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Sociolinguistique - 3. A propos de Berstein : Quelques documents. Basil Bernstein, 1924-2000. Lors de sa mort en 2000 il était professeur émérite de la chair Karl Mannheim de Sociologie de l’Education à l’Institut d’Education de l’Université de Londres.
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Sociolinguistique - 3 A propos de Berstein : Quelques documents
Basil Bernstein, 1924-2000 Lors de sa mort en 2000 il était professeur émérite de la chair Karl Mannheim de Sociologie de l’Education à l’Institut d’Education de l’Université de Londres. Bernstein était principalement un sociologue de l’éducation.
Quelques éléments biographiques • Elevé au sein d’une famille d’immigrants juifs dans l’Est de Londres • Ceci explique son désir toute sa vie de lutter contre les barrières entre classes sociales et les travaux entrepris pour favoriser la mobilité sociale ascendante. • En 1960,il commence son véritable travail universitaire à l’University College de Londres (après un doctorat en linguistique, il devient professeur associé puis directeur du département d’investigation sociologique…)
Les théories de Bernstein ont été grandement critiquées, depuis ses premières œuvres sur le langage, les codes de communication et l’école, jusqu’à ses travaux ultimes sur le discours pédagogique, la pratique et la transmission de l’éducation. Il a examiné toujours et partout les conséquences de la reproduction sociale. De fait on lui a souvent reproché des simplifications qui ne sont pas de lui, mais plutôt des interprétations données de ses théories.
Bernstein, se fondant sur l’investigation empirique, établit les différences entre le code restreint de la classe ouvrière et le code élaboré de la classe moyenne. Les codes restreints dépendent du contexte et sont particularistes, tandis que les codes élaborés ne dépendent pas du contexte et sont universalistes. On lui a beaucoup reproché ce que l’on a appelé sa « théorie du déficit », sans doute de façon impropre : Bernstein, étudiant les codes à l’école, (alors que celle-ci a son propre code élaboré) a souligné que les enfants de la classe ouvrière s’y retrouvent dans des conditions d’infériorité, parce qu’ils ne maîtrisent pas le code élaboré de l’école, mais non pas parce que leur code est déficient en soi.
Bernstein a toujours voulu montrer que le système éducatif est en relation avec la division sociale du travail, protestant toujours quand on lui attribuait une « théorie du déficit ». « La théorie des codes affirme qu’il y a une répartition inégale, liée à la classe sociale, des principes de communication porteurs de privilèges […] et que la classe sociale, indirectement, établit la classification et l’énoncé du code élaboré transmis par l’école, de manière à faciliter et perpétuer son acquisition inégalitaire. Dès lors, la théorie des codes n’accepte ni l’idée d’un déficit ni celle d’une différence mais attire l’attention sur les liens entre les macro-relations de pouvoir et les micro-pratiques de transmission, d’acquisition et d’évaluation, ainsi d’ailleurs qu’avec le positionnement ou non en faveur du caractère originel de ces pratiques. » (Class, Codes and control : the structuring of pedagogic discourse, vol. 4, 1990)
B. Bernstein : Langage et classes sociales, Editions de Minuit, 1975, 347 p. p. 30 : « Le type de discours dominant et caractéristique dans les classes supérieures a pour particularité de faire du discours l’objet d’une attention spéciale et de développer une attitude réflexive à l’égard des possibilités structurales d’organisation de la phrase. Dans ce type de discours, il est relativement difficile de prévoir la structure syntaxique que choisira le locuteur, qui utilise les possibilités formelles d’organisation de la phrase pour clarifier et expliciter les significations. On appellera ce type de discours langage formel. …/…
"De manière générale, on peut distinguer deux types de codes, le code élaboré et le code restreint. On peut les définir, au niveau linguistique, par le degré de probabilité avec lequel on peut prévoir les éléments syntaxiques qui serviront à organiser le discours signifiant. Dans le cas du code élaboré, le locuteur dispose d'un choix syntaxique vaste et le mode d'organisation des éléments ne peut être prévu avec un degré de probabilité élevé. Dans le code restreint, le nombre de choix est souvent très limité et on peut les prévoir avec des risques d'erreur beaucoup plus faibles. …/…
A un niveau psychologique, ces codes se différencient par le degré auquel ils facilitent (code élaboré) ou inhibent (code restreint) l'expression symbolique des intentions sous une forme verbale. Pour le comportement, il en découlera des modes d'autorégulation différents et donc des dispositions différentes. Les codes sont, en eux-mêmes, fonction d'une forme particulière de relations sociales ou, plus généralement, sont des qualités de la structure sociale. » (p. 70)
« …Inversement le type de discours en usage dans les strates les plus basses de la classe ouvrière se distingue par la rigidité de la syntaxe et par l’utilisation restreinte des possibilités structurales d’organisation de la phrase, de sorte qu’on peut aisément prévoir les éléments du discours de tout locuteur. Cette forme de discours, relativement condensé, restreint l’expression de certaines significations dont les possibilités d’élaboration se trouvent réduites. On peut prévoir facilement, sinon la totalité des contenus véhiculés par le discours, du moins la classe à laquelle ils appartiennent, leur organisation structurale et la syntaxe utilisée. On appellera langage commun ce genre d’utilisation du discours…
…Pour qui parle le langage commun, les choix et les arrangements personnels sont très restreints, alors que celui qui parle le langage formel peut faire des choix et des arrangements tout à fait originaux (ce qui ne signifie pas qu’il use toujours de cette liberté). »
Quelques caractéristiques du langage formel (d’après Bernstein) : 1°) Précision de l’organisation grammaticale et de la syntaxe ; 2°) Nuances logiques et insistance véhiculées par une construction de la phrase grammaticalement complexe, et spécialement par l’utilisation d’une série de conjonctions et de propositions subordonnées ; 3°) Usage fréquent de prépositions qui indiquent des relations logiques, comme de prépositions indiquant la proximité spatiale et temporelle ; 4°) Usage fréquent des pronoms impersonnels, « il », « on » ; 5°) Choix rigoureux des adjectifs et des adverbes ;
6°) Impressions individuelles verbalisées par l’intermédiaire de la structure des relations entre les phrases et à l’intérieur de la phrase, c’est-à-dire d’une manière explicite ; 7°) Symbolisme expressif différenciant dans le détail les significations au niveau des phrases, au lieu de renforcer les mots dominants ou d’accompagner les énoncés d’une manière indifférenciée ; 8°) Usage du langage qui rend attentif aux possibilités attachées à un système complexe de concepts hiérarchisés pour l’organisation de l’expérience.
Quelques caractéristiques du langage commun : 1°) Phrases courtes, grammaticalement simples, souvent non terminées, à syntaxe pauvre ; 2°) Usage simple et répétitif des conjonctions ou des locutions conjonctives (donc alors, et puis, parce que, etc.) ; 3°) Usage rare des propositions subordonnées servant à subdiviser les catégories initialement employées pour traiter du sujet principal ; 4°) Incapacité de s’en tenir à un sujet défini pendant un énoncé, ce qui facilite la désorganisation du contenu de l’information ; 5°) Usage rigide et limité des adjectifs et des adverbes ;
6°) Usage rare de la tournure impersonnelle dans les phrases ou les propositions conditionnelles, du genre : « On pourrait penser… » ; 7°) Usage fréquent d’énoncés où les justifications et les conclusions sont télescopées de manière à produire une affirmation catégorique ; 8°) Nombreuses affirmations et nombreuses expressions indiquant que l’on demande à l’interlocuteur d’accorder une valeur particulière à l’énoncé précédent : « N’est-ce pas ? », « Tu te rends compte ? », « Tu vois. » On pourrait appeler ce procédé « rhétorique du consentement ou de l’appel au consensus » ; 9°) Choix individuels opérés fréquemment dans un ensemble de tournures proverbiales ; 10°) Impressions individuelles à l’état implicite dans l’organisation de la phrase : c’est un langage à signification implicite.
Un article intéressant sur Basil Bernstein par Alan R. Sadovnik (accessible sur Internet : fichier .pdf) : http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/bernsteinf.pdf Tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXXI, n° 4, décembre 2001, pp. 715-731.