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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE T O U L O U S E. La physiologie de la douleur chez les animaux domestiques. P.L. Toutain Septembre 2009. B-Neurophysiologie de la nociception. B1-Sources et nature des stimuli algogènes. Sources de douleur.
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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE T O U L O U S E La physiologie de la douleur chez les animaux domestiques P.L. Toutain Septembre 2009
Sources de douleur • Il existe deux grands mécanismes de genèse de la douleur : la douleur par excès de nociception et la douleur neurogène qui est liée à un mauvais fonctionnement du système nerveux responsable de sa transmission et de son intégration. • Douleur de nociception • Douleur cutanée • choc, traumatismes, brûlure • Douleurs somatiques • tendons, muscles, articulation, périoste, vaisseaux • Douleurs viscérales
La douleur rapide par excès de nociception • Les douleurs par excès de nociception sont provoquées par la mise en jeu normale des voies neuro-physiologiques de la douleur. • Elles résultent de lésions des tissus périphériques, qui provoquent un excès d'influx douloureux transmis par le système nerveux intact
Stimuli nociceptifs • Physiques • Thermiques: brûlure, • Mécaniques: piqûre, distension (coliques) • Chimiques • La soupe inflammatoire
Substances support des stimuli algogènes • Bradykinine (sang) • Sérotonine (plaquettes) • Histamine (mastocytes); prurit • Potassium (cellules endommagées) • boiterie à chaud • Onglée • Acides (lésions tissulaires, ulcères de l’estomac) • Enzymes protéolytiques • Prostaglandines E2 • Et de façon plus générale « la soupe inflammatoire »
Les principaux récepteurs sensoriels • Les récepteurs du système somesthésique sont des structures spécialisées; ils ne participent pas à la détection de la douleur mais ils sont impliqués dans son contrôle médullaire et encéphalique • Au contraire, les nocicepteurs sont des terminaisons neuronales libres qui seront activées par les stimuli allogènes
Les récepteurs sensoriels • Mécanorécepteurs • Toucher, pression légère • Corpuscule de Meissner (toucher), corpuscule de Pacini (pression en profondeur), corpuscule de Merkel (pression en profondeur) • Thermorécepteurs • Chaud, froid • Corpuscules de Krause (diminution de la température & toucher) et de Ruffini (dans la peau) • Propriocepteurs • Changement de longueur et de tension des muscles et tendons • Faisceaux neuromusculaires, organes tendineux de Golgi • Nocicepteurs • Stimulus douloureux
Sélectivité des nocicepteurs • Les thermorécepteurs détectant les variations physiologiques de températures sont différents des nocicepteurs thermiques
Nocicepteurs • Récepteurs répondant aux stimuli douloureux • Extrémités neuronales libres des neurones primaires • Corps cellulaires sont dans les ganglions spinaux • Pas de capteurs spécialisés terminaux (type corpuscule de Pacini ) mais signalisation par des récepteurs membranaires protéiques activateurs de canaux ioniques • Ils assurent la transduction de stimuli divers en potentiels d’action • Contrairement aux récepteurs somesthésiques, ces récepteurs maintiennent leur activité en présence du stimulus (pas d’adaptation) et leur activité peut augmenter pour un stimulus donné par sensibilisation ce qui conduit à l’hyperalgésie. • Étant des terminaisons libres, on classe ces récepteurs d’après les fibres qui leur sont associées
Localisation des nocicepteurs • Peau • 600 terminaisons libres au cm2 • Localisation précise de la douleur • Viscères • Récepteurs polymodaux (stimuli mécaniques & chimiques) • Irritation des muqueuses, distension, contracture, torsion, traction, météorisation, impaction, ischémie… • Os, tendons, muscles, articulations
Le récepteur vanilloïde • Le récepteur TRPV1, non spécifique, répond à la fois à la capsaïcine (ligand), aux températures élevées, et aux lésions tissulaires (stimulus physiques et chimiques). • Cette protéine a été nommée récepteur vanilloïde de type 1 (VR1) (ou Transient Receptor Potential vanilloïde 1 (TRPV1)) car c’est le groupe vanilloïde qui caractérise la capsaïcine • TRPV1 appartient à une famille de protéines (les TRP) qui comporte au moins 3 classes de canaux ioniques qui assurent la transmission de signaux issus de cellules en réponse à des stimulus « transitoires » comme la lumière, la température, le pH, les stimulus mécaniques et chimiques etc.
Les autres récepteurs TRPV • TRPV1 a été le premier récepteur à être cloné • Actuellement on a identifié 4 récepteurs activés par la chaleur et 2 récepteurs activés par le froid • Le menthol stimule les récepteurs du froid comme la capsaïcine active les récepteurs de la chaleur
Classification générale des fibres nerveuses • Myélinisées vs. Non myélinisées • Pour les fibres myélinisées, la vitesse de transmission de l’influx nerveux sera fonction du diamètre • Les fibres en relation avec les nocicepteurs sont les fibres Aδ (myélinisées) et fibres C (non myélinisées); • Ces fibres sont également impliquées dans la transmission des stimuli thermiques physiologiques
Sélectivité des fibres associées aux nocicepteurs • Les fibres périphériques qui répondent à des stimulus mécaniques ou thermiques non douloureux ne sont pas impliquées dans la transmission des signaux douloureux • Elles n’augmentent pas leur fréquence de décharge en cas d’augmentation de l’intensité du stimulus • Les fibres nociceptives ne commencent à décharger que pour des intensités importantes; elles sont recrutées en cas de stimulus douloureux
Sélectivité des récepteursThermorécepteurs vs. thermonocicepteurs • Fréquences de décharges pour différentes températures cutanées ; on remarquera que ce ne sont pas les mêmes fibres qui sont impliquées dans les stimuli physiologiques et douloureux
Classification des nocicepteurs sur la base des fibres associées • Fibres myélinisées du groupe Aδ • Vitesse de conduction assez rapide de 20m/s • Stimuli mécaniques aigus, dangereux • champ récepteur étroit • Stimuli thermiques douloureux • Fibres non myélinisées du groupe C • Vitesse de conduction lente de 2m/s; • Récepteurs dits polymodaux (répondent à la fois aux stimuli mécaniques, thermiques et chimiques) • Récepteurs « silencieux » sensibles aux stimulations supraphysiologiques • Champ récepteur large (il est plus important de détecter une douleur que de la localiser) • douleurs lentes, sourdes, différées • Récepteurs sujets à sensibilisation • Exemple d’une brûlure • sensation immédiate: Aδ • Sensation légèrement différée: fibre C
Types de voies nerveuses • Afférente (Ascendante) • transmission des influx de la périphérie vers l’encéphale • Neurone de premier ordre • Neurone de deuxième ordre ou deutoneurone • Neurone de troisième ordre • Efférente (Descendante) • transmission des influx de l’encéphale vers la périphérie
Les voies de la douleur : généralités • Le signal algogène est véhiculé par une fibre nerveuse de petit calibre (Aδ ou C) • Il se dirige vers la corne postérieure de la moelle épinière où il existe un premier relais intégratif
Neurones de premier ordre (1) Substance grise de la ME Premier relai intégratif Comme pour tous les neurones sensitifs situés dans le ganglion spinal, la branche centrale du neurone primaire pénètre dans la ME par les racines dorsales
Fibres C Glutamate I V Fibre Aδ Substance P F. Paléospinothalamique F.Néospinothalamique Les fibres Aδ font synapses dans la couche I (médiateur=glutamate), décussent et donnent le faisceau néospinothamamiqie Les fibre C font synapses dans la couche V (médiateur=substance P), décussent et donnent le film paléospinothalamique
Neurones de deuxième ordre • Les axones des neurones de deuxième ordre (les deutoneurones) croisent la ligne médiane et montent directement vers le tronc cérébral dans le cadran, antérolatéral (ou ventrolatéral) de l’hémi-moelle controlatérale • Ces fibres forment les faisceaux spinothalamiques (néospinothalamique et paléospinothalamique ou spinoréticulaire) qui forment la principale voie ascendante des stimuli thermiques et nociceptifs
Deuxième neurone:Les faisceaux spinothalamiques • Apres avoir décussé, les deutoneurones (ou cellule T pour transmission) remontent dans la partie antérolatérale de la substance blanche. • Cette voie ascendante est formée de 2 contingents principaux: • Le faisceau néospinothalamique: • Se projette dans le thalamus ventrobasal (VB) • Impliqué dans la douleur aiguë et la perception de la température (non algogène) • Le faisceau paléospinothalamique ou spinoréticulaire: • Se projette sur la formation réticulaire (éveil), • Puis sur le noyau intralaminaire thalamique • Ce faisceau est impliqué dans les douleurs profondes, chroniques… • Ces faisceaux se projettent, in fine ,sur le cortex pariétal primaire et secondaire
Le faisceau paléospinothalamique • Système polysynaptique véhiculant des douleurs type colique chez le cheval • Ramifications pour le bulbe • Ripostes végétatives à la douleur (tachycardie, FR, mydriase….) • Ramifications pour la formation réticulaire • Eveil • Ramifications pour l’hypothalamus • Sécrétion de cortisol, autres hormones • Ramification pour le système limbique • Caractère anxiogène ,
Faisceau néospinothalamique • Système oligosynaptique véhiculant des douleurs type piqûre, coups etc. • Remonte directement vers le thalamus sans relai bulbaire, limbique etc. • Le 3eme neurone se projette sur les cortex primaire et secondaire • Douleurs bien repérées sur le plan spatiale et non anxiogènes
Le thalamus et ses noyaux • Dans le thalamus, les principaux noyaux cibles des fibres ascendantes thermiques et nociceptives (neurones secondaires) se situent dans le complexe ventro-postérieur (VP)
Neurone de troisième ordre • Commence dans le thalamus • Se termine dans les centres spécifiques du cortex • Perception de la localisation, de la qualité, de l’intensité du stimulus • Permet de sentir la douleur de l’intégrer aux expériences passées
Cortex pariétal et douleur • Le cortex pariétal présente une somatotopie très précise pour la peau et les articulations, imprécise pour les muscles et les vaisseaux, inexistante pour les viscères d’où les douleurs rapportées
Les contrôles de la nociception et de la douleur • Contrôles segmentaires (médullaires) du signal ascendant • Contrôle descendant d’origine supraspinale
Contrôle de la douleur • Les stimulations périphériques perçues comme douloureuses sont transmises, modulées et intégrées à différents étages du système nerveux : • Nos conceptions sont largement fondées sur l’organisation histologique de la moelle épinière
Convergence sur les mêmes deutoneurones du système somesthésique et des neurones impliqués dans la nociception
Pacini Fibre Aα ou Aβ V Fibres A δ ou C F. Spinothalamique Couches de Rexed Les fibres Aα et Aβ pénètrent dans le cordon dorsal et délèguent des ramifications qui pénètrent dans la substance grise pour faire synapse dans la couche II et V Les fibre A δ et C pénètrent dans la corne dorsale pour former, après décussation, les faisceaux spinothalamiques
Convergence des fibres Aα et Aβ sur les mêmes deutoneurones que les fibres Aδ et C: douleurs référées Récepteurs somesthésiques Fibres Aα et Aβ Deutoneurone V Récepteurs cutanés Fibres Aδ et C Récepteurs douleur
Douleurs référées : bases physiologiques • Des stimulations nociceptives d’origines diverses (cutanées, viscérales, musculaires, osseuses) vont stimuler au niveau de la moelle un même neurone situé dans les couches I et V de la corne postérieure de la moelle. • Ce neurone transmet l’information au cortex avec confusion possible de lecture sur l’origine de la douleur
Exemples de douleurs viscérales référées • Point de McBurney (autour du nombril) & appendicite • Angine de poitrine et douleurs thoraciques • Douleur vésiculaires & région scapulaire Douleur rapportées d’origine cardiaque
Fréquence de douleurs viscérales référées • Il n’existe pas de neurones spinaux dont la seule fonction soit d’évaluer la douleur viscérale • La douleur viscérale est détectée par des neurones qui par ailleurs sont mis en jeu par des afférences cutanées (afférences viscérales sympathiques) • Les troubles des organes internes sont alors confondus avec des douleurs cutanées du même dermatome • Dermatome=zone de la peau innervée par une même racine dorsale
Le clavier équin de Roger:exemple d’application des douleurs référées La région cutanée douloureuse par projection peut-être hyperalgésique au palper
Douleurs rapportéesdouleur d’amont • Activation des fibres nociceptives en amont de ses récepteurs • Un choc sur le coude déclenche à l’extrémité de la main une “ châtaigne électrique” par stimulation mécanique du nerf ulnaire qui passe entre la peau et l’humérus • Douleurs irradiantes dans les jambes ou les bras dues à la compression des nerfs spinaux à leur entée dans la colonne vertébrale • la même douleur sciatique peut correspondre à une douleur radiculaire discale, à une douleur tronculaire au niveau du petit bassin, ou à une compression du nerf par le muscle pyramidal.
Théories du contrôle d’entrée (ou contrôle du portillon) Ronald Melzack & Patrick Wall The Gate Control Model - Ronald Melzack and Patrick Wall, Pain mechanisms: a new theory. Science v. 150 (1965): 975.
Théorie du portillon (Gate control) • Études histologiques de la corne dorsale de la ME (câblerie) et de stimulations localisées • Hypothèse: le flux des messages nociceptifs transitant par la ME est modulé par l’activation concomitante des grosses fibres myélinisées qui innervent les mécanorécepteurs
Théorie du portillon cell= cellules gélatineuses de Rolando de la couche II de Rexed T cell =neurones secondaires de la couche V à l’origine du faisceau spinothalamique