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Philosophie épistémo-éthique Science, technique et morale : de la perspective critique à la perspective dialectique. Centrale Ethique 18/12/08 Sylvain Lavelle ICAM, Ecole d’Ingénieurs Centre Ethique, Technique & Société (CETS) Polytechnicum Lille. 1.Introduction .
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Philosophie épistémo-éthiqueScience, technique et morale :de la perspective critique à la perspective dialectique Centrale Ethique 18/12/08 Sylvain Lavelle ICAM, Ecole d’Ingénieurs Centre Ethique, Technique & Société (CETS) Polytechnicum Lille
1.Introduction • Ethique : - une des branches de la philosophie (cf Aristote, Ethique à Nicomaque) - une différence entre l’éthique et la morale : (1) l’éthique est une réflexion critique sur les mœurs, sur les usages, les règles et les obligations de la morale. (2) l’éthique est une doctrine du sens et des finalités de l’existence, concernée par la visée du bonheur. - une approche ‘incontournable’ aujourd’hui : l’éthique est partout (éthique de la médecine, éthique des affaires, éthique de la finance, éthique de l’ingénierie,…). • Plusieurs conceptions de l’éthique : - éthique descriptive : très voisine de l’approche des sciences humaines (cf la sociologie de l’éthique) dans laquelle on décrit ‘ce qui est’. - éthique prescriptive : implique une approche normative dans laquelle on dit, ou plutôt on discute de ‘ce qui doit être’ (éthique prescriptive critique, pas dogmatique).
1.Introduction • Idéologie et utopie du progrès : la science et la technique sont ‘nécessairement’ morales parce qu’elles contribuent ‘nécessairement’ au progrès matériel et social de l’humanité. • Paradoxes de la critique - philosophie critique de Kant (du grec krinein, trier, séparer) : institution d’une démarcation entre les critères et les problèmes spécifiques de la science, de la technique et de la morale - conséquence : il ne peut pas y avoir de relation entre ces domaines de la rationalité (1) Paradoxe du progrès (2) Paradoxe de l’application (3) Paradoxe de l’expertise
1.Introduction • Questions sur les relations ‘épistémo-éthique’ (entre science, technique et morale : Quelles relations peut-on envisager entre la science, la technique et la morale ? Peut-il exister des relations conditionnelles ou conflictuelles entre le savoir scientifique, le pouvoir technique et le devoir moral ? La science peut-elle poser un problème moral, et inversement, la morale peut-elle poser un problème scientifique ? Doit-on parfois renoncer au savoir scientifique ou au pouvoir technique pour des raisons morales ? Un problème ou un dilemme moral peut-il être éclairé, précisé, voire résolu par une information scientifique ? Un expert et un non-expert sont-ils de compétence égale en morale, alors qu'ils semblent ne pas l'être dans la science ou la technique ? Comment concevoir en démocratie la participation des citoyens à des discussions et des décisions habituellement réservées à des experts ?
1.Introduction Plan de l’exposé 1. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ 2. Critique et dialectique 3. Technique, valeur et norme 4. Politique, discussion et démocratie 5. Exemples contemporains
2. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ CHAPITRE I : SCIENCE, TECHNIQUE, TECHNOLOGIE…….………………….14 1. Epistémique, logique et cognition………………………………………………...……………………….15 1.1. L’analyse antique (Platon, Aristote)…………………………………………………………….....…….15 1.2. L’analyse moderne (Hume, Kant)………………………………………………………………...……..19 1.3. L’analyse contemporaine (Russell)………………………………………………………………...……24 2. Science, technique et expérience……………………..……………………………………...…………….29 2.1. La cognition scientifique et la cognition technique………………………………………………...……29 2.2. La technologie, savoir et faire………………………………………………………………………...…33 2.3. La théorie et l’expérience en science………………………………………………………………...…..42 3. Vérité, causalité et probabilité……………………………………………………………...………………47 3.1. Le vrai et le faux……………………………………………………………………………………...….47 3.2. L’explication, la cause et l’effet……………………………………………………………………...….51 3.3. La probabilité, la cognition et la croyance……………………………………………………………....54 4. Complexité, réalité et recherche…………………………………………...………………….……………56 4.1. Les modes de complexité………………………………………………………………………..….…...56 4.2. La complexité et la réalité…………………………………………………………………………….....57 4.3. La complexité et la recherche…………………………………………………………………………....58
2. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ CHAPITRE II : TECHNIQUE, MORALE, DEONTOLOGIE…………….....…..…..60 1. Ethique, logique et action………………………………………………………………………………….61 1.1. L’analyse antique (Platon, Aristote)…...………………………………………………………………..61 1.2. L’analyse moderne (Kant, Mill)……………………………………………………………………...….64 1.3. L’analyse contemporaine (Moore)……………………………………………………………...…….....69 2. Morale, technique et expérience..…………………………………………………………………………74 2.1. L’action morale et l’action technique…………………………………………………………………...74 2.2. La déontologie, devoir et faire…………………………………………………………………………..77 2.3. La pratique et l’expérience en morale…………………………………………………………..…...…..83 3. Bonté, intention et responsabilité………………………………………..…………………...……………87 3.1. Le bien et le mal………………………………………………………………………...…………...…..87 3.2. L’imputation, l’intention et les conséquences……………………………………………..………….....92 3.3. La responsabilité, l'action et l'identité………….……………………………………………………......96 4. Justice, mérite et reconnaissance……………………………………..………………..…….……………100 4.1. Les types de justice…………………………………………………..…………………………….…...100 4.2. La justice et le mérite……………………………………………..………………………………...…..101 4.3. La justice et la reconnaissance………………………………………….…………………………...….102
2. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ CHAPITRE III : DISCUSSION ET DEMOCRATIE ..………………….………….105 1. Expertise, opinion et discussion…………………………..…………………………….………………..106 1.1. L’expertise et la technocratie…………………………………………………………………...………106 1.2. L’expertise et l’opinion en démocratie…………………………………………………………...…….107 1.3. La compétence des experts et des profanes………………………………………………………...…..110 1.4. La discussion entre experts et profanes……………………………………………………………...…112 2. Ethique de la discussion (Habermas)……………………………………………………………………..115 2.1. La discussion pratique……………………………………………………………………………….....115 2.2. La discussion démocratique…………………………………………………………………………....118 3. Démocratie technique (Latour, Callon et alii)………………………….……………...…………………122 3.1. La constitution de l'écologie politique….………………………………………………………………122 3.2. Les controverses socio-techniques……………………………………………………………..………128 4. Conférence de citoyens et Débat public………………………………..………………………………..132 4.1. La Conférence de citoyens sur les organismes génétiquement modifiés…………………………....…132 4.2. Le Débat public sur les éléments hautement radioactifs…………………………………………...…..133
2. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ CHAPITRE IV : CRITIQUE ET DIALECTIQUE ...…...…...…………….….……135 1. Perspective critique et perspective dialectique…………………………..……………………………….136 1.1. La démarcation et la relation………………………………………………………………………...…136 1.2. Les conflits de rationalité…………………………………………………………………………...….138 2. Cognition et action……………………………………………………………………………………….141 2.1. Quand connaître, c’est agir : les actes de connaissance……………………………………………......147 2.2. Quand agir, c’est connaître : les risques de l’action………………………………………………...….147 2.3. Le principe de précaution……………………………………………………………………………....154 3. Science, technique et morale…………………………….……………………………………………….160 3.1. La relation entre théorie et pratique…………………………………………….……………………...160 3.2. Le cas du refus éthique des techniques scientifiques………….………..…………………………...…164 3.3. L'analyse et la synthèse dialectique…………………………………………………………………….166
2. Un livre : ‘Science, technologie et éthique’ CHAPITRE V : EXEMPLES CONTEMPORAINS…...……………………………..169 1. La perspective critique et la perspective dialectique dans les controverses……………………………..170 L’exemple de la technique du clonage 2. La controverse sur les organismes génétiquement modifiés………………………….…….……………172 De la biologie moléculaire à l'éthique de l'environnement 2.1. La biologie moléculaire, le génie génétique et les organismes génétiquement modifiés………………174 2.2. La perspective critique à l'origine de la controverse……………………………………………...……179 2.3. La perspective dialectique de la controverse…………………………………………………………...185 2.4. Les organismes génétiquement modifiés, les problèmes éthiques et l'éthique de l'environnement…....207 2.5. Le bilan de la controverse…………………………………………………………………………...….215 3. La controverse sur les éléments hautement radioactifs…………………………………….…………….219 De la physique nucléaire à l'éthique du futur 3.1. La physique nucléaire, le génie atomique et les éléments hautement radioactifs…………………...…221 3.2. La perspective critique à l'origine de la controverse………………………………………………...…228 3.3. La perspective dialectique de la controverse………………………………………………………...…235 3.4. Les éléments hautement radioactifs, les problèmes éthiques et l'éthique du futur…………………......253 3.5. Le bilan de la controverse…………………………………………………………………………...….259
3. Critique et dialectique • Dichotomie fait / valeur (Hume,18ème siècle, Traité de la nature humaine) : ‘Is’ versus ‘Ought’. • Critique : principe critique de démarcation (Kant) : distinction entre les questions de science (raison ‘théorique’) et les questions de morale (raison ‘pratique’). • Dialectique : principe dialectique de transformation Dialectique I (Hegel) : tente de surmonter les dichotomies de la critique de Kant, notamment la démarcation entre connaissance (raison ‘théorique’) et volonté (raison pratique’). Dialectique II (Marx) : impose le primat de la pratique, de sorte que la science devient une ‘pratique théorique’.
3. Critique et dialectique • Du principe critique de démarcation au principe dialectique de relation : relation entre la ‘raison théorique’ et la ‘raison pratique’, soit entre la connaissance, l’action et la volonté, ou encore, entre la science et la morale. • Perspective dialectique : elle reconnaît la dichotomie de l’être et du devoir-être, mais elle opte pour une philosophie des relations conditionnelles entre modalités hétérogènes (épistémique, éthique, technique, …) • Logique des relations entre modalités hétérogènes • Relations conditionnelles : conditions de possibilité ou d’impossibilité (1) Condition de possibilité (2) Condition d’impossibilité (conflit de rationalité).
3. Critique et dialectique • La condition liant deux éléments d'un même ordre de rationalité peut être une condition de possibilité hétérogène, qui peut se formuler selon le principe de la logique des relations : x R y : R est la relation "être la condition de possibilité hétérogène de" où x et y sont entre eux des éléments hétérogènes • En comparaison, la notion de conflit de rationalité reprend le schéma de la logique des relations modales hétérogènes, mais cette fois-ci au titre de condition d'impossibilitéhétérogène : x R' y : R' est la relation "être la condition d'impossibilité hétérogène de" où x et y sont entre eux des éléments hétérogènes
3. Critique et dialectique • Principe de ‘symétrie des relations et des conditions’ : (I) Principe éthico-épistémique : la morale est une condition de la science. - La connaissance scientifique, en raison des actions qu’elle exige ou implique, peut être soumise aux conditions de la morale : l’éthique de la science. - Ces conditions peuvent être des valeurs, des obligations, des pratiques, etc. - Ex : l’expérimentation sur l’embryon humain. (II) Principe épistémico-éthique : la science est une condition de la morale. - La volonté morale, en raison des actions qu’elle exige ou implique, peut être soumise aux conditions de la science : l’épistémique de la morale. - Ces conditions peuvent être des faits, des prédictions, des théories,etc. - Ex : l’envoi de médicaments aux populations du Tiers Monde
3. Critique et dialectique • Logique épistémique : principe de bivalence (V/F : vérification/ falsification). - Critère de la science (Popper) : différence entre vérifiabilité et falsifiabilité. - Une théorie scientifique est une théorie qui est falsifiable (ou réfutable), ie qui peut être déclarée fausse après mise à l’épreuve. • Logique éthique : principe de bivalence (B/M : bonification / malification) - Critère de la morale : différence entre bonifiabilité et malifiabilité. - Une pratique morale est une pratique qui est malifiable (ou refusable), ie qui peut être déclarée mauvaise après mise à l’épreuve. • Déplacement dialectique de la démarcation critique : - Au sein de la science, qui comporte une partie théorique et une partie technique, ce sont seulement les techniques qui sont refusables, pas les théories. - La théorie de l’évolution de Darwin, n’en déplaise aux partisans du créationnisme, n’est pas moralement refusable !
3. Critique et dialectique • L’objet dialectique La perspective dialectique ne change pas fondamentalement la nature de la règle morale observée dans la communauté scientifique, qui peut être exactement la même dans les deux perspectives, critique et dialectique. Mais elle change radicalement la nature de la connaissance scientifique, car elle interdit de se donner comme objet de recherche un objet dont la connaissance impliquerait de mettre en œuvre un acte technique transgressant une règle morale. L’observation de la règle morale oblige donc à modifier les conditions de l’expérience, à trouver un autre dispositif expérimental et à constituer un autre protocole de recherche. Et ce faisant, elle modifie l’objet lui-même, le projet de recherche qui se fixait comme but la connaissance de cet objet, et donc la connaissance de l’objet elle aussi. Le point important ici est que l’observation d’une règle morale a une incidence, un impact sur l’objet de l’investigation scientifique.
4. Technique, valeur et norme • Principes de ‘symétrie des conditions et des relations’ : • (III) Principe ‘épistémico-technique’: la science est une condition de la technique, et réciproquement 1. La science est la condition de la technique 2. La technique est la condition de la science • (IV) Principe ‘éthico-technique’: la morale est une condition de la technique, et réciproquement 3. La morale est la condition de la technique 4. La technique est la condition de la morale • Remarque sur le point (4) : on a parfois tendance à ‘jeter le bébé avec l’eau du bain’, car s’il existe une régulation éthique de la technique, il ne faut pas oublier que la technique peut réaliser des buts éthiques (cf par exemple les procédés de réparation de la colonne vertébrale pour des paraplégiques).
4. Technique, valeur et norme • La technique comme action efficace : - la technique en tant qu’activité recherchant l’efficacitéde l’action comporte des valeurs et des normes qui peuvent être évaluées du point de vue de l’éthique. - la technique comporte un ensemble de choix matériels, opérationnels, qui sont aussi des choix sociaux et moraux (cf Robert Moses, ingénieur cvil de la ville de New York pendant 50 ans). • Implicitation/explicitation des valeurs et des normes: la technique fonctionne sur le mode de l’implicitation des valeurs et des normes ; l’éthique a pour vocation de jouer un rôle d’explicitation des valeurs et des normes de la technique.
4. Technique, valeur et norme • Processus technique de l’ingénierie : - conception-production-utilisation d’artifices techniques (route, pont, port, voiture, train, avion, téléphone, télévision, ordinateur,…) • ‘Value-sensitive design’ : conception sensible aux valeurs. - intégration des valeurs et des normes morales dès la phase de conception. Conception Production Utilisation
5. Politique, discussion et démocratie • Quelques formes de la politique
5. Politique, discussion et démocratie • La démocratisation de l’expertise
6. Exemples contemporains • (1) Les organismes génétiquement modifiés - premières techniques du génie génétique dans les années 70 - développement sur les plantes, puis sur les animaux (OGM) - controverse éthique et déclaration d’Asilomar (1975) - controverse mondiale sur les OGM : 1996-2005 (2) Les éléments hautement radioactifs - premières techniques du génie atomique dans les années 40 - développement des centrales nucléaires à partir des années 50 - problème des déchets radioactifs dès cette époque - contestation du nucléaire et des sites de déchets radioactifs dans les années 70
6. Exemples contemporains • Les organismes génétiquement modifiés • La biolistique : par un canon à air comprimé, on envoie des micro-billes chargées d'ADN sur des cellules (cas pour la plupart des maïs transgéniques). L'électroporation : par choc électrique, on rend la cellule poreuse momentanément à l'ADN. La transfection : par choc chimique ou par vecteur (bactérie ou virus), l'ADN est transféré à un autre organisme (par exemple, le vecteur Agrobactérium tumefaciens). La mico-injection : par pipette très fine, l'ADN est injecté dans des cellules sexuelles, lesquelles devront être triées pour pouvoir éventuellement regénérer un organisme.
6. Exemples contemporains • Le procédé de transgenèse
6. Exemples contemporains • La controverse sur les organismes génétiquement modifiés Le paradigme normal (anticontroversif) L'innovation technique, la liberté du marché, le progrès humain Le paradigme alternatif (procontroversif) Le principe de précaution, le souci des citoyens, le respect des traditions Le paradigme conflictuel (controversif) : les conflits de rationalités L’innovation technique et le principe de précaution La liberté du marché et le souci des citoyens Le progrès humain et le respect des traditions
6. Exemples contemporains ‘La technique du laboratoire’ et ‘l’éthique de l’environnement’ ‘Pacific Declaration’ Bolinas, Californie, en juin 1999 • Recherche : La sécurité environnementale et la santé publique requièrent l'étude systématique de tout organisme vivant transgéniquement modifié sur de nombreuses générations avant d'autoriser sa dissémination dans l'environnement ou sa commercialisation. • Bien-être : Tous les produits proposés dérivant du génie génétique doivent pouvoir contribuer au bien-être général des consommateurs, des paysans et de la société sans compromettre la viabilité des pratiques agricoles traditionnelles, incluant l'agriculture biologique. • Droit : Les paysans et les gens de la terre qui ont généralement cultivé, nourri et développé des cultures ont le droit de contrôler leur propre matériel de culture. • Tradition : Un tel contrôle inclut le droit de cultiver des espèces indigènes ou conventionnelles en utilisant des méthodes traditionnelles, et d'utiliser ou de réutiliser tout stock de semence génétique.
6. Exemples contemporains • Information : Les individus devraient avoir accès à toute donnée pertinente concernant les effets potentiels des organismes génétiquement modifiés sur la santé des générations présentes ou futures. • Liberté : Les individus ont le droit d'accepter ou de refuser n'importe quel produit alimentaire pour des raisons personnelles, religieuses ou philosophiques. • Etiquetage : En l'absence de preuve infrangible montrant l'équivalence et la sécurité de la nourriture génétiquement modifiée comparée à la nourriture conventionnelle, tous les produits alimentaires dérivant de techniques génétiques doivent être précisément étiquetés. • Contrôle : L'injonction médicale de "ne pas nuire" requiert pour les produits génétique-ment modifiés une expérimentation et une surveillance avant et après la mise sur le marché qui soit adéquate et suffisante. • Risque : Le manque actuel de telles expérimentations contrevient à cette injonction et par conséquent met en péril l'accès universel à une nourriture sûre, en exposant à des risques potentiels des populations vulnérables présentes ou futures incluant des femmes enceintes et des jeunes enfants. • Justice : Les découvertes fondamentales du génie génétique ont été développées par un financement public ; la justice requiert que tous les risques, coûts et bénéfices des produits du génie génétique soient équitablement distribués au sein la société.
6. Exemples contemporains Epistémique biologie moléculaire versus écologie systémique économie industrielle et internationale versus économie rurale droit de la propriété versus sociologie de l’opinion expertise scientifique et technique versus contre-expertise et opinion citoyenne Technique génie génétique versus génie rural agriculture industrielle versus agriculture traditionnelle système globalisé versus système localisé communication commerciale versus information interactive et informelle Politique libération du marché versus régulation du marché propriété privée versus propriété publique décision technocratique versus décision démocratique consultation des experts versus consultation des citoyens Ethique progrès pour la santé versus principe de précaution lutte contre la famine versus lutte contre l’impérialisme préservation de l’environnement versus respect des traditions liberté d’achat versus choix de vie
6. Exemples contemporains • Les éléments hautement radioactifs
6. Exemples contemporains • L’entreposage Le stockage
6. Exemples contemporains • La controverse sur les éléments hautement radioactifs Le paradigme normal (anticontroversif) La maîtrise technique, l'indépendance nationale, l'utilité collective Le paradigme alternatif (procontroversif) La responsabilité envers le futur, l'ouverture de l'activité, la préservation de la liberté Le paradigme conflictuel (controversif) : les conflits de rationalités La technocratie des experts et la démocratie des citoyens Le repli sur l'activité et l'ouverture au changement Le confort de vie au présent et la responsabilité envers les générations futures
6. Exemples contemporains La ‘technique du présent’ et ‘l’éthique du futur’ Canada Responsabilité : Nous devons faire face à nos responsabilités et aux problèmes que nous avons crées, et tous les acteurs (experts, citoyens, municipalités, …) doivent être impliqués. Adaptation : Nous devons favoriser une amélioration continue fondée sur la croissance du savoir, laquelle permettra également aux générations futures d'être responsables. Gestion :Nous devons privilégier un usage pertinent des ressources afin de laisser un patrimoine de qualité aux générations futures, ce qui peut impliquer la réduction de notre consommation d'énergie et l'usage de nouvelles énergies. Transparence : Les décisions prises par le gouvernement et les industries ainsi que leurs justifications doivent être accessibles au public et contrôlées par une agence indépendante. Connaissance :Le savoir est un bien commun afin de prendre les meilleures décisions au présent et dans le futur, mais il requiert des moyens en faveur de l'éducation de la jeune génération et de la promotion d'une coopération internationale. Participation : Les meilleures décisions nécessitent un engagement large ainsi que l'opinion d'une variété de personnes, lesquelles devraient avoir une contribution permanente au processus de gestion.
6. Exemples contemporains Suède Risque : Notre génération ne devrait pas créer de risque pour les générations futures qui soient supérieurs à ceux que nous accepterions pour nous-mêmes. Responsibilité : Les générations futures ne devraient assumer aucune responsabilité financière et ne devraient avoir qu'un minimum de responsabilités pratiques concernant la gestion des déchets. Liberté : Les générations futures doivent pouvoir effectuer un choix libre si elles souhaitent mettre en oeuvre une autre solution technique ou utiliser les déchets comme ressource. Gestion : Nous devons gérer les déchets radioactifs sur notre territoire national.
6. Exemples contemporains Epistémique physique nucléaire versus géologie sédimentaire chimie des matériaux versus toxicologie des radionucléides économie industrielle versus sociologie de l'opinion expertise scientifique et technique versus contre-expertise et opinion profane Technique génie atomique versus génie géologique source énergétique dominante versus sources énergétiques alternatives système centralisé versus système décentralisé secret de l’information versus transparence de l’information Politique monopole du marché versus ouverture du marché décision technocratique versus décision démocratique communication institutionnelle versus débat public consultation des experts versus consultation des citoyens Ethique utilité collective versus responsabilité envers le futur intérêt général versus intérêt des citoyens égalité d’accès versus liberté de choix confort de vie versus qualité de l'environnement
7. Conclusion • Changement de paradigme dans la pensée contemporaine : non plus la démarcation, mais la relation entre science, technique et morale. • Transformation de la philosophie : passage d’une perspective critique (Kant) à une perspective non critique (dialectique). • Mythe de la neutralité : la technique n’est pas neutre d’un point de vue moral, la science non plus dans la mesure où elle recourt ou elle concourt à la technique.