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Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005. Image de la victime dans le discours de l’agresseur à travers un outil thérapeutique de groupe : « Les lettres réparatrices » Jean-Pierre VOUCHE Directeur clinique de la L.F.S.M,
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Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Image de la victime dans le discours de l’agresseur à travers un outil thérapeutique de groupe : « Les lettres réparatrices » Jean-Pierre VOUCHE Directeur clinique de la L.F.S.M, psychologue clinicien àl’A.F.T.V.S - Antenne de psychologie et de psychiatrie légales de La Garenne Colombes (92),psychanalyste, expert auprès de la Cour d’Appel d’Amiens, responsable des opérations internationales de l’O.N.G « Psys Sans Frontières ».
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Nous avons choisi de vous parler de ce que nous appelons l’évaluation sous suivi psychothérapeutique des abuseurs sexuels, par la technique de la rédaction de lettres par les agresseurs sur enfants – adolescents hétérosexuels (groupe de 20 personnes). Il va suivre la présentation du groupe et de la manière dont on travaille avec eux :
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 CONSIGNES DES TROIS LETTRES : Ce travail fait partie du processus thérapeutique. « Les lettres réparatrices » : - 1ère lettre : adressée à la victime, chaque élément du groupe thérapeutique doit écrire une lettre (fictive) à sa victime. - 2ème lettre : la réponse envisagée de la victime. On demande à l’abuseur d’imaginer et de rédiger la réponse probable de la victime. Cette lettre peut également contenir le récit de ce que la victime a pu dire lors d’une confrontation réelle, soit au sein de la famille, soit devant des instances judiciaires ou policières. Elle doit refléter toutes les craintes en réponse à la 1ère lettre. L’abuseur doit se mettre à la place de la victime en répondant à sa propre lettre, sacré exercice ! Cette seconde lettre doit refléter ce que l’abuseur craint d’entendre. Il y a un effet de décentration, de déségocentrationoù nous allons vérifier s’il est en mesure d’imaginer et de parler de la place de sa victime. L’abuseur connaît parfaitement le mode de fonctionnement de la victime et sait à l’avance ce qu’elle répondra.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Suite des CONSIGNES DES TROIS LETTRES : • 3ème lettre: lettre que l’abuseur aimerait recevoir de sa victime. Au travers de ces lettres de victimes, nous allons analyser ses avancées, ses blocages autour d’axes thérapeutiques.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • LES AXES THERAPEUTIQUES • -Le rapport à l’autre : le mode de relation de l’auteur avec son entourage et avec la victime. Est-ce que la victime est reconnue en tant que sujet pensant ? • -Le vécu surmoïque : morale, « gendarme interne », vécu de jugement • -L’appréhension du retentissement psychologique sur la victime : est-ce que l’auteur semble se rendre compte des conséquences psychologiques de l’acte sur la victime ? • -Le rapport à la loi : comment l’auteur appréhende la loi ?Est-ce qu’elle est prise en compte, intégrée par l’auteur ? • -Le rapport aux éprouvés : comment l’auteur réagit face à ses sentiments, face à ce qu’il ressent ? Qu’est-ce qu’il ressent ? • -Le rapport à la contrainte exercée : est-ce que l’auteur reconnaît avoir exercé une contrainte sur la victime ? Est-ce qu’il reconnaît le fait que la victime n’a pas eu le choix ? • -La confusion entre soi et l’autre : les limites entre l’auteur et la victime. Est-ce que l’agresseur réalise ses projections, sa confusion ? Ex : que le sens amour n’a pas les mêmes résonances pour les deux personnes.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Suite : LES AXES THERAPEUTIQUES • Nous arrivons par ce travail collectif à croiser les images que chacun peut avoir de la victime. Nous vérifions régulièrement par ces arrêts sur « image », si l’abuseur peut faire exister de manière progressive la parole de l’enfant victime, et que du moment du passage à l’acte, où sa victime n’existait pas, où il attaquait le sacré, au temps d’une réévaluation de son suivi thérapeutique, la parole de l’enfant devienne une parole sacrée à respecter. Et surtout que l’image de l’autre sujet pensant soit reconnu.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Suis-je coupable de ne pas avoir perçu la sensibilité de ma victime ? « Pas seulement sa sensibilité, son existence même! » « Je suis coupable de ne pas avoir pu me contrôler. » « Je suis coupable d’avoir bénéficié de mon ascendant sur la victime. » « J’ai pris sa peur pour un consentement alors qu’il y avait de la détresse dans ses yeux (…) J’ai abusé de sa confiance envers moi » « Non, car j’ai été sincère dans l’amour que je lui portais! » « Je suis coupable (…), mais c’était plus fort que moi! » « Cela se faisait avec son accord non-dit (…), je manquais de maturité et du recul nécessaire pour véritablement apprécier ma conduite et mon double-jeu !» « Je me sens coupable oui et non car moi-même, j’ai été victime à plusieurs reprises par mon frère et Monsieur X »
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Citez vos points de Culpabilité « On ne peut avoir un sentiment de culpabilité que si on est coupable. Voilà ce que des gens m’ont dit. Moi je pense qu’on peut se sentir coupable pour des choses dont on est pas responsable, ou même dont on n’a seulement connaissance (…). Je me sens coupable de ce que j’ai fais, de ma faiblesse. Se sentir coupable n’est pas une pensée complaisante et apaisante vis-à-vis de moi. Ce n’est pas un façon de me disculper, c’est plutôt une persécution pour moi. Cela me permet de ne pas oublier la victime. Cela ne me rend pas fier de moi. Cela m’empêche de vivre. Pourquoi je n’ai pas pu empêcher cela ? je réfléchis sur mes faiblesses !» « J’ai un comportement égoïste! » « Mon point de culpabilité c’est d’avoir abusé d’elle sachant qu’elle ignorait que c’était mal !» « Je regrette de ne pas m’être fait soigné avant !» « J’ai abusé de sa jeunesse, de sa candeur !» « J’ai peur de la récidive !» (exprimé également par une autre personne) « Je me sens coupable d’un acte inévitable sans possibilité d’un retour en arrière (…). Coupable de n’avoir pas vu qu’il fallait s’arrêter et avouer !» « Avoir travesti ma fierté et mon honneur personnel (…) m’être conduit lâchement en espérant que les choses s’arrangent après la révélation! ».
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 A travers mon discours, mes écrits, quelle image j’ai de ma victime aujourd’hui, en cours de thérapie ? « J’ai des regrets mais je pense qu’elle n’est pas malheureuse mais elle doit y penser encore car elle est suivie par un médecin. » « J’ose espérer son pardon associé à une vie tout à fait normalisée (la notion de pardon est évoquée par d’autres personnes) Je rêve de savoir et d’être sûr qu’aucune conséquence de mes actes n’aient induit une gêne dans ses relations avec les garçons de son âge. » (le devenir sentimental a aussi été évoqué par un autre) « Je pense que ma victime va bien et qu’elle a retrouvé la joie de vivre et qu’elle a oublié mon acte !» « Ma victime avait 6 ans à l’époque (…) aujourd’hui, je ne sais pas si elle peut me juger !» « Pour moi, elle a été le catalyseur de la somme de mes conflits! » « Je ne vois pas ma victime. Elle m’a dit qu’elle me tuerait lors du procès. Pour moi, la victime veut de l’argent !» « Le décalage entre une enfant qui a grandi jusqu’à 12 ans avec mes caresses (..) une vie commune joyeuse » et « une jeune fille de 14 ans pleine de haine!». « Il n’y a pas une victime mais deux!».
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Suite : A travers mon discours, mes écrits, quelle image j’ai de ma victime aujourd’hui, en cours de thérapie ? « J’ai l’image d’une jeune femme qui malgré les épreuves a su faire sa vie. Courageuse, elle a su passer outre des sentiments légitimes de rejet pour me pardonner et me permettre de revoir mes petits enfants !» « J’ai trahi la confiance qu’elle avait en moi. (…) J’ai honte de mon acte, je comprends la souffrance qu’elle a enduré et qu’elle doit endurer, mais aussi la souffrance que j’ai affligé à sa famille. » « Je n’y pense pas seulement au cours de cette thérapie mais aussi dès les faits et pendant tout le temps qui s’est écoulé depuis ceux-ci. (…) J’ai plusieurs images : de ce qu’elle était au moment des faits, de ce qu’elle est et de ce qu’elle aurait pu être! ».
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • ILLUSTRATION • 1ère lettre De Monsieur K (téléchargement d’images pédo-pornonographiques) : lettre à la victime « Jamais une lettre n’a été aussi dure à écrire. PARDON du fond du cœur. Néanmoins, je pense qu’en tant que victime, cela est impossible de pardonner, donc je n’attends rien de vous. J’ai réalisé tant de choses depuis qu’on m’a aidé à prendre conscience de mes actes, que je vois à présent à quel point j’ai été un monstre ! J’ai téléchargé des photos et des vidéos pédopornographiques et j’en ai honte. J’ai honte de la faiblesse que j’ai eu de ne pas mettre un STOP aux atrocités que je voyais. Je n’avais pas pris conscience de l’horrible réalité dont vous aviez été victime. Je n’arrivais pas à communiquer, j’étais perdu, la détresse que j’avais m’enfonçait de plus en plus…Cela m’emprisonnait dans mon silence et je n’arrivais pas à m’en sortir seul. Les deux gardes à vue que j’ai passées, les dialogues et auditions avec la justice, la police, le suivi psychologique, tout cela m’a donné une grande claque qui au début m’a anéanti et beaucoup fait pleurer puis m’a ouvert les yeux sur mes actes. Avant je me cachais et maintenant j’assume mes actes.Je veux vous dire que j’ai été faible, déviant et immoral et chaque jour, je regrette tout cela. J’ai dépassé maintenant cette déviance grâce à mes proches et à ma nouvelle force que j’ai découvert en moi qui m’a ouvert à la communication avec les autres et à la confiance dans les personnes que j’aime.On n’a pas le droit de faire ce qu’on vous a fait subir, et d’avoir vu ce que j’ai vu. Que Dieu vous préserve des souffrances. »Mr K
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • 2ème lettre : la réponse probable de la victime « Tu ne mérites pas qu’on prenne le stylo pour t’écrire, mais c’est la détresse, la haine et la souffrance qui parlent. On a violé notre enfance, on a profité de nous et rien ne pourrait cicatriser ces blessures. Et malgré tes mots, tu fais partie du « on » qui nous a abusé. On nous a pris de force, on nous a abusé, on a porté atteinte à notre vie. En nous voyant sur ces images, tu aurais du nous aider, au lieu de continuer dans la « déviance » dont tu parles dans ta lettre. Tu as détruit une partie de nous, c’est dégueulasse. On a rien fait pour mériter ça. Tu as abusé de notre innocence, regarde ça en face !!! Adieu » 3ème lettre : la réponse souhaitée de la victime « Monsieur K, en réponse à ta lettre, je veux te dire que mon passé me fait toujours souffrir. Néanmoins, ta lettre, contre toute attente, m’apaise un peu. Tu as donc réalisé tout cela et je te crois. Avant monstrueux, maintenant humain, tu as su replacer tes limites et j’espère que tu ne seras pas le dernier à le faire. Tu as abusé de mon innocence, je ne peux donc pas te pardonner. Mon calvaire est derrière moi, ta déviance n’est plus, le temps guérira mes blessures. »
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Synthèse des commentaires des autres membres du groupe Le retentissement sur la victime : « Il explique bien ce qu’il a enduré avant et après. Il explique les conséquences sur lui. Il ne parle que de lui.( 1ère lettre) Il dit « on n’a pas le droit… », la souffrance est prise en compte dans la 2ème lettre. « c’est dégueulasse » prend une tournure très forte. Par la deuxième et la troisième lettre, les patients se décentrent. Dans la 2ème , il emploie le pluriel et dans la 3ème, il emploie le singulier comme s’il avait pris conscience qu’il y avait un enfant différent à chaque fois. » Les éprouvés : Il ressent de la honte Il se qualifie de monstre, il se cherche des excuses, il lui a fallu toutes la procédure pour recevoir une claque.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 Le clinicien : La notion de regret. Est-ce qu’il y a eu des ressentispositifs ? « J’ai dépassé maintenant cette déviance grâce à mes proches et à ma nouvelle force que j’ai découvert en moi qui m’a ouvert à la communication avec les autres et à la confiance dans les personnes que j’aime. », c’est positif ça. Cela l’a aidé à s’ouvrir aux autres. Il est bien conscient à tout moment de ce qu’il a fait. • Le vécu surmoïque: « On n’a pas le droit !» « Tu as su replacer tes limites !» La justice l’a recadré, ça lui a donné les limites. Ça ressemble plus à un accident de parcours, c’est juste un passage, un très mauvais passage!.. Il redevient humain (au fil des lettres)
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Commentaires de Monsieur K Je pensais qu’il y aurait plus de choses à dire. Je m’attendais à quelque chose de pire. Je me sens toujours inférieur aux autres. Je suis assez transparent avec vous et avec mon entourage. J’avais envie d’être arrêté. La 2ème lettre m’a le plus choquée, je ne pensais pas pouvoir me mettre à la place de la victime. Ça m’a choqué de me dire « et si c’était moi »! Je me vois vraiment comme un monstre, mais personne ne m’a dit que j’étais un monstre. Makounéne (autre participant): « ce sont les actes qui sont monstrueux »
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Analyse clinique des thérapeutes de l’Antenne • En prenant l’axe d’analyse de l’appréhension du retentissement psychologique sur la victime, nous trouvons que l’auteur reste très égocentré dans sa 1ère lettre. C’est l’image de lui, l’idée d’être un monstre, et il n’aborde dans ce type de lettre adressée à la victime que les conséquences personnelles. Il est tourné sur lui-même dans cette lettre. Dans ses 1ères lignes, la souffrance d’autrui nommée est très cérébrale, à mettre en lien avec le délit de détention d’images pédopornographiques et de corruption de mineure par un réseau de télécommunication (masturbation devant une webcam). • Cette 1ère lettre est rédigée dans un langage emprunté à la morale religieuse (« que Dieu vous préserve des souffrances … j’ai été déviant et immoral »). Il y a des aspects positifs repérables, où il veut se présenter comme un « bon garçon ». Mais cette lettre manque de vécu émotionnel de la part de Gérard, on ressent un manque d’authenticité. C’est froid. Il veut peut-être faire plaisir à ses thérapeutes. Il parle de lui par jets, et passe par le « on » (« on n’a pas le droit de faire ce qu’on vous a fait subir »). • Nous ressentons cela comme une mise à distance, nous ne retrouvons pas de reconnaissance de son excitation. Quelqu’un qui veut à travers ces lignes donner une bonne image de lui. Dans la seconde lettre, qui reprécisons est la réponse que l’agresseur envisage de sa victime, on le retrouve encore centré sur lui. Il commence la lettre supposée de la victime par « tu » (donc lui).
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • L’utilisation du « on » (« on a violé notre enfance … on a profité de nous… tu fais partie du « on » qui nous a abusé … on nous a pris de force, on nous a abusé… on a porté atteinte à notre vie… on n’a rien fait pour mériter cela ! »). Il se déresponsabilise, il se neutralise. C’est une forme impersonnelle. L’emploi du « on » pour ses lettres nous interroge. • Il noie les agresseurs (voyeurs) et les victimes dans le « on ». Là aussi, on peut ressentir peu d’émotions, une froideur. C’est intellectualisé, comme dans la distance qu’il introduisait en fonctionnant à distance par le « chat ». Pas de contact direct avec les victimes. La webcam est une neutralisation de la relation. Il parle tout de même de ce qui a été fait, par la reconnaissance du vécu psychologique des victimes « c’est la détresse, la haine et la souffrance qui parlent ». • Toutes les autocritiques de cette 2ème lettre passent par les victimes (dévictimisées) par ce basculement du « on » vers le « tu ». • Il y a des éléments défensifs. Ce basculement du « on » vers le « tu » est une évolution. Il a du mal à s’adresser à ses victimes. Le ton est un peu grandiloquent, ce qui lui permet de mettre de la distance ! • Dans la troisième lettre, la lettre qu’il écrit à la place de la victime, lettre un peu idéale attendue, nous ressentons qu’il se répare tout seul. Il veut qu’on le croit. Il veut que la victime l’apaise (il emploie d’ailleurs le tutoiement). Il y a un besoin de réassurance. • « je ne peux donc pas te pardonner » : Gérard peut comprendre l’absence du pardon face à ses abus.
Toujours un côté prédicateur « mon calvaire est derrière moi ». Il a besoin de croire la victime, cela rappelle qu’il se rassure « je suis obligé de te croire ». • On retrouve le « je » et le « tu » dans cette réponse de la victime souhaitée ; la victime est sympathique, c’est l’idéal pour lui. Il n’a pas utilisé cette fois-ci les défenses du « on ». Néanmoins, il a compris pour cette (ces) victimes que c’est impardonnable. Le rapport aux éprouvés • Il n’est pas dans ses affects, ce sont des ressentis plaqués, anesthésiés. • L’émotion est dans sa formule « c’est dégueulasse ! » et aussi « tu as détruit une partie de nous ». • Dans son intention, il requalifie les faits, mais il n’y a pas suffisamment de ressenti. • Les ressentis sont un peu plaqués, il « passe de la pommade » pour faire plaisir aux thérapeutes. Il dit « j’assume mes actes et j’ai découvert en moi une nouvelle force qui m’a ouvert à la communication avec les autres ». Il parle d’une grande claque qui au début l’a anéanti et fait pleurer, lui ouvrant les yeux sur ses actes. • Il regarde cela en face possibilité d’éprouvé Le vécu surmoïque • Il se présente comme un monstre, dans une quête de pardon, un sentiment de culpabilité narcissique. Interrogeons-nous sur sa dose de compliance, est-ce qu’il ne joue pas au bon élève ? • Le surmoi est très extériorisé et pas assez intériorisé. C’est une limite extérieure judiciaire. La culpabilité n’est pas présente, c’est une honte narcissique. Il est défensif. Malgré tout, on sent pointer l’accès à la culpabilité par le fait de regarder en face (c’est une injonction qu’il se donne), il est plus authentique là !
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • En conclusion : • Les thérapeutes auraient pu l’interroger sur son passé de victime, il dit avoir une amnésie des 1ers souvenirs remontant à ses 16-17 ans. • La question : quelle authenticité dans ces lettres. Il faut les soumettre au temps et réévaluer cela. C’est une photo d’un moment à 4 mois de thérapie groupale. C’est un aspect, un test. Mais cela exige que nous réalisions une batterie de tests, de l’éprouver sur le temps. Donc nous n’avons pas à tirer de conclusion définitive. La technique des lettres réparatrices utilisé par le belges, les canadiens et nous-même, est peut-être plus productive qu’un groupe de parole « blabla ». • L’interactif est recherché dans cette dynamique thérapeutique. C’est un vérificateur de l’éthique et de la morale du côté des cliniciens. Ce sont des photographies, mais questionnement à relativiser sur ce temps de pause. On prend une photo à T 4 mois. Il ne faut pas oublier la dynamique de l’après-coup, car nous découvrons sur le temps des changements déconcertants. Nous avons prévu dans notre processus de leur adresser des lettres de victimes et de les faire réagir (analyses, et questionnements).
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Les lettres de Monsieur Théophile 1ère lettre : lettre à la victime « Comment demander Pardon à celle qu’on aime, lui parler de regrets que l’on n’éprouve pas. Après toutes ces années. La première fois que je t’ai vu, tu avais 8 ans et ton sourire avait ébloui ma vie. Moi qui n’avait pas d’ami, une petite fille me prenait la main. Je t’ai toujours aimée et je croyais que tu aimais ce que nous faisions. Si j’ai regardé ces sites internet, c’était pour essayer de te retrouver. Je te cherche dans les visages des enfants que je croise le matin. J’aimerais être avec eux en pensant à toi. Pourquoi te demander pardon, tu ne le croirais pas, car je t’ai si souvent dit que je t’aimais. Sans toi, je ne suis plus rien. Après ma tentative de suicide, tu es venue me voir à l’hôpital et j’ai compris que tu tenais encore à moi quand même. Devrais-je y retourner pour te revoir, De tout mon cœur, j’attendrais que tu veuilles me revoir. J’attendrais ce jour toute ma vie. » Théo
2ème lettre : réponse probable de la victime « Comment peux-tu m’écrire que tu m’aimes, après que moi et ma mère nous ayons visionné les disquettes que tu cachais. Après la relation que nous avons eu. Je n’ai jamais rien dit, je ne t’en ai jamais voulu. Depuis j’ai eu des enfants, et je n’ose pas imaginer ce que tu pourrais avoir fait avec mes filles, moi qui te laissais seul avec elles. Tu as brisé l’amour que je pouvais te porter en allant sur ces sites internet. Tu as raison je ne pourrais jamais te pardonner, tu m’as rendue si malheureuse. Tu dis me chercher dans les visages des enfants, tu es donc toujours attiré par les petites filles même si tu penses à moi à travers elles. Ne m’écris plus, laisse le temps effacer la colère et le chagrin et qui sait, un jour, je frapperai peut-être à ta porte. ». Samira3ème lettre : réponse souhaitée de la victime « Que t’écrire après avoir reçu ta lettre, que je ne veux plus entendre parler de toi, mais tu sais bien que ce n’est pas vrai. J’ai joué au jeu de la colère et de la haine devant ma mère et la famille, je t’ai dit que je ne te pardonnerai jamais et je t’ai interdit de revoir les enfants. Comme je regrette cette précipitation, j’aurais du t’écouter et t’aider, mais je ne savais que faire devant les autres qui eux te rejetaient complètement, te faisant même un chantage à l’affection avec les disquettes ( si tu cherches à la revoir, on te dénonce à la police). Je voulais terevoir, reprendre contact avec toi mais je ne sais pas. Ta lettre m’en donne la possibilité. Tu restes dans mon cœur comme mon premier amour. Je crois qu’ilserait bon de se revoir sans rien dire à personne. Notre amour était impossible et il nous a brisé toi et moi. Ne me cherche pas dans d’autres petites filles, tu te brûlerais à ce jeu là, car c’est moi que tu aimes à travers elles. Aussi, attends moi, un jour je reviendrais vers toi, sois patient.
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • Suite de la troisième lettre : • « Voilà, je termine en te disant combien je pense à toi, je connais ton côté jusqu’au-boutiste même dans les actes fous, aussi avant de te laisser je te dis : prends soin de toi et réfléchis avant tout acte qui ne laisserait que des regrets. Je t’embrasse, » • Samira
Colloque 2005 de la L.F.S.M « Parole sacrée - Sacrée Parole » le 2 décembre 2005 • En Conclusion