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AINS et gériatrie. Zrour - Hassen Saoussen Service de Rhumatologie Monastir. Introduction . La prescription des AINS est bien particulière chez le sujet âgé Principe +++ : rapport bénéfice/risque Certaines pathologies inflammatoires fréquentes à cet âge
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AINS et gériatrie Zrour-HassenSaoussen Service de Rhumatologie Monastir
Introduction • La prescription des AINS est bien particulière chez le sujet âgé • Principe +++ : rapport bénéfice/risque • Certaines pathologies inflammatoires fréquentes à cet âge • La douleur est une urgence thérapeutique en gériatrie • Evaluation souvent plus difficile, prescripteur est souvent perdu devant une poly-pathologie, une plainte floue. • La surveillance doit être rigoureuse, précautions +++
Causes médicamenteuses de décès ArchIntern Med. 2001 Oct 22;161(19):2317-23. • Cardio-vasculaire 61 hypotension, déshydratation, bloc aurico-ventriculaire… • Anti-asthmatique 55 arythmie, infarctus du myocarde, arrêt cardiaque… • Anti-thrombotique 45 hémorragie cérébrale, hémorragie digestive • Antibiotiques 14 colite pseudo-membraneuse, insuffisance rénale, hépatique… • Anti-psychotique, anxiolytique 12 dépression respiratoire, sédation • Antalgiques 12 dépression respiratoire • AINS 6 hémorragie digestive
Les AINS sont une cause majeure de mortalité chez l’homme Mortalité aux USA pour différentes causes en 1997 25,000 20,000 15,000 10,000 5,000 0 Cause of death AIDS Asthma Leukaemia NSAID toxicity Cervical cancer Multiple myeloma Hodgkin’s disease Wolfe et al 1999
AINS et personne âgée ? Pas d’AINS ou Naproxène + IPP ?
Les AINS : Qui sont ils ? • Ce sont des médicaments ayant une action symptomatique contre l’inflammation. • Ils ont des propriétés : analgésique anti-inflammatoire antipyrétique • Tous les AINS possèdent le même mécanisme d’action : inhibition des Cyclooxygénases ou COX. • Ces COX interviennent dans la synthèse des prostaglandines dans l’organisme
AINS : mécanismes d’action • Il existe 2 types de COX : • La COX 1, dite « constitutive » : toujours présente dans l’organisme (notamment dans l’estomac et les reins) • La COX 2, dite « inductive » : • absente à l’état basal et induite lors de phénomènes inflammatoires. • provoquerait la libération des prostaglandines impliquées dans les processus de l’inflammation.
Mécanisme des effets indésirablesdes AINS Les prostaglandines sont impliquées dans la régulation des actions suivantes : • douleur • hyperthermie • agrégation plaquettaire • protection gastrique • vasodilatation rénale • motricité utérine • motricité bronchique
Membrane cellulaire Phospholipase A2 Prostaglandines pro inflammatoires Cyclo-oxygénase COX2 Vasodilatation Effet algogène Effet pyrogène Rappel sur la réaction inflammatoire Acide arachidonique Prostaglandines physiologiques Défense de la muqueuse gastrique Flux sanguin rénal Agrégation plaquettaire Cyclo-oxygénase COX1
Membrane cellulaire Phospholipase A2 Cyclo-oxygénase COX2 Prostaglandines pro inflammatoires Effets bénéfiques Anti-inflammatoire Antalgique Antipyrétique Acide arachidonique A.I.N.S. Cyclo-oxygénase COX1 Prostaglandines physiologiques Effets secondaires Toxicité gastrique Toxicité rénale Allongement du T.S.
Action ULCERIGENE gastrique, • Prévention chez les patients à risque (âge > 65 ans, ATCD d’ulcère gastroduodénal) par l’administration concomitante d’un IPP. • Cet effet est commun à tous les AINS, à toutes les formes galéniques et voie d’administration (orale, rectale et parentérale). • Mineurs :10 à 30% • Gastralgies, nausées, vomissements, douleurs abdominales, effets dose-dépendant • Graves :0.5 à 3% des cas • ulcère gastrique, perforation d’ulcère, hémorragies digestives, • Médicaments à prendre au milieu des repas
Rétention hydrosodée (œdèmes, HTA) • Insuffisance rénale fonctionnelle d’origine hémodynamique • Possible insuffisance rénale aigüe notamment chez le sujet âgé. • Asthme et bronchospasme • Par augmentation de la synthèse des leucotriène surtout AINS classiques • Autres : • allergies, manifestations cutanées, hépatiques, rénales (néphropathie interstitielle, nécrose papillaire), hématologiques, neurosensorielles...
Pharmacocinétique • Résorption per os : excellente. • Forte liaison aux protéines plasmatiques nombreuses interactions médicamenteuses • ½ vie variable : longue (Feldène, phénylbutazone), Intermédiaire (Apranax), Courte (Profenid, Voltarene) • Bonne diffusion vers les sites articulaires • Métabolisme : hépatique. • Elimination urinaire
Interactions Médicamenteuses Nombreuses +++. • AINS entre eux : majoration du risque ulcérogène et hémorragique • AVK et héparine : risque hémorragique • Méthotrexate: augmentation de sa toxicité hématologique • Lithium : Augmentation de sa concentration sanguine • Phenytoine : augmentation du risque de surdosage • Sulfamides hypoglycémiants : augmentation du risque de surdosage
Pharmacocinétique sujet âgé • Absorption • Diminution de la vidange gastrique • Augmentation du pH gastrique • Diminution de la motilité gastro intestinale • Diminution du flux sanguin splanchnique • Diminution de l'efficacité des systèmes de transports actifs • Gastrite atrophique : Pullulation Microbienne • Distribution et transports • Diminution du compartiment hydrique • Augmentation de la masse grasse • Diminution de la masse maigre musculaire • Diminution de l'albuminémie
Pharmacocinétique sujet âgé • Métabolisme • Diminution du métabolisme hépatique des médicaments à forte extraction hépatique • Diminution de la masse hépatique • Diminution du débit sanguin hépatique • Excrétion rénale • Diminution du flux sanguin rénal • Diminution de la filtration glomérulaire • Diminution de la sécrétion tubulaire • Diminution de la réabsorption tubulaire
Caractéristiques des accidents médicamenteux chez le sujet âgé • Deux à 3 fréquents que avant 65 ans • Plus graves • Atypiques • 30 à 40 % sont Évitables
Applications aux AINS • Ulcérations digestives : • Accidents digestifs graves (hémorragies) × 4,1-5,5 (vs 1,65) Weil, Gut 2000 • Indications opératoires × 10,4, mortalités 20 % • Insuffisance rénale aigue × 3,5-4,1 PèrezGutthann, 1996 • Troubles cognitifs • Décompensation cardiaque × 2 ou tensionnelle Heerdink, Arch Int Med 1998
Pourquoi plus d'effets secondaires • Volume de distribution sec et gras • Dénutrition Hypoalbuminémie • Insuffisance rénale : VIEILLISSEMENT RÉNAL 1. Moins 20% de glomérules 2. Sclérose interstitielle 3. Moins 50% de flux sanguin rénal • Mesurer la fonction rénale par la clairance de la créatinine selon Cockcroft
AINS - antiCOX2 DÉSHYDRATATION PRODUITS DE CONTRASTE MYÉLOME DIABÈTE STÉNOSE DE L'ARTÈRE RÉNALE Insuffisance rénale aiguë fonctionnelle et hyperkaliemie Insuffisance rénale aiguë organique par nécrose tubulaire Accumulation médicamenteuse et toxique
AINS.... • Une trentaine d’AINS sont disponibles • Susceptibilité individuelle pour identifier le produit actif et bien toléré • Différents groupes en fonction d’analogies pharmaco-cliniques • Coxibs constituent une classe à part compte tenu de leurs propriétés pharmacologiques différentes (moindre agression muqueuse digestive, absence d’effet sur l’agrégation plaquettaire)
AINS... • AINS à demi-vie courte : 2 à 6 heures en 3 prises/j • Kétoprofène : Profénid • Diclofénac : Voltarène • Acniflumique : Nifluril • AINS à demi-vie moyenne : 12 à 18 heures en 1 à 2 prises/j • Naproxène : Apranax , Naprosyne • AINS à demi-vie longue : sup à 24 heures, 1 prise • Piroxicam : Fèldène , Cycladol • Phénylbutazone : Butazolidine
AINS.... • Choix ? • Pas de hiérarchie • Coxibs ont la même efficacité que AINS classiques mais 50% moindre de toxicité digestive • L’absence d’effet antiagrégant plaquettaire des coxibs peut expliquer la différence en ce qui concerne l’incidence des événements thrombotiques cardio-vasculaires et cérébraux à court et moyen terme • En revanche les effets cardio-vasculaires à long terme sont communs aux coxibs et AINS classiques
Dérivés acéto-indoliques Indométacine (Indocid®, Dolcidium®) Etodolate (Lodine®) Sulindac (Arthrocine®) • Activitépharmacologique : • Anti-inflammatoiremoinspuissanteque les pyrazolésmaismoindrerisque et possibilité de tttprolongé. • Analgésique et antipyrétiqueéquivalente à l’aspirinemais pas d’indication.
Dérivés acéto-indoliques • Effets indésirables « spécifiques » : • Neuropsychiques ou neurosensoriels : troubles de la vigilance, céphalées, vertiges, bourdonnement d’oreille, surdité; troubles du sommeil aggravation d’un état psychiatrique (hallucination, délire), d’une épilepsie, parkinson, survenue d’un état psychiatrique • Réactions oculaires : brouillard visuel, atteinte de la macula, hémorragie du vitré • Rénaux & hépatiques • Cutané : syndrome de lyell
Dérivés de l’acide propionique • Moindre efficacité mais meilleure tolérance • Acide tiaprofénique (Surgam) • Alminofène (Minalfène®) • Flurbiprofène (Cebitid®) • Ibuprofène (Brufen®, Nureflex®) • Ketoprofène (Profénid®, Ketum®, Bi-profénid®) • Naproxène (Apranax®, Naprosyne®) Troubles digestifsfréquents Accidents hépatiques, rénaux et cutanéssontexceptionnels
Dérivés de l’acide anthranilique ou fénamates • Bonne tolérance • Diclofénac (Voltarène) • Acide méfénamique (Ponstyl®) • Acideniflumique (Nifluril®)
Oxicams • Classe prometteuse mais demi vie prolongée et effets cutanés sévères entrainant l’arrêt immédiat du traitement… • Piroxicam (Feldène) • Ténoxicam (Tilcotil®) • Méloxicam (Mobic®) • Le Méloxicamest le premier inhibiteurpréférentielle de la cyclooxygénase COX-2 à faible dose. Cetteparticularitéimpliqueraitunemeilleureefficacité et moinsd’effetsindésirables et notammentdigestifs.
Le célécoxib (célébrex®, Bextra ®) • CXB inhibe 100-400 fois plus COX2 • demi vie 10-14 h • Arthrose : 200 mg/j • PR : 200-400 mg/j • aussi efficace qu’AINS classiques • Meilleure tolérance digestive • Dyspepsie? • Rashs ?
le rofécoxib (Vioxx®) • RCB inhibe 800 fois plus la COX2 • AMM arthrose-PR: 12.5 - 25 mg/j • USA : 50 mg/j < 5 jours • efficace douleur extraction dentaire> paracétamol (600) + codéine (60) • dysménorrhée • Meilleure tolérance digestive vs AINS: endoscopie, sang dans les selles • Dyspepsie? • Œdèmes (dose-dépendants) RETIRE
Ne jamais oublier !! • Réévaluer la douleur après l’administration d’antalgiques • Chez la personne âgée : tout changement de comportement doit faire évoquer la douleur • Ne pas hésiter à donner un traitement prescrit même si on a un doute à l’évaluation et ne pas donner de placebo
CLOMIPRAMINE (Anafranil®) / AMITRIPTYLINE (Laroxyl®) : Risque de confusion +++ Hypotension orthostatique. Effets anticholinergiques : bouche sèche, constipation, rétention d’urine. Effets centraux : somnolence, tremblements. IRS ? CLONAZEPAM (Rivotril®) : Risque de somnolence. GABAPENTINE (Neurontin®): A adapter à la clairance de la créatinine. Si somnolence la durée des paliers. CARBAMAZEPINE (Tégrétol®) : Risque de confusion, de surdosage, d’hyponatrémie. iatrogénie Douleurs neurogènes Fond douloureux Composante fulgurente
Association de malfaiteurs AINS + IEC + diurétiques
Comment mieux faire ? • Évaluer les effets du traitement • Adapter les posologies à la gériatrie • Utiliser des demi-vie brèves, cures courtes • Responsabiliser et informer le malade, l'idéal étant les associations de malade ou de famille • Améliorer la formation initiale et la formation continue des soignants • Enseigner les alternatives aux médicaments : nutrition, kiné, ergothérapie, hygiène de vie +++
Comment mieux faire ? • Prescrire plus d'antalgiques que d'AINS • Prescrire plus de morphiniques dans les douleurs intenses. • Ne prescrire en Gériatrie que des médicaments anciens, bien validés, possédant les mentions légales pleines et entières et non pas « utilisé dans » et « proposé dans » • Attention à l'automédication antalgique par AINS….. • Nécessité d'une bonne relation médecin-malade.
A retenir : AINS en gériatrie peuvent être prescrits mais ... • Sont contre-indiqués si : • CI si clairance de la créatinine < 30ml/mn. • Si risque gastrique : pas d’AINS classique • Si risque gastrique et cardiologique : ni AINS ni COX2
Conclusion • Prescription dangereuse sans respect des précautions d’utilisation • Des études de pharmaco-cinétiques et de pharmaco-dynamie doivent être exigées chez la personne âgée. • Le rôle de la pharmacovigilance doit être accru • Une prescription est toujours un dialogue singulier entre un prescripteur et un patient unique
Avoir un regard critique mais, ne pas oublier que le médicament est utile !