340 likes | 451 Views
Interroger les normes des mémoires de master : points de vue croisés. Isabelle Delcambre Professeur émérite en Sciences de l’Education (Didactique du français) Université de Lille 3 Théodile-CIREL. Une recherche ancrée en didactique.
E N D
Interroger les normes des mémoires de master : points de vue croisés Isabelle Delcambre Professeur émérite en Sciences de l’Education (Didactique du français) Université de Lille 3 Théodile-CIREL IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011
Une recherche ancrée en didactique IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Construire un point de vue didactique sur les pratiques d’écriture envisager ces pratiques en tant qu’impliquées dans des enjeux d’enseignements et d’apprentissages Considérer ces écritures comme didactiquement situées envisager les disciplines universitairescomme facteur possible des variations enregistrées dans les modes d’écriture
Hypothèses principales IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Poids des disciplines sur les déclarations des étudiants Continuités ou ruptures selon la place dans le cursus Incidences des lieux institutionnels
Dispositif de recherche IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Enquête par questionnaire (étudiants) Et par entretiens (enseignants/étudiants) Cinq niveaux Cinq disciplines Différents lieux institutionnels
1. Ce que disent les étudiants:Une comparaison au niveau master
Répartition des étudiants dont nous avons exploité les réponses au questionnaire
Le questionnaire porte sur trois grands ensembles de questions écrits demandés normes, difficultés et facilités d’écriture, pratiques de réécriture ; aides.
Les écrits représentatifs selon les étudiants Écrits cités massivement: le mémoire ou le TER, les synthèses, les écrits de didactique, les dissertations Écrits emblématiques : les mémoires pour l’histoire les mémoires et les TER pour la psychologie et les sciences de l’éducation, les synthèses et les écrits de didactique pour les PE la dissertation pour les PLC Lettres
Les dimensions de ces écrits auxquelles les étudiants disent prêter attention (1) Exposer clairement des contenus de savoir (clarté du discours, connaissances, correction de la langue, justesse de la réponse) Articulations et intégration du discours d’autrui Originalité, avis personnel
Les dimensions de ces écrits auxquelles les étudiants disent prêter attention (2) IUFM : clarté formelle, correction de la langue Université : articulations
Les critères auxquels les enseignants font attention, d’après les étudiants Université : textes clairs, cohérents, fondés sur des problématiques IUFM : bonnes connaissances et correction de la langue
Première conclusion Les lieux institutionnels produisent des clivages importants en matière d’écrits emblématiques, mais aussi en matière de conception de la norme (pratiquée ou prêtée aux enseignants).
2. Ce que disent les enseignants IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Entretiens de groupe (enseignants universitaires, hors IUFM) Cinq disciplines 4 lieux institutionnels
La production des mémoires de master: quelles attentes? IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 ce qui est dit manquer ou ce qui est dit nécessaire à enseigner / nécessaire à apprendre Portent sur l’écrit achevé / les processus de travail
Les normes partagées (1) IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Les normes de surface toujours évoquées La longueur très rarement évoquée L’organisation en paragraphes
Les normes partagées (1) IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 L’organisation de l’écrit scientifique il ne maîtrise pas les règles élémentaires d’un écrit académique c'est-à-dire position du problème, situation du problème, méthode, corpus (Lettres Modernes) dans une introduction il faut dire pourquoi ça vous a intéressé, décrire l’objet et annoncer son plan, c’est basique et c’est le minimum syndical (Sciences du langage) ce qu’on attend dans une introduction: poser la problématique, contextualiser, relever les problèmes historiographiques, évoquer la question des sources, planter le cadre chronologique et géographique (Histoire)
Des normes avec lesquelles on joue, parfois IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 le plaisir ça passe complètement par l’ingestion complète des cadres, et donc être à la marge de la transgression toujours dans l’écriture, après ça dépend du niveau des étudiants, d’où ils en sont, s’ils ont trop de difficultés ils ne vont pas avoir de plaisir, après un étudiant qui va arriver, il n’a aucun problème d’écriture, tu ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça, on va pas le mettre dans les clous, on ne va pas lui imposer, il me semble qu’on est pas dans un cadre comme tu viens de le décrire, qui est rasoir d’ailleurs, comme lecteur aussi (Sciences du langage)
Des normes avec lesquelles on joue, parfois IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 une introduction depuis 1500 ans ça répond à un certain nombre de normes bien précises avec lesquelles on peut jouer d'ailleurs mais… (Lettres modernes) on sait tous que plus l’étudiant sera bon et plus il aura de latitude avec la norme (Sciences du langage) c’est une approche hyper scolaire pour moi, la norme de cette personne, elle a compris que c’était une fiche de lecture, on n’est pas dans la découverte, il n’y a pas de mise en réseau d’auteurs (…), les travaux de machin et les travaux de machin, c’est quelque chose qui pour moi est quasi insupportable dans un mémoire (Sciences de l’éducation)
Des normes implicites IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 on a vraiment une réflexion à mener (…) nous on part toujours du principe que ça vient tout seul mais ça ne vient pas tout seul (Histoire) ces normes de l’écriture d’une manière générale sont extrêmement implicites, mais ils les ont intégrées, les normes, je veux dire, ils arrivent très très bien à être des critiques bien plus sévères qu’on pourrait être par rapport à certains types de normes d’écriture, bon après, les produire c’est autre chose (Sciences du langage)
Des normes implicites IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 certains ne veulent pas non plus dire vraiment ce qu’on attend d’un mémoire que ce soit écrit clair mais d’un autre coté je pense que c’est plus confortable pour l’étudiant de savoir à quelle sauce il va être mangé, à quoi il doit répondre comme attentes mais quelques fois les enseignants ne sont pas d’accord entre eux et ça va au préjudice de l’étudiant (Histoire)
Les normes: objets d’apprentissage continué ou d’enseignement compensatoire ? IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 La question de la maitrise de la langue je suis obligé de constater que nos étudiants n’ont aucune connaissance de la grammaire française donc on est obligé de tout reprendre à zéro avec un renforcement des bases, c'est de toute évidence une obligation, il faut le faire (Lettres Modernes) on a des étudiants qui n'ont pas la maitrise élémentaire du langage, mais encore une fois ce n’est pas de leur faute (Lettres Modernes)
Les normes: objets d’apprentissage continué ou d’enseignement compensatoire ? IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 il y aurait aussi à réfléchir sur le rapport à la norme qu’on peut avoir a priori, un mémoire de master ça doit être normé syntaxiquement, orthographiquement, donc à des niveaux plus de surface mais qui parfois posent de gros problèmes chez les étudiants et donc aussi chez des étudiants étrangers, la question de l’orthographe pour moi elle se pose surtout en terme de quantité ,on peut toujours rêver d’un mémoire de master sans une seule faute d’orthographe, ça n’existe pas, donc après jamais je ne fais mention des fautes d’orthographe sauf quand il y en a trop, je dis il y en a trop c’est tout et c’est justement ça que je voulais dire mais ça, c’est peut-être aussi un facteur important pour des étudiants (Sciences du langage)
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Focalisation sur la formation de l’étudiant comme apprenti-chercheur, sur sa trajectoire je pense que c’est un mouvement qui va du particulier au général, c'est-à-dire que ces questions souvent on se les pose dans un certain contexte en fait, et à partir de là on cherche à extraire des questions d’ordre général qui vont nous permette de se raccrocher à des théories à des travaux antérieurs ... et on demande à nos étudiants d’être capables d’effectuer ce mouvement du particulier au général et inversement (Sciences du langage )
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Construire une posture de chercheur moi j’en vois des étudiants qui arrivent et qui me proposent ça comme introduction et ben je discute le temps qu’il faut avec eux pour qu’ils y arrivent parce que là pour moi ça manque de maturité et ça, ça s’apprend dans un ensemble de conduites, de rapports au savoir, à l’objet enfin, et ça c’est à construire et ça s’apprend aussi dans l’écriture je pense parce que quand on montre à l’étudiante la phrase « cette notion m’a intéressée parce que je ne la connaissais pas du tout » on est en train de discuter sur une posture face à l’objet et sur une écriture scientifique,doncc’est imbriqué pour moi la posture de l’écriture ça s’apprend dans un ensemble de comportements et de rapports à l’objet , c’est hyper compliqué quoi (Sciences du langage)
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche • construire un questionnement il y a une certaine transformation des questions de sens commun en questions un peu plus théoriques faisant appel à une littérature qu’on peut dire scientifique au sens large mais qui, moi, dans mon domaine, est d’ordre sociologique ou historique (Sciences Education)
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche • Avoir un investissement personnel un des intérêts des Sciences du langage c’est d’amener les étudiants à avoir un regard curieux sur le langage et pour ça il faut qu’ils s’investissent il ne faut pas qu’il s’emparent d’une question théorique et puis qu’ils en fassent le tour comme on pourrait faire une fiche de lecture, à la limite, mais simplement qu’il y ait un investissement affectif (Sciences du langage)
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche • De la réflexivité ce n’est pas une exigence absolue mais ça peut être valorisé, et si c’est bien exprimé, s’il y a toute cette réflexivité articulée à l’objet même de recherche… (Sciences du langage)
Moins un genre discursif qu’un travail de recherche • Et encore: • -savoir critiquer les auteurs (Histoire) • - savoir articuler questionnement théorique et analyses empiriques (Sciences de l’Education) • - etc. • Bref un itinéraire de formation d’un apprenti chercheur qui passe par le mémoire (mais l’écriture du mémoire n’est thématisée qu’en Sciences du langage et en Sciences de l’Education)
Les aides apportées IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 …s’ajuster finalement aux demandes des étudiants qui viennent avec des questions, et c’est à nous un peu de les aider à transformer ces questions là qui sont des questions de l’ordre du bon sens ou des choses complètement empiriques en des question de recherche ou alors est-ce que c’est pas le contraire? ce sont des apprentis chercheurs et est-ce que c’est pas aussi bien de leur dire ben voila quelques objets de recherche, quelques objets qui peuvent faire des objets de recherche, voila des exemples de recherche qui ont été menées et c’est aussi une manière d’aider les étudiants qui sont aussi quelques fois angoissés, paniqués, questions de recherche, problématiques… qui transpirent, qui ne savent pas ce que c’est (Sciences de l’éducation)
Conclusion? Accompagner un mémoire … • une interaction entre deux personnes • Une formation qui s’efforce de ne pas être une conformation • Des normes, oui, mais…. • Une explicitation nécessaire des attentes en termes de formation à la recherche plus qu’en termes de normes de réalisation d’un produit • Une réflexion sur les cadres disciplinaires (et les enjeux professionnels)
Des démarches possibles IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 I. Delcambre (1998) Parler d’une classe (la décrire?) dans un mémoire professionnel, Pratiques,99 C. Frier (2010) Construire des connaissances en se racontant des histoires : le cas des fictions scientifiques, http://evenements.univ-lille3.fr/litteracies-universitaires M.-C. Penloup (2002) Construire le concept d’écriture de recherche pour le mémoire de maitrise, Enjeux, 54 F. Rinck (2011) Former à (et par) l’écrit de recherche, Le français aujourd’hui, 174
Sources bibliographiques IUFM de Lorraine, 16 novembre 2011 Daunay, B., Lahanier-Reuter D. (à par., 2011) Les genres d’écrits dans la formation supérieure: étude comparative en formation professionnelle d’enseignants et en formation universitaire générale, Bulletin suisse de linguistique appliquée n° 93
Sources bibliographiques • I. Delcambre, D.Lahanier-Reuter (à par.) Le mémoire de master dans le discours d’enseignants universitaires : entre travail de recherche et écriture, Actes du REF 2011, Louvain-la-Neuve • D.Lahanier-Reuter, I. Delcambre (à par.) De quelques pratiques universitaires de littéracie. Discours croisés d’étudiants et d’enseignants sur l’écriture en Sciences de l’éducation, Les Cahiers du CERFEE
Autre sources • Reuter Y. (2004) : Analyser les problèmes de l’écriture de recherche en formation, Pratiques, n° 121-122, Les écrits universitaires, juin, 9-27. • Delcambre I. & Boch F. (2011) Normes et styles de l’écriture universitaire, une question d’apprentissage, dans N. Balacheff (coord.) Apprendre et transmettre, Le Mook, Editions Autrement, p. 104-109 • Delcambre I. & Lahanier-Reuter D. (2010) Les littéracies universitaires : Influence des disciplines et du niveau d’étude dans les pratiques de l’écrit, Diptyque n° 18, L’appropriation des discours universitaires, Namur : Presses Universitaires de Namur, consultable en ligne sur le site suisse « Forum Lecture » http://www.forumlecture.ch/sysModules/obxLeseforum/Artikel/431/Les-litteracies-universitaires.pdf