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Claes Oldenburg et Coosje Van Bruggen La bicyclette ensevelie, Parc de la Villette, Paris, 1990. Fiche technique de l’ oeuvre. Matériaux : Acier, aluminium, plastique et résine. Peinture émail polyuréthane L’installation s’étend sur une surface de 46 x 21,7m Dimensions :
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Claes Oldenburg et Coosje Van BruggenLa bicyclette ensevelie,Parc de la Villette, Paris, 1990
Fiche technique de l’oeuvre Matériaux : Acier, aluminium, plastique et résine. Peinture émail polyuréthane L’installation s’étend sur une surface de 46 x 21,7m Dimensions: - Roue : 2,77 de haut x 12, 2m de long x 3,75 de large - Guidon (avec la sonnette) : 7,1m de haut x 6,5m de long x 4,3 de large - Pédale : 4,9m de haut x 5,5m de long x 2,1m de large - Selle : 3,45m de haut x 7,27m de long x 2,27m de large
Il s’agit d’une commande de l’Etablissement Public de Parc de la Villette, faite en 1985, avec la volonté de « faire descendre les œuvres d’art dans la rue ». L’œuvre a été installée en 1990.
Description de l’œuvre - œuvre non perceptible dans son ensemble - composée de 4 éléments - donne l’idée d’une bicyclette géante couchée et enfouie dans le sol du parc, comme un vestige (amène une notion de temporalité) - œuvre couchée, comme abandonnée ou tombée - surdimension des objets, qui fait percevoir l’espace différemment (amène une idée de fiction) Selon Claes Oldenburg, elle imprime une « image mentale », celle de l’objet recomposé dans son intégralité - objet issu de la société de consommation, renvoie également à l’enfance (inscription dans l’histoire du pays : Tour de France) - référence à l’anti-héros de Samuel Beckett, Molloy - fonction à la fois ludique et ornementale (mobilier urbain)
Déclaration des Artistes : « L’idée de Coosje sur l'anti-hérosMolloy de Samuel Beckett - qui tombe de son vélo et se retrouve couché dans un fossé incapable de reconnaître l'objet - a incité le choix d'un vélo comme le sujet d'une "intervention" proposée par le ministère français de la Culture. Le travail devait être installé dans le nouveau Parc de la Villette, conçu par l'architecte Bernard Tschumi, à la périphérie de Paris. Le vélo a des liens étroits avec la France, ayant été inventé là et célébré dans le Tour de France. Le vélo a également été mis en vedette dans l'art, avec la Roue de bicyclette (1913) de Marcel Duchamp, montée sur un tabouret ou la Tête de taureau (1942) de Picasso, fabriquée à partir d'une selle de vélo et d’un guidon. En fait, ayant décidé que les parties et les détails étaient de meilleurs sujets pour une configuration d'éléments sculpturaux que l'ensemble trop lourd, notre solution a été d'enterrer la plus grande partie du véhicule. Faire cela nous a permis de sélectionner une échelle monumentale, appropriée aux grands espaces du parc. Nous avons installé un vélo invisible, d’environ 46 mètres par 22, avec la roue avant tournée légèrement de sorte qu'une partie apparaîtrait en saillie au-dessus du sol, et nous avons tracé les emplacements d'une pédale, une moitié de la selle, et un guidon avec une sonnette, en nous servant comme modèle d’un ancien vélo de notre fille. Alors que la sonnette du vélo de Molloy était rouge, celle-ci serait bleue, contrairement à un certain nombre de «folies» rouges placées par l’architecte dans le parc. Cependant, notre projet précis a été modifié ; en effet, pour empêcher la pédale d'empiéter sur l’espace de la Folie Belvédère et l'espace occupé par un groupe de chaises de Philippe Starck, nous avons dû modifier son axe ».
La présentation de l’œuvre - espace public urbain de loisir (parc de la Villette est le + grand parc culturel urbain de la capitale française) - œuvre in situ, car l’œuvre investit un lieu avec lequel elle entre en résonance (lieu de promenade à pied ou à vélo, loisirs en plein air, présence d’enfants) - le vélo semble enfoui dans le sol, il n’y a pas de socle (œuvre qui tend de ce fait vers l‘installation autant que vers la sculpture). L’espace de l’art devient un espace de jeu. Les usagers peuvent monter sur l’œuvre qui s’en trouve ainsi désacralisée.
Les artistes Claes Oldenburg : Né en Suède en 1929, naturalisé américain en 1954. Vit et travaille à New-York. Il rencontre à New-York Allan Kaprow, inventeur du happening. Coosje Van Bruggen(1942-2009), Pays-Bas. Elle fut l’épouse de Claes Oldenburg. Elle est sculptrice, peintre, critique et historienne d’art. Ils ont réalisé ensemble plus de 25 projets monumentaux pour des sites européens et américains.
Les 2 artistes revendiquent leur parenté au mouvement du Pop Art. Ils reprennent des objets de la société de consommation (pinces à linge, cônes de glace, trognon de pomme, part de gâteau, hamburger…) tout en utilisant des échelles et des matériaux provocateurs pour les représenter . Leur démarche peut passer comme une satire de la société, mais joue aussi sur l’humour et l’ironie Claes Oldenburg dit de son travail : « Une œuvre n’est pas quelque chose de beau à regarder, sa valeur c’est d’être une école de pensée. L’important c’est l’image mentale qu’elle imprime. »
Le Pop Art Mouvement artistique qui a vu le jour dans les années 50 en Angleterre avec des artistes comme Richard Hamilton, puis fut relayé aux Etats-Unis par des plasticiens comme Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Roy Lichtenstein ou Andy Warhol… Ce courant se nourrit de la culture populaire contemporaine, qu’il s’agisse de ce qu’elle produit (publicité, cinéma, nourriture, bande dessinée…), ce qui la caractérise (progrès, modernité…) ou encore de ses modes de fabrication (par exemple la production sérielle chez Andy Warhol) L’esthétique développée se place dans le prolongement d’images familières pour tous. Cet art est accessible à tous, facile à appréhender, consommable, à l’image de ce dont il s’inspire.
Richard Hamilton définit sa production artistique de cette manière : « Populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, spirituel, sexy, plein d’astuces, fascinant et qui rapporte gros. » De ce fait une question se pose : Jusqu’à quel point le Pop Art peut-il citer la culture populaire dans se confondre avec elle ?
Questionnements possibles - idée du jeu : vélo = jeu d’enfant ; sorte de trésor enfoui ; œuvre qui devient un terrain de jeu Rapport œuvre d’art/jeu mis en question - Est-ce un vestige de la société de consommation ou une célébration de la beauté d’un objet banal ?
Document établi par Célia Bot, professeur d’Arts Plastiques Académie de Grenoble