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CRANACH ET LUTHER Hommes de la Renaissance. Etudes menées a partir des Nouveaux Testaments de 1522 traduits par Martin LUTHER, édités et illustrés par Lucas CRANACH. Lucas CRANACH , Crucifixion, Retable de Weimar, 1555 (terminé par Cranach le Jeune).
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CRANACH ET LUTHER Hommes de la Renaissance Etudes menées a partir des Nouveaux Testaments de 1522 traduits par Martin LUTHER, édités et illustrés par Lucas CRANACH Lucas CRANACH, Crucifixion, Retable de Weimar, 1555 (terminé par Cranach le Jeune)
Document 1 : Frontispice1 et double page illustrée des Nouveaux Testaments de Septembre 1522 et de Décembre 1522, traduits par Luther et illustré par Lucas Cranach
B-LES NOUVEAUX TESTAMENTS DE 1522 : LE SUCCES DES HOMMES DE WITTENBERG On reconnaît au premier rang et de gauhe à droite : Luther, Spalatin, Jean Frédéric (fils de Frédéric III le Sage), Georg Brück (conseiller politique du prince)et Philippe Melanchton Luther et ses amis, Lucas Cranach, 1543
Document 4 : L’atelier de Lucas Cranach et les Nouveaux Testaments de 1522 « L’artiste acquiert rapidement un prestige social dont témoignent l’obtention d’armoiries en 1508. Parallèlement, son entreprise prospère. L’atelier doit être agrandi et il est sans doute transféré avant 1507 du château à la ville. Le peintre de cour se fait une place dans la société bourgeoise de Wittenberg. Signe visible de son succès, il est membre du conseil municipal de 1519 à 1549, remplit à plusieurs reprises la fonction de trésorier et est même élu trois fois bourgmestre en 1537, 1540 et 1543. Ces fonctions reflètent le grand prestige de Cranach qui fut un temps le plus riche bourgeois de la ville. […] Les revenus de Cranach proviennent de plusieurs maisons dont il est propriétaire, ainsi que de l’unique pharmacie de Wittenberg qu’il exploite à partir de 1520. Le privilège d’apothicaire lui procure aussi le monopole de la vente de vin doux, d’épices et de confiserie. Une autre source de revenus lucratifs s’offre à lui à la fin de 1519, lorsque Melchior Lotter le Jeune installe une imprimerie dans la maison du peintre. Lotter venait de Leipzig où son père était lui-même un imprimeur de renom. Parmi ses clients figuraient Martin Luther qui avaient fait imprimer chez lui ses 95 thèses contre le commerce des Indulgences. C’est sans doute à son initiative que fut fondée la filière de Wittenberg qui offrait l’avantage de concentrer la fabrication en un seul lieu. Non seulement l’atelier de Cranach livra désormais les encadrements de titres et les illustrations des livres de Luther mais ceux-ci furent de plus ne plus imprimer sous le même toit. L’étroite relation entre Luther et Cranach a sans doute contribué à cette évolution des affaires de l’artiste. […] Cranach fit preuve d’une habileté particulière pour mettre à profit le besoin de la Réforme de nouveaux écrits et images, lorsque Luther eut achevé sa traduction du Nouveau Testament en 1522. Associé à un orfèvre dénommé Christian Döring, il finança l’impression par Lotter de cet ouvrage devenu célèbre sous le titre de Testament de Septembre. Cette opération financière fut une réussite car dès le mois de décembre de la même année parut la deuxième édition, où Cranach dut toutefois revenir sur la propagande anti pontificale de certaines gravures. » Guido MESSLING, Cranach et son temps, Flammarion, 2011
Document 5 : Quelques repères sur la vie de Luther et Cranach Oct. 1483 : Naissance à Mansfeld 1501 : Entrée à l’Université d’Erfurt 1505 : Devient moine augustinien 1507 : Envoyé à l’Université de Wittenberg 1510 : Voyage à Rome. Ses discours le font remarquer par Frédéric III qui l’installe à Wittenberg 1512 : Doctorat en Théologie. Obtient la chaire de théologie biblique à L’université de Wittenberg 1515 : En charge de 11 monastères augustiniens (voyages à Dresde et Magdebourg où il s’oppose à l’archevêque à propos des Indulgences) 1517 : Publication des 95 Thèses contre les Indulgences 1518-1519 : Déplacement à Augsbourg et Leipzig pour discuter de ses thèses avec des théologiens fidèles au pape 1520 : Publication des grands écrits réformistes à Wittenberg et excommunication 1521 : Convocation devant les Assemblées de l’Empire de Charles Quint Mai 1521/Mars 1522 : Luther se réfugie au château de Wartburg et entreprend la traduction du Nouveau Testament Mars 1522 : Retour à Wittenberg et mise en ordre du Nouveau Testament avec Cranach, Lotter, Melanchton et Spalatin. Luther ne se déplace plus par la suite (il meurt dans la maison de son père) Oct 1474 : Naissance à Kronach en Haute Franconie 1500-1504 : Actif au sein du groupe des humanistes de Vienne regroupés autour de Conrad CELTIS et de l’Empereur Maximilien. 1505 : Engagé par Frédéric III comme peintre officiel à la cour du prince électeur qui vient de s’installer à Wittenberg 1508 : Mission Diplomatique de Cranach auprès de Maximilien et de Margueritte d’Autriche, sa fille : Visite Bamberg, Ratisbonne, Linz, Nuremberg (pour Dürer), et les Pays-Bas (Malines, Bruxelles, Anvers et Gand…) 1519/1520 : Première commande pur l’archevêque de Magdebourg, ennemi juré de Luther depuis 1517 1520 : Reçoit le privilège d’apothicaire 1525 : Entre au service du successeur de Frédéric III, son frère Jean l’Assuré qui fonde la ligue de Schmalkalde pour défendre la Réforme contre l’Empereur Charles Quint 1550-1553 : Suit à Augsbourg puis à Weimar le successeur de Jean L’Assuré, Jean-Frédéric le Magnanime qu’il soutient après la défaite des Réformés contre Charles Quint. Meurt à Weimar
L’Amitié de Luther et Cranach A LUCAS CRANACH, Francfort, 28 Avril 1521 Au sage Maître Lucas Cranach, peintre à Wittenberg, mon cher compère1 et ami Votre serviteur ! Cher compère Lucas, je vous bénis et vous recommande à Dieu. Je me laisse enfermer et cacher, je ne sais pas encore moi-même où ; et quoique j’eusse plus volontiers souffert la mort de la main des tyrans, singulièrement de la main du furieux Duc Georges de Saxe 2, je ne dois pas cependant mépriser le conseil des gens bienveillants jusqu’à ce que le temps soit venu. On ne s’attendait pas à mon arrivée à Worms, et comment on a respecté mon sauf-conduit, c’est que vous savez tous par l’interdiction qui est venu à ma rencontre. Je pensais que sa majesté Impériale aurait rassemblé un ou cinquante docteurs et aurait vaincu le moine selon les règles. Mais il ne s’est pas agi d’autres choses que de ceci : « Les livres sont-ils de toi ? ». « Oui. » « Veux-tu les rétracter, oui ou non ? Alors lève-toi ! O nous autres aveugles Allemands, comme nous agissons d’une manière enfantine et nous laissons lamentablement duper et berner par les suppôts de Rome. Transmettez mes salutations et mes vœux de bonne santé à ma commère, votre chère femme. […] Mes salutations à Maître Christian et à sa femme. Transmettez aussi mes vifs remerciements au Conseil4 pour le transport. […] Adieu ! Je vous recommande tous à Dieu : qu’il protège votre intelligence et votre foi en Christ contre lels oups et les dragons romains, avec leur séquelle. Amen. A Francfort-sur-le-main, le dimanche de Cantate 1521 Dr Martinus Luther 1: parrain (d’un des enfant de Cranach) 2 : Parent de Frédéric III 3 : Christian Döring, orfèvre, qui finance l’édition de la traduction des Nouveaux Testaments de 1522 4: Le Conseil municipal de Wittenberg. Cranach est le confident de Luther qui habite à deux pas de chez lui. Il accueille la future épouse de Luther, Catherine de Bore qui s’enfuit en 1523 du couvent de Nimbschen « Le moine apostat et la nonne épousée » dira Chateaubriand. Cranach est le témoin du mariage scandaleux en 1524 et devient le parrain de leur premier enfant, Hans. Cette lettre de 1521 est écrite lors de l’enlèvement organisé par Frédéric III pour protéger le Réformateur du danger que représentait les partisans du pape et d l’Empereur qu’il vient de rencontrer à Wörms.. Il est ensuite transféré au Château de Wartburg où il traduit les Nouveaux Testaments. Elle illustre les liens très forts qui existent entre les deux hommes ainsi qu’entre Luther et l’associé de Cranach, Christian Döring.
Château de Wartburg : cabinet de travail où rédigea la première traduction du Nouveau Testament (1521-1522).
Wittenberg ; :une ville de la Renaissance Château de Wittenberg, siège de l’Université. C’est sur les portes de la chapelle du château que Luther aurait placardé ses thèses. Couvent des Augustiniens où résidait à son arrivée à Wittenberg. Eglise de la ville (StadtKirche) des premiers prêches. L’atelier de Cranach était derrière cette place.
L’Atelier de Cranach Lotter se plaignit que « L.C. l’ait expulsé de sa maison (celle de Cranach), et y ait installé son imprimerie » ; lui, Lotter, se trouvait, selon ses dires, très pauvrement installé dans une écurie, avec toute sa famille et ses outils. Il disait que Luther lui avait proposé et promis l’impression de la bible en latin, et il avait déjà fait l’acquisition du papier et des lettres dans ce but. Mais il disait avoir été trompé ; malgré toutes ses supplications et protestations, Cranach et Döring avaient pris un imprimeur étranger » Cité par Heinz LUDECKE dans JAHN Johannes, Lucas Cranach D.A , 1472-1533, Rogner und Bernhard, Berlin, 1972 , p.609 Les démêlés de Lotter, l’imprimeur avec son patron Cranach La rue de la maison de Cranach, près de la place du marché et de l’église de la ville Une des trois presse qui imprimèrent les Nouveaux Testaments
C- LES NOUVEAUX TESTAMENTS DE 1522, UNE ŒUVRE D’HOMMES DE LA RENAISSANCE «Lucas CRANCH, »Le Temple mesuré par Jean », Gravures de l’Apocalypse, Nouveau Testament, 1522
Document 6 :Témoignage d’un partisan de Luther Document 7 :Témoignage d’un adversaire de Luther « Dieu nous a révélé, à nous Allemands, sa Parole divine et sa vérité irréfutable avant les autres nations. Et l’art de l’imprimerie, par lequel consolation et salut devraient arriver au monde entier, a été découvert en premier lieu en Allemagne. Nous ne pouvons nier que nous disposons ainsi de l’Ecriture et de la Vérité divines dans un allemand très clair, grâce à quoi le plus pauvre et le plus riche peuvent entendre et comprendre leur salut. » Lettre d’Hartmuth VON CRONBERG1 à Luther , 14 Avril 1522 1: Noble allemand engagé dans la Réforme, adversaire farouche de l’empereur su Saint-Empire Romain Germanique Avant que le travail d’Emser1 soit mis au jour, le Nouveau Testament de Luther était déjà tellement multiplié par les imprimeurs et répandu en si grand nombre que même les tailleurs et les cordonniers, même les femmes et quelques autres idiots simplets – dans la mesure où ils adhéraient à l’évangile de Luther et où ils avaient aussi appris dans leur vie à lire un peu d’allemand – le lisaient comme la source de toute vérité, avec la plus grande passion. On dit que d’autres le portaient avec eux dans leur sein et l’apprenaient par cœur. » Johannes COCHLAEUS2, Histoire de Marin Luther, 1582 1 Traducteur catholique du Nouveau Testament (1527), fervent opposant de Luther. 2 Humaniste allemand catholique (1477-1552), auteur de pamphlets contre Luther et d’une biographie
Document 8 : Propos de Luther sur sa traduction Dans ma traduction de la Bible, je me suis efforcé de parler un Allemand pur et intelligible. J’ai tâché de parler allemand, non grec ou latin. Or pour parler allemand, ce n’est pas les textes de langue latine qu’il faut interroger comme le font ces ânes. La femme dans son ménage, les enfants dans leurs jeux, les bourgeois sur la place publique, voici les docteurs qu’il faut consulter ; c’est de leur bouche qu’il faut apprendre comment on parle, comment on interprète : après cela, ils vous comprendront et ils sauront parler leur langue. Chers amis, vous avez maintenant votre Bible en Allemand. Ayez soin d’en faire usage après ma mort. Martin LUTHER, Lettre ouverte sur l’Art de traduire, 1530 « Vous avez maintenant la Bible traduite en Allemand, je vais donc cesser de travailler. Vous avez désormais ce qu’il vous faut. C’est Maître Philippe Melanchton qui m’a obligé à mettre en Allemand le Nouveau testament. Il avait vu l’un traduire l’Evangile de saint Matthieu, l’autre celui de saint Luc, et il aurait bien voulu remettre en pleine lumière et en bon ordre les épîtres de saint Paul qui étaient quelque peu sombres et obscures. Erasme avait bien écrit abondamment sur le Nouveau Testament, mais ce qu’il disait était trop subtil. Pour sa part, saint Jérôme a fait la plus belle et la plus grande œuvre de traducteur. Personne ne pourra l’imiter. S’il avait pris deux ou trois personnes pour l’aide, on aurait plus fortement senti l’inspiration du Saint-Esprit. Si j’étais aussi éloquent et avais un vocabulaire aussi riche qu’Erasme, si j’étais aussi savant helléniste que Joachim Camerarius 1, et si j’avais autant l’habitude de l’hébreu que Forstemius 2, et si j’étais plus jeune, ah, comme je travaillerais ! » Martin LUTHER, Propos de Table, CHAUNU Pierre ed., Paris, 1992 1 : Né a Bamberg, Etudes à Erfurt, maître es arts. Réformateur de Nuremberg et ami de Melanchton. 2 : Professeur d’hébreu à Tuningen.
Document 9 : Comment et Pourquoi lire les Evangiles selon Luther ? « C’est pourquoi prends garde de ne pas faire du Christ un Moïse ni de l’Evangile une loi ou un livre de doctrine comme on l’a fait jusqu’ici et comme le laissent entendre également plusieurs préfaces de saint Jérôme. Car l’Evangile n’exige pas à proprement parler d’œuvres de notre part par lesquelles nous deviendrions justes et nous serions sauvés, et il condamne même de telles œuvres. Mais il n’exige que la foi en Christ, qui consiste à croire qu’il a vaincu pour nous le péché, la mort et l’enfer et qu’il nous donne ainsi justice, vie et salut non pas par nos propres œuvres mais par sa propre œuvre, sa mort, sa passion pour que nous nous appropriions sa mort et sa victoire comme si nous avions fait cela nous même.[…] En fait là où est la foi, elle ne peut se contenir, elle se manifeste, s’exprime, confesse et enseigne cet Evangile devant les hommes, et ose y engager sa vie. Et tout ce qu’elle vit et fait, elle le destine au bien du prochain. Elle veut non seulement l’aider à parvenir lui aussi à une telle grâce, mais elle engage aussi son corps, ses biens, son honneur comme elle voit que le Christ l’a faite pour elle. C’est ainsi qu’elle suit l’exemple du Christ. […]Voilà maintenant, plonge-toi dans les l du Nouveau Testament afin que tu saches les lire de cette manière-là. L’Evangile de Jean et les Epîtres de saint Paul, particulièrement celle des Romains, et la première épître de saint Pierre sont le véritable noyau et la moelle parmi tous les autres livres. […] Car dans ses livres tu ne trouves pas décrits beaucoup d’ouvres et de miracles du Christ. Mais tu y trouves exposé magistralement comment la foi en Christ triomphe du pêché, de la mort et de l’enfer et donne la vie, la justice et le salut […]. Martin LUTHER, Préface au Nouveau Testament, Septembre 1522
Document 10: L’antipapisme dans le nouveau Testament de Luther et Cranach Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint et il m'adressa la parole, en disant : "Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux. C'est avec elle que les rois de la terre se sont livres à l'impudicité, et c'est du vin de son impudicité que les habitants de la terre se sont enivrés."Et il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes.Cette femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d'or, remplie d'abominations et des impuretés de sa prostitution.Sur son front était inscrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre.Apocalypse, 17, 1-5Un Ange puissant prit alors une pierre, comme une grosse meule, et la jeta dans la mer en disant : "Ainsi, d'un coup, on jettera Babylone, la grande cité, on ne la verra jamais plus."Apocalypse, 18, 21
La tiare est la triple couronne des papes. Elle est élevée et porte trois couronnes d’or. Elle se termine en ogive et est surmontée d’une croix. Les gravures de Cranach choquèrent les adversaires de Luther comme le parent de Frédéric III, Georges le Barbu. Il demanda au prince que les gravures soient corrigées. Les couronnes des bêtes (diapo 15 et 25) ou de la prostituée ne sont plus des tiares et ne peuvent plus être identifiées au pape. La Tiare de Pie IX (1792-1878)
Ces gravures inspirent directement Cranach qui se lie d’amitié avec Dürer. Entre « rivalité et admiration » pour reprendre le titre d’une exposition récente qui leur fut consacrée, cette complicité naît à la cour de Maximilien à Vienne entre 1501 et 1504. Par la suite, ils se retrouvent en Flandres et à Nuremberg. L’art de Cranach se nourrit de ces échanges. Bien qu’il n’ait jamais traversé les Alpes, il bénéficie des expériences et des références des artistes allemands, flamands et italiens qu’il croise. Jacopo de Barbieri, le Titien Memling, Gérard David - dont l’organisation de l’atelier intrigue Cranach - sont les plus connus… AlbrechtDURER, « La prostitué de Babylone », Gravures de l’Apocalypse de Dürer, 1498
Doc.11 :L’entreprise florissante du « pictor clerimus »1 « A Wittenberg, Cranach est un peintre de cour. A ce titre, il bénéficie d’un salaire annuel de 100 000 florins, mais aussi de vêtements, d’un cheval, du couvert et d’un logis. En échange, il doit satisfaire les commandes passées part Frédéric le Sage ou en son nom. Innombrables portraits, scènes mythologiques ou religieuses, décors de palais ou de pavillon de chasse, organisations de fêtes et de cérémonies : il est le metteur en scène de la cour de Saxe. Rien ne lui échappe. En 1538, il va jusqu’à concevoir un moule pour un pain d’épices ! Et il est encore autorisé à travailler pour des commanditaires étrangers à la Cour ou pour le marché. Cette situation privilégiée explique qu’il devient en peu de temps un des citoyens les plus riches de sa ville. Mais il croule aussi sous les sollicitations. En 1527, il est chargé des décors pour le mariage de Jean-Frédéric 2. Devenu électeur, ce dernier lui commande 120 portraits de son oncle et de son père Frédéric III et Jean Ier. Destinés à alimenter les palais de la région et les différentes cours européennes, afin d’inscrire le nouvel électeur de Saxe dans l’histoire dynastique et prestigieuses de sa famille, ces portraits sont livrés en moins d’un an, ce qui en dit long sur la productivité de l’atelier de Cranach. L’entreprise familiale ne cesse de croître au fil des années et de la demande grandissante. De 1509 à 1512, deux ou trois apprentis seulement sont mentionnés auprès du peintre. En revanche en 1513, près de dix assistants travaillent pour lui, pour la préparation des noces de Jean Ier. Le noyau de l’atelier est formé par le clan familial. L’Ancien se charge de l’invention des modèles, suit les travaux et la finition ou exécute les œuvres les plus prestigieuses. Ses fils veillent à la bonne marche de l’atelier en son absence. Avec l’aide des assistants réguliers du peintre (Gesellen), ils peignent des tableaux et gravent des estampes dont les modèles sont fournis parle maître. Au bas de l’échelle sociale de l’atelier, on trouve d’autres artistes. Les Zubereiter préparent les supports et les dorures. Les apprentis (Lehrjungen) apprennent le métier en broyant les couleurs, en préparant les palettes et en réalisant les copies destinées au marché. Et quand les retards s’accumulent, des assistants occasionnels (Knechte) sont engagés et payés à la journée. Lucas Cranach est donc un peintre extrêmement rapide mais cette rapidité est due à l’atelier efficace et productif qu’il a su organiser autour de lui. Pour préserver l’unité des œuvres produites au sein de son atelier, il lui faut veiller à ce qu’elles paraissent toutes de sa main. Il conçoit ainsi une « véritable marque de fabrique », reconnaissable et aisément reproductible. C’est donc la répétition des modèles qui fait style et no son originalité. Et si le peintre meurt en 1553, ce n’est pas le cas de sa manière qu’il a conçue et incarnée de son vivant. Grâce à l’activité continue de l’atelier, la marque « Cranach » a survécu à son créateur. Jan BLANC, « L’atelier des Cranach, une véritable entreprise familiale », Beaux-Arts, 2011 1 : « Peintre extrêmement » rapide, comme le mentionne un épitaphe dans une église de Weimar, une ville allemande où est mort le peintre 2 : Fils de Frédéric III qui meurt en 1525
Document 12 : Cranach, un peintre moderne ? LES NOUVELLES REPRESENTATIONS DE LA NATURE -Cette oeuvre est caractéristique du début de la carrière de Cranach. -Sa modernité est marquée par la présence expressive et vivante de la nature visible dans le détail des arbres. Cranach est influencé ici par Dürer et par l’école du Danube qui s’organise à Vienne autour de Altdorfer et Wolf Hurber. -Le château au fond permet à Cranach de mêler monde sauvage ou mythique et monde civilisé. Les paysages sont à l’image des hommes de la Renaissance, désireux de repousser les frontières du Vieux Monde. -Cranach utilise ces contrastes tout au long de sa carrière dans ses tableaux religieux (La Loi et la Grâce, diapo 24 ), mythiques (l’Age d’Or) ou encore dans des scènes de chasse contemporaine. 1-Lucas CRANACH, La Sainte Famille (repas pendant la fuite en Egypte), 1504
Les Cranach (père et fils) ont peint de nombreuses scènes de chasse avec un décor identique. Le château représenté est celui d’Hartenfels près de Torgau sur l’Elbe. La ligne d’horizon est toujours très haute afin de laisser place au terrain de chasse, entouré de forêts et délimité par des points d’eau où échouent les cerfs traqués. Ce décor n’est pas réaliste mais il est fonctionnel. Le château permet de localiser la scène et d’identifier les ducs de Saxe. La scène est organisée de haut en bas pour rendre le mouvement. L’enchevêtrement symbolise la vitesse et la violence de la chasse qui finit par un carnage dans l’eau. Les chasses doivent être ressenties par le spectateur comme le pendant symbolique de la guerre et du pouvoir politique. Elles affirment la force et le courage des Ducs de Saxe face à Charles Quint qu’ils combattront bientôt. L’élément paysager montre la maîtrise de l’environnement. Document 12 : Cranach, un peintre moderne ? PAYSAGES ET MAITRSIE DE L’ENVIRONNMENT 2-Lucas CRANACH, Chasse au cerf avec le portrait de l’empereur Charles Quint, 1544
Document 12 : Cranach, un peintre moderne ? UNE NOUVELLE PERCEPTION DE L’EPSACE Ce bois gravé illustre également l’apocalypse (voir diapo 17). Il est le seul de la série à ne pas s’inspirer de Dürer (diapo 19). Cranach utilise ici la perspective, ce qui est rare. Il s’inspire de décors antiques. Noter aussi la différence entre les deux couronnes. (voir diapo 17 et 18) 3-Lucas CRANACH « Le Temple mesuré par Jean », Gravures de l’Apocalypse, Nouveau Testament, 1522
Document 12 : Cranach, un artiste moderne ? L’ICONOGRAPHIE PROTESTANTE • Ce tableau dicté par Luther se lit comme un livre ouvert en deux parties antithétique : • A gauche, la mort symbolisée par l’Ancienne Alliance (Table de la Loi, Adam et Eve…). C’est ‘ère de la Loi • A droite, la vie rendue possible par la mort du Christ à droite . C’est l’ère la Grâce. • Ce tableau illustre la thèse du Simul justus Simul Peccator qui donne une place centrale au croyant. Au centre, un homme nu à contrapposto – symbolise la misère humaine. Il hésite entre le pêché et la grâce. Conseillé par Jean Baptiste, il semble choisir la vie promise par la Grâce. • L’œuvre connaît un succès considérable : il existe plusieurs versions, copiés sur tous l es supports. Holbein en tire un chef d’oeuvre (diapo 27). Elle inspire même les catholiques… • - « Car nous estimons que l’homme est justifié par la foi sans pratique de la loi. » Luther, La liberté Chrétienne, 1520 4- Lucas CRANACH, La Loi et la Grâce, 1529 (version de Gotha)
Lucas CRANACH, La Loi et la Grâce (version de Prague), 1529 Lucas CRANACH, La loi et la Grâce, vers 1529 ( Il s’agit ici d’une gravure, reproductible en greand nombre et qui assure le succès du thème à moins qu’elle n’y réponde. Dans cette version, une vierge est encore présente… Elle disparaît définitivement par la suite
-Mise en scène des motifs de la simplicité évangélique,(prédication, du Christ accueillant les femmes et les petits enfants, auxquels peut s’identifier le public protestant. • -Nouvelle esthétique caractérisée par la concision (très appréciée par Picasso). Luther et Cranach appellent leurs images des « Merckbilder », des images simples, constituant une voie d’accès facile au texte biblique. Ils refusent les fonds dorés, humanisent les personnages et font preuve d’un intérêt nouveau pour la représentation de la nature. • -Redécouverte de la Bible, comme source d’une nouvelle iconographie : il s’agit de ne mettre en image QUE les récits bibliques. L’iconographie réformiste se soumet à un texte court et étroit qui fournit les noms des protagonistes, les textes explicatifs, les citations de la Bible, notamment après 1530 où la propagande est plus active. • -Trois types d’oeuvres : • -des illustrations de la Bible allemande • -des gravures pour expliciter le dogme • -des images pour dénoncer les catholiques • -Nouvelles formes de diffusion : • -La gravure est privilégiée au détriment de la peinture à l’huile, dans un souci de démocratisation et de diffusion large • -Ces innovations sont aussi liées à la forme de l’entreprise de Cranach qui possède une imprimerie en propre et suffisamment de fonds pour financer une édition • Thèmes privilégiés : • -La vie et la mort du Christ • -Les dogmes de la foi protestante : justification par la foi seule (la grâce), autorité des écritures, absence de hiérarchie entre clercs et laïcs et sacrement comme promesse de grâce. Les images de la Réforme Luther et les images Les réformateurs s’opposent d’abord aux dérives idolâtres des catholiques, certains de manière radicale comme Zwingli, Jean Calvin ou Calrstadt (De l’enlèvement des images en Janvier 1522, à l’origine des troubles iconoclastes qui se déroulent à Wittenberg en février 1522 : les images sont un écran entre les fidèles et la vraie foi. Luther réagit dans le Contre les Prophètes célestes avec l’argument imparable : détruire les images n’est-ce pas reconnaître leur puissance ? L’idole ne réside pas dans l’objet – de pierre ou peint – mais dans le cœur de celui qui le regarde. La grâce l’emportant sur les actes, les opérations iconoclastes ne sauraient faire accéder au Salut. Luther dénie toute valeur aux images : Dieu ne se fait connaître que dans sa parole, son royaume est affaire de vue et non d’écoute. Toutefois, Luther les estime utiles dès lors qu’on ne les vénère pas : ce sont des aides mémoires, des outils qui permettent de mieux appréhender la parole de Dieu. Dès lors, il importe d’inventer une iconographie protestante à cette seule fin. En somme, les images doivent conduire les fidèles au texte divin et non pas les distraire… Les images protestantes ne sont pas une Bible des pauvres. Luther tient absolument à contrôler la signification des images religieuses. Le Christ et la Samaritaine, Jésus et la femme adultère ont pour but de mettre en avant le pardon, l’éducation du couple chrétien. Le Christ baptisant les enfants est une réaction aux anabaptiste, Judith et Lucrèce sont à la fois des figures de la résistance réformée ou de la chute associée à la féminité menaçante et perverse (Salomé, Dalila, les filles de Loth contre l’ivrognerie…) Il impose de nouveaux thèmes : la Trinité se substitue au Baptême ; la Crucifixion réduite à l’état de symbole pour ne plus en faire un objet d’adoration en soi, puis remplacée par la Cène ; les représentants l’Eglise visible, contemporaine, quotidienne en compagnie de Luther, Cranach et des grands théologiens du XVIe qui remplacent les saints (Eglise paroissiale de Wittenberg (Melanchton, Catherine de Bore…)
Document 12 : Cranach, un artiste moderne ? Document 12 : Cranach, un peintre moderne ? LA MODERNITE DES PORTRAITS Autoportrait, 1531 Cette œuvre est le seul autoportrait connu où Cranach s’est représenté seul. Il s’est souvent dessiné au milieu de groupes dans des gravures ou des peintures profanes ou religieuses comme le Retable de Weimar . La modernité du tableau tient dans le fond noir qui fait ressortir le regard de l’auteur. Cette introspection donne à voir un artiste méditatif et mélancolique. Cranach laisse un image plus complexe que celle du peintre de cour, compagnon de la Réforme. Les commentaires qui suivent mettent en perspective l’art du portrait chez Cranach. L’analyse des nus (diapo 33 à 40) illustre la complexité du personnage. 5 –Lucas CRANACH Autoportrait, 1531
Cranach s’inspire du travail de MEMLING qu’il rencontre lors de son voyage en Flandres. Le fond paysager est progressivement remplacé par des aplats simples : Cranach met en valeur ses personnages… Hans MEMLING, Portrait d’un homme, 1490 Hans MEMLING, Portrait d’un homme avec une pièce de monnaie de l’empereur Néron, 1473
Les portraits de Cranach ont une finalité politique. L’art de Cranach permet de diffuser dans les autres cours les images d’une principauté en construction. Il en peint des centaines et son atelier en produit probablement des milliers. La modernité du procédé dépasse donc l’aspect formel. Tout en simplifiant le modèle, le fond uni devient une « marque » de fabrique, facilement reconnaissable par les spectateurs des cours européennes à qui étaient destinés ces tableaux. Cranach simplifie aussi les formes des silhouettes en jouant sur les accessoires qu’il modélise. C’est la raison pour laquelle Picasso appréciait particulièrement le portrait de Marie de Saxe. Lucas CRANACH, Jean Frédéric (frère de Frédéric III), 1531 Lucas CRANACH, Marie de Saxe, 1534 Lucas CRANACH, Frédéric III (1463-1525), 1532
Le portrait est une composante majeure de l’iconographie protestante. Cranach donne « visage(s) à la Réforme » . L’évolution des représentations de Luther est le meilleur exemple du sens porté par ce type d’images. 1519 1520 1521 1522 1525 _Peinture de Luther , en professeur, avec son bonnet sur fond vert, de trois quart et le regard fixé sur un horizon invisible au spectateur : Luther est digne d’être représenté comme les personnages les plus importants et les plus nobles -Il vient de tenir tête aux plus grands émissaires de la papauté, le légat du pape Cajetan à Augsbourg et le vice-chancelier d’Ingolstadt Jean Eck. -Luther en robe de bure, simple moine augustinien, sérieux, imprégné de spiritualité. -Gravure faite pour assurer une large diffusion à un moment où le succès de Luther est stupéfiant et où les œuvres contre Rome sont épuisées : il faut s’adresser désormais à des non spécialistes et à grande échelle. -Luther, coiffé d’une toque de docteur. -Mise en avant de l’autorité intellectuelle, renforcée comme précédemment par l’inscription. -Volonté d’inscrire Luther dans une tradition humaniste et érudite au moment où il se rend à la diète de Worms devant les représentant du pape et l’empereur. Luther en « Junker Jorg », nom d’emprunt sous lequel il se cache à Wartburg pour traduire les Nouveaux Testaments. Frédéric III l’avait fait enlevé après la diète de Worms et voulait maintenir secret le lieu où résidait le moine . -Barbu, aux cheveux longs, le réformateur est présenté comme un homme imposant. -Luther en homme marié, tête nue, avec le manteau sobre du bourgeois qui deviendra l’habit emblématique des pasteurs.
Lucas CRANACH, Diptyque : Portraits de Martin Luther et sa femme Katharina von Bora, 1529 Lucas CRANACH, Spalatin, 1537 Lucas CRANACH Melanchton , 1537 -Les portraits de Luther avec sa femme sont une manière d’institutionnaliser une pratique illégale, dernière acte de rupture avec Rome. -L’union est doublement scandaleuse et confirme son rejet du mariage comme sacrement et le célibat des prêtres, considéré par Luther commune une création de la papauté sans justification scripturaire. Une nouvelle série de portraits en 1537 consacre aux côtés de Luther les humanistes Spalatin et Melanchton, cheville ouvrière de la mise en place de la Réforme dans la principauté de Saxe. Sans éléments décoratifs, en buste, réaliste, sans profondeur, leur conformité est attestée par une inscription. Leurs effigies sont représentatives de la Réforme : elles visent à ne pas susciter de trop grandes louanges. Les acteurs historiques de la Réforme n’agissant pas pour eux mais pour Dieu.
Document 12 : Cranach, un peintre moderne ? L’AUDACE ET LA MODERNITE DES VENUS… 6- Lucas CRANACH, Vénus, 1531 De petite taille (40 cm), cette Vénus fait encore scandale. Alors que le tableau illustrait l’exposition Cranach à la Royal Academy of Art en 2008, le métro londonien refusait d’en afficher les publicités. La représentation des nus occupe une place centrale dans l’art de Cranach. Sa production est sans égale à la Renaissance. On a recensé jusqu’ à quarante Vénus différentes sans parler des Eve, Judith, Salomé, allégories, Pâris…. L’évolution des Vénus rend compte de la « modernité absolue » des nus de Cranach. En 1509, il est le premier non italien à peindre une Vénus nue et grandeur nature (diapo 34). Cette œuvre doit beaucoup à l’Adam et Eve (diapo 35) deDürer qui révèle à Cranach ses sources italiennes. En effet, la Vénus de Lorenzo di Credi, La Vénus Felix, celle de Sandro Botticelli et de Lorenzo Costa (diapo 36) ont certainement influencé Cranach. Cette première Vénus est une œuvre « renaissante » qui remet les canons de la beauté antique au goût du jour. Comme Dürer, Cranach se souciait encore des proportions des corps qu’il dessine. Les inscriptions moralisatrices qui accompagnent ses premiers tableaux se rapprochent des conceptions néo platoniciennes de Botticelli. Vint ans plus tard, sa petite Vénus n’est en fait plus mythologique. Longiligne, à la taille haute et fine, à la chevelure blonde coiffée dans une résille de perles, elle porte de luxueux bijoux. Femme de la cour des princes de Saxe, elle séduit par son regard et par le voile qu’elle retient. Elle n’est plus absolument plus moralisatrice Comme Botticelli, Holbein ou Dürer, Le Titien ou plus tard Ingres, Manet ou Schiele (diapo 37), Cranach combat dans sa peinture une morale contraignante. Malgré la répression puritaine, Cranach ne cède pas à la mélancolie comme Dürer. Il continue de célébrer la beauté des sens et ses propres conceptions de l’harmonie humaine.
Lucas CRANACH, Vénus et Cupidon, 1509 Avec l’inscription suivante : PELLE CUOPIDINEOS TOT COANIME LUXUS? NE TUA POSSIDEAT PECTORA CECA VENUS (« Chasse de toutes tes forces la débauche de Cupidon, afin que Vénus ne possède pas ton cœur troublé »)
Vénus Felix, retrouvée à Rome peu après 1500 et transféré dans la collection du pape Jules II Sandro iBOTICELLI, La Naissance de Vénus, 1485, Lorenzo COSTA, Vénus, 1505-1510 Jacopo DE BARBERI, Galatée, debout sur un dauphin, Lorenzo DI CREDI, Vénus, 1490
LE TITIEN ,Vénus d’Urbin, 1538 Edouard MANET, Olympia, 1883
La même démarche peut être menée pour les séries de Lucrèce : • -elles sont inspirées de modèles italiens (Franceso Francia) • -elles portent d’abord un message religieux en annonçant la victoire espérée de la Réforme contre l’arrogance romaine • -elles sont peu à peu érotisées par Cranach Lucas CRANACH, Lucrèce, 15 Lucas CRANACH, Lucrèce, 1510-1513 Francesco FRANCIA Lucrèce, 1505-1506
Il est aussi possible d’évoquer la modernité des Grâces de Cranach. Influencé par les grands maîtres italiens, il demeure libre dans l’expression de ses contours et de ses formes… RAPHAËL, les Trois Grâces, 1500-1505 Lucas CRANACH, les Trois Grâces, 1531 Sandro BOTTICELLI, Le Printemps, 1482