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Les migrations transfrontalières en Guyane française . Approches géopolitique et géoéconomique . Frédéric Piantoni – EA 2616 HABITER / Université de Reims Champagne-Ardenne. Plan de l’intervention :. I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
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Les migrations transfrontalières en Guyane française . Approches géopolitique et géoéconomique . • Frédéric Piantoni – • EA 2616 HABITER / Université de Reims Champagne-Ardenne
Plan de l’intervention : I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 1- Peupler pour convoiter (1763-1848) : l’expédition de Kourou et la traite 2- Peupler pour capturer (1848-1946) : les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires : de esclaves libres de Mana aux bagnes, des mobilités de l’abolition aux ruées vers l’or 3- Le territoire constitué : recours migratoire et développement économique (1950-75) II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 1- Des déterminants migratoires hétérogènes 2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques 3- Une participation directe à la croissante démographique 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnements territoriaux
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 1- Peupler pour convoiter (1763-1848) Les Guyanes dans les dynamiques de colonisation espagnole et portugaise 15ème-16ème siècles Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 1- Peupler pour convoiter (1763-1848) La dimension géopolitique de l'expédition de Kourou: la carte de Bitteow (1761) L’expédition de Kourou (juillet 1763-mai 1764) - 15 000 colons [Mam Lam Fouck, 1996] - 966 survivants en 1765 [Michotte, 1965] • Une économie de plantation pauvre, marquée par une carence démographique, à l’écart des voies maritimes : • 10 000 effectifs en 1777 • Surinam : 80 000 effectifs [Jolivet, 1982] Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 2- Peupler pour capturer (1848-1946) Front agraire occidental et extension des habitations créoles de 1848 à 1880 Les établissements pénitentiaires de 1852 à 1945 Les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires • La dimension territoriale des bagnes (1852-1954) : occupation des marges coloniales • Les fronts agraires des esclaves libérés (1848-1880) : de la concentration au processus de diffusion vers l’ouest • Contrôle des mouvements par le contrôle de l’attribution des concessions agricoles 72 000 transportés de 1852 à 1939 [Abonnenc, 1948] et 50 000 décès [Michotte, 1965] Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 2- Peupler pour capturer (1848-1946) Migrations, ruées aurifères et litiges territoriaux (1855-1930) Les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires L’intégration de l’intérieur par la capture des migrations antillaises (anglaises et françaises), brésiliennes et surinamaises : terres libres et main d’œuvre captive - Période 1 (1855-1880): Une dynamique associée à la crise de l’économie coloniale après l’abolition (Est). - Période 2 (1880-1930): L’intégration de l’intérieur par la domination des sociétés commerciales et de la colonie. - Horogénèse et règlements des frontières politiques. Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 3- Le territoire constitué Migrations et développement, phases et localisation des projets nationaux Recours migratoire et développement économique (1950-1982) • Processus d’intégration à la nation : faillite économique et « politique de francisation » (1848-1945) : l’espace politique constitué . • L’impératif d’un alignement économique et social sur la métropole par la création d’un système agro-exportateur. • Migration et développement : le recours migratoire face au déficit démographique (fermeture du bagne en 1947, migration retour des mineurs) et à l’absence de secteur productif (échec des produits de substitution : canne, balata, bois de rose). • Note : Population en 1946 : 27 021 [Mam Lam Fouck, 1999] • - La construction du Centre Spatial Guyanais (1965) : vecteur migratoire et développement illusoire • Le « Plan global de mise en valeur de la Guyane » (1975-1982) : échec et seuil de rupture vers une économie sous dépendance (de la décentralisation au RUP). Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
Plan de l’intervention : I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire 1- Peupler pour convoiter (1763-1848) : l’expédition de Kourou et la traite 2- Peupler pour capturer (1848-1946) : les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires : de esclaves libres de Mana aux bagnes, des mobilités de l’abolition aux ruées vers l’or 3- Le territoire constitué : recours migratoire et développement économique (1950-75) II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 1- Des déterminants migratoires hétérogènes 2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques 3- Une participation directe à la croissante démographique 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 1- Des déterminants migratoires hétérogènes Ventilation des effectifs communaux par nationalités en 1990 Distribution de la population étrangère par commune en 1990 Des lieux d’immigrations dissociés en 1990 et en 1999 : communes frontalières, agglomération de Cayenne, Kourou Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 1- Des déterminants migratoires hétérogènes Synthèse des indicateurs selon la nationalité dans les communes de plus de 5 000 habitants en 1990 Source : INSEE, RGP 1990. Note : Indice de masculinité = (effectifs masculins / effectifs féminins) x 100. Le nombre d’hommes constitue une forme de signature des migrations économiques, espaces où les hommes partent en avant-garde en laissant leur famille derrières eux pour un temps ou définitivement [Théry, 1997 : 184-186]. Les Haïtiens : entre économie et politique, une migration par défaut ? • Guyane est une étape avant l’Europe, destination après l’échec d’autres tentatives vers les USA, le Canada, les Antilles. • Origine : Aquin et Fond-des-Nègres • Instabilité politique des régimes politiques depuis 1963-65 • Forte croissance des flux de 1974-1982 (Plan Vert) et 1991-1994 (régime R.Cedras) • Faible réversibilité migratoire en raison du caractère extra-continental et pauvre • Insertion dans l’économie urbaine des services (entretien, domestique …) L’immigration économique brésilienne • Champ migratoire ancien lié au ruées Aurifères XIX°-XX° et litiges frontaliers • Vague 1960-70 : inséré dans l’économie locale essentiellement à Kourou (construction du CSG) • Vague 1985-1995 : politique d’aménagement et d’équipement d’infrastructures • Vague associée à la reprise de l’activité aurifère • Fort sous-enregistrement et forte réversibilité migratoire
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 1- Des déterminants migratoires hétérogènes Répartition de la population par nationalités et par communes en 1999 Source : INSEE, RGP 1999 corrigé, exploitation spécifique. Évolution des effectifs de nationalités brésilienne, haïtienne et surinamaise de 1974 à 1999par rapport à l’ensemble de la population étrangère départementale Note : Les effectifs étrangers représente 30% de la population totale. Au regard des volumes faibles, seule la comparaison des étrangers entre-eux présenté une signifiaction. Source : INSEE, RGP 1974, 1982, 1990, 1999. Les Surinamais dans l’agglomération cayennaise : 1,9 % de la population / 8,1 % de la population étrangère. Mais dans les communes frontalières du Maroni : 35,7 % de la population / 81,1 % de la population étrangère. Les Haïtiens dans l’agglomération cayennaise :12 % de la population / 51 % de la population étrangère. Les Brésiliens dans l’agglomération cayennaise : 4,2 % de la population / 18 % de la population étrangère.
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques Flux* migratoires surinamais rapportés par communes (1982-1990 et 1990-1999) Evolution du maillage 1976-1993, les communes mono-ethniques Flux et zones d'affrontements durant la guerre civile du Surinam (1986-1992) Une immigration communautaire attachée à l’identité du bassin fluvial transfrontalier depuis le 18° siècle : Marrons (Djukas, Bonis, Paramakas), Amérindiens (Galibis, Wayanas) Les déterminants : marginalisation des communautés au Surinam, chute des cours de la bauxite, guerre civile de 1986 à 1992 (13 000 réfugiés dans le nord-ouest guyanais) Une immigration qui s’articule avec le différentiel économique entre Surinam et Guyane française : économie informelle (estuaire), riziculture d’exportation, transport (vallée), activité aurifère depuis 1992 aux sources du Maroni. Une immigration instrumentalisée par les jeux de pouvoirs inter-communautaires : reconnaissance des territoires coutumiers et création de communes mono-communautaires. Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques Le « Pays Maroni » [Toulemonde,1989] : réseaux et mobilités au cœur d’un espace fluvial transfrontalier Constitution des réseaux migratoires (orpaillage) Structuration des espaces relationnels (exode rural) Recomposition des espaces relationnels (depuis 1995)
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 3- Une participation directe à la croissante démographique Évolution de la population française et étrangère de 1954 à 1999 Soldes naturels et population par communes en 1999 Populations communales en Guyane française en 1974, 1982, 1990, 1999 Sources : Domenach et Picouet [1988 : 9] pour les années 1954, 1961, INSEE RGP 1974, 1982, 1990, 1999. Répartition de la population de moins de 20 ans Soldes migratoires et population par communes en 1999
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Population active et taux de chômage Des marchés du travail cloisonnés Navettes domicile-travail vers les pôles urbains (Cayenne, Kourou, St-Laurent) en 1999 La définition du chômage est celle retenue par l’INSEE. Est considéré comme chômeur la personne qui, au cours d’une période de référence (généralement une semaine) est "sans travail" (c’est-à-dire n’ayant pas effectué de travail rémunéré d’au moins une heure durant la période de référence), "disponible pour travailler" et "à la recherche effective d’un travail" (c’est-à-dire ayant pris les dispositions spécifiques au cours d’une période récente spécifiée pour rechercher un emploi). En milieu urbain, notamment dans les cas de chômage de longue durée, ces critères ne sont pas valides en raison d’un marché de l’emploi restreint et restrictif. En milieu rural, l’absence de structures économiques, les moyens de communication déficients et la prédominance d’un secteur informel ou traditionnel rendent caduque cette définition. De fait, le nombre de « sans-emploi » est, en réalité, très supérieur au nombre de chômeurs recensés en tant que tels. Actifs communaux ayant un emploi résidant et travaillant dans la commune en 1999
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Schéma de synthèse : espace et économie Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Schéma de synthèse : espace et économie Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Schéma de synthèse : espace et économie Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Schéma de synthèse : espace et économie Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées 4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux Schéma de synthèse : espace et économie Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université de Poitiers
Conclusion : vers la fin d’une idéologie de développement fondée sur le peuplement et l’immigration ? Les signes de développement économiques semblent s’orienter vers la protection de l’environnement qui s’inscrit bien au-delà de la mise en œuvre d’aires protégées, et dont le « parc du Sud », couvrant la partie septentrionale du département, n’est finalement qu’une illustration. Le paradigme environnemental opère un retournement idéologique qui vise à faire de la Guyane un espace approprié, non plus dans le cadre strictement national, mais au regard des préoccupations occidentales de protection environnementale, l’échelle de l’exercice du pouvoir national s’articulant avec le niveau d’intégration européen. En fait, la rupture est totale. On passe d’une fonction de valorisation de l’espace par l’exploitation des ressources grâce à l’apport de peuplement, à celle d’une valorisation dans laquelle le facteur démographique est soustrait. L’obligation de développement n’est, de fait, plus souhaitée ou alors sous la forme d’un « éco-développement » [Sachs, 1989 : 22-23 ; 1990 : 124-125] ou d’un « développement durable» [articles premier et L. 4433-7 de la loi d’orientation pour l’outre-mer], dont on perçoit les effets induits en terme de protectionnisme économique [Milani, 1995 : 7-8 ; Navet, 1999 : 341-342]. L’idéologie environnementale, translation d’une préoccupation des pays du Nord, s’articule avec le changement d’échelle de l’exercice du pouvoir externe en faisant de la Guyane un pôle de services et d’expérimentation européen. Elle permet la justification de l’appropriation supranationale de l’espace par les besoins impérieux de protection d’un capital unique dépassant largement l’intérêt national, au cœur des préoccupations politiques de l’Union européenne. Elle occulte tout l’échec économique du processus de décolonisation. De fait, le paradigme de préservation permet la légitimation de la poursuite des transferts et de micro-marchés protégés, mais aussi le maintien d’une société et d’un territoire cloisonnés. L’assignation de la Guyane à un pôle de services dédié à l’expérimentation scientifique européenne en milieu équatorial continentale est dissociée de la réalité locale. Elle valide aussi l’exploitation mondialisée du territoire en des sites très ponctuels, tel que peuvent l’être le Centre Spatial Guyanais et les modes industriels d’exploitation aurifère. De fait, la notion de conservation est donc directement articulée avec celle de l’exploitation, c’est-à-dire du contrôle de la ressource. Partant, elle implique aussi le contrôle des mobilités humaines.