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SAF Les Petits Loups. BILAN DES VISITES DES « SUJETS DE L’ABSTRACTION ».
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SAF Les Petits Loups BILAN DES VISITES DES « SUJETS DE L’ABSTRACTION »
Lors d’une visite de cette exposition, je me suis dit que ces tableaux-là devaient être vus par les enfants. Ainsi, avec l’aide d’Ingrid Valette, à partir d’éléments de visite construits et proposés aux classes maternelles par Marion Bouteiller (Pas que des pinceaux), j’ai pu construire une visite adaptée aux enfants de 30 mois à 3 ans et plus. • Hans Hartung, E12
Peinture mélangée au sable • Peinture mélangée au sable
A – Les objectifs • Découvrir : Offrir à l’enfant la possibilité de découvrir un autre style de peinture. • Depuis 4 ans, grâce aux valisettes de visite fabriquées en collaboration avec les plasticiens et médiatrices du musée, les enfants ont pu découvrir la peinture figurative, les natures mortes, les statues….et quelques tableaux « abstraits ». • Cette exposition Gandur, permet aux enfants et aux adultes accompagnants de s’ouvrir vers un autre style, d’autres matières, des couleurs. • L’intérêt de l’enfant • La couleur, la matière, le mouvement sont des notions visuelles, sensorielles et motrices qui sont la base, l’essence même du développement de l’enfant. Michel Ragon dit : « J’appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l’artiste. » • Ce « flou » artistique permet à l’enfant d’imaginer, de rêver. Cette « livraison » visuelle libre de l’artiste permet à l’enfant d’exprimer, de projeter ses propres visions, d’exprimer son imaginaire et ses désirs « intérieurs ».
Durant une visite Naël me dit : • Naël (3 ans) : Je vois Bob Marley • moi : Bob Marley, mais où ça ? • Naël : Et bien les couleurs ! • Moi, ah oui effectivement ce sont les couleurs de la Jamaïque et donc de Bob Marley • Naël : Oui, jaune, vert, rouge
Victor (35 mois) voyant des traits noirs sur un tableau me dit : • Victor : Là, c’est un chat • Moi : Tu crois ? • Victor : Oui, c’est un chat L’enfant, en fonction de ses préoccupations « intérieures » actuelles et ce qu’il voit, peut « prendre ses désirs pour la réalité, sa réalité ». C’est dans cette phase intermédiaire entre « le dedans » (son moi) et « le dehors » (le tableau) que l’imaginaire, la liberté « de penser», de « s’exprimer» trouvent leurs origines, où l’enfant mêle son savoir, son point de vu à celui de l’artiste. N’est ce pas ce que l’enfant fait lorsqu’il peint, colle du tissu ? N’est-ce pas une projection de son état intérieur, de ses pulsions motrices, de ses gouts (plutôt bleu que rouge…), de ses choix ? Peindre en mouvement est un état de fait pour l’enfant.
B–L’intérêt pédagogique a / Préparer l’évènement en : • valorisant les peintures faites par les enfants en les accrochant au mur comme au musée pour que les enfants puissent les montrer à leurs parents et aux autres enfants, • présentant des images des tableaux de peinture exposés, • présentant les éléments à trouver sur les tableaux exposés (jeu d’association), • préparant un support peinture afin de dessiner devant un tableau au musée, • proposant aux enfants de faire comme l’artiste : Collage, Déchirage…
b/ Les travaux réalisés par les enfants Les travaux des enfants se sont réalisés de trois façons différentes : 1: les deux groupes d’enfants qui ont suivi l’exposition ont peint lors des animations, une feuille en rouge de manière à pouvoir reproduire, assis devant le tableau au musée un élément (spirale) du tableau de Picabia Francis (le cercle infernal).
2: Avant d’aller au musée, en animation, un des deux groupes a pu réaliser des collages de papiers déchirés, cf. photos (ci-dessous). Pour cette activité, je leur ai présenté l’élément du tableau de Villeglé Jacques (Boulevard St Martin).
J’ai apporté leurs travaux au musée et nous avons pu mettre côte à côte leurs collages et celui de l’artiste. Ainsi, après avoir commenté le tableau de l’artiste, les enfants ont pu décrire leur propre tableau aux copains. Ils devenaient en un instant nos guides…
3 : Un des deux groupes a fait les collages après avoir vu le tableau au musée. J’ai montré l’élément du tableau aux enfants et ils ont pu œuvrer à leur tour. Par contre, ce groupe n’a pas pu faire le lien par la suite avec le tableau de Villeglé car l’exposition Gandur était terminée. C’est regrettable car les enfants n’ont pas eu cet effet de surprise et la possibilité de commenter le tableau devant l’œuvre de l’artiste. « Un petit gout d’inachevé ». Est-ce que l’enfant a vraiment fait le lien ?
C - Déroulement de la visite tableau par tableau Dans un premier temps, je rappelle les règles de visite du musée. Tous ces enfants sont déjà venus entre 2 et 4 fois au musée en 1 an. Ils connaissent donc les règles. a/ Tableau de Magnelli Alberto, Ardoise Je présente au groupe les deux éléments identiques. Puis, deux enfants en particulier se portent volontaires avec leur assistante maternelle pour chercher ces éléments sur les tableaux.
b/ Tableau de PICABIA Francis, Le cercle infernal Devant ce tableau, les enfants vont s’installer pour reproduire sur feuille peinte en rouge, l’élément spirale, rond, escargot…Les enfants le nomment comme ils le souhaitent. Les enfants étaient calmes et concentrés. Seuls les surveillants étaient sur le pied de guerre. Nous entourant, prêts à surgir au cas où un enfant venait à écrire sur le sol ou sur les murs.
Mais pour les deux groupes, tout se passe dans le calme, les assistantes maternelles, assises à coté, accompagnant l’enfant tout en le laissant libre face au tableau et à sa feuille. Je pense que c’était une première pour le musée permettre à des enfants aussi petits, de crayonner face à une œuvre d’artiste. Ceci dit, la première fois, je n’étais pas tranquille non plus, mais j’ai fait confiance aux enfants et aux assistantes maternelles. J’avoue que les visiteurs s’arrêtaient pour regarder, émerveillés ces enfants dessiner.
c/ Tableau de Barre Martin, sans titre Arrivée devant le tableau, comme à chaque fois, je questionne les enfants sur ce qu’ils peuvent voir, imaginer ? Après les avoir écoutés, je leur suggère une idée. Là, c’était l’idée d’un circuit de voitures. Alors je sors du sac des voitures que je fais rouler à distance du tableau. Anecdote : Le soir, en rentrant, Victor dira à sa maman : • « J’ai vu le circuit au musée. » Ainsi, la conversation s’engagea entre le parent, l’enfant et l’assistante maternelle sur la visite au musée.
d/ Tableau de Mathieu Georges, sans titre • Les enfants énumèrent les couleurs présentes sur le tableau. Lorsqu’ils énoncent une couleur, je sors du sac le tube de peinture correspondant. L’énumération terminée, je montre la façon dont l’artiste a fait ce tableau. • Je mets ainsi l’accent sur le mouvement. • En effet, je projette par la suite de proposer un espace sur feuille ou autre, suffisant grand, pour qu’à leur tour, ils puissent peindre dans le mouvement « comme Georges Mathieu » et pourquoi pas en musique ? • Malheureusement, nous n’avons pas pu visionner le petit film prévu à cet effet car les enfants devaient attendre mais peut-être aurais-je l’occasion de leur montrer sur un écran d’ordinateur avant l’activité.
e/Tableau de Villeglé Jacques, Boulevard Saint Martin Ce tableau a servi de support à l’atelier collage. Devant cette œuvre, les enfants ont joué à reconnaitre les couleurs, à repérer les graphismes. Par la suite, ils en ont fait de même pour leurs travaux. Le but étant de faire le lien entre ce qu’ils avaient fait ou ce qu’ils allaient produire.
f/ Tableau de Burri Alberto, Sacci Une fois le tableau trouvé par les enfants, nous discutons sur la matière de ce tableau, notamment le jute. Dans un prochain atelier, j’apporterai du jute aux enfants pour faire le lien entre ce qu’ils ont vu, l’image et la matière. Ce tableau représente de la toile de jute et tissus vestimentaires. Ces morceaux de tissu sont en noir et blanc. Les enfants et les assistantes maternelles se sont arrêtés un instant sur cette toile, les enfants étaient intrigués par le fait que ce ne soit pas de la peinture et que ce soit noir. Une assistante maternelle me dit : « Cela pourrait être intéressant de coller du tissu de différentes matières. Cela changerait de la peinture…
Anecdote : Lorsque nous avons voulu sortir de l’exposition, nous nous sommes perdus dans les étages du musée. Le hasard a voulu que nous passions devant les tableaux de Soulages. Nous n’avons pas eu le temps de nous y attarder mais les enfants marchaient tout en regardant les tableaux et certains peut-être surpris, ne décrochaient pas leur regard de ces tableaux. Et là, je me suis dit : « Mais bien sûr, la matière, la peinture, la lumière, voilà, la prochaine visite : Les œuvres de Soulages ! ».
Conclusion • Cette exposition m’a permis d’établir un véritable lien entre la visite de l’exposition et les ateliers proposés en animation. En effet, l’abstraction avec ses couleurs, ses matières, ses gribouillis, ses collages, est dans la conception de base adapté et à la portée » du faire » chez l’enfant. Contrairement au figuratif où l’enfant ne peut que regarder, décrire ou ajouter sa petite touche (couleurs sur les formes pré-faites). • Le « non défini » de la peinture abstraite permet à l’enfant d’exprimer son imaginaire son point de vu, son interprétation. Le figuratif permet à l’enfant de se raconter une histoire ou que l’adulte lui raconte une histoire mais la partie imaginaire peut-être bloquée par l’aspect de la figuration réaliste du tableau. • Pour les enfants, ces deux aspects se complètent et permettent à l’enfant de découvrir plusieurs formes de peinture, de leur laisser trace … • Pour ma part, cette ouverture sur le monde de l’art, quel qu’il soit (livres, musique, danse…) ainsi que la diversité offerte à l’enfant, sont primordiales dans ma démarche pédagogique.
Eveiller les enfants sur le monde, leur permettre de rêver, de créer, de penser, d’avoir un regard critique, en les soutenant d’un regard bienveillant j’espère les accompagner dans leur élan vers la vie. • L’année prochaine (2012/2013) je souhaiterais organiser une exposition au musée des travaux effectués par les enfants. Cette exposition serait l’occasion d’établir une relation entre les parents, les enfants, les assistantes maternelles, le personnel de la crèche familiale et le personnel du musée. • Je terminerai par une phrase de Winnicott : • « La créativité, c’est ce qui donne à l’homme le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue ».