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Histoire de l’URSS. 1917-1991. 5 – Le système politique stalinien. 5.1 – Le parti
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Histoire de l’URSS 1917-1991
5 – Le système politique stalinien 5.1 – Le parti • C’est le noyau du système. À partir de 1929 commence la fusion de l’État et du parti. Exemple : les nominations ne sont plus du ressort du gouvernement mais du Politburo. Le gouvernement ne fait qu’appliquer les directives du parti. • Les symboles du parti deviennent ceux de l’État : le drapeau rouge et l’Internationale
Parallèlement, le Parti devient plus monolithique : si la discussion était possible sous Lénine, à l’époque de Staline, surtout après le début des purges, elle devient très risquée. • L’État major politique du pays est alors composé des 10 à 15 membres du Politburo et accessoirement, des 100 membres du Comité Central. • C’est la règle de cooptation qui domine le système de nomination. Les instances inférieures ne font plus que « constater » les décisions du sommet.
5.2 – Idéologisation • À partir du milieu des années 30, le marxisme-léninisme devient l’idéologie officielle de l’État soviétique. • C’est aux médias que revient la tâche de mobiliser la population en fonction de l’idéologie. • Le marxisme-léninisme envahit toutes les disciplines scientifiques, y compris les sciences exactes (le cas de Lyssenko)
Il n’y a alors plus de place pour d’autres idéologies : la guerre est déclarée aux églises. • Autre manifestation de cette idéologisation : les mouvements de travailleurs (comme le stakhanovisme) quelquefois réels, plus souvent téléguidés du sommet. • Enfin, le culte de la personnalité : il devient obligatoire de citer Lénine (et éventuellement Staline) à toutes les sauces.
5.3 – L’embrigadement • Autre élément fondamental du système stalinien : la mise en caserne de toute la société. • Commencée dans les années 20 avec le Komsomol, cette militarisation sociale atteint tous les domaines, avec la multiplication des Unions : Union des écrivains, des compositeurs, des journalistes, etc, ayant pour vocation d’assurer l’orthodoxie des opinions des membres.
5.4 – La répression • L’élément le plus spectaculaire et souvent le moins compréhensible du régime. • Elle se développe de façon progressive, à partir de la fin des années 20, pour atteindre son paroxysme en 1937. • Orientée initialement vers les opposants à Staline, elle finira par toucher tout le monde. • 1928 : « procès des 50 » - 50 ingénieurs sont accusés de sabotage (pour expliquer les ratés du plan)
- 1930-1931 : procès des mencheviques et des SR. • 1934 : assassinat de Sergueï Kirov, qui lance véritablement la machine : création des « troïkas » devant rendre des jugements, sans appel, en 10 jours. • Iagoda prend le contrôle de la GUÉPÉOU, pour être ensuite remplacé en 1936 par Ejov. • 1936 : premier grand procès spectacle (contre le bloc trotsko-zinoviéviste)
1937 : second grand procès stalinien, mettant en accusation d’autres vieux bolcheviques. • 1938 : troisième et dernier procès, contre les droitistes : Boukharine, Rykov et … Iagoda… • Les procès jouent un rôle « idéologique » et « pédagogique » : ils servent à expliquer les difficultés quotidiennes, à faire peur, mais aussi à justifier la militarisation de la société car les ennemis sont partout…
Mais il y a plus grave et moins spectaculaire, car les purges se développent en cercles concentriques, depuis le parti, et toute la population se trouve menacée. • Pour ceux qui échappent à la mort, il y a les camps, dirigés par le GOULAG, qui n’ont pas qu’une fonction carcérale mais sont intégrés au système de production du pays. • C’est le NKVD, successeur de la GUÉPÉOU, qui est en charge du GOULAG. • Les principaux lieux de relégation sont les îles Solovki et la Kolyma. • L’armée est touchée en 1937 et la purge s’abat sur toute la hiérarchie militaire : 40 000 officiers de l’armée sont purgés en 1937-1938.
Pourquoi ces purges ? • Différentes hypothèses : • Éliminer les vieux bolcheviques, potentiellement dangereux pour Staline (pour son passé plus que pour son avenir) • Menace plus ou moins directe contre le pouvoir de Staline • Renouveler le personnel administratif • Pédagogie sanglante • Zèle des chefs du NKVD • Paranoïa de Staline
Les chiffres : • Selon les sources, très variables • Les estimations les plus faibles sont de l’ordre de 1 million (peu probable); les plus fortes parlent de 14 millions. • La vérité se situe sans doute autour des 10 millions.
5.5 – La constitution stalinienne • Staline théorise son système dans sa constitution de 1936. • Véritable constitution-spectacle, elle proclame l’achèvement de la construction du socialisme et de la démocratie en URSS. • Nettement plus conservatrice que celle de 1922, elle biffe plusieurs des dispositions révolutionnaires de celle-ci, comme le droit à l’avortement.
La famille y fait un retour en force, après avoir été condamnée comme un vestige de la société bourgeoise : instauration de récompense pour les familles modèles (médailles de maternité) • En bref, on y établit que la révolution est terminée et que le conservatisme social doit de nouveau dominer
Quatrième cours : politique étrangère soviétique (1927-1939) et l’URSS dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) 1 – Les affaires étrangères (1927-1939) 2 – Vers la guerre (1939-1941) 3 – La Grande Guerre patriotique
1.1 – Le nouveau cours de la diplomatie soviétique • La venue au pouvoir d’Hitler en 1933 modifie la politique étrangère soviétique dans le sens d’un rapprochement avec l’Occident. • C’est le nom de Maxime Litvinov qui est associé à cette nouvelle politique : c’est lui qui du coté soviétique travaillera à l’élaboration de la politique de sécurité collective.
Les premiers gestes en ce sens sont l’établissement de relations diplomatiques avec les États-Unis (1933) et surtout l’arrivée de l’URSS à la SDN, qui ouvre la voie à une normalisation des relations URSS-Occident. • Mai 1935 : accord franco-soviétique d’assistance mutuelle, par lequel la France renonce à ses prétentions sur les dettes tsaristes. Cependant, l’absence de convention militaire rend le traité sans grande valeur. • En 1935, l’URSS propose de prendre des mesures contre l’Allemagne, mais sa voix n’est pas entendue.
1.2 – Le Kominterm et la coalition anti-fasciste • De 1926 à 1933, la tâche du Kominterm est essentiellement de défendre les positions soviétiques à l’étranger. • Puisque les critiques les plus dangereuses proviennent de la gauche, au cours de cette période, le Kominterm s’emploie surtout à critiquer celle-ci. On parle alors des sociaux-démocrates comme des « sociaux-traîtres »
- Le changement de la politique étrangère en 1933 va bien sûr modifier le sens des actions du Kominterm. • Élaborée à l’occasion de son 7e congrès, la nouvelle politique du Kominterm sera de travailler à la constitution d’un front antifasciste, incluant les socialistes mais aussi les libéraux. • Mais l’objectif de défendre l’URSS, la patrie du socialisme, demeure la seconde priorité de l’organisation. • La guerre civile espagnole va permettre de mettre en application cette nouvelle politique.
1.3 – L’URSS et la guerre civile espagnole • En juin 1936, le général Franco se lance à l’assaut du gouvernement républicain espagnol. La France et la Royaume-Uni refusent d’intervenir, mais pas l’Allemagne • Pour l’URSS, la situation est complexe : ou bien intervenir (et être accusée de fomenter la révolution), ou bien ne pas intervenir (et être accusé d’abandonner les républicains et de perdre ainsi son rôle de chef de file antifasciste). • L’URSS décidera d’intervenir, mais modestement, par l’envoi de spécialistes.
1.4 – L’accord de Munich • En mai 1938, Hitler concentre des troupes à la frontière tchécoslovaque. L’URSS se prépare, conformément aux traités : elle doit venir en aide à la Tchécoslovaquie si la France fait de même. • En septembre 1938, Daladier et Chamberlain se rendent à Munich négocier avec les Allemands et les Italiens. « Permission » est donnée à Hitler d’annexer les Sudètes. L’URSS fait savoir aux Tchécoslovaques que s’ils le désirent, elle interviendra : c’est au gouvernement tchécoslovaque d’en faire la demande à la SDN, ce qu’il ne fait pas.
Cet accord, outre l’effet de confiance donné à Hitler, aura un autre impact funeste : en URSS, on commencera sérieusement à croire que, loin de vouloir s’opposer à Hitler, l’Occident cherche à le pousser à l’est. • Litvinov, grand artisan de la sécurité collective, est alors remplacé par Molotov, avec pour mission d’assurer par tous les moyens la sécurité de l’URSS.
1.5 – À l’est - 1929 : un conflit militaire éclate entre l’URSS et la Chine pour le contrôle du trans-mandchourien. • En 1931, le Japon fasciste envahit la Mandchourie (contrôlée par l’URSS), ce qui pousse la Chine et l’URSS à s’entendre. • En 1936 est signé le pacte Anti-kominterm et l’année suivante, le Japon envahit le nord de la Chine et celle-ci signe alors un pacte de non-agression avec l’URSS. • À l’été 1938, de violents combats opposent les Soviétiques aux Japonais. La victoire des premiers à cette occasion et en Mongolie éloignera définitivement les Japonais d’URSS.
2 – Vers la guerre (1939-1941) 2.1 – Le pacte germano-soviétique • Au début de 1939, l’Allemagne s’empare de Prague, liquide la Tchécoslovaquie et réclame une part du territoire polonais. Les franco-britanniques se décident alors à entamer des pourparlers sérieux avec l’URSS. • Mais l’Allemagne a déjà à ce moment tendue la main à l’URSS, qui se trouve alors en situation difficile.
Avec l’ouest, les négociations piétinent alors qu’elles progressent rapidement avec les Nazis. • Stupéfaite, la planète apprend à la fin du mois d’août 1939 la conclusion du pacte de non-agression germano-soviétique. • C’est un accord gagnant-gagnant : Hitler s’assure d’avoir pour le moment les mains libres à l’est ; Staline gagne du temps et récupère d’anciens territoires de la Russie impériale.
Cela ouvre la voix à l’invasion de la Pologne le 1er septembre et l’URSS se met en marche pour prendre le contrôle de sa part du butin, prévue dans les protocoles secrets : la Pologne de l’est est annexé le 17 septembre et les républiques baltes sont de facto annexées à l’été 1940. • En juin 1940, l’URSS réclame de la Roumanie le retour de la Bessarabie et de la Bucovine du nord. À l’exception de la Finlande et d’une partie de la Pologne de l’ouest, l’URSS a alors récupéré l’ensemble du territoire de la Russie impériale. Tout cela sans le moindre combat.
Pour la Finlande, ce sera plus difficile : l’URSS lui réclame la modification des frontières et son refus entraîne l’entrée de l’Armée rouge sur le territoire finlandais le 30 novembre 1939. • L’URSS est alors expulsée de la SDN. • Après une résistance héroïque, les Finlandais seront contraints à la paix, signée le 12 mars à Moscou. L’URSS obtient ce qu’elle veut, mais à un coût très élevé.
Ce pacte de non-agression est d’une importance capitale pour la définition des responsabilités dans le déclenchement de la guerre. • Certains historiens considèrent que Staline n’avait pas le choix, d’autres qu’il commet alors une faute stratégique, d’autres enfin qu’il obtient tout ce qu’il était possible d’espérer dans le contexte. • Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : en signant, Hitler et Staline savent que ce n’est que temporaire et que la guerre entre l’Allemagne et l’URSS est inévitable.
2.2 – À l’aube de la guerre • Staline profitera du délai obtenu pour améliorer les capacités militaires du pays. • Entre 1937 et 1940, les dépenses militaires sont multipliées par trois. • La discipline au travail est resserrée davantage. • On élabore de nouvelles armes, dont le célèbre T-34. • Mais au plan tactique, on omet d’élaborer de nouvelles stratégies, d’autant que les meilleurs tacticiens ont été purgés. Du côté soviétique, on s’attend alors à une guerre courte, peu coûteuse en vies humaines et se déroulant sur le territoire de l’ennemi…
Les forces de l’Axe se préparent aussi : la fin de la guerre à l’ouest permet le début de la planification de l’opération Barbarossa, qui prévoit une guerre-éclair permettant, dans un délai de 4 à 6 semaines, de s’emparer de Moscou, Leningrad, Kiev, du Donbass et du Caucase. • Le tout devrait permettre l’exécution rapide du plan Ost, qui prévoit la destruction de 120 à 140 millions de personnes, nettoyant ainsi le territoire que la race allemande pourra coloniser.
« Barbarossa » devait être déclenchée le 15 mai, mais l’incompétence de l’armée italienne dans les Balkans va contraindre son report au mois de juin. • Dans les semaines qui précèdent le 22 juin, l’Allemagne réunit le long de la frontière germano-soviétique la plus importante force d’invasion de l’histoire : 5,5 millions d’hommes, 4 300 blindés, 5 000 avions, 47 000 canons et mortiers. • Ces forces déclassent celle de l’URSS au plan quantitatif, mais aussi qualitatif.
3 – La Grande Guerre Patriotique (1941-1945) 3.1 – Le fil des événements 3.1.1 – Les catastrophes initiales (juin 1941 – été 1942) - De nombreux avertissements ont été adressés au Kremlin par l’étranger et les services de renseignements. Mais Staline s’entête à y voir des tentatives d’intoxication. - Sans déclaration de guerre les forces de l’Axe franchissent la frontière le 22 juin 1941 à l’aube.
Les forces soviétiques sont partout culbutées et les pertes sont énormes, en matériels, en hommes et en territoires. • 3 semaines plus tard, les forces allemandes ont progressé de 300 à 600 kilomètres, selon les fronts. • Fin septembre : l’état-major allemand élabore l’opération « Typhon », visant la prise de Moscou. Jusqu’en octobre, les choses ses passent bien. • Le 10 octobre, le maréchal Joukov est chargé de défendre la capitale. Commence alors une vaste opération d’évacuation de la population et des capacités de production.
Les Allemands parviennent à 30 kilomètres de la capitale, mais sont alors stoppés par la résistance des soldats soviétiques et l’hiver. La Blietzkrieg a échoué et les armées allemandes ne sont pas préparées pour l’hiver (Hitler avait jugé cela inutile) • Dès l’arrêt de l’avancée allemande, Staline ordonne des contre-attaques qui, après des succès initiaux, sont toutes stoppées. • La capitale est ainsi légèrement dégagée, mais les pertes de l’URSS sont catastrophiques.
3.1.2 – le tournant de la guerre - Les Soviétiques partent à l’offensive dès le printemps, mais celle-ci, dispersée, tourne à la débandade et la Wehrmacht reprend l’initiative. - L’objectif de Hitler est alors de couper le Caucase et de contourner Moscou pour compléter son encerclement à l’est. Il lui faut donc contrôler la Volga et Stalingrad. • Été 1942, les Allemands bombardent Stalingrad et en novembre, ils contrôlent presque toute la ville. • Mais les Soviétiques, par l’opération Uranus, encerclent la 6e armée et remportent la victoire. • Avec la bataille de Koursk (été 1943), les Soviétiques reprennent définitivement l’initiative.