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Comment aller vers le non savoir pour accompagner la détresse?. Antoine BIOY Maître de Conférences, Université de Bourgogne Laboratoire de Psychopathologie et de Psychologie Médicale Psychologue Clinicien, hypnothérapeute, CHU Bicêtre
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Comment aller vers le non savoir pour accompagner la détresse? Antoine BIOY Maître de Conférences, Université de Bourgogne Laboratoire de Psychopathologie et de Psychologie Médicale Psychologue Clinicien, hypnothérapeute, CHU Bicêtre Unité de prise en charge des douleurs et des soins palliatifs
Introduction • Une réflexion autour de l’accompagnement • Soi comme modulateur et caisse de résonnance • L’empêchement psychothérapeutique, du fait que la mort relève d’un impensable, et donc non élaborable • Insatisfaction face à l’interprétation qui restent dans ses propres codes et donc ne cesse de s’auto-vérifier. • Renoncement à la notion de signification, qui n’a de sens que comme acte de parole, et qui n’est qu’un possible invérifiable et limité, toujours du côté du praticien
Les SP en 2010? • Les soins palliatifs deviennent une discipline centrée sur le mourir ; mais : • C’est bien le patient qui est au centre de ce qui reste à vivre • L’horloge de la vie est le temps qui rythme le changement • La constitution en discipline est contestable ; elle signe la fin du désir de faire de la mort un élément possible de toutes les médecines
Les SP en 2010? • Paradoxe des soins palliatifs est de vouloir continuer à percevoir l’autre comme un vivant • Etre en vie implique de pouvoir se penser déjà mort • Se vivre déjà mort est une mesure compensatoire et de défense face à l’impossibilité de se vivre totalement mortel • Suivre ce mouvement, au risque sinon d’une « obstination dans un principe déraisonnable »
Les SP en 2010? • Les soins palliatifs, c’est perdre tout espoir en préservant une certaine capacité à s’illusionner. • En soins palliatifs, il faut se donner du temps et savoir se réinscrire dans le temps • La relation de soin consiste en une rencontre entre deux vulnérabilités (F. Barruel)
Place du savoir • Le savoir • Est l’étalon moderne de la médecine (D. Sicard), • Une réponse grandissante en SP qui déplace la guerre contre la mort vers celle contre l’incertitude • Face à l’incertitude, le patient souhaite savoir, et semble faire appel au savoir du médecin, de façon importante puis plus ténue à mesure que l’échéance approche (J. Alric) • Ce qui est rassurant pour le patient est finalement plus la capacité du médecin à faire face à l’incertitude (F. Barruel).
Incidence centrale • Tant que l’on est à la recherche de la meilleure façon de mettre en œuvre une intention appuyée sur un savoir, on reste à distance de l’autre. • La réflexion tue la présence à l’autre. Chaque effort ajoute au confinement. • Il s’agit de renoncer à connaître et à comprendre (alors qu’on sait l’expliquer!) • La position de non savoir s’entend non pas comme une clinique de l’ignorance, mais comme une clinique de l’impuissance.
Le non savoir • Introduire chez soi la position de l’artisan dont la pensée est toute entière dans la manière de faire (métaphore du sculpteur de pierre). • Le fait de ne pas avoir de réponse fonde une liberté pratique • Le but de la rencontre n’est pas la recherche d’une vérité autour de la souffrance mais l’expérience de ce non savoir • Le changement, s’il doit avoir lieu par un agent extérieur, est toujours changement dans l’action.
Savoir s’asseoir… • « Lorsque l’on sent que l’on se heurte à un problème, il faut cesser d’y réfléchir davantage sans quoi on ne peut pas s’en dépêtrer. Il faut plutôt commencer à penser là où on parvient à s’asseoir confortablement. Il ne fait surtout pas insister! Les problèmes difficiles doivent tous se résoudre d’eux-mêmes devant nos yeux » (Wittgenstein) • Répondre à la souffrance et au travail de deuil par le silence d’une position • Ce n’est pas un « ne rien faire » mais un « laisser se faire »
Le lieu du non savoir • La réponse à la souffrance n’est pas chez le médecin, elle n’est pas non plus chez le patient. • Elle est dans la situation et dans la présence qui scelle cette situation. • Se limiter au sentir. C’est le propre du non savoir de l’action. • « C’est le non savoir qui introduit l’être à ce qu’il est » (Roustang)
Le lieu du non savoir • La présence ne peut être que dans un ici et maintenant. Même si des données du passé entrent en jeu, ils sont contenus dans le présent. • Pris dans un système nouveau de relations, ils sont eux-mêmes réactualisés et nouveaux à chaque instant dès lors qu’ils sont objet de parole. • La position d’impuissance comme transgression • Réintroduit le corps (sentir) • Efface le temps (ici et maintenant) • Dépasse la notion de savoir (présence naïve)
L’imaginaire • SP : « Perdre tout espoir en préservant une certaine capacité à s’illusionner » • L’illusion est donnée par l’imagination • C’est par l’imagination que le réel acquiert une présence à soi et pour soi. • La souffrance comme distance entre ce qui est et un idéal fantasmé. • Imaginer, c’est ici inventer une autre posture à partir de ce qui est.
Conclusion • Accompagner dans le non savoir implique d’y être soi-même • C’est un acte « du sentir », dans l’ici et maintenant, qui exclut l’intellectualisation et l’émotion • La réflexion est dans l’après-coup, au sein d’un dispositif de nature interdisciplinaire. • La métaphore du tireur à l’arc (Herrigel) • Retour sur la métaphore du sculpteur