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LES MARQUES ORIENTALES DANS L’ART ET L’ARCHITECTURE. ________________________. L’ORIENT DANS L’ART ET L’ARCHITECTURE ANDALOUSE. 0.- Introduction.
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LES MARQUES ORIENTALES DANS L’ART ET L’ARCHITECTURE.________________________ L’ORIENT DANS L’ART ET L’ARCHITECTURE ANDALOUSE.
0.- Introduction Les traces les plus visibles du passage des peuples se trouvent, sansaucundoute, dansl’art de construire, dansl’urbanisme et dansl’artisanat. Dans ce sens, l’Andalousie, dont la tradition de civilisationurbaine remonte trèsloindans le temps, n’estpaspauvre en la matière.
Différentes traditions civilisatrices se sont succédées puis superposées les unes aux autres, les plus récentes reprenant à leur compte l’héritage des plus anciennes, les enrichissant de leurs propres apports. Depuis les Phéniciens jusqu’à l’époque actuelle, les ajouts orientaux aux substrats autochtones ont été constants, donnant comme résultat une parfaite symbiose Orient-Occident. Cette symbiose est visible dans l’architecture, aussi bien monumentale que fonctionnelle.
En urbanisme, la combinaison des lumières et des ombres, du blanc et de la couleur, est une constante depuis les temps les plus reculés. Quant à l’artisanat, il présente des marqués inéquivoques orientales aussi bien dans les pièces utilisées tous les jours que dans les productions “haut de gamme”.
1.- L’architecture. 1.1.- L’architecturemonumentale. Les traces orientales dansl’architecturemonumentaleandalouseremontent à loindans le temps. Si bien l’héritage le plus voyantprovient de la présencepolitique arabo-musulmane, celui-ciest marqué à son tour par un mélanged’uneinfluenceaussiorientale – la byzantine - et autochtone – l’architecturelocale de l’époqueWisigothique.
C’est cet élément qui marque dès le départ une nette différence entre l’architecture monumentale en Espagne musulmane et l’architecture monumentale dans le reste du monde islamique. Au fur et à mesure que le temps a passé, cette architecture s’est ré-orientalisée. Ceci peut être vu si on compare d’un point de vue chronologique la Mosquée de Cordoue (VIIIe – Xe s.), le complexe palatin de Medina Azahara (IXe s.) , la Giralda de Séville (XIIIe s.) et l’Alhambra de Grenade (XIIe – XVe s.)
La Giralda, minaret de l’ancienne grande mosquée de Séville, aujourd’hui clocher de la cathédrale.
Alhambra de Grenade. En haut à gauche, la Cour des Lions. En haut à droite, la Tour des Dames. Ci-contre, le Generalife, construction annexe à l'Alhambra. C'était un lieu de repos et de loisirs des sultans grenadins.
1.2.- L’architecture militaire. Les Arabes furent d’excellents stratèges militaires. Ceci explique en partie la fabuleuse expansion politique de l’Islam depuis le désert d’Arabie jusqu’au nord de l’Inde d’un côté et jusqu’en Espagne de l’autre. Ces traces militaires sont très visibles, encore aujourd’hui, dans le vocabulaire courant, ainsi que dans le patrimoine historique.
Nombreuses sont les localités, grandes et petites, qui possèdent un château, une tour fortifiée, une porte monumentale ou un simple pan de muraille datant de l’époque musulmane. Si nous nous limitons à l’Andalousie, de grands complexes militaires, aujourd’hui catalogués comme monuments nationaux, se trouvent à Almería (Alcazaba), Málaga (château de Gibralfaro), Guadix (Alcazaba), Grenade (secteur militaire de l’Alhambra), et bien d’autres villes et villages.
Alcazaba d’Almería, entrée principale. Alcazaba d’Almería, vue depuis le port.
Grenade, l’Alhambra:- photo supérieure: vue du quartier militaire (Barrio Castrense) depuis la Tour du Guêt (Torre de la Vela).- photo inférieure: vue de la Tour du Guêt (Torre de la Vela) depuis le passage des murailles.
De simples châteaux se trouvent à Salobreña et à Orce (prov. de Grenade) et dans les Villages Blancs des provinces de Cadix et de Málaga qui jadis marquaient la frontière militaire entre le royaume nasride de Grenade et le royaume de Castille. De simples tours fortifiées sont présentes dans la plupart des petits villages tels que Cúllar et Vélez Benaudalla (prov. de Grenade) et bien d’autres, sans oublier la Tour de l’Or à Séville. Des restes de murailles sont visibles entre autres, à Grenade, où il reste un pan de muraille de l’époque Siride (Xie s.) et un autre, plus grand, de l’époque Nasride (XIII-XVe s.)
Château de Salobreña Château de Vélez BenaudallaMuraille Nasride de Grenade Tour de l’Or, Séville
Grenade, Porte d’Elvira. Grenade, Porte de Bib Rambla Photo de gauche: Orce, le château. Photo de droite: Cordoue, la Tour de Lacalahorra, face au Pont Romain.
La Porte d’Elvira, à Grenade, est un des meilleurs exemples des imposantes portes d’entrée des villes médiévales. En outre, vu du ciel, il est possible de reconstituer l’ancienne frontière militaire du royaume nasride de Grenade en suivant le système de fortifications des “Villages Blancs” d’Andalousie Occidentale et des Tours de Guêt d’Andalousie Orientale, lesquelles drainaient les alertes et autres informations militaires vers la Tour du Guêt , la construction la plus imposante de l’Alhambra vue de l’extérieur.
Circuit des Villages Blancs, en Andalousie Occidentale. En bas, le village d’Olvera, dans la province de Cadix.
1.3.- L’urbanisme. L’urbanisme de l’époque musulmane présente deux caractéristiques bien précises: la maison musulmane reprend la plupart des composantes de la maison romaine, mais le tortueux tracé des rues est loin du tracé rectiligne et “raisonné” des antiques colonies romaines d'Hispanie. Ainsi donc, les quartiers anciens des villes et village andalous sont caractérisés par des maisons à un ou deux étages et des rues parfois très étroites.
1.3.1.- Les quartiers anciens. Les vieux quartiers, antan foyer de la marginalité et de la mauvaise vie, sont aujourd’hui particulièrement choyés par les municipalités. Certains sont même inscrits dans la liste du Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco. Parmi les anciens quartiers, il est à remarquer l’Albaicín de Grenade, ainsi que les anciens quartiers juifs (les “Juderías”) de Séville (Barrio de Santa Cruz), de Cordoue (la Judería), de Grenade (le Realejo) et de Guadix.
Grenade, L’Albaicín. Séville, Quartier de Santa Cruz. À gauche, le Realejo, Grenade. À droite, la Judería, Cordoue.
À Huéscar, le quartier de la Morería, la vieille ville musulmane, a été restauré et réhabilité très récemment.
Mais, il faut faire mention de deux exemples de réhabilitation totale des anciens quartiers médiévaux, juifs ou musulmans. D’un côté, les “Villages Blancs” (en raison de la couleur intensément blanche des maisons) des provinces de Cadix et de Málaga. Ces villages, qui suivent les crêtes des montagnes et des collines, dessinent un circuit allant d’Algésiras (prov. de Cadix) à Antequera (prov. de Málaga), et leur épicentre se trouve dans la monumentale ville de Ronda (prov. de Málaga).
Frigiliana (Málaga). Ronda (Málaga). Arcos de la Frontera (Cadix). Olvera (Cadix).
D’un autre côté, il faut faire mention des villages qui se trouvent dans les “Alpujarras”, une contrée extrêmement montagneuse des provinces de Grenade et d’Almería. D’accès très difficile jusqu’à une date récente, ces villages ont su conserver un caractère d’un autre temps. Les mosquées ont été transformées en églises au lendemain de la reconquête chétienne, mais la topographie urbaine n’a pratiquement pas changé.
Bubión (prov. de Grenade) Trevélez (prov. de Grenade). À gauche, Pampaneira (prov. de Grenade). À droite, Capileira (prov. de Grenade).
1.3.2.- La maison traditionnelle andalouse. La maison traditionnelle andalouse est l’héritière directe de l’ancienne maison romaine et de la maison musulmane. Les éléments constitutifs de la maison traditionnelle andalouse sont: - le “zaguán”, ou petit habitacle séparant la porte extérieure de l’entrée de la maison proprement dite. Il s’agit d’un lointain héritage de l’atrium romain. - les habitations réparties entre un premier et un deuxième étage.
- le "patio", ou cour intérieure. À noter que la cuisine donne généralement sur la cour intérieure. - une terrasse, ou "azotea", au sommet de la maison. Une différence existe cependant. Dans la maison traditionnelle de Séville et de Cordoue, le "patio", très richement orné de faïences et de fleurs, se trouve à l'entrée de la maison. Alors qu'à Grenade, la cour intérieure, beaucoup plus intime, se trouve derrière les habitations, hors de la vue du public.
Ci-dessous, patio grenadin. Ci-dessus, patio traditionnel sévillan. Ci-dessous, patio cordouan.
À noter également que dans les constructions modernes, aussi bien des maisons que des blocs d'appartements, il est obligatoire de réserver un espace libre nommé "patio".
Un cas à part est à mentionner. À Grenade, dans les quartiers de l'Albaicín (vieille ville musulmane) et du Realejo (ancien quartier juif), il existe un type de maison traditionnelle, descendante directe des riches demeures de l'époque musulmane. Il s'agit du "carmen" traditionnel. C'est une maison à deux étages, exceptionnellement à trois étages, imitant le style caractéristique de l'architecture urbaine nasride. Entre autres, elle a un patio intérieur richement orné où l'on trouve une "alberca" ou petit bassin d'eau avec une fontaine, des fleurs
et plusieurs arbres, dont au moins un palmier (il donne de l'ombre) et un cyprès (symbole de repos et de loisirs dans les anciennes villas romaines).
3.- L'architecture et l'urbanisme aujourd'hui. Longtemps après la fin politique de l'Islam espagnol et de l'expulsion des Juifs, les marques orientales sont toujours présentes dans le monde de la construction. Une bonne preuve en est fournie par l'art "mudéjar", constructions chrétiennes imitant les formes arabes, ainsi que l'architecture contemporaine.
3.1.- L'art "mudéjar". Les Maures étaient des constructeurs exceptionnels. Ils savaient combiner à merveille la solidité, la magnificence, l'armonie et la minuciosité du détail, ne laissant rien au hasard. Très conscients de cela, les Chrétiens reprirent à leur compte cet immense savoir-faire en architecture. La combinaison du richissime art islamique et de l'austère et solide construction castillane donna comme résultat l'art "Mudéjar". Les "Mudéjares" étaient des musulmans qui, après la Reconquête, étaient restés vivre en terre chrétienne.
Les bâtiments mudéjares ont été construits après la Reconquête, et ce sont tous des exemples d'imposante magnificence et minuciosité du détail. Le Mudéjar peut être plus intense ou plus discret, dépendant des époques et des constructions. Par exemple, les Alcazars Royaux ("Reales Alcázares") de Séville, construits par le roi castillan Ferdinand III après la conquête de la ville, constituent un palais arabe à part entière.
En revanche, un mélange beaucoup plus subtil peut être observé dans la Casa de Pilatos (la Maison de Pilatos) à Séville.
Au XVI-XVIIe s., les constructions deviennent plus austères. Cependant, entre la deuxième moitié du XIXe s. et le premier tiers du XXe s., la prise de conscience sur la richesse du patrimoine architectural andalou provoqua un véritable engouement pour une nouvelle version du "mudéjar", appelé "Néo-Mudéjar". Les meilleurs exemples en sont la Faculté de Vétérinaire de Cordoue (construite en 1847) et les Arènes (Plaza de Toros) de Grenade, construites en 1929.
La Faculté de Vétérinaire de Les Arènes de Grenade.Cordoue
3.2.- L'architecture contemporaine. Les composantes de l'art islamique espagnol sont toujours très présentes dans la façon de construire en Andalousie. Les techniques anciennes, les nouveaux matériaux et les nouvelles perspectives ne sont nullement opposées. Les grands espaces et la recherche de la lumière intense peuvent être combinés à merveille avec les fines colonnes lisses de l'art nasride et les arcs en fer à cheval de l'art khalifal.
De même, la couleur blanche des extérieurs est à l'ordre du jour. Quelques exemples en sont fournis avec l'aéroport de Grenade (ci-dessous à gauche), et surtout par la spectaculaire salle d'attente de l'aéroport de Séville, qui reproduit à sa façon l'imposante salle des colonnes de la Mosquée de Cordoue (ci-dessous à droite).
4.- La fusion Orient-Occident au quotidien: l'artisanat. L'artisanat combine à merveille le fonctionnel et la beauté esthétique. D'autre part, la peinture et les dessins géométriques expriment toute une symbologie propre d'une culture déterminée, culture qui est transmise de génération en génération. En Andalousie, quatre manifestations artisanales sont à analyser: le travail du cuir, la faïence, le travail du bois incrusté et la céramique populaire.
4.1.- Le travail du cuir. La ville de Cordoue est très célèbre, entre autres, par ses artisans du cuir qui produisent le très réputé "cordobán". Tradition qui remonte à la plus lointaine antiquité, les Arabes ont donné à cet art leurs lettres de noblesse. Montures de chevaux, porte-documents, revêtements de boucliers et bien d'autres objets étaient très prisés à l'époque, et le sont toujours aujourd'hui.
Les constructions andalouses sont caractérisées par la lumière, la blancheur et la décoration intérieure polycrhome. Les faïences étaient présentes dans beaucoup de constructions, et le sont toujours aujourd'hui. Les "azulejos" qui revêtent aujourd'hui cuisines et salles de bains ainsi que les bas-reliefs des cours intérieures des maisons et des édifices publics, peuvent être de plusieurs types: soit d'une seule couleur, soit de plusieurs couleurs savamment combinées, soit dessinant des figures géométriques extrêmement complexes.
Un des exemples les plus majestueux de l'usage de la faïence est la Place d'Espagne (Plaza de España), à Séville. Sans aucun doute la plus belle place de tout le pays.