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Civilisation(s). Réunion préparée avec Josette Delaporte, Mireille Keller, Alexandre Corréard et Michel Rumeau .
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Civilisation(s) Réunion préparée avec Josette Delaporte, Mireille Keller, Alexandre Corréard et Michel Rumeau 1. Étymologie / Définitions2. Notions / Concepts :Le point de vue d’Edgar Morin et d’André Comte-Sponville3. Questions / Discussion4. En guise de conclusionChoix des sujets du deuxième trimestre.
Étymologie et définitions • Étymologie : Le terme civilisation dérive indirectement au XVIII s du latin civilis relatif au « citoyen (civis) », par l'intermédiaire de : • « civil » qui au XIII s signifie poli • « civiliser » qui au XVI s signifie « cultivé » au sens figuré. Après 1800 civilisation signifie « l’ensemble des caractères d’une société » • Définitions : • Petit Larousse (1996) : • Action de civiliser ; fait de civiliser. • Ensemble des caractères propres à la vie culturelle et matérielle d’une société humaine : ex civilisation occidentale. • Cet ensemble porté à un degré extrême d’évolution. • Dictionnaire de philosophie Christian Godin (extrait) : • Civilisation a d’abord signifié au XVIII s le processus en vertu duquel les individus devenaient aptes à vivre en société. • Par métonymie, « civilisation » a fini par désigner le résultat de cette action au niveau des peuples : La civilisation est l’ensemble de toutes les productions matérielles (objets, outils, habitations, vêtements...) et immatérielles (idées, croyance, coutumes...) .... Une civilisation est une spécification de la civilisation. • On distingue parfois la civilisation de la culture selon 2 déterminations : • Une extension plus vaste. On parlera de civilisation européenne qui inclura la culture allemande, italienne..., ainsi la civilisation est-elle valorisée au dépend de la culture. • Une distinction ontologique (selon l’usage anglo-saxon et allemand) selon laquelle la civilisation comprend la part matérielle et technique, tandis que la culture englobe la part idéelle. En Allemagne, la civilisation renvoie au niveau le plus superficiel de la culture.
Point de vue sommaire d’Edgar Morin et d’André Comte-Sponville. 1. Edgar Morin(Sociologue et philosophe français né en 1921)extrait d’une interview récente. Il faut distinguer culture et civilisation : • La culture est l'ensemble des croyances, des valeurs propres à une communauté particulière. • La civilisation, c'est ce qui peut être transmis d'une communauté à une autre : les techniques, les savoirs, la science, etc. Par exemple la civilisation occidentale dont je parle, qui s'est du reste mondialisée, est une civilisation qui se définit par l'ensemble des développements de la science, de la technique, de l'économie. Et c'est cette civilisation, qui aujourd'hui apporte beaucoup plus d'effets négatifs que d'effets positifs, qui nécessite une réforme, donc une politique de civilisation. 2. André Comte-Sponville (Philosophe français né en 1952) extrait de Dictionnaire philosophique. Le sens du mot civilisation change en fonction de l’article. • Lacivilisationest l’ensemble -à la fois normatif, évolutif et hiérarchisé- des créationshumaines. C’est l’autre de la nature (dont elle fait pourtant partie) et le contraire de la barbarie. • Une civilisation est un sous-ensemble de cet ensemble : c’est l’ensemble des créations humaines (œuvres, techniques, institutions, règles, normes, croyances, savoirs et savoir-faire...) propres à une société donnée, par quoi elle se distingue de la nature et des autres sociétés. Sous l’influence des sciences humaines et spécialement de l’ethnologie, les deux mots civilisation et culture sont devenus de nos jours à peu près interchangeables. Si l’on veut continuer à les distinguer, il paraît sage de réserver culture à la partie la plus intellectuelle de la civilisation.
QUESTIONS • Civilisation et culture sont-elles liées ? • Le terme civilisation est-il sous-tendu par un jugement de valeur ? • La civilisation occidentale contemporaine est-elle un modèle ? • Dans toute civilisation n’y a-t-il pas du bon ?
Civilisation et culture sont-elles liées ? Animation Mireille Keller L’une englobe-t-elle l’autre ? Culturel et cultivé est-ce la même chose ? Quels points communs ? Quelles différences ?
1. Civilisation et culture sont-elles liées ? • De la culture au sens de « cultivé ». • Au sens strict, le mot culture désigne l’ensemble des connaissances qu’une société transmet et valorise, et spécialement celles qui portent sur le passé de l’humanité (son histoire, ses croyances, ses œuvres). C’est le contraire de l’inculture. Dit A.CS • C’est Cicéron (106-43 av JC) qui transposa le mot culture (cultura) dans le domaine de l’esprit en établissant l’analogie entre le champ et l’âme, le travail de la terre et l’enseignement : la culture de l’âme (de même que le cultivateur arrache les mauvaises herbes de son champ, la culture extirpe les vices de l’âme). • Ce premier sens qui donne l’adjectif« cultivé » est normatif puisqu’il qualifie ceux qui, non seulement connaissent leur histoire, mais qui, de façon plus profonde, s’en édifient l’âme. Au sens de « cultivé », il y a dans la culture quelque chose de profond et d’intime. C’est comme l’intériorité spirituelle d’un individu, d’un peuple ou d’une nation. • A la culture au sens de « culturel » • Au sens large, qui domine aujourd’hui dans les sciences humaines, le mot est devenu un quasi-synonyme de civilisation : il désigne tout ce qui est produit ou transformé par l’humanité. C’est le contraire de la nature. Dit A.CS • Au sens anthropologique, la culture est en effet tout autant l’ensemble des productions matérielles (techniques, arts..) qu’immatérielles (mythes, croyances...) propres à un peuple. • Ce second sens donne l’adjectif « culturel » qui s’applique plutôt à des produits ou à des pratiques, et reste le plus souvent dépourvu de toute visée normative. « Culturel », c’est collectif et comportemental, « cultivé » c’est plus intime et spirituel. Au sens de « culturel », le mot culture devient un quasi-synonyme de civilisation. Sous la bannière d’une extériorité comportementale commune, les cultures se groupent en civilisation. Même si culture rime plutôt avec intériorité et civilisation avec extériorité, l’une et l’autre sont étroitement liées en interdépendance. L’extérieur n’est-il pas toujours reflet de l’intérieur ?
Le terme civilisation est-il sous-tendu par un jugement de valeur ? Animation Michel Rumeau Selon le point de vue (valeur ou vérité) d’où l’on se place, le terme civilisation a-t-il la même signification ?
2. Le terme civilisation est-il sous-tendu par un jugement de valeur ? • Un jugement est-il toujours de valeur ? Un jugement n’est-il qu’une opinion ? • Un jugement est une pensée qui vaut ou qui prétend valoir, dit CS • Seule la vérité, qui ne juge pas, est objective, dit encore CS • Ce qui revient à dire que tout jugement est de valeur et que nul ne peut connaître la vérité qu’au travers de ses jugement qui restent subjectifs. • C’est pourquoi la frontière objective entre jugement et opinion (un jugement objectivement insuffisant) reste en fait éminemment ténue. Même si, tout jugement est de valeur et subjectif, cela n’en justifie pas pour autant le nihilisme pour qui tout se valant, rien ne vaudrait. • Toutes les civilisations, toutes les cultures se valent-elles ? • Avant les évènements du 11 septembre 2001 qui donnèrent quelques crédits aux thèses du politologue américain SP. Huntington (Le choc des civilisations /1997), le monde occidental avait réagi, d’une façon quasi-générale, en estimant que ce livre posait une question politiquement incorrecte, puisque, par définition, toutes les civilisations se valaient. • Objectivement, c’est-à-dire du point de vue scientifique (en l’occurrence les sciences humaines, ethnologie, sociologie..), on peut effectivement penser que toutes les civilisations se valent puisque précisément, ces sciences, comme toutes les sciences, n’énoncent aucun jugement de valeur. • Mais qu’en fin de compte, ne serait-ce que pour choisir la civilisation dans laquelle on voudrait vivre, il faut bien finir tôt ou tard par comparer, fut-ce subjectivement, en portant un jugement de valeur. • Jugement pourtant qui ne peut tendre à l’objectivité qu’en : • se gardant d’être global, réducteur, rédhibitoire à l’égard des autres civilisations • tout en restant critique, tant au présent qu’au passé, à l’égard de la sienne. Sans jugement de valeur, toutes les civilisations se valent, ou bien ne valent rien : On est dans l’ordre de la vérité (notamment des sciences humaines). Dès qu’on se demande dans quel type de civilisation on aimerait vivre, on n’échappe pas au jugement de valeur : on est dans l’ordre des valeurs, de ce qu’on aime et veut.
La civilisation occidentale contemporaine est-elle un modèle ? Animation Alexandre Corréard Un modèle qu’est-ce que ça veut dire ? Quelles sont les dérives de la civilisation occidentale contemporaine ?
3. La civilisation occidentale contemporaine est-elle un modèle ? • Juste deux mots concernant « modèle » : • Modèle vient de l’italien modello (figure à reproduire)et lui même du latin modulus (moule). • Le modèle peut être sensible ou idéel. Dans ce dernier cas, modèle est alors synonyme de paradigme (modèle idéal). • L’anthropologie culturaliste explique par le concept de paradigme, le fait que les civilisations se posent les unes face aux autres sans pouvoir communiquer, ni a fortiori se compléter. « Modèle » a une dimension de valeur absolue qui tend à forcer les choses et pousse au rejet. • Quelques dérives de la civilisation occidentale contemporaine : • Le libéralisme économique, à côté du moteur d’accroissement de richesses qu’il constitue, c’est aussi les écarts de richesses qu’il creuse ; l’individualisme et le chômage qu’il accentue. • L’individualisme, c’est aussi la négation de la solidarité. « L'individualisme, qui est une chose positive sur le plan de l'autonomie et de la responsabilité personnelle, s'est développé en provoquant le dépérissement des solidarités. », dit Edgar Morin. • La sacro-sainte croissance des pays industrialisés n’est-elle pas uniquement quantitative, n’est-ce pas consommer toujours plus ? « Il faut abandonner la recherche du toujours plus pour une recherche du toujours mieux. », dit Edgar Morin. • La technique et l'économie de type occidental ne concourent-elles pas à l’accélération de la dégradation de la biosphère, comme à bon nombre de problèmes écologiques que nous rencontrons aujourd'hui ? • A côté des bienfaits, la science et la technologie n‘ont-elles pas aussi apporté des armes de destruction massive et des possibilités de dérives en matière de manipulation biologique ? « Partout où les biens matériels ont été apportés à une partie de la population, ils n'ont pas apporté un véritable bien-être psychologique et moral, et qu'il y a malaise chez ceux qui connaissent le bien-être. » Dit Edgar Morin dans une interview récente sur la nécessité d’une politique de civilisation. Si la civilisation occidentale contemporaine peut constituer un modèle en matière de démocratie, de droits de l’homme et de la femme, elle ne l’est sûrement pas par les excès qui caractérisent la société de consommation, pas plus qu’en terme de solidarité, ce qui constitue peut-être la cause principale du malaise psychologique et moral dont parle Edgar Morin.
Dans toute civilisation n’y a-t-il pas du bon ? Toute connaissance et toute valeur ne sont-elles pas relatives ? Le relativisme n’est-il pas la seule voie possible pour que les meilleurs de chacune des civilisations puissent se rencontrer ?
4. Dans toute civilisation n’y a-t-il pas du bon ? • Du relativisme et de l’esprit d’ouverture : • Le relativisme, c’est la doctrine qui affirme l’impossibilité d’une doctrine absolue, dit A.CS. • Comment un esprit fini pourrait-il avoir accès absolument à l’absolu, si l’absolu est un esprit infini (Dieu) ou n’est pas esprit du tout ? • Nos connaissances sont toujours relatives (relativismeépistémique dans l’ordre de la vérité), pourquoi en serait-il autrement dans l’ordre des valeurs ? (relativisme éthique) • Nous n’avons accès a aucune valeur absolue car tout jugement de valeur est relatif à un sujet (subjectivisme), à une certaine époque (historicisme), à une certaine société ou culture (sociologisme, culturalisme) dit CS. • Que toute valeur soit relative, cela ne prouve pas que rien ne vaille (nihilisme) • Une valeur n’est pas une vérité : elle est l’objet d’un désir, de ce qu’on aime et veut, non d’une connaissance; elle relève de l’action. Le relativisme, c’est le contraire du dogmatisme. C’est parce que la justice n’existe pas qu’il faut la faire disait Alain. Mais, pourquoi la faire ? Simplement parce que nous l’aimons ! Le relativisme, n’est pas du nihilisme, c’est une philosophie tolérante du désir et de l’action. • Vers une rencontre possible des vertus : le point de vue d’Edgar Morin. • Je dirais que toute culture a ses vertus, ses superstitions, ses erreurs, et je pense que ce sont surtout les vertus des différentes cultures qui devraient se rencontrer. • On voit très bien ici, chez nous, qu'il y a l'aspiration à un art de vivre qui fait que l'on cherche aussi bien dans le bouddhisme zen, dans le bouddhisme tibétain du dalaï-lama, des réponses à son aspiration à vivre autrement. • Je pense que l'Occident en général et l'Europe ont développé surtout le côté matériel et technique de la civilisation, et ont sous-développé tout ce qui concerne l'âme, l'esprit, la relation avec soi-même et avec autrui. Et je pense que là-dessus, on peut puiser dans ce qu'apportent beaucoup d'autres civilisations. Primauté de l’amour de l’humanité dans la richesse des vertus propres aux différentes cultures. Primat de la connaissance et de l’économie. N’est-ce pas à cet art de vivre (ni angélique, ni barbare) que la théorie des ordres de C-S conduit ? Fonder les valeurs de l’humanité dans l’altérité des cultures n’est-elle pas la seule voie possible pour éviter « Le choc des civilisations » dont le livre de S P.Huntington nous menace ?
En guise de conclusion Les groupes (a fortiori les civilisations) sont soumis à la pesanteur (à la pente des primats); il n’y a que les individus qui aient quelque chose, parfois qui ressemble à la grâce, c’est-à-dire la capacité de remonter- au moins un peu, au moins parfois- cette pente que les groupes autrement ne cessent de descendre...., Je dirai simplement que pour remonter quelque peu cette pente ...., je ne connais que trois choses : l’amour, la lucidité et le courage. Qu’ils puissent suffire, c’est ce qui n’est jamais garanti, et qui rend toute suffisance dérisoire. Mais là où ils manquent, comment pourrions-nous réussir ? André Comte-Sponville extrait de la conclusion du livre « Le capitalisme est-il moral ? »
Amour Bonheur Courage Dialogue Morale Chaos Authenticité Féminin/Masculin Lucidité Pardon Fête Agressivité Jeu Humour Imagination Peur Mort Moi Pouvoir Civilisation(s) Valeurs Hasard Vieillesse Tolérance Sagesse; Destin; Vérité; Liberté; Conscience; Énergie; Temps; Création; Passion • Choix des sujets du second trimestre 2008 : • 8 avril : Objectivité * • 13 mai : Plaisir * • 10 juin : Egalité * • * Sujets retenus après délibération Justice Egalité Plaisir Désir Fidélité Objectivité ?
Prochaines réunions • mardi 11 mars : « Valeurs » • vendredi 4 avril : Conférence A Comte-Sponville Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/