme une chance par certains, d’autres critiquent la notion même de « double culture »: • « cette notion, je ne l’accepte pas: pour moi, il n’y a que des gens. » (Mr Mu.) • « une double culture ? Qu’est-ce que vous entendez par là ? » (Mr. Ma) • Donc finalement, pour certains enquêtés, les individus relativisent le rôle de la culture, et de leurs origines culturelles dans la construction de soi. Ils se considèrent d’abord comme des individus avant d’être des représentants d’une culture.
II. Nationalité, Droit de vote et Intégration (1/2) • Dans une démocratie, le vote est un acte symbolique de participation à la société. • « voter, c’est exister, montrer son existence. A 18 ans, courrez vous inscrire sur les listes… » (Mr T.) Le droit de vote semble donc bien être un facteur d’intégration. C’est pourquoi il y a une unanimité parmi les enquêtés sur la question du droit de vote aux étrangers. • « je pense que c’est totalement normal : on est citoyen dans l’endroit où l’on veut » (Mr Mu.) • Mais l’exemple cité par Mlle Je. montre les limites du lien entre droit de vote et intégration : •« c’est différent de l’intégration car il y a des gens qui ont le droit de vote mais qui ne votent pas, c’est important seulement pour les gens pour qui c’est important. » (Mlle Je.)
II. Nationalité, Droit de vote et Intégration(2/2) • Doit-on alors nécessairement avoir la nationalité française pour s’intégrer? Sur cette question, les réponses des enquêtés s’opposent: • « moi j’ai fait la demande pour la nationalité. J’attends, j’ai fait la demande, pour moi et mes trois fils. » (Mme Mi) A l’inverse, d’autres relativisent l’importance du droit de vote pour être intégré: • « non, je n’ai pas le droit de vote, je ne suis pas Français. Mais par choix. » (Mr Mu.) • Le droit de vote n’est donc qu’un facteur d’intégration parmi d’autres, et il est possible de participer à la vie de la société sans avoir le droit de vote ou la nationalité française. • Mr Ma. donne un exemple de participation citoyenne : « rien ne les empêche, comme on est en démocratie, d’aller à la réunion de quartier ». (Mr Ma.)
Conclusion • Pour l’ensemble des enquêtés, l’École a bien un rôle à jouer dans l’intégration mais l’école ne peut pas être considéré comme le seul facteur d’intégration. La diversité des parcours des enquêtés pousse à adopter un point de vue critique sur cette question… • Conclusion sur la problématique • Conclusion sur l’atelier