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SOCIOLOGIE DE L’INNOVATION (1) Généralités…. Christian THUDEROZ Centre des Humanités. Plan de la séance. 1. DEFINITIONS 2. QUESTIONS DE VOCABULAIRE... 3. L’INNOVATION : UNE CHAÎNE COMPLEXE 4. DE QUOI DEPENDENT LES INNOVATIONS ? 5. LA CONSTRUCTION SOCIALE DES INNOVATIONS
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SOCIOLOGIE DE L’INNOVATION (1)Généralités… Christian THUDEROZ Centre des Humanités
Plan de la séance • 1. DEFINITIONS • 2. QUESTIONS DE VOCABULAIRE... • 3. L’INNOVATION : UNE CHAÎNE COMPLEXE • 4. DE QUOI DEPENDENT LES INNOVATIONS ? • 5. LA CONSTRUCTION SOCIALE DES INNOVATIONS • 6. LA NOTION DE TRAJECTOIRE TECHNOLOGIQUE • 7. POURQUOI UNE FIRME CHOISIT – ELLE D’INNOVER ? • 8. INNOVATION ET EMPLOI
1. DEFINITIONS • L’innovation : « La nouveauté résultant d’une invention, produite à grande échelle et lancée sur le marché par un entrepreneur s’adonnant à une activité économique » (Maunoury, La Genèse des innovations, 1972).
Donc, l’innovation est un processus… • qui chemine d’une invention... (la résolution d’un problème par la construction d’un « artefact » - un dispositif ou un objet technique, cet artefact résultant ou non d’une découverte scientifique) • ... à sa diffusion : il faut une application commerciale, une mise sur le marché par des entrepreneurs à la recherche de profits… • et qui a un résultat, un effet : cette nouveauté est utilisée (par des individus ou des organisations), ils en sont les usagers (ils peuvent donc se l’approprier, la détourner, etc.).
Si aucune sanction par le marché ou par l’usager… • pas d’innovation (juste une « invention », qui reste dans le tiroir, même si elle est primée au concours Lépine... ) ! • L’innovation est donc la rencontre : • d’un besoin (réel ou potentiel) • d’un marché • et des solutions réalisables. • Donc, innovation invention !
2.QUESTIONS DE VOCABULAIRE... On distingue : • les innovations de produit (plus performant, plus fiable, proposant un service nouveau : le baladeur de Sony, le CDROM, le Robot-Minute Seb, l’airbag, etc.) • les innovations de procédé (une nouvelle méthode technique de production, ou de distribution, plus efficace, moins coûteuse : le convoyeur dans les ateliers d’automobile en 1914, la fabrication de l’acier avec les fours Siemens-Martin via la récupération des gaz ; la mise en jachère des terres pour éviter de les appauvrir, etc.)
Mais aussi… • les innovations organisationnelles (une nouvelle façon d’organiser le travail : la gestion de projet, l’ingénierie concourante, les équipes autonomes de production, le Team concept, etc.. Mais aussi hors de l’entreprise : la conscription, les GAEC - Groupements Agricoles d’Exploitation Commune) • les innovations mineures (ou dites « incrémentales ») : elles modifient certains aspects du produit ou du procédé, sans en modifier la structure… • les innovations majeures (ou « radicales », ou dites « de rupture », généralement liées à des découvertes scientifiques) : elles « changent le paradigme » (exemple : la télévision, la plaque de plâtre, la pénicilline, etc.).
Quelques chiffres pour illustrer ces types d’innovation… • Sur 400 000 brevets (enquête de Rothwell et al., 1985) : • 0,3 % = découvertes (par ex. les polymères) • 4 % = nouveaux concepts de produits (par ex. : le moteur à explosion, l’ordinateur) • 19 % = amélioration radicale d’un système existant (le VTT, la souris, le stylo bille) • 32 % = amélioration d’une fonction d’un produit ou d’un système (les robots-minute) • 45 % = amélioration qualitative d’un système existant (air conditionné)
3. L’INNOVATION : UNE CHAÎNE COMPLEXE … • L’innovation = non pas le résultat d’une chaîne qui mène directement du laboratoire au marché, mais l’effet d’interactions complexes et réciproques entre recherche fondamentale et appliquée, privée et publique, entre laboratoires et entreprises et entre innovateurs et gestionnaires, • L’innovation est ainsi le fruit de l’échangeentre de nombreux acteurs : PME, service R&D des groupes, laboratoires académiques, centre de recherche privés, banquiers et financiers, pouvoirs publics, utilisateurs, etc., via des partenariats, des collaborations ponctuelles, du travail en réseau...
Pourquoi ces interactions, pourquoi ces échanges ? • Parce que le développement technique s’accélère et devient de plus en plus complexe (une entreprise ne peut à elle seule maîtriser tous les savoirs et précédés nécessaires); • Parce que le développement technique devient de plus en plus coûteux (il convient de mobiliser des sommes de plus en plus importantes, au-delà de la seule capacité financière d’une entreprise ou d’un laboratoire)
Pourquoi ces interactions, pourquoi ces échanges ? • Parce que les technologies sont de plus en plus modulaires et des coopérations inter-entreprises sont nécessaires, compte tenu de cette division du travail croissante • D’où des collaborations poussées entre laboratoires et entreprises : création d’entreprises par des chercheurs publics, augmentation des bourses CIFRE pour les thèses, rôle des incubateurs et des pépinières d’entreprise (Novacité, sur le campus de la Doua, ou CREALYS), instances de valorisation de la recherche (cf. INSAVALOR, etc.).
Mais aussi… • Parce que de nombreux problèmes surgissent et rendent nécessaire le soutien des politiques publiques et des financiers : • problèmes d’emploi (externalisation des tâches, fusion d’entre-prises, etc.), • problèmes de normes et de standards • de coordination entre acteurs, aux intérêts divergents, • problèmes de propriété intellectuelle ou industrielle, etc. • Parce que certains nouveaux acteurs veulent participer aux innovations et se regroupent en communautés pour innover (ex. des logiciels libres). Ces associations jouent le même rôle que les associations de malades (SIDA, Cancer, Myopathie, etc.) dont l’influence s’exerce très en amont, dans l’orientation des recherches scientifiques…
Addendum sur l’innovateur : Joseph Schumpeter et la « destruction créatrice »… • Enjeu de l’innovation : non pas réussir un produit isolé une fois, mais mettre sur le marché un flux régulier de projets innovants… • Les entreprises : contraintes à l’innovation ! Si elles n’innovent pas, ce sont les concurrents qui le font et prennent les marchés...
Une « destruction créatrice » ? • Pour qu’il y ait innovation, il faut : un entrepreneur (qui ose) et un banquier (qui finance). Le premier saisit les opportunités, le second avance les fonds nécessaires... • Les entrepreneurs les plus dynamiques lancent une idée, un produit, que les autres imitent ; les innovations se répandent ; d’où de nouvelles vagues d’investissements, etc. • Bientôt les « innovations » antérieures sont remplacées par de nouvelles, et le cycle repart de plus belle...
4. DE QUOI DEPENDENT LES INNOVATIONS ? (A. Les variables macro-sociales ou macro-économiques) • 1) De la capacité des entreprises : • à recruter les compétences nécessaires, • à nouer des partenariats avec le monde de la recherche, • à identifier et contrôler les flux d’informations externes (« veille technologique », « intelligence économique », etc.) • à drainer à leur profit du financement public et privé, à convaincre des « capitaux-risqueurs » • Exemple : combien d‘innovations de produits / procédés via les projets de recherche européens associant des laboratoires d’universités ou de grandes écoles à des entreprises privées ? A l’INSA, en GEN, menons l’enquête. • Exemple : ces entrepreneurs de la plasturgie d’Oyonnax (01), tour à tour présents dans les grands salons internationaux et diffusant les informations recueillies, observant les dernières innovations techniques, etc.
De quoi dépendent les innovations ? (suite) • 2) De la qualité, dans les entreprises : • de leur management interne, • de la mobilisation de leurs ressources humaines, • de la combinaison entre métiers différents, • de l’organisation du travail interne (plateau technique, ingénierie concourante, organisation par projet, structure matricielle, etc.) • Exemple : l’enquête de Paul Lawrence et Jay Lorsch (Adapter les structures de l’entreprise, 1967) : les entreprises performantes = celles qui ont su bâtir des organisations adaptatives, réactives aux évolutions de leur environnement, proposant des gammes de produits diversifiés, etc.
De quoi dépendent les innovations ? (suite) • De la culture des dirigeants de ces entreprises, des « règles » du système, permissives ou non, du type de culture technique... • Exemple : Apple et le « eMac » ou le « iPod » (la culture du garage et des baskets...) • De la qualité des médiations nouées entre des acteurs hétérogènes et des objets (des « actants ») : des technologues, une réunion de groupe de projet, une campagne de marketing, un responsable de service, une maquette que l’on tient en main, etc.
De quoi dépendent les innovations ? (suite) • De la hiérarchisation des normes d’innovation (rôle des contrôleurs de gestion, ou des responsables du marketing (cf. l’invention du post-it, dans l’article A quoi tient le succès des innovations ? de A. Akrich, M. Callon et B. Latour, 1988) et comment celle-ci évolue au fil du temps (une innovation sur le cycle de vie du produit sera aujourd’hui aussitôt reconnue et développée dans l’entreprise ; il y a 30 ans = pas du tout...) • Des facteurs culturels, pour la réception de l’innovation : les anglais ne mangeront jamais de la soupe en pack UHT, et les français rechignent à manger de la soupe en conserve...
4. Bis De quoi dépendent les innovations ? ( Les variables micro-sociales, ou micro-économiques) • Innover, c’est.... • être créatif , avoir envie de penser différemment, de prendre des chemins de traverse... • être opiniâtre et modeste, donc : accepter de se tromper (l’échec est pédagogique), persévérer, recommencer, ne pas se décourager, • oser, prendre des risques, • sortir du paradigme dominant (« innover, ce n’est pas avoir une nouvelle idée, mais arrêter d’avoir une vieille idée... » (Edwin Land, inventeur de l’appareil photo instantané…) • se lancer des défis, se mettre en position de challenger...
En résumé : l’innovation : beaucoup de hasard, pas mal de « nez »… • Il se peut que le tout prenne (ou non...) et il se peut que cela réussisse (ou non) du fait (ou indépendamment) de la qualité intrinsèque du produit innovant... Exemple : • Deux innovations concurrentes en 1839 pour la photographie : • le « daguerrotype » de Louis-Jacques Daguerre (image unique, inversée et non reproductible, sur une plaque de métal) • et le « calotype » de William H. Fox Talbot (image sur papier, également en négatif, mais dont on pouvait tirer d’autres images sur papier, en positif). • Qui a gagné ?
C’est le daguerrotype qui se diffusa le plus vite… • et fut adopté par les premiers photographes : il donnait une image plus précise… Daguerre avait su « enrôler » le savant Arago (cf. la présentation de l’invention à l’Académie des sciences le 18 août 1839…), et avait su développer, partout en Europe, une véritable campagne de marketing... Talbot restait en Angleterre, l’image apparaissait moins nette, et il commercialisait son produit en dilettante... • Mais 15 ans, plus tard, du fait des innovations ultérieures sur le papier collodion (du coton dissous dans de l’éther), c’est l’innovation de Talbot qui triompha... Et Georges Eastmann, vers 1888 put lancer le film Kodak (une pellicule de papier pour impression, enroulée dans un appareil Kodak...).
5. LA CONSTRUCTION SOCIALEDES INNOVATIONS • 1) Ces innovations s’inscrivent toujours dans un cadre social donné, elles sont contextualisées. • Exemple 1 : l’innovation « Bledichef » (Danone) ne se comprend que si : • existence du micro-onde, • nombreuses jeunes femmes salariées, • acceptation sociale d’un « baby food » industriel, • volonté de leur apprendre « le goût des (bonnes) choses » • Donc, Blédichef : impossible en 1955 !
Exemple 2 : le baladeur de Sony ne peut émerger que dans un monde… • individualisé (écouter seul « sa » musique, « se couper du monde »…), • mobile (ne pas être à la merci d’un fil et ne pas être gêné par l’appareil…) • polyvalent (on fait désormais plusieurs choses en même temps - se déplacer et écouter de la musique...), • miniaturisé (l’appareil tient dans la main, ou dans la poche...).
2) Ces objets techniques ne sont pas « transhistoriques »… • … leur usage, ou leur fonction évoluent dans le temps… • Exemple du vélo : fin XIXe, c’est une « machine de loisir » pour les classes privilégiées et un « outil de travail » pour nombre de professions ; jusqu’au années 1950, c’est un moyen de transport des classes populaires (été 36 et les congés payés, « A bicyclette... » chante Montand) et le cadeau de fin d’études ; depuis les années 70 et le VTT = le symbole du loisir écologique et de la vitalité sportive...
6. LA NOTION DE TRAJECTOIRE TECHNOLOGIQUE ET DE « PATH DEPENDENCY » • Idée : les innovations s’inscrivent dans un cheminement (d’où le terme de « trajectoire »), et ce chemin les contraint (d’où l’expression de « Path depen-dency », dépendance du chemin, ou, traduction française : « contrainte de sentier »).
« Trajectoire technologique », car… • une innovation en entraîne une autre, etc. (on invente l’imprimerie, puis le livre, puis les bibliothèques, puis les lecteurs, etc.) • une offre (technique) rencontre une demande (le marché), et toutes les deux vont s’imbriquer et se dynamiser (cf. les jeux vidéo) • des routines organisationnelles vont brider les écarts • les coûts d’innovation sont considérables (on va donc améliorer ce qui existe déjà...)
Contrainte de sentier car… • Un nouvel artefact est toujours produit en fonction / en référence à un artefact antérieur. Pas de création ex nihilo ! Toujours des emprunts à des modèles précédents • Exemple : le vélo. Le cheval de bois (artefact du cheval) cheval de bois avec deux roues (Hobby Horse) La Draisienne (avec roue avant orientable, mise au point par le Baron Von Drais, 1818) draisine améliorée (le Dandy Horse, avec de plus grandes roues et un siège plus confortable) 1861, une pédale est fixée sur la roue avant etc.
Contrainte de sentier car… • Un nouvel artefact est toujours produit avec des composants issus des modèles antérieurs : l’innovation résulte de l’accumulation de plusieurs micro-innovations, introduites ex ante de manière indépendante • Exemple : l’avion. Il ne sort pas de l’esprit d’un innovateur : chaque composant a fait l’objet d’une succession de tentatives pour les améliorer : sur le moteur, les ailes, le fuselage, les roues, les freins, les hélices, etc.
Contrainte de sentier car… • Un nouvel artefact n’est accepté que s’il s’inscrit en rapport avec les modèles précédents (en palliant leurs défauts ou en combinant d’une autre façon leurs avantages) et en tenant compte des machines, des technologies en usage, des qualifications, des matériaux disponibles, des besoins des consommateurs, etc. • Exemple : poste de radio en caoutchouc (designer:Marc Berthier) si la technique du caoutchouc est maîtrisée... • Exemple : un bol-assiette pour bébé si la technique du pack UHT et de la soudure sous vide est maîtrisée, et si existent dans l’usine les qualifications requises...
Contrainte de sentier car… • Un nouvel artefact s’inscrit dans un rail (un paradigme) qui lui donne sa consistance, ou sort résolument de ce rail en explorant un autre sentier… • Exemple : l’électricité perfectionnement de la bougie ; le tam-tam l’ancêtre du téléphone ; le traitement de texte par ordinateur la machine à écrire Underwood ; le baladeur une chaîne hi-fi en miniature... • L’exploration de cet autre sentier tient compte de la « dépendance de sentier » mais l’innovation B consiste à répondre au (nouveau) besoin B à partir du sentier A (cf. la souris d’ordinateur : avec fil, puis sans fil ; ou la poly-télécommande).
Contrainte et sortie du rail… • Ce nouvel artefact ne chasse pas les autres artefacts : • même si innovation de rupture, les concepteurs d’un système se positionnent par rapport aux techniques antérieures : ils veulent « proposer autre chose » (exemple des informaticiens des années 60 souhaitant échapper à l’informatique de calcul et lui opposer une informatique de réseau et de communication...) • les usagers adoptent la nouvelle technologie, sans se détourner des technologies précédentes : la télévision n’a pas tué la radio, la vidéo n’a pas tué le cinéma...
Addendum à la path dependency… • Une question : pourquoi IBM ne se diversifie-t-il pas dans l’automobile et pourquoi Boeing ne le fait pas non plus dans les autobus ? • Parce qu’une entreprise = une agglomération de compétences cruciales et d’actifs spécifiques
D’où la nécessité… • D’effets d’apprentissage (« learning by doing ») • De ne pas occulter les « contraintes de sentier (les innovations possibles sont contraintes par les innovations antérieures) • De saisir les opportunités techniques possibles, du fait de l’accumulation de savoir-faire • De posséder des« actifs spécifiques » qui augmentent la possibilité de ces opportunités (un BE performant, avec des ingénieurs idem...) • De sélectionner les bons partenaires, identifier les marchés potentiels…
7. POURQUOI UNE FIRME CHOISIT-ELLE D’INNOVER ? • Pour la théorie micro-économique : parce qu’elle a intérêt à le faire ! • L’innovation réussie = une source de rente • (rente = la différence entre le coût marginal (le coût de la dernière unité produite) et le prix de vente) • Rente de monopole si c’est la seule entreprise à proposer ce bien ou ce service...
Les concurrents vont donc copier l’innovation… • … pour s’approprier une partie de cette rente... • Pour s’en prémunir : dépôt par l’entreprise innovatrice d’un brevet... • Innover suppose cependant d’énormes dépenses (un laboratoire, des chercheurs, des salaires, des équipements, etc.), que le produit se vende ou ne se vende pas !
Le coût total d’une innovation est donc un coût fixe… • Il ne dépend pas du volume des ventes… Mais le coût unitaire de fabrication du produit innovant décroît avec la quantité vendue… • D’où : des sous-estimations d’utilisation (le PD-G d’IBM, au début des années 60, considérait qu’il y avait tout au plus un marché de 5 ordinateurs personnels au monde...) ou des surestimations (Concorde, TV haute définition, etc.).
L’innovateur et le suiveur... • Pour les « Technologies cumulatives » (comme l’automobile : chaque vague d’inno-vations s’ajoute aux précédentes, améliorant un peu plus le produit) : • Suivre n’est pas déshonorant : c’est même parfois une bonne stratégie : il est rationnel de poursuivre l’idée d’un autre, de développer un brevet, etc. L’innovateur n’a pu tout prévoir, tout résoudre. Au « suiveur » de jouer !
D’ailleurs… • C’est même cette capacité à reprendre, poursuivre, approfondir, qui réduit le taux de mortalité de l’innovation • Exemple : une jeune start-up met au point un produit de gestion bancaire ; faute de capitaux propres, elle dépose son bilan ; un grand groupe bancaire rachète le brevet et le développe... • Mais…
Pour les « Technologies destructrices »… • (comme l’informatique : chaque vague d’innovations annule et remplace la précédente) : • Suivre est impossible : où l’entreprise innove et son produit est le standard du moment, où elle disparaît ! • Ah! ce cher capitalisme…
8. INNOVATION ET EMPLOI : quel est le lien ? • Certains économistes estiment que : • A. l’innovation de procédé, en augmentant la productivité, réduit l’emploi ; • B. l’innovation de produit a l’effet inverse : les produits nouveaux suscitent une demande nouvelle qui amène les entreprises à augmenter leur production et donc à embaucher…
A est vrai… • Quand la machine s’automatise ou que le procédé s’informatise, le nombre d‘opérateurs se réduit ! Mais… • … B est vrai : quand s’invente le téléphone mobile, de nombreuses personnes s’achètent ce produit, d’où des embauches conséquentes dans ce secteur professionnel...
Donc, les fluctuations du chômage seraient dues aux effets opposés de ces deux types d’innovation ? • Réponse possible : oui… • Chômage actuellement = car la période est celle des innovations de procédé (informatique et robotisation) • Hier, pendant les Trente Glorieuses = de l’emploi, car la période était celle des innovations de produit (électroménager, automobile, etc.)
Mais… • Un phénomène de « déversement » (A. Sauvy) : les emplois supprimés dans le secteur A se « déversent » dans le secteur B qui, à son tour, 20 ans plus tard, voit ses emplois se « déverser » dans le secteur C, etc. • L’innovation de produit ne crée pas forcément d’emplois là où elle est réalisée : les emplois sont créés ailleurs ! (Qui fabrique aujourd’hui les produits manufacturés européens ?)
Mais aussi… • Les qualifications nécessaires pour réaliser l’innovation de produit ou faire fonctionner l’innovation de procédé ne sont peut-être pas présentes là où l’innovation est réalisée (cf. le secteur automobile : qui peut faire fonctionner les robots : les OS non qualifiés ?) • Au niveau de l’entreprise, toute innovation (de produit ou de procédé) est « payante » puisqu’elle lui permet d’augmenter son CA, de se développer, etc. Au niveau de la société toute entière, idem : la société bouge, va de l’avant, promeut ses entrepreneurs, etc. Le problème est donc celui du passage du micro au macro, et de la temporalité (combien de temps attendre avant que l’innovation A ne réussisse à son tour à créer des emplois après en avoir détruit ?). D’où le soutien des politiques publiques...
Objectifs de l’Union Européenne (Sommet de Lisbonne, mars 2002, déjà…)… • … « Que l’Europe devienne l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde ». • Objectifs : augmenter la part des dépenses européenne de R&D dans le PIB actuel à 3 % d’ici 2010... • (En France, actuellement, ce taux est de : 0,84 (recherche publique) et 1,15 (recherche privée) = 1,99 %) • (Aux États-unis, il est de 0,65 + 1,88 = 2,53 %)