170 likes | 694 Views
L'hiver québécois. dans Maria Chapdelaine. et Un homme et son péché. Exemple court de dissertation critique Littérature québécoise - FRA 103. Sujet posé :
E N D
L'hiver québécois dans Maria Chapdelaine et Un homme et son péché.
Exemple court de dissertation critique Littérature québécoise - FRA 103 Sujet posé : Ces extraits suivants, tirés de Maria Chapdelaine de Louis Hémon (1914) et de Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon (1933), nous proposent-ils des représentations similaires de l’hiver québécois ?
Les aulnes formaient un long buisson épais le long de la rivière Péribonka; mais leurs branches dénudées ne cachaient pas la chute abrupte de la gorge, ni la vaste plaine d ’eau glacée, ni la lisière sombre du bois qui serrait de près l ’autre rive, ne laissant entre la désolation touffue des grands arbres droits et la désolation nue de l’eau figée que quelques champs étroits, souvent encore semés de souches, si étroits en vérité qu’ils semblaient étrangler sous la poigne du pays sauvage. L. Hémon, Maria Chapdelaine.
Le froid cinglait du nord. Les sapins noirs faisaient buter la bise aux bords des collines, et des lièvres couraient dans la savane gelée. Ainsi qu’un tableau de grisaille, la plaine d’en bas s’allongeait indéfiniment, et les montagnes se tassaient dans les coins de l ’horizon, au souffle de l’ennui qui signalait dans le lointain la fumée d’une chaumine. C’était l ’hiver ! Déjà le silence hallucinant, le froid aussi, le froid surtout, le froid qui tue l ’amour et qui tourmente l ’homme. Puis, bientôt, la neige, linceul définitif. C.-H. Grignon, Un homme et son péché.
Après une lecture attentive des extraits, reprenons la question : Ces deux extraits nous proposent-ils des représentations similaires de l’hiver québécois ? D’abord:Comprendre ce qui est demandé Quels sont les mots clés du sujet ? La représentation de l’hiver: comment l’hiver est-il représenté dans les textes ? Puis, ces représentations sont-elles similaires ? Conseils de méthode : comment procéder ? 1)Identifier le contexte social et littéraire des textes. 2)Relever, à l’aide d’outils d’analyse littéraire appropriés, ce qui caractérise l’hiver dans les deux extraits. Classer logiquement. 3)Comparer leurs caractéristiques formelles et thématiques sur la représentation de l’hiver. Sont-elles similaires ? En quoi? Y a-t-il des différences ? Lesquelles ? Appuyer par des exemples.
1° étape : Identifier le contexte social et littéraire : Situer les textes à leur époque et selon le courant littéraire PublicationMaria Chapdelaine 1914Un homme et son péché1933 Les deux romans se déroulent vers la fin du 19e siècle, sur des terres éloignées près de petits villages ruraux du Québec (Lac Saint-Jean et Basses Laurentides). Courant du terroir : En 1866, dans Rôle de notre littérature, l’Abbé Casgrain investit la littérature québécoise du rôle de valorisation des labeurs de la terre et des valeurs familiales, afin de contrer l’exode rural. L’anti-terroir : En réaction à cette idéologie qui idéalise la vie rurale, se développe un contre-courant littéraire qui va dénoncer les misères des familles québécoises reliées à des dures conditions de vie sur des terres austères et exposées aux rigueurs de l’hiver. Contexte littéraire mondial:le Réalisme Description objective de la réalité quotidienne, sans embellissement, et même dans ses aspects les plus laids.
2° étape : Les outils d’analyse littéraire Comment l’hiver est-il représenté dans les textes ? Relever ses caractéristiques formelles et thématiques à l’aide de différents outils d’analyse : Effets de style: Métaphores, Répétition, Personnification Tonalité dominante Niveau de langue Genre Champ lexical : Termes sur l’hiver Noms, adjectifs, Verbes... Récit/Action Narrateur Personnages Schéma narratif, actantiel Espace/Temps Scènes, descriptions Chronologie, Rythme
2O étape (suite) : Pour l’extrait de Maria Chapdelaine, relever et classer les caractéristiques de l’hiver (selon les outils d’analyse appropriés). A) Champ lexical : Quels mots, expressions, images caractérisent l’hiver ? Les aulnes formaient un long buisson épais le long de la rivière Péribonka; mais leurs branches dénudées ne cachaient pas la chute abrupte de la gorge, ni la vaste plaine d’eau glacée, ni la lisière sombre du bois qui serrait de près l’autre rive, ne laissant entre la désolation touffue des grands arbres droits et la désolation nue de l’eau figée que quelques champs étroits, souvent encore semés de souches, si étroits en vérité qu’ils semblaient étrangler sous la poigne du pays sauvage. Sous la poigne du pays sauvage Étranglement / Piège Pays étroit / sauvage Dureté des conditions de vie Nature dénudée, à nu Eau glacée / eau figée Dénuement, dépouillement Temps arrêté, figé État d ’hibernation / Misère Désolation (Répétition) Ennui Nostalgie
B) Personnification de la nature hivernale : PERSONNIFICATION: cette figure de style attribue à des choses inanimées (à la nature, à l’hiver) des caractéristiques humaines. Les aulnes formaient un long buisson épais le long de la rivière Péribonka; mais leurs branches dénudées ne cachaient pas la chute abrupte de la gorge, ni la vaste plaine d ’eau glacée, ni la lisière sombre du bois qui serrait de près l ’autre rive, ne laissant entre la désolation touffue des grands arbres droits et la désolation nue de l ’eau figée que quelques champs étroits, souvent encore semés de souches, si étroits en vérité qu’ils semblaient étrangler sous la poigne du pays sauvage. Malgré l ’état figé de cette scène d ’hiver, la nature bouge, vit, pose des actions (tel l ’homme) grâce à une série de verbes forts, colorés, vivants. Cacher, serrer, étrangler: Impression d’emprisonnement, d’étranglement, de désoeuvrement, qui caractérise le pays (et l’homme qui y vit).
C) Tonalité dominante de l’extrait : Registre de langue / Genre Phrase complexe, langage soutenu / Accumulation d ’adjectifs qualificatifs Les aulnes formaient un long buisson épais le long de la rivière Péribonka; mais leurs branches dénudées ne cachaient pas la chute abrupte de la gorge, ni la vaste plaine d ’eau glacée, ni la lisière sombre du bois qui serrait de près l ’autre rive, ne laissant entre la désolation touffue des grands arbres droits et la désolation nue de l ’eau figée que quelques champs étroits, souvent encore semés de souches, si étroits en vérité qu’ils semblaient étrangler sous la poigne du pays sauvage. Caractère pittoresque de la nature : accumulation de traits, de détails, de qualités qui la caractérisent. L ’hiver = Dénuement, misère, désolation, ennui, étranglement, emprisonnement, dureté, espace vaste et sauvage, temps figé (mort). Réalisme pittoresque : Représentation détaillée de la réalité hivernale sous tous ses aspects les plus vrais, les plus durs.
2o étape (suite) :Pour l’extrait de Un homme et son péché, relever et classer les caractéristiques de l’hiver (selon les outils d ’analyse appropriés). A) Champ lexical : Quels mots, expressions, images caractérisent l’hiver ? Le froid cinglait du nord. Les sapins noirs faisaient buter la bise aux bords des collines, et des lièvres couraient dans la savane gelée. Ainsi qu’un tableau de grisaille, la plaine d’en bas s’allongeait indéfiniment, et les montagnes se tassaient dans les coins de l ’horizon, au souffle de l’ennui qui signalait dans le lointain la fumée d’une chaumine.C’était l ’hiver ! Déjà le silence hallucinant, le froid aussi, le froid surtout, le froid qui tue l ’amour et qui tourmente l ’homme. Puis, bientôt, la neige, linceul définitif. Hiver = silence hallucinant Rien ne bouge, ne vit Seul son : le vent Tourment, Folie, Dureté Neige : linceul définitif MORT inévitable de l’homme Gel / Froid (répété 4X) Vent du Nord État figé Hibernation Hiver = tableau de grisaille (Comparaison) (sans couleur) Laideur / Ennui
B) FORTE PERSONNIFICATIONde la nature hivernale : Verbes extrêmement forts, vivants, expressifs qui font vivre l’hiver au détriment de l’homme. Le froid cinglait du nord. Les sapins noirs faisaient buter la bise aux bords des collines, et des lièvres couraient dans la savane gelée. Ainsi qu’un tableau de grisaille, la plaine d’en bas s’allongeait indéfiniment, et les montagnes se tassaient dans les coins de l ’horizon, au souffle de l’ennui qui signalait dans le lointain la fumée d’une chaumine.C’était l ’hiver ! Déjà le silence hallucinant, le froid aussi, le froid surtout, le froid qui tue l ’amour et qui tourmente l ’homme. Puis, bientôt, la neige, linceul définitif. Cingler, buter, s’allonger, se tasser, tuer, tourmenter : Forces extrêmes de l’hiverqui couvrent tout le territoire de l’humain(faible lueur d’une présence humaine au loin dans le tableau de l’ennui),l ’envahissent et le tuent.
C) Tonalité dominante de l’extrait : Registre de langue / Genre Dans l’ensemble : Phrases brèves, s’apparentent au langage parlé Style sobre, dépouillé, cru (très peu d’adjectifs) Reprise (du même mot 4X) Représentation très expressivede la réalité hivernale sous tous ses aspects, et surtout sous ses aspects les plus difficiles pour la condition humaine. (Naturalisme) L’hiver = Gel, état sauvage, ennui, sans vie (hibernation), folie, dureté, misère humaine, froid qui tue (meurtre), temps figé (mort éternelle). Réalisme naturaliste : Description réaliste de la misère physique et morale des habitants (sous ses aspects les plus durs et les plus laids) et qui ne peut mener qu’à une mort certaine.
3o étape : Comparer les textes. Les représentations de l ’hiver sont-elles similaires ? Y a-t-il des différences ? A) Similitudes 1) État d’hibernation = Temps figé Dénuement / Tableau de grisaille Sans vie / Sans couleurs 2) Hiver = Ennui / Désolation Misère / Dureté 3) Forces sauvages de la nature étranglent, tuent toute relation humaine = MORT de l’homme
B) Différences 1) Certes, dans Maria Chapdelaine, l’hiver étrangle mais il n’est pas aussi destructeur pour l’homme que dans Un homme et son péché. 2)Dans Un homme et son péché, les duretés de l’hiver sont telles qu’elles excluent tout amour, toute forme de vie ; elles conduisent inévitablement à la folie et au tombeau. 3) D ’ailleurs, le caractère plus pittoresque de la réalité de l’hiverdans Maria Chapdelaine, son style plus soutenu, moins sobre et moins cru que dans Un homme et son péché, est porteur d’une certaine beauté, d’une ouverture, d’un printemps à venir. Aussi, en terres québécoises, l’amour et l’espoir seront possibles pour Maria alors que pour les personnages principaux d’Un homme…, ils seront inévitablement voués à l’ennui et à la mort.
Exemple d ’un plan sommaire de la dissertation critique (Plan analogique) INTRO : sujet amené : Contexte social et littéraire des textes sujet posé : Reprendre la question du sujet en ses mots. sujet divisé : Présenter comment le sujet sera traité (parties du travail). DÉVELOPPEMENT : 1) Similitudes 2) Différences 3) Position personnelle : oui ou non, les représentations sont-elles similaires ? En fait, les similitudes sont-elles plus importantes que les différences ? CONCLUSION : Synthèse de l ’analyse, de ses arguments les plus pertinents. Ouverture : Par exemple, réflexion sur les conditions de vie des québécois à l’aube du 20e siècle.
PRODUIT À L ’UQAM DANS LE CADRE DU PROGRAMME COURT EN PÉDAGOGIE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PAR ANNE ROBICHON / COURS EDU 7492 #20 DONNÉ PAR MONIQUE DUGAL HIVER 2002