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Couronne de sonnets. 3. Le poète errant. Bonne lecture. 1. Universel. Rêveur hors temps est le poète errant Qui, du grand univers, fait sa patrie ; Sans souche ni couleur, tant espérant Voir les humains une même fratrie. Il tend la main à tous, et sa bonté
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Couronne de sonnets 3 Le poète errant
1 Universel Rêveur hors temps est le poète errant Qui, du grand univers, fait sa patrie ; Sans souche ni couleur, tant espérant Voir les humains une même fratrie. Il tend la main à tous, et sa bonté Est un ruisseau séduisant par sa grâce L'âme qui vient pinter, l'air enchanté, De son flux capiteux, plus d'une tasse. Le mont connaît sa voix qui fait frémir Ses bois ; et ses oiseaux, au chant d'émir Qu'il leur dédie, aiment ne plus se taire. Canne à la main ; il va, d'un pas princier, Faire jaillir l'amour, tel un sourcier. Il a le front au ciel, les pieds sur terre.
2 Au nom de la vie. ll a le front au ciel, les pieds sur terre, Entre les doigts un rameau d'olivier. Sa colombe n'est point oiselle aptère, Proie au bec déchirant de l'épervier. Il en fait sa bannière et son emblème. Il la défend contre tout prédateur, Au nom du sang, de la vie elle-même Dont il est le garant épurateur. Sur sa lèvre fleurit, en mots limpides, Le droit à la fierté loin des arides Champs de la mort au relief si navrant. Ecoutez-le fredonner sa tirade ; Vous direz que, même en jérémiade, Son esprit est un ru désatérant !
3 Pour un sourire vermeil. Son esprit est un ru désatérant Dont guère ne tarit le cours où l'âme Vient s'enivrer pour un soir délirant Où l'eau rime à ravir avec la flamme. Qui n'a senti ce feu qui fait rêver, Sa vie a grand besoin d'être attisée Car en laissant la cendre la couver, Elle mourra, de froid, neutralisée. Oyez le cri profond du vieux rimeur ! On le dirait d'un bel ange sauveur Venu du ciel semer l'amour sur terre. Il vole entre la pluie et le soleil Pour assouvir d'un sourire vermeil La soif du cœur vivant en solitaire.
4 Divin dictame La soif du cœur vivant en solitaire Le convie à chercher dans les versets Mêlés aux vers le bon miel salutaire Qu'il fait couler en quatrains et tercets. Ah, si les gens étaient épris de lire Les mots qu'il sait, avec art, ciseler Pour embellir de leurs joyaux la lyre Que l'on perçoit, de son cœur, ruisseler ! Ah, s'ils buvaient le céleste dictame Dans son verbe divin, baume pour l'âme, Doux élixir au parfum de santal. Bon guérisseur, il sert à pleine cruche, Soir et matin, le nectar de sa ruche. Lui seul, de son voisin, ressent le mal.
5 Consolateur Lui seul, de son voisin, ressent le mal ; Aussi le trouve-t-on proie à Souffrance, Partageant le malheur, ami loyal, Ou parent ignorant l'indifférence. Voir l'autre chagriné, c'est lui qui l'est Se dit-il et, les yeux remplis de larmes, Sent que c'est lui qui traîne le boulet De la douleur. Il prend alors ses armes. Il console, il apaise, il adoucit Lorsque l'affliction le cœur roussit Pour le meurtrir à son ignoble flamme. Il accourt au secours du miséreux. Pour combattre avec lui son sort affreux ; Il met en vers la peine de son âme.
6 Il est partout. Il met en vers la peine de son âme Car il sait que rimer l'adversité Soulage ; alors on l'entend qui déclame Son écrit sur les toits de la cité. Se trompe qui le croit vivant ermite Dans une tour ou perdu dans un lieu Désert, à ruminer un ancien mythe En guise de louange à quelque dieu. Il est omniprésent car ni l'espace Ne le contient ni le temps n'en efface La belle empreinte au rayon sidéral. Un mot suffit à balayer la peine, Rendre à la vie une allure sereine... Il a le don d'élever le moral.
7 Toujours prêt Il a le don d'élever le moral A qui se sent vaincu par l'amertume Du temps nocif ouvrant son arsenal De maux pour l'aplatir sur son enclume. Cette vertu de tirer du tourment Le voisin lui revient vu la clémence Dont déborde sa foi continûment Prête à servir à l'autre son essence. Le murmure du sang dans ses vaisseaux Est tel un chœur fascinant de ruisseaux Que la nature gaie à dieu réclame. Heureux qui voit en lui le messager De l'esprit que lui seul ose ombrager. Jailli du cœur, son mot est un dictame.
8 Trouvère Jailli du cœur, son mot est un dictame Enivrant tel un vin, versé du ciel, Qui, sitôt dégusté, le cœur enflamme Pour le vider de son trop-plein de fiel. C'est lui qui fait chanter les demoiselles La nuit durant, à l'abri des regards, Près d'un bon feu ; la lueur des chandelles Se reflétant dans leurs yeux égrillards. C'est lui qui dit les belles rotrouenges Aux gais refrains qui font vibrer ces anges Au féminin dont le cœur est fervent. Qui n'a jamais connu cette chamade Que lui fait avec art une ballade ? Il invente l'amour et sème au vent.
9 Sang et larmes Il invente l'amour et sème au vent La bonté, l'amitié, la tolérance... Il voit en fleurs, du coucher au levant, La terre d'où se bannit l'ignorance ; D'où l'on exclut tout précepte haineux Et tout ce qui transperce l'âme humaine Que l'on nourrit de produits vénéneux Pour l'offrir à la mort qui se déchaîne, En entendant tempêter les canons Qui font voler gourbis et cabanons Pour découvrir la chair qu'ils ont brûlée. Mêlant de pleurs le sang puis écrivant, Le rimeur chagriné clame d'emblée La paix rimée en poème émouvant.
10 A bas la guerre ! La paix rimée en poème émouvant Qui fait gémir car sorti de ses tripes Est à ses yeux le meilleur adjuvant Qui fait valoir la vie et ses principes. La guerre saccageuse, il la maudit En honnissant la sale main qui sème La terreur et sa faux rouge brandit A l'œil du ciel noirci qu'elle blasphème. Le rimeur engagé n'est pas peureux. Il dit son mot, d'un ton sec, vigoureux, Contre l'acier, ferraille destructrice ! Il veut sauver le mont, le bois, le pré, Le soleil souriant au champ pourpré... Son hymne à la nature est un délice.
11 Nature Son hymne à la nature est un délice. C'est lui qui fait pleurer le rossignol Qui prend souvent la voix de cantatrice Pour seriner son ramage en plein vol. Un vers suffit à convier les roses A cueillir les baisers des papillons, A déployer leurs doux pétales roses Aux abeilles aimant leurs pavillons. D'une rime il invite à la pavane Les bois ensorceleurs sur lesquels plane Une brume argentée unie au ciel. Il sait parler au lac, à la rivière, Au mont, au reg et même au cimetière. En tant que saint, son verbe est immortel.
12 A bas les fers ! En tant que saint, son verbe est immortel Il est appris, récité, d'âge en âge ; Puisque, prônant le Beau, continuel Il doit rester, sans besoin de dorage. Le mot si franc dont il a le secret N'est point obscur, n'a guère de limites, Il est reçu plus qu'un royal décret Par les esprits aux éminents mérites. Quand il rugit qu'il faut briser les fers Il est jeté, le premier, aux enfers Des cachots souterrains pleins d'immondice. Que de rimeurs ont goûté, des bourreaux, Le feu du fouet derrière les barreaux ! O liberté, ton prix est le supplice !
Poète oiseau 13 O liberté, ton prix est le supplice Et l'aède point ne trouve d'abri. Quelle main peut tirer du précipice Toujours ouvert son âme à bout de cri ? Nous le voyons perdu dans les abîmes Où foisonne la peur ; le ciel omet D'aller à son secours car sur les cimes Il est, pour lui, sur le plus haut sommet. Ce qui paraît à nos yeux sans lumière Comme un vagabond loin de sa chaumière Est un oiseau niant cage et castel. Le plein air, à tout prix, est sa demeure. Tout autre lieu, si bon soit-il, l'écœure. Il faut payer afin d'être éternel.
14 Digne dans sa grotte Il faut payer afin d'être éternel. Alors il paie, au prix fort, de son âme. Omniprésent, il répond à l'appel Sans redouter ce que l'ennemi trame. De tout cruel combat, il sort vainqueur. L'histoire écrit son glorieux passage En apposant le grand sceau de son cœur Toujours battant au bas de chaque page. Il préfère la grotte au grand palais Pour chanter librement odes et lais Et courir sous le ciel en gai trouvère. Sa lyre aimée a le mot honorant La feuille qui meurt et la primevère. Rêveur hors temps est le poète errant.
M Poète errant Rêveur hors temps est le poète errant. Il a le front au ciel, les pieds sur terre. Son esprit est un ru désatérant La soif du cœur vivant en solitaire. Lui seul, de son voisin, ressent le mal ; Il met en vers la peine de son âme. Il a le don d'élever le moral. Jailli du cœur, son mot est un dictame Il invente l'amour et sème au vent La paix rimée en poème émouvant. Son hymne à la nature est un délice. En tant que saint, son verbe est immortel. O liberté, ton prix est le supplice Il faut payer afin d'être éternel.
Poèmes écrits et présentés par Flormed Zm060811BB