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Merci à lui !!!. Présentation réalisée par Prettyzoely. Photos : Yann Arthus Bertrand Texte : Yann Arthus Bertrand. Visiter Madagascar avec Yann Arthus Bertrand. Galerie photos et Texte : Yann Arthus Bertrand Site : yannarthusbertrand2.org.
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Merci à lui !!! Présentation réalisée par Prettyzoely Photos : Yann Arthus Bertrand Texte : Yann Arthus Bertrand
Visiter Madagascar avec Yann Arthus Bertrand Galerie photos et Texte : Yann Arthus Bertrand Site : yannarthusbertrand2.org
Tsingy de Bemaraha, région de Morondava, Madagascar (19°02’ S – 44°47’ E). L’insolite forêt minérale du Tsingy de Bemaraha surgit à l’ouest de Madagascar. Cette formation géologique, appelée karst, est le résultat de l’érosion, l’acidité des pluies ayant peu à peu dissous la pierre du plateau calcaire et ciselé ces arêtes tranchantes hautes d’une trentaine de mètres. Classé réserve naturelle intégrale dès 1927 et inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1990, ce labyrinthe quasiment impénétrable (d’où son nom, tsingy signifiant en langue malgache « marcher sur la pointe des pieds ») abrite une flore et une faune spécifiques, encore mal inventoriées. Sur la « Grande île », fragment de terre de 587 000 km2 issu de la dérive des continents, isolé depuis 165 millions d’années dans l’océan Indien au large de l’Afrique australe, s’est développée une vie animale et végétale singulière et diversifiée. La flore et la faune de Madagascar sont exceptionnelles : 90 % des quelque 12 000 espèces végétales et 80 % des espèces animales répertoriées dans l’île ne se sont développées nulle part ailleurs. L’une de ces espèces endémiques, la pervenche rose de l’île (Catharanthusroseus), est utilisée par l’industrie pharmaceutique pour le traitement de la leucémie. De nombreuses espèces de Madagascar sont cependant menacées d’extinction.
Érosion sur les flancs d’un volcan près d’Ankisabe, région de Tananarive, Madagascar (19°04’ S - 46°39’ E). Les origines du peuple malgache sont mal connues ; les premiers habitants se seraient installés sur l’île il y a seulement 2 000 ans, arrivant d’Afrique et d’Indonésie par vagues de migration successives. Depuis des siècles est pratiquée sur l’île une agriculture traditionnelle sur brûlis, appelée tavy, qui, du fait d’une intensification au cours des dernières décennies liée à l’importante croissance démographique (la population de l’île a été multipliée par 4 en 50 ans), est devenue particulièrement dévastatrice pour les milieux naturels. Privés de couvert végétal, l’humus et la terre meuble sont décapés par les pluies qui mettent au jour un manteau d’argile définitivement stérile et creusent des ravins, les lavakas, sur les versants des montagnes. Confrontés au manque de terres arables, les paysans exploitent des zones accidentées. Pourtant, la biodiversité présente un potentiel de développement inestimable. 98 % des mammifères de l’île et 68 % des plantes n’existent nulle part ailleurs. Ainsi l’exceptionnelle pervenche rose de l’île est utilisée par l’industrie pharmaceutique pour le traitement de la leucémie.
Rivière Mahajilo traversant les plateaux érodés à l’est de Miandrivazo, Madagascar (19°31’ S - 45°28’ E). Comme blessés à grands coups de griffes, les plateaux sont marqués par de profondes entailles creusées par le ruissellement des eaux de pluie. Ces ravins, ou lavakas, alimentent la rivière en latérite, un sédiment rouge arraché des reliefs par l’érosion. Il n’y a plus d’arbres pour retenir la terre meuble car la forêt a disparu, défrichée par la culture sur brûlis et le surpâturage. Ces pratiques, bien qu’elles soient interdites aujourd’hui, se sont intensifiées ces dernières décennies en raison de l’importante croissance démographique du pays qui a vu sa population doubler en trente ans. Les paysans en subissent les conséquences : les régions érodées n’étant plus cultivables, les terres exploitables sont réduites à 5 % de la superficie totale de l’île. Ils sont donc parfois obligés de travailler sur des zones accidentées, quand ils ne brûlent pas la forêt pour gagner de l’espace. Dans le monde, près de 2 milliards d’hectares de sols sont dégradés. La déforestation est mise en cause dans 30 % des cas.
Convoi de charrettes au sud-ouest d’Antananarivo, Madagascar (18°55’ S - 47°31’ E). Les chemins tortueux et boueux qui mènent à la capitale de Madagascar, Antananarivo, sont chaque jour empruntés par de nombreux convois de charrettes tirées par des zébus. Sous l’effet de l’exode rural, Antananarivo a fini par déborder de son enceinte pour s’étendre sur les plaines marécageuses environnantes. Avec un produit intérieur brut d’environ 250 dollars par habitant (contre 21 300 dollars en moyenne pour un citoyen de l’Union européenne), Madagascar se classe parmi les quinze pays les plus pauvres du monde. Cette pauvreté est essentiellement rurale et concerne surtout les petits cultivateurs : sur les 70 % de Malgaches qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, 85 % travaillent dans l’agriculture. Différents facteurs tendent à aggraver cette situation : une mauvaise répartition de la terre, une natalité élevée chez les ruraux, l’absence de qualification de la main-d’œuvre et le faible accès aux services de santé. Les femmes sont les plus défavorisées, elles n’ont accès ni à la propriété de la terre ni au crédit.
Pêcheurs dans un lagon de l’île Sainte-Marie au nord de Toamasina, Madagascar (16°50’S - 49°55’E). Située sur la côte est de Madagascar, l’île Sainte-Marie est un véritable paradis tropical occupé par des villages de pêcheurs au mode de vie séculaire. La pêche traditionnelle, pauvre en matériels de capture, se pratique essentiellement à partir de canots creusés dans des troncs d’arbres. Les ressources marines de Madagascar comptent parmi les plus riches et les plus diverses de l’océan Indien occidental. La pêche, qui à 80 % est destinée à la consommation locale, est une source essentielle de nourriture, de revenu et d’emploi pour les Malgaches. Cependant, les systèmes employés par les pêcheurs industriels endommagent l’habitat marin – récifs coralliens, mangroves, marais, algues – et entraînent une diminution alarmante des ressources halieutiques. On estime que 10 % des récifs coralliens de Madagascar sont déjà détruits. Si les pratiques ne changent pas, 60 % auront disparu en 2025.
Village au coeur des rizières près d’Antananarivo, Madagascar (18°57’ S - 47°31’ E). Dans la région d’Antananarivo, à Madagascar, les Merina, groupe ethnique d’origine indonésienne, vivent de leurs rizières, qu’ils exploitent selon des techniques traditionnelles dans les plaines qui entourent les villages. Dans l’objectif de parvenir à l’autosuffisance, la culture du riz s’est étendue, et les rizières occupent désormais les deux tiers de la surface cultivée du pays. Deux types de riziculture sont pratiqués sur l’île : la culture humide sur terrasses d’inondation le long des fleuves, dans les vallées ; et la culture sèche sur brûlis, sur les terres escarpées. Au 2e rang mondial pour la consommation de riz par habitant (environ 112 kg par an, derrière le Myanmar, avec 210 kg), Madagascar n’est cependant pas un gros producteur (l’île se classe en moyenne vers le 20e rang mondial avec environ 2,8 millions de tonnes) ; depuis longtemps, le pays importe du riz de qualité moyenne, tout en exportant une variété de luxe. Avec le blé et le maïs, le riz est l’une des trois céréales les plus consommées dans le monde.
Tsingy de Bemaraha, région de Morondava, Madagascar (18°47’S – 45°03’E) L’insolite forêt minérale du Tsingy de Bemaraha surgit à l’ouest de Madagascar. Cette formation géologique, appelée karst, est le résultat de l’érosion, l’acidité des pluies ayant peu à peu dissous la pierre du plateau calcaire et ciselé ces arêtes tranchantes hautes d’une trentaine de mètres. Classé réserve naturelle intégrale dès 1927 et inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1990, ce labyrinthe quasiment impénétrable (d’où son nom, tsingy signifiant en langue malgache « marcher sur la pointe des pieds ») abrite une flore et une faune spécifiques, encore mal inventoriées. Sur la « Grande île », fragment de terre de 587 000 km2 issu de la dérive des continents, isolé depuis 165 millions d’années dans l’océan Indien au large de l’Afrique australe, s’est développée une vie animale et végétale singulière et diversifiée. La flore et la faune de Madagascar sont exceptionnelles : 90 % des quelque 12 000 espèces végétales et 80 % des espèces animales répertoriées dans l’île ne se sont développées nulle part ailleurs. L’une de ces espèces endémiques, la pervenche rose de l’île (Catharanthusroseus), est utilisée par l’industrie pharmaceutique pour le traitement de la leucémie. De nombreuses espèces de Madagascar sont cependant menacées d’extinction.
Récolte du sel près de Belo-sur-Mer, Madagascar (20°45’S - 44°04’E). Située au fond d’une baie, au sud de Morondava, Belo-sur-Mer est réputée pour être un des plus actifs chantiers navals de la côte ouest de Madagascar. Depuis plus d’un siècle, les artisans fabriquent des bateaux pour transporter, entre autres, le sel produit localement, vers les autres villes de l’île. Malgré une large diffusion des procédés de réfrigération, certains pays utilisent encore aujourd’hui le sel pour conserver les aliments notamment les viandes et les poissons, ce qui en fait une substance convoitée. Le sel joue aussi un rôle important en matière de santé. Dans de nombreux pays du monde, le manque de sel iodé est responsable de la formation de goitres (augmentation du volume de la glande thyroïde) qui entraînent des anomalies de développement chez l’enfant. Le retard mental provoqué par une carence en iode est irréversible. En 1995, selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, les goitres touchaient 22,8 % des Malgaches âgés de 6 à 12 ans. En 2003, dans le monde, près d’une personne sur trois souffrait de carences en iode et une sur sept avait un goitre. L'OMS recommande l'iodation universelle du sel, c'est-à-dire l'utilisation de sel iodé pour l'alimentation humaine et animale afin de prévenir ou de combattre la carence en iode.
Marais salés près de Tsangajoly, province de Toliara, Madagascar (19°52’ S - 44°33’ E). Au sud-ouest de Madagascar, le climat sec et la proximité de l’océan sont propices aux marais salants. Ces derniers sont exploités pour leur sel, mais on y trouve aussi de la spiruline. C’est une micro-algue bleue qui se cultive facilement, même dans les régions les plus arides, et dont les apports nutritionnels sont importants. Elle permet d’améliorer la condition des populations souffrant de malnutrition. Cependant, le sel demeure un produit économiquement vital, exploité localement avant d’être envoyé vers les autres villes de l’île. Malgré la large diffusion des procédés de réfrigération, certains pays continuent d’utiliser le sel pour conserver les aliments, notamment les viandes et les poissons, ce qui en fait une substance convoitée. Le sel joue aussi un rôle important en matière de santé. Dans de nombreux pays du monde, le manque de sel iodé est responsable de la formation de goitres (augmentation du volume de la glande thyroïde) qui entraînent des anomalies de développement chez l’enfant. Le retard mental provoqué par une carence en iode est irréversible. En 1995, selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, les goitres touchaient 22,8 % des Malgaches âgés de 6 à 12 ans, une proportion ramenée à 5 % en 2001. Dans le monde en 2003, près d’un individu sur trois souffrait de carences en iode et un sur sept avait un goitre. L’OMS recommande l’iodation universelle du sel, c’est-à-dire l’utilisation de sel iodé pour l’alimentation humaine et animale afin de prévenir ou de combattre la carence en iode.
Travaux dans les rizières sur les berges du lac Itasy, région d’Antananarivo, Madagascar (18°55’ S - 47°31’ E) Au cours des deux derniers siècles, la région du lac Itasy s’est convertie à la riziculture inondée, une culture intensive contrôlée par de grands propriétaires fonciers. Le passage de la polyculture à une monoculture irriguée a eu pour conséquence la diffusion du paludisme sur les hauts plateaux malgaches. La période de croissance du riz coïncide en effet avec celle de la reproduction d’une variété de moustique, l’Anophelesfunestus, un excellent vecteur de la maladie. Chaque année le paludisme tue au moins un million de personnes dans le monde, pour l’essentiel dans les pays pauvres. Depuis les années 1950, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tente d’éradiquer cette maladie, mais elle ne parvient pas à attirer suffisamment de fonds pour la recherche et le traitement. Pour essayer de remédier à ces déséquilibres, l’OMS a créé en 2001 un fonds mondial pour la santé. En effet, en 1992, plus de 90 % des dépenses mondiales consacrées à la recherche médicale concernaient seulement 10 % des maladies qui touchent la planète.
Récif corallien près de Nosy Sainte-Marie, région de Toamasina, Madagascar (16°50’ S - 49°47’ E). Sainte-Marie, dans le nord de la province de Tamatave (Toamasina en malgache), désigne une longue langue de terre parallèle à la côte malgache, dont elle est distante d’une quarantaine de kilomètres. Avec ses plages, ses coraux et sa végétation luxuriante, c’est l’un des sites les plus attirants de Madagascar. La côte orientale de Madagascar, rectiligne et sableuse sur plus de 1 000 km, laisse affleurer par endroits des récifs particuliers nommés « frangeant à canal actuel » qui facilitent l’accès à la terre, notamment au port de Tamatave, le plus important de l’île. Les Portugais, premiers Européens à y aborder, lui laissèrent sans doute son nom, l’appellation de Toamasina se référant à saint Thomas. La légende malgache est plus prosaïque : Radama Ier, descendant pour la première fois des hauts plateaux et goûtant l’eau à cet endroit, aurait déclaré Toamasina (« C’est salé ! »). L’opposition aux Européens des peuples malgaches venus du Mozambique et de l’Asie du Sud ne s’arrête pas à l’étymologie. Elle s’est manifestée au nord de l’île en 1947, par une terrible révolte anticoloniale matée dans un bain de sang.
Île aux Nattes et son lagon au sud de Sainte-Marie, région de Toamasina, Madagascar (17°05’ S - 49°45’ E). Au large de la côte orientale de Madagascar et au nord de Toamasina, le premier port malgache, l’île aux Nattes s’inscrit comme un point d’orgue à l’extrême sud de Sainte-Marie, une île très effilée et longue de 57 km. Ourlée de plages coralliennes et de forêts tropicales, l’île aux Nattes, Nosy Nato, doit son nom à l’arbre, le nato, qui servait jadis à confectionner les pirogues. Mais le lieu est surtout fameux parce qu’il abrita à la fin du xviie siècle une microsociété de pirates, qui régnaient non seulement sur l’océan Indien mais sur l’ensemble des mers. Le développement des polices navales avait incité les pirates à se replier dans des refuges éloignés sans être trop à l’écart des courants commerciaux dont ils vivaient. De ce point de vue, l’île Sainte-Marie était idéalement située pour surprendre au tournant du cap de Bonne-Espérance les navires marchands qui assuraient le transit entre l’Europe et l’Orient. Les pirates ne sont pas les seuls à se soustraire aux lois internationales. Ils furent rejoints au xviiie siècle par des utopistes, l’intellectuel provençal Misson, associé au prêtre Caraccioli, qui fondèrent l’éphémère république de Libertalia dans la baie de Diégo-Suarez au nord de Madagascar.
Baobabs au sud de Belo, région de Toliara, Madagascar (19°42’ S - 44°33’ E). Quatrième du monde par sa superficie, l’île de Madagascar est un peu plus étendue que la France. Elle s’est détachée du continent africain, il y a plus de 100 millions d’années. Sa flore et sa faune ont évolué ensuite de manière indépendante si bien que 80 % des espèces ne se rencontrent que dans l’île. C’est le cas de sept des huit espèces de baobab connues dans le monde. Ces arbres ont la capacité d’emmagasiner plusieurs milliers de litres d’eau qui leur permettent de franchir la saison sèche, qui se prolonge d’avril à novembre dans la région de Toliara. Les baobabs constituent une ressource précieuse. L’écorce, débitée en pans ou lanières, sert à la construction des cases et à la fabrication de cordages. Les fruits semblables à des gourdes et les feuilles riches en calcium sont utilisés en cuisine. Les grains sont pressés pour obtenir une huile qui entre dans la composition du savon, tandis que la sève permet de fabriquer de la colle. L’utilisation ingénieuse des ressources locales montre que les espèces sont de précieux gisements, notamment de substances chimiques et de médicaments. En effet, la nature reste la première pharmacie du monde : les trois-quarts de la population mondiale y trouvent leurs remèdes.
Rizières entre Antananarivo et Ankazobe, Madagascar (18°47’S - 47°23’E). Le riz contribue pour moitié à la ration calorique de la population de Madagascar avec une moyenne de 120 kg par an et par habitant. L’arrivée du riz sur l’île correspond à celle des populations d’Asie du Sud-Est à partir du Xe siècle. Les rizières appartiennent au paysage de ce pays dont la population est à 80 % rurale. Les techniques de culture restent ancestrales comme celle du piétinement du sol de la rizière par un troupeau de bœufs pour l’ameublir avant le repiquage. Près de 65 % des ménages cultivent cette céréale et l’île se situe au deuxième rang des pays consommateurs de riz par habitant après la Birmanie. En montagne, les riziculteurs pratiquent la culture sur brûlis appelée tavy. Cette pratique favorise le ravinement des sols dépourvus de couvert végétal ce qui oblige le cultivateur à changer de lieu tous les deux ans. Devant l’ampleur de la dégradation des sols, les autorités ont interdit cette technique, malgré tout encore pratiquée. Par ailleurs, la culture du riz sur des sols inondés émet des gaz à effet de serre : la production de 1 kg de riz engendre 120 g de méthane. Les rizières seraient la seconde source émettrice de méthane après les ruminants domestiques. Dans les pays émergents, la production de méthane dépasse celle du gaz carbonique en terme de contribution au réchauffement climatique.
Cuiseur solaire parabolique, région de Toamasina, Madagascar (17°55’S - 48°08’E). Située dans l’océan Indien, à environ 400 km du continent africain, Madagascar est la quatrième plus grande île du monde. Bien que ce paysage évoque l’Afrique avec la maison en pisé, le climat tropical n’atteint pas ici des températures caniculaires mais se prête très bien à l’exploitation de l’énergie solaire. La présence du four parabolique témoigne de la récente prise en compte des problèmes de déforestation du pays dont 90 % des forêts primaires ont disparu. Depuis toujours, les Malgaches cuisinent au feu de bois, une famille dépense en moyenne 100 kg de charbon de bois par mois, ce qui représente environ un quart du revenu moyen. Selon le principe des miroirs d’Archimède, le miroir parabolique focalise les rayons du soleil et produit une température haute, grâce à laquelle on peut cuire, bouillir, frire. Il peut également être utilisé pour stériliser des instruments médicaux et de l’eau, voire être utilisé comme sèche-linge. Le miroir parabolique est fait d’aluminium brillant résistant aux intempéries et d’un support en acier galvanisé. Cette technique parfaitement adaptée au milieu comporte de nombreux avantages. Les familles dépensent moins pour le bois et le charbon de bois, le feu n’a pas besoin d’être maintenu. Ce procédé est hygiénique, ne produit pas de fumée nocive, n’émet pas de gaz carbonique et évite le déboisement.
Lavakas, région de Toamasina, Madagascar (17°55’S - 48°08’E)
Paysage de déforestation entre Maroansetra et Toamasina, Madagascar (17°05’S - 49°10’E)
Briqueterie près d’Antananarivo, Madagascar (18°53’ S - 47°39’ E) Madagascar connaît une des plus fortes croissances démographiques d’Afrique, avec près de 3 % par an. Sa population, dont plus de la moitié a moins de 20 ans, atteint aujourd’hui 20 millions d’habitants. Les difficultés économiques ont conduit de nombreux ruraux à gagner la ville pour y trouver du travail. La pénurie de logements se fait tout particulièrement sentir au centre du pays, dans la région d’Antananarivo : une partie des 2 millions d’habitants de la capitale malgache vit dans des bidonvilles qui s’étendent sur d’anciennes rizières et des marécages. L’urbanisation massive de la région ronge le tissu agricole traditionnel, qui se recouvre de constructions le plus souvent réalisées dans l’urgence, et non viabilisées. Ces constructions anarchiques sont également à l’origine de problèmes sanitaires importants, et entraînent des phénomènes d’érosion massive, catastrophiques pour les fonds des vallons et les pentes autrefois cultivés. Autour de la ville, les briqueteries artisanales exploitent les couches superficielles d’argile des rizières pour fabriquer des briques crues ou cuites. Cela a pour conséquence de réduire les rendements des rizières, voire de stériliser à jamais des terres fertiles. Dans le monde, un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles.
Village près de Maroansetra, Madagascar (15°24’S - 49°36’E).
Carrière d’Ambatomaro près d’Antananarivo, Madagascar (18°53’ S - 47°39’ E) Si la main-d’œuvre féminine (environ 600 femmes de 18 à 60 ans) représente 60 % des casseurs de pierres de cette carrière, les enfants qui y travaillaient auparavant sont scolarisés depuis mai 2007, grâce à l’intervention d’une association dans le cadre du Programme d’action contre le travail des enfants (Pacte). En dépit du fait que le pays ait adopté la convention relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi, les moins de 15 ans constituent toujours 11 % des actifs. Ce fléau touche aussi bien les filles que les garçons, et l’on estime aujourd’hui qu’à Madagascar, quelque 2 millions d’enfants et d’adolescents travaillent. Surnommé « la grande île rouge » à cause de ses sols de latérite, prépondérants dans les hauts plateaux du centre, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde, avec la moitié de sa population sous le seuil de pauvreté. L’agriculture, essentiellement de subsistance et très sensible aux aléas climatiques comme les cyclones, occupe 80 % de la population. Dans le secteur secondaire qui compte pour 15 % du PIB, ce sont les industries extractives qui devancent les industries manufacturières. Les Nations unies ont défini un indicateur de développement humain qui prend en compte, en plus du PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance, le taux d’alphabétisation des adultes et le taux de scolarisation. En 2005, la République de Madagascar se classait au 150e rang mondial et figurait toujours parmi les vingt derniers pays.
Rizières près de Miandrivazo, région de Toliara, Madagascar (19°31’S - 45°38’E)
Labours dans les rizières près d'Antananarivo, Madagascar (19°01’S - 47°16’E)
Invasion de criquets près de Ranohira, région de Fianarantsoa, Madagascar (22°27’ S - 45°21’ E) Depuis des siècles, les cultures céréalières et les pâturages de Madagascar sont dévastés de manière chronique par des invasions de criquets migrateurs ou nomades. Les essaims de plusieurs kilomètres de long, qui peuvent atteindre 50 milliards d’insectes, progressent au rythme de 40 km par jour, anéantissant toute végétation. L'été de l'année 2004, du Sénégal à l’Egypte, l'Afrique sahélienne a été envahie pendant plusieurs mois par les essaims de criquets pèlerins qui ont ravagé les récoltes, menaçant de famine les populations les plus pauvres. Pour enrayer ce fléau, le recours à l’épandage d’insecticides par avion est nécessaire. Mais le coût, la nocivité pour l’homme et l’environnement, l’apparition de résistances chez ces insectes ont montré les limites de ce procédé. Récemment découvert, un pesticide naturel à base d’un champignon pourrait permettre d’éliminer, par des méthodes de lutte biologique, ces myriades de criquets.
Rizières près de Miandrivazo, Madagascar (19°31’S - 45°38’E)
Mangrove près de Tsangajoly, région de Toliara, Madagascar (19°50’S - 44°31’E)
Bassin à crevettes de l’Aquamen à Tsangajoly, région de Toliara, Madagascar (19°49’S - 44°31’E)
Rivière près des Tsingy de Bemaraha, Madagascar (20°00’S – 45°15’E) Les rivières sont les seules à pouvoir pénétrer facilement dans le site des Tsingy de Bemaraha, vaste labyrinthe d’aiguilles karstiques recouvertes d’une forêt tropicale sèche, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Dans ce pays frappé par une sécheresse chronique, les quelque 3 000 rivières et fleuves constituent une ressource précieuse. Mais, compte tenu de la pluviométrie aléatoire et inégale (de 3 800 mm/an au Nord à 380 mm/an dans l’extrême Ouest), et de l’absence de législation préventive pour protéger les cours d’eau contre la pollution chimique et industrielle, l’eau est non seulement une denrée rare, mais elle est menacée. Aujourd’hui, 95 % des eaux usées du pays sont déversées dans la nature sans aucun traitement et 27 % seulement de la population malgache a accès à un réseau d’eau potable – c’est l’un des taux les plus faibles du monde. Lors de la Conférence internationale sur l’eau et l’assainissement en Afrique rurale qui s’est tenue en 2005, les États se sont engagés à étendre la couverture des services d’approvisionnement en eau potable et en assainissement à 80 % de la population africaine à l’horizon 2015.
Lavakas dans la région de Antananarivo, Madagascar (19°18’S - 46°56’E)
Paysage de déforestation entre Maroantsetra et Toamasina, Madagascar (17°05’S - 49°10’E)
Delta de la rivière Betsiboka près de Mahajanga, Madagascar (15°56’S – 46°22’E) Mis à nu par l’intense déforestation, puis lessivés par les pluies tropicales, les sols rouges de Madagascar se déversent dans le lit des rivières – c’est pour cela qu’on appelle aussi Madagascar « la grande île rouge ». Chaque année, l’érosion est responsable de la disparition de 1 000 à 2 000 hectares de terre. Toutes les régions sont concernées, des Hautes Terres intensément cultivées (désherbages, feux de brousse…) à l’est du pays, soumis aux cyclones tropicaux qui grignotent les milieux lacustres et littoraux. Les sols ferrugineux de Mahajanga, à l’ouest du pays, sont particulièrement sensibles à cette érosion. Cette région, qui abrite 13 % de la population du pays sur 25 % du territoire, regorge de richesses minières, mais les pressions démographiques aggravent la déforestation qui accélère l’érosion… Un vrai cercle vicieux dans un pays où le revenu annuel de la population n’excède pas les 200 dollars. Un tourisme respectueux des merveilles de la biodiversité malgache pourrait apporter des revenus non négligeables au pays, mais seuls 560 000 éco-touristes découvrent la « grande île rouge » tous les ans.
Village au cœur des rizières près d’Antananarivo, Madagascar (18°57’S - 47°31’E Dans la région d’Antananarivo, à Madagascar, les Merina, groupe ethnique d’origine indonésienne, vivent de leurs rizières qu’ils exploitent selon des techniques traditionnelles dans les plaines entourant les villages. Dans l’objectif de parvenir à l’autosuffisance, la culture du riz s’est étendue, et les rizières occupent désormais les deux tiers de la surface agricole du pays. Deux types de riziculture sont pratiqués sur l’île : la culture humide sur terrasses d’inondation le long des fleuves, dans les vallées, et la culture sèche sur brûlis, sur les terres escarpées. Au deuxième rang mondial pour la consommation de riz par habitant (environ 129 kg par an, derrière le Myanmar, avec 210 kg), Madagascar n’est cependant pas un gros producteur (l’île se classe en moyenne vers le vingtième rang mondial avec environ 2,8 millions de tonnes) ; depuis longtemps, le pays importe du riz de qualité moyenne, tout en exportant une variété de luxe. Avec le blé et le maïs, le riz est l’une des céréales les plus consommées dans le monde.
Village au milieu des cultures, près d’Ambatolampy, région d’Antananarivo, Madagascar (19°22’ S – 47°26’ E) Les Hautes Terres, au sud de la capitale Antananarivo, sont une des régions les plus fertiles de cette île dont la moitié de la population souffre de malnutrition. Outre les rizières qui produisent la base des repas malgaches, on y cultive des fraises, du maïs, des haricots. Mais les techniques agricoles ne permettent pas des rendements suffisants. Depuis une dizaine d’années, la consommation de riz par habitant a même baissé, passant de 135 kg à moins de 120 kg/an. Importées par les populations venues d’Asie du Sud-Est qui ont peuplé Madagascar, ces pratiques traditionnelles sont principalement les cultures sur brûlis ou les feux de brousse pour renouveler les sols. Leurs conséquences sont désastreuses pour l’environnement, et surtout pour les forêts, dont 85 % ont déjà disparu, transformées en pâturages, en charbon de bois, en objets d’artisanat ou tout simplement parties en fumée dans les foyers malgaches. Chaque année, à Madagascar, entre 200 000 et 300 000 hectares de forêts disparaissent. Et la pauvreté, qui touche environ 75 % de la population, ne recule pas pour autant.
Village traditionnel au sud-ouest d’Antananarivo, Madagascar (18°49’ S – 47°32’ E) Madagascar est non seulement l’un des vingt pays les plus pauvres au monde, mais ses dépenses publiques consacrées à la santé sont les plus basses de toute l’Afrique (avec 18 dollars par habitant et par an). Malgré cette carence, Madagascar est l’un des rares pays de l’Afrique subsaharienne où l’épidémie de VIH sévit peu. Depuis maintenant trois décennies, la maladie prend des proportions alarmantes sur le continent noir. En 2005, plus de 25 millions de personnes étaient atteintes du VIH, soit 70 % du total mondial de la population contaminée, et 2,4 millions de personnes en décédaient (2 252 pour l’Europe occidentale). Dans quatre pays d’Afrique australe, la fréquence du VIH chez l’adulte a atteint des niveaux effrayants : 37,3 % au Botswana, 28,9 % au Lesotho, 38,8 % au Swaziland et 24,6 % au Zimbabwe. Les pertes humaines sont telles que l’épidémie a maintenant des répercussions sur l’économie du continent et qu’elle entretient les crises alimentaires. L’ampleur du phénomène n’a pas encore atteint son paroxysme, et la communauté internationale – États, ONG, médias, institutions internationales – n’a toujours pas offert de réponse à la hauteur du désastre.
Banc de sable dans le delta de la rivière Betsiboka près de Mahajanga, Madagascar (16°03’ S – 46°36’ E) Des plages de sable blanc des côtes ouest aux falaises escarpées du littoral oriental, Madagascar possède près de 4 500 km de côtes marines et de rivages lagunaires. La rivière de Betsiboka, l’une des plus importantes du pays, serpente sur 525 km avant de se jeter dans l’océan Indien au large du port industriel de Mahajanga, pôle économique du Nord-Ouest. La côte de Mahajanga recèle encore de nombreuses mangroves, ces forêts littorales peuplées de coquillages, de crustacés et refuges des dugongs, tortues et oiseaux de mer. Mais, défrichées à tour de bras pour alimenter les fours à chaux ou remplacées par des élevages de crevettes, ces mangroves sont aujourd’hui menacées. Dans le monde, plus d’un tiers des mangroves ont été détruites ces dernières décennies, et 50 % d’entre elles sont menacées. Leur destruction est plus rapide que celle des forêts tropicales. Or, ces milieux ont non seulement un rôle écologique, mais servent également de rempart contre les cyclones. Située dans une zone cyclonique à risque, Madagascar est particulièrement concernée par ces phénomènes qui, tous les trois ou quatre ans environ, entraînent de fortes inondations, des érosions catastrophiques et des destructions dans tout le pays.
Séchage du riz dans un village près d’Ihosy, région de Fianarantsoa, Madagascar (22°25’ S – 46°08’ E) L’agriculture est la première activité économique de Madagascar. La grande île possède 36 millions d’hectares de surfaces agricoles où sont surtout produits du riz et des céréales. Mais les terres cultivables, principalement situées dans les plaines centrales des Hautes Terres où se trouve la ville de Fianarantsoa, sont tributaires de l’irrigation. Or 31 % seulement des terres cultivables sont réellement exploitées, en raison notamment de la pénurie d’eau. Dans le monde, l’irrigation assure la production de 20 % des terres cultivées et 40 % de la production alimentaire. Face à la pénurie d’eau qui frappe de nombreux pays, la sécurité alimentaire mondiale repose sur l’amélioration des techniques d’irrigation, comme la mise en place de systèmes de goutte-à-goutte qui économisent jusqu’à 70 % de l’eau, et le choix de cultures adaptées aux climats locaux, moins gourmandes en arrosage ou à forte valeur ajoutée.