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E N D
Le grand méchant loup était mort depuis bien longtemps mais un petit loup, Loupouce, son arrière-petit fils, vivait dans la forêt. Végétarien et doux comme un agneau, il était le dernier de son espèce. Il se sentait bien seul et rêvait de se faire des amis. Il aimait lire l’histoire des Trois Petits Cochons que lui racontait autrefois son grand-père. Notre petit loup n’approuvait pas la conduite de cet ascendant sanguinaire et admirait la ruse des Trois Petits Cochons.
Un jour, il se sentit seul comme au fond d’un bocal. Il décida de réparer les fautes de son ancêtre et partit à la recherche des descendants des Trois Petits Cochons. « Je connais la forêt comme ma poche, ils n’y sont pas. Je vais donc aller habiter en ville, mes recherches seront plus faciles», se dit-il.
Les voitures, le bruit, le tramway l’effrayèrent mais rien ne pouvait l’arrêter. Notre loup loua donc un appartement et s’acheta un ordinateur avec une connexion à Internet. Assis sur un carton de déménagement, il se connecta et eut rapidement une page de liens. Il obtint la généalogie des Trois Petits Cochons et l’adresse MSN de trois de leurs descendants, ceux-ci s’appelaient Tire-Bouchons.
Dimanche arriva et le loup se prépara. Il redoutait d’effrayer ses futurs amis et eut l’idée de se relooker. « Comment faire ? Et si je m’épilais pour être rose comme un cochon ? » Pour cela, il s’enduisit le corps de cire, spéciale peaux fragiles. En se penchant sur son réchaud, il se brûla les poils. « Ouille ! Cela sent le cochon grillé ! » Il fila sous la douche pour soulager son pauvre corps.
« Mais je n’ai plus de poils ! J’ai la peau aussi rose qu’un petit cochon ! Je continue ma transformation. Je trouve mes crocs et mes griffes bien pointues. Et si je me les limais ? » Il prit sa lime dans sa trousse de toilette rose jambon et ses crocs et ses griffes petit à petit rétrécirent.
Loupouce n’était pas satisfait, il trouvait ses dents bien jaunes. Comment faire ? Il se les brossa avec du bicarbonate de soude et apprécia le résultat. En soufflant de contentement, il fut incommodé par son haleine de phoque. Notre loufoque avait de l’humour et il déclara à son image : « Les Tire-Bouchons vont s’évanouir dès que je vais ouvrir la bouche. Vite un bain de bouche ! »
Loupouce s’épila ensuite les sourcils pour adoucir son regard. Il enfila enfin son beau costume rose cochon et se parfuma avec « Loustic ». Il était fin prêt pour se rendre à son rendez-vous. Il se regarda dans la glace et conclut : « Je ne ressemble pas à un loubard. Je réussirai, je ne veux pas rester un « looser ».
Il était temps de se rendre chez les Tire-Bouchons. Bien fier dans son beau costume rose, Loupouce prit le tramway et arriva bien vite à destination.
Il sonna à la porte des Tire-Bouchons et entendit une petite voix : « Qui est là ? - C’est moi, votre admirateur secret. » Un petit cochon tout grassouillet entrouvrit la porte qui était retenue par une chaînette. Le loup ébaucha un sourire timide, le petit cochon rassuré, le fit entrer.
Ils avaient préparé un festin : des gâteaux au chocolat, des crêpes à la confiture de framboise, des glaces aux parfums variés, des loukoums et des jus de fruits aux fruits de la forêt. Tout cela trônait sur des tables aux belles nappes blanches brodées. Le loup se présenta : « Je m’appelle Loupouce, n’ayez pas peur, je suis un loup, le dernier de mon espèce mais je suis pacifique. »
Toute crainte s’envola et les cochons invitèrent Loupouce à se mettre à table. Ils le questionnèrent sur sa venue : « Que nous vaut cette visite ? Pourquoi nous admirez-vous ? -Tout petit, mon grand-père me racontait l’histoire des Trois Petits Cochons. Il essayait de me rendre moins sensible, de faire de moi un vrai loup, mais rien n’y fit. Les temps ont changé, si les loups étaient vos prédateurs, les prédateurs des loups sont les hommes. Ils nous ont exterminés, toute ma famille a été tuée, je suis seul et je meurs de solitude. J’aimerais tant être votre ami ! »
Les Tire-Bouchons s’écartèrent de Loupouce et se concertèrent : « Il n’a pas l’air agressif, il ne ressemble même pas à un loup ! » Un des hôtes alla chercher l’album des Trois Petits Cochons pour comparer Loupouce au grand méchant loup. Ils s’approchèrent de lui et l’examinèrent. « Comme vous avez de petites dents ! - Je n’ai pas besoin de longs crocs, je suis végétarien. - Comme vous avez peu de poils ! - Ils ne me servent plus, je porte des habits. - Comme votre costume est élégant ! - C‘est que je suis civilisé, je connais les bonnes manières. »
Les Tire-Bouchons eurent pitié de lui, ils versèrent même quelques larmes et acceptèrent l’amitié de Loupouce à quelques conditions : continuer un régime végétarien, ne jamais prononcer le mot jambon ou tout mot que l’on peut trouver dans une boucherie charcuterie. Loupouce accepta, il habita définitivement en ville et vécut heureux avec ses amis.
