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LE DEUIL. Nadine Viennet - Damien Godinot Psychologues Equipe Mobile de Soins Palliatifs Centre Hospitalier de Roanne. Association « Pourtant la Vie ». Plan. D é finition Deuil / Travail de Deuil Histoire du Deuil Le Deuil Normal Les Deuils Compliqu é s. Définition. Deuil :
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LE DEUIL Nadine Viennet - Damien Godinot Psychologues Equipe Mobile de Soins Palliatifs Centre Hospitalier de Roanne Association « Pourtant la Vie »
Plan • Définition Deuil / Travail de Deuil • Histoire du Deuil • Le Deuil Normal • Les Deuils Compliqués
Définition • Deuil : • Vient de l’ancien français Duel « douleur, chagrin » puis plus spécifiquement affliction causée par la perte d’une personne aimée • Deuil et Douleur partage la même racine latine Dolere (souffrir) • S ’applique à propos de la mort de quelqu’un et à plusieurs significations (TLFi) • Affliction, chagrin, douleur, réaction psychologique (je suis en deuil) • Ensemble des marques et signes extérieurs d’afflictions prescrits par l’usage et la culture (je porte le deuil) • Fait de perdre un proche, un parent, situation consécutive à cette perte (être atteint par un deuil)
Définition (suite) • Par extension, sentiment de profonde tristesse liée à une cause occasionnelle (départ, rupture) ou pour exprimer un regret ou un renoncement (acheter cette maison, j’en ai fait mon deuil !) • Freud (deuil et mélancolie 1915) : « le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction mise à sa place, la patrie, la liberté, un idéal etc. »
Définition (suite) • Travail : • Vient du bas latin Trepalium mot composé de Tres « trois »et Palus « pieu » soit « machine faite de trois pieux » sorte de cage dans laquelle on place les grands animaux pour les immobiliser afin de les opérer. Occasionnellement instrument de torture. (Encyclopédie Larousse) • Effort, exercice physique ou intellectuel réalisé en vue de l’acquisition, de l’apprentissage ou de la réussite de quelquechose (dictionnaire de l’académie française)
Définition (suite) • Labeur, application à une tâche, effort soutenu pour faire quelquechose (dictionnaire de l’académie française) • Ensemble des phénomènes mécaniques de l’accouchement… (TLFi)
Définition (suite) • Travail de Deuil : • Sigmund Freud (« Deuil & Mélancolie 1915) • Désigne le processus psychique consécutif à la perte d’un objet d’attachement, d’un être cher • Chemin à étapes permettant de trouver la paix.
Histoire du Deuil «D ’une mort passive et acceptée à une mort maîtrisée mais refusée » (M.F. Bacqué « Le deuil à Vivre »)
Histoire du Deuil • Moyen Age (Mort apprivoisée) • Mort événement familier « nous mourrons tous » fait partie de la vie • Anonymat des tombes • Mort subite = mauvaise mort • Les défunts reposent tous auprès de Dieu • Deuil : place à l’émotivité, spontanéité, décharges émotionnelles. Le Deuil est peu long. Le rite centré sur la mise en terre.
Histoire du Deuil (suite) • XIè à XVIIè siècle • Notion d’individualité. Apparition du jugement dernier à la fin des temps (paradis/enfer) • Notion de jugement se déplace pour devenir contemporain de la mort physique • L’heure de la mort et l’agonie deviennent importantes • Développement des « Artes Moriendi »
Histoire du Deuil (suite) • Différentes épreuves à passer (doute, désespoir, attachement, impatience, orgueil, abandon et paix) • Apparition des monuments commémoratifs pour témoigner de sa vie et des épitaphes • Deuil : il n’est plus admis ni courant de laisser cours à son chagrin. • Dignité et contrôle de soi attitudes recommandées • La couleur du vêtement prend la place de l’expression. Noir généralisé au XVII
Histoire du Deuil (suite) • XVIIIè siècle - période de transition • Progrès scientifique et philosophique, mort = objet d’étude (dissection) • Moment de la mort moins important • Vivre en permanence avec l’idée de la mort • Etre prêt à mourir à tout instant • Peur d’être enterré vivant • Début de déplacement des cimetières
Histoire du Deuil (suite) • Deuil : esprit rationnel et scientifique • Manifestations sociales de plus en plus réduites. Période de deuil, bref délai accordé par l’usage • Aucune manifestation personnelle n’est autorisée. Celui qui reste affligé après la période de deuil doit se retirer du monde pour ne pas infliger sa peine aux autres.
Histoire du Deuil (suite) • Fin XVIIIè – XIXè siècle • Mort devient douce et désirable car retrouvailles avec les proches disparus • Disparition de la notion d’ enfer • Ce qui fait souffrir c’est de se séparer de ceux qu’on aime. On tente alors de protéger le mourrant en lui cachant son état • Bonne mort = être entouré des siens • Médecin de plus en plus impliqués du fait des progrès scientifiques (soulagement de la douleur etc.)
Histoire du Deuil (suite) • Développement des pompes funêbres, déplacement des cimetières (1804) qui deviennent des espaces publics. • Deuil : Primat au sentiment. Les deuils s’expriment durant des années • On nourrit son deuil, visite au tombeau régulière voir quotidienne • Culte de la communication avec le disparu
Histoire du Deuil (suite) • XXè siècle • Mort confiné à l’hôpital, médicalisée, devient honteuse (échec de la médecine, échec de la société qui valorise bonheur, jeunesse, santé, réussite, avoir) • Assister à la mort devient insupportable • Mensonge des proches trop affectés quant à la mort prochaine. « Ce qui est nouveau, ce n’est pas la peur de la mort mais la peur de cette peur » Patrick Baudry (sociologue) • Extrême onction laisse la place au sacrement des malades
Histoire du Deuil (suite) • Bonne mort devient celle de celui qui part sans savoir, dans son sommeil. Mort discrète (chambre seule, dissimulation rapide du corps) • Deuil : discrétion caractérise les funérailles. Manifestation discrète. Rejet du deuil, poursuite d’une vie normale rapidement sinon devient gênant. Celui qui le montre dévoile sa faiblesse de caractère • Deuil s’apparente à une maladie, psychologisation du deuil. Deuil perd son caractère rituel pour n’être qu’un phénomène individuel accompagné par des « psys » Laurence Hardy (sociologue-anthropologue)
Le deuil normal « le deuil est dépressif par les symptômes qu’il génère mais que ce n’est pas une dépression pathologique. Tel que la vieillesse, ce n’est pas une maladie mais il peut y avoir des complications qui entraînent la maladie » Isabelle Samyn-Bazin docteur en psychologie
Le deuil normal • Deuil processus normal même si prend les aspects d’une affection pathologique • Si nous souffrons c’est que nous nous attachons • C’est donc une « dépression » liée à une perte et qui exprime les difficultés du détachement
Le deuil normal • 1970 - Bowlby & Parkes 1ère description de l’état psychologique lors du travail de deuil • Différentes phases traversées : • Obnubilation • Nostalgie • Désorganisation et désespoir • Réorganisation
Le deuil normal • Aujourd’hui regroupé en 3 grandes périodes • Choc et sidération (je n’ai rien perdu) • Dépression (je tout perdu puisque je t’ai perdu) • Récupération (je n’ai perdu que toi mais je suis toujours moi)
Le deuil normal • Choc et sidération • « ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire » • Affects anesthésiés, perceptions émoussées, organisme paralysé physiquement et intellectuellement (Bacqué, Hanus 2000) • Perte d’appétit et de sommeil • Comportement de recherche, illusions perceptives • Sentiment d’abandon, colère. Pleurs comme décharge somatique
Le deuil normal • Dépression, expression du chagrin du deuil • Dépression réactionnelle • Touche les affects, le corps, et l’intellect • Rend compte du « formidable » travail psychique qui s’opère à l’intérieur « peu à peu, il faudra revisiter tous ses souvenirs, mais aussi tous les projets, les rêves et accepter cette sanction » (guide « les chemins du deuil » brochure éditée par les pompes funèbres générales)
Le deuil normal • Symptômes possibles rencontrés dans le deuil normal(Stroebe, 1987) • Symptômes affectifs • Dépression (sentiment de tristesse, dysphorie…) • Anxiété (peur de devenir fou, de mourir…) • Culpabilité (auto-accusation concernant temps avant décès) • Colère et hostilité (irritabilité, colère envers le disparu…) • Anhédonie (perte du plaisir à manger, à avoir des loisirs) • Solitude (sensation d’être seul même en présence des autres)
Le deuil normal • Manifestations comportementales • Agitation (tension, incapacité à trouver le repos, hyper activité…) • Fatigue (réduction du niveau général d’activité, difficultés d’élocution et de pensée) • Pleurs (yeux humides, expression générale de tristesse)
Le deuil normal • Attitudes envers soi-même, le disparu et l’environnement • Auto-reproche (culpabilité) • Mauvaise estime de soi (sentiment d’inadéquation, de faute) • Sentiment de perte d’espoir et d’impossibilté à être aidé • Perte du sens de la réalité (sentiment de ne pas être présent, regarder d’en haut) • Suspicion (doute quant aux motifs d’aide et de conseil) • Problèmes interpersonnels (rejet des amis…) • Symptômes physiques d’identification (similarité des symptômes avec ceux du disparu…)
Le deuil normal • Altération cognitive • Ralentissement de la pensée (mémoire affaiblie…) • Changements physiologiques et plaintes corporelles • Perte de l’appétit • Troubles du sommeil (insomnie…) • Perte d’énergie (fatigue…) • Plaintes corporelles (somatisation : maux de tête, du cou, palpitation, nausées etc.)
Le deuil normal • Acceptation, adaptation, achèvement du travail • Quand on se reconnaît une identité de veuf/veuve et accepte son état sans l’objet perdu • Estompage lent de la dépression, réorganisation de sa vie • Vitalité nouvelle qui permet de nouveaux investissements, récupération des facultés entravées • Le deuil se termine quand on peut évoquer la personne disparue sans s’effondrer
Fin du deuil ? • La fin du deuil n’aboutit pas à l’oubli et il restera toujours une cicatrice qui pourra se réveiller de temps en temps au date d’anniversaire. « la page est tournée et non pas la page est arrachée. La page est tournée mais après l’avoir lue » D.Quimodoz (psychanalyste)
Les deuils pathologiques/compliqués • En France, on distingue : • Les deuils pathologiques : Le deuil va jouer un effet de déclencheur d’une pathologie psychiatrique chez des personnes antérieurement fragiles. (mélancolie, troubles obsessionnels…) • Les deuils compliqués : Ce sont des deuils où les différentes étapes ne se passent pas bien La frontière entre « deuil normal » et « deuil compliqué » est délicate. En France, on estime 5% de deuils pathologiques et 17% de deuils compliqués(cf Le Monde du 21/10/2003)
LES FACTEURS DE RISQUE • La relation au défunt • La situation présente de la personne endeuillée • Les circonstances de la mort • Les éléments biographiques
1/La relation au défunt • La nature du lien • La dépendance • L’ambivalence trop importante dans la relation • Les révélations post-mortem (secrets de famille)
2/ La situation de la personne endeuillée • La marginalité • L’isolement, la solitude • La précarité de vie (ou période de grande fragilité sur le plan physique, moral, social. • L’âge de l’endeuillé (enfant, ado, pers.âgée) • Le fait de devoir soutenir d’autres personnes
3/ Les circonstances de la mort • Les morts violentes, brutales (espt) • Les deuils multiples • Les circonstances incertaines (accident) • Les disparitions • Les suicides
4/ Les éléments biographiques • Les antécédents • Relatif à l’histoire du patient
Les deuils compliqués • Souffrance, persistance des « symptômes » de la phase aigue du deuil, plus de six mois après cette perte. • Il n’y a pas d’entrée dans la phase dépressive du deuil. • Absence de retour à une vie « acceptable ».
Complications qui se manifestent dans 3 dimensions • Sur le plan du corps : C’est-à-dire sur la santé, avec un risque de surmortalité chez les endeuillés, notamment chez les hommes âgés. (« syndrome du cœur brisé ») • Sur le comportement : les endeuillés prennent plus de risque par rapport à la consommation d’alcool, l’auto-médication.(chez les enfants, troubles du comportement dans le cadre de la scolarité) • Sur le psychisme : deuil anticipé, deuil différé…
Signes d’un deuil compliqué • Persistance des signes de la phase aigue du deuil six mois après le décès : • Refus d’accepter la mort • Comportement de recherche active • Préoccupation constante au sujet du défunt • Se sentir toujours « assommé » • Désir de rejoindre l’autre dans la mort • Incapacité à croire à la disparition • Pleurs incoercibles
Les deuils bloqués • La personne ne s’engage pas dans ce travail de deuil: • Les deuils différés (anesthésie des sentiments): L’endeuillé refuse d’accepter la perte et de ce fait d’entrer dans le travail de deuil : aucun changement perceptible dans le mode de vie de l’endeuillé qui s’est par exemple à peine arrêté de travailler et/ou prolonge la présence du défunt pendant un temps de façon quasi hallucinatoire, en agissant comme si rien n’avait changé.
Les deuils inhibés (retardés): les émotions et la douleur ne peuvent pas s’exprimer. • L’endeuillé ne nie pas la réalité de la perte mais refuse la douleur et les émotions qui y sont liés. • La problématique du deuil inhibé est renforcé dans nos sociétés occidentales par de forts aspects culturels.(valorisation de la retenue des émotions face aux événements de la vie)
Les deuils chroniques • Les personnes vont désormais vivre dans la culture de ce deuil : le travail se fige sur plusieurs années. (Prolongation de la période dépressive du deuil bien au-delà d’une année) • On les rencontre parfois dans des situations où la relation à l’autre était difficile : culpabilité => idéalisation du défunt. • Ex de la reine Victoria qui pendant 10 ans porta le deuil de son mari le prince Albert, et faisait dresser à sa table, pour tous les repas le couvert de son mari défunt.
Le deuil chronique est un impossible compromis pour ne pas dire « adieu ».L’endeuillé est persuadé que la fin du deuil porte la menace de perdre à tout jamais celui qui pourtant, est déjà parti… • => préserver son environnement, ne rien y changer….autant de moyens de garder le défunt près de soi et de mettre à distance l’insupportable réalité de son absence.
Les deuils anticipés • Dans le contexte des fins de vie qui durent parfois des mois, où les liens se délitent… • On parle de prédeuil : qui débute dés lors que le décès commence à être envisagé, la personne commence à se familiariser avec l’idée d’une mort plus ou moins proche. • Le risque est que lorsque la maladie « stagne », le travail de deuil suit son cours et la personne se détache peu à peu du mourant, on parle alors de deuil anticipé.