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La nécéssité d'une perspective panromane dans l'étymologie idioromane. . Le cas du roum. lumin ă « lumière ». Le rapport entre p rotorom. */ ' lumen/ et roum. lumin ă.
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La nécéssité d'une perspective panromane dans l'étymologie idioromane. Le cas du roum. lumină « lumière »
Le rapport entre protorom. */'lumen/ et roum. lumină • Est-ce qu’il faut inclure dans mon article ce mot comme dérivé protoroman ou est-ce qu’il s’agit seulement d’une formation idioromane (roumaine)? • De toutes manières, ce lexème ne peut pas rester sans étymologie détérminée!!!
Hypothèses étymologiques • étymon de base */'lumen/ - mais les opinions diffèrent pour ce qui est du procédé par lequel on arrive à roum.lumină. • EWRS (1905): • REW s.v. lumenle note parmi les dérivés idioromans (cf. aussi ER : 112 «lume + ină»).
Quel sens pourrait avoir ce dérivé adjectival? • Les explications phonétiques ne sont pas infaillibles. • Candrea-Densusianu: • CDER: • Hypothèse réprise par DLR s.v. lumină: <« nom.pl. al lui lumen, luminis» Il combat l’hypothèse de Candrea-Densusianu, mais sans argumenter son point de vue
REW, Graur, CDER fondent leur explication sur la prémisse d’un suffixe -ină( ??? ) • Les dérivés en -in / -inădu roumain sont soit de date protoromane (albină, rădăcină, porcină etc.), soit des emprunts slaves (grădină, tulpină, rogojină) soit des emprunts francais (femininetc) • Cioranescu place au même niveau les mots en -inăd’origine protoromane (albină, sulfină) et ceux d’origine slave (tulpină). • On ne peut pas parler d’une véritable classe des dérivés -in / -inăen roumain, et pas plus d’une classe modèle des paroxytons qui pourrait porter une forte influence sur les proparoxytons, puisqu’il y a parallèlement des proparoxitons en ´-ină, e.g. pómină (< bg. / sb.), țárină( < sl.), țélină( < sl.) etc. • De plus, la tendance en roumain est justement celle d’accentuation regressive (Niculescu : 1956), voir l’exemple des emprunts français oxytones qui deviennent paroxytons ou proparoxytons en roum: intime > íntim, antique > ántic, il domine > el dómină , famine > fámină etc.
D’autres propositions • ILR 2: 302 Lumină< *luminia • Hristea (1960): derivation postverbale (a lumina, III sg. el lumínă> lumínă s.f.), hypothèse émise en avance par Graur (1954 : 152). • Hristea suppose que l’apparition spontanée de ce postverbal au sens de « lumière » estla principale raison de la perte du signifié « lumière » de lume (comme conséquence d’une synonymie superflue dans la langue) • MAIS: • Tous sont d’accord à expliquer le verbe a lumina comme postnominal d’après lumină(EWRS, Candrea-Densusianu, CDER, DLR). • Graur même (ER : 112) revient sur son hypothèse • Hristea part justement de la prémisse que la situation (pan)romanene peut pas nous aider dans ce cas-là. • Il ne prend pas en compte les dialectes historiques du roum. (où la présence du mot indiquerait une formation plus ancienne)
Les dialectes historiques du roumain • Aroum.luńină(attesté dp. 1770, KavalliotisProtopeiria n° 145, DDA, Pascu), istroroum. lumirę(Candrea-Densusianu, Caragiu-Marioteanu [lumíne])– bien que absent de EWRS, des gloss. de Puscariu, CDER) • forme protoroumaine (du roumain commun) • Son ancienneté se reflète aussi dans le phonétisme des premières formes attestées, luminră (Psalt. Hur.124/ 20), lumiră (DLR, ca 1600) • D’autres langues romanes?
*/'lumen/ • */'lumen/ s.n. > istriot.loûmes.m. « lampe » / « lumière » , it.lume(dp. 1313/1319, DELI2), logoud.lúmene « claire d'oeuf » (DES), occit.lum, gasc.lüm, cat.llum,ast.llume, gal./port.lume (dp. 13e s., DDGM) • La raison pour laquelle nousne proposons pasun type /’lum-e/ est justement la forme du logudorais lumene,où il s’agit d’un -e paragogique (ajouté à la forme lumen) et non pas d’une issue de la forme oblique lumine. Donc on peut attéster l’étymon dans sa forme originelle lumen. • Cette forme doit appartenir à la phase la plus ancienne du protoroman (que l'on peut appeler protoroman commun), étant à la base de tous les autres types reconstruits.
Recatégorisation */'lum-e/ s.f. • */'lum-e/ > dacoroum.lume s.f (dp. 1573/1578 [date du ms.], Psalt. 95), istroroum.lume (KovačecRječnik 108), méglénoroum.lumi « monde », aroum.lume (Pascu 1, 110 ; DDA2 ; BaraAroumain [lumi]), dalm.lóin s.f. « lampe » /« lumière », istriot.loûme,it.lume, frioul.lum, lad.lüm, romanch.glüm, agn.lume (hap. 1185 ca [Si revent leyns la clarté Et la lume de sa bealté], ANDEl), gasc.lum,cat.llum. • Le passage au féminin de ce type de genre neutre originaire doit être simultané avec un changement formel du lexème, de */'lumen/ en */'lum-e/, par analogie avec la sous-classe flexionnelle des parisyllabiques masculins et féminins. • on situe ce type dans une phase qui précède la séparation du roumain (2e m. 3e s.[?]), mais qui succède à l'individuation du sarde (2e m. 2e s.[?]), vue son absence de cet idiome.
Remorphologisation 1 : */'lumin-e/ s.m. / s.f. • Le changement du genre neutre en masculin / fémininla séparation entre nominatif et accusatif • N. la forme brève, */'lumen/; Ac. la forme longue, */'lumin-e/ –recatégorisée et continuée, régionalement, comme forme de base. • */'lumin-e/ > afrpr.lumen s.m. « lumière » (fin 16e s. [u lumen du cruzieu «à la lumière de la lampe à huile»], TuaillonPoèmes 126,9), frpr.lúmes.m. « lampe », prov.lúme (dp. 1377). • */'lumin-e/ > esp.lumbre s.f. « lampe » (dp. ca 1140). • le féminin, caractérisant seulement la forme castillienne, doit représenterune évolution secondaire. • la distribution aréologique du type */'lumin-e/, réduite auprovençal, franco-provençal et à l’espagnol, indique une innovation occidentale plus tardive que les autres deux types.
Remorphologisation 2 : */'lumin-a/ s.f. < */'lumin-a/ s.n.pl. • */'lumin-a/ > sard.lúmina s.f. « oeil » ( [dans des expressions stérótypes èst a una lúmina «il a un seul oeil»], DES). • De plus, à partir d’ici s’est formé un masculin lúminu (est a unu lúminu Pirona, ButlerLatin 113) • le sarde conserve l’accentuation proparoxytone ´-inu/ ´-ina: kérvinu, múrinu, mélinu, fémina etc ( ButlerLatin 104, cf. Meyer-Lubke, GLR 2 §454). • Cette même forme morphologique a pu être interprétée comme derivéeen */´-in-u/, */´-in-a/.
Remorphologisation 3 : */lu'min-a/ s.f. < */'lumin-a/ s.n.pl. • */'lumin-a/, tel que des dérivés véritables en */´-in-u / */´-in-a / (proparoxytones) ,a pu êtreassociéavec les noms suffixés en */-'in-u/, */-'in-a/ (paroxytones) ; parallèle avec les adjectifs proparoxytons en */'-in-u/ devenus paroxytons, */-'in-u/, cf. MeyerLübkeGLR 2, § 454. • l’étape suivante implique, donc, un déplacement d'accent, en donnant naissance au type */lu'min-a/. • */lu'min-a/ > dacoroum.lumină s.f. « lumière » (dp. 1491/1516 [date du ms. ; luminră], Psalt. Hur.2 192 , aroum.luńină (dp. 1770, KavalliotisProtopeiria n° 145; istrorom. lumirę (Candrea-Densusianu, Caragiu-Marioteanu 1960) • Cf. aussi le sard. lumínu « objetd'illumination » (DES), quipourraitêtre un masculin tiré de */lu'min-a/, en raison de la différencesémantique « lumière » / « lampe », transposée dans le genre (voir le cas du cat.llums.m. « lampe » vsllum s.f. « lumière »). • On ne peut pas supposer un changement d’accent en sarde, en raison de la conservation de l’accent retrait dans cette langue; les seuls mots sardes en -ínu / -ína sont de date protoromane (ButlerLatin 104) • Cf. lomb. lümin, piém. lumin, ven. lumin, cf. gr. τό λουμίνι
*/'φamen/ • DÉRom s.v. */'φamen/ • */'φamin-a/s.n.pl. > */φa'min-a/ s.f. > piém. famina, romanch. famina, afr., fr. famine, frpr.┌famena┐,occit. famina, acat. famina. • */'βɛrmin-a/> */βɛr'min-a/
La grand majorité des noms roumains en -ínă est de date protoromane: • e.g. */al'β-in-a/ > dacoroum. albină (Candrea-Densusianu n° 46 ; REW3 ; Cioranescu n° 179) • */ka'pr-in-a/ > dacoroum. căprină (DA s.v. capră ; MihăescuRomanité 267), aroum. căprină (Candrea-Densusianu n° 250 ; REW3 ; DDA2 ; MihăescuRomanité 268) • */φol'l-in-a/ > aroum. ful'ină (REW3 ; DDA2 ; MihăescuRomanité 268) • */marru'k-in-a/> dacoroum. mărăcine (Candrea-Densusianu n° 1046) • */ɔ'β-in-a/ > adacoroum. oínă (REW3 ; Cioranescu n° 5746 ; DLR ; MihăescuRomanité 266) • */pɔr'k-in-a/ > dacoroum. porcină (Candrea-Densusianu n° 1430 ; Cioranescu n° 6652 ; DLR), aroum. purţină (Candrea-Densusianu n° 1430 ; REW3 ; DDA2) • */radi'k-in-a/ > dacoroum. rădăcină (MeyerLübkeGLR 2, § 453 ; REW3 ; Cioranescu n° 7020 ; DLR) • */sul'φ-in-a/ > dacoroum. sulfină (DLR), aroum. sulfină/ sulhină(DDA2)
Conclusion • Nous considerons la forme */lu'min-a/ de date protoromane (cf. EWRS qui suppose un étymon « *lumīna (von lumen) », mais sans d'autres explications), et non pas idioromane, ayant souffert un déplacement d'accent parallèleàce type de formations, dans la phase protoromane • On peut mettre en lumière l’utilité du travail et de la publication en parallèle de plusieurs articles déromiens (sans */'φamen/ l’hypothèse aurait étémoins sûre) • Dans la même classe – */'nomen/ • Travail d’équipe (non idio-, mais pan- , tel que la vue idioromane a moins de chances de réussir que la vue panromane)
Un grand merci à: • Eva Buchi • Victor Celac • Pascale Baudinot • Yan Greub • Jean-Paul Cheveau • Sextil Puscariu • Simone Pisano • Ana Cano • Auguste Kovaček • José Antonio Pascual • L’éstimé auditoire pour la patience de m’avoir écouté!!!