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. Au moment o
E N D
1. Correction du commentaire de texte :« Cosette et la poupée ».
2. Au moment où Cosette sortit, son seau à la main, si morne et si accablée qu'elle fût, elle
ne put s'empêcher de lever les yeux sur cette prodigieuse poupée, vers la dame, comme
elle l'appelait. La pauvre enfant s'arrêta pétrifiée. Elle n'avait pas encore vu cette poupée
de près. Toute cette boutique lui semblait un palais; cette poupée n'était pas une poupée,
c'était une vision. C'étaient la joie, la splendeur, la richesse, le bonheur, qui
apparaissaient dans une sorte de rayonnement chimérique à ce malheureux petit être
englouti si profondément dans une misère funèbre et froide. Cosette mesurait avec cette
sagacité naïve et triste de l'enfance l'abîme qui la séparait de cette poupée. Elle se disait
qu'il fallait être reine ou au moins princesse pour avoir une “chose” comme cela. Elle
considérait cette belle robe rose, ces beaux cheveux lisses, et elle pensait: Comme elle
doit être heureuse, cette poupée-là! Ses yeux ne pouvaient se détacher de cette
boutique fantastique. Plus elle regardait, plus elle s'éblouissait. Elle croyait voir le
paradis. Il y avait d'autres poupées derrière la grande qui lui paraissaient des fées et des
génies. Le marchand qui allait et venait au fond de sa baraque lui faisait un peu l'effet
d'être le Père éternel.
Dans cette adoration, elle oubliait tout, même la commission dont
elle était chargée. Tout à coup, la voix rude de la Thénardier la rappela à la réalité: -
Comment, péronnelle, tu n'es pas partie! Attends! je vais à toi! Je vous demande un peu
ce qu'elle fait là ! Petit monstre, va !
La Thénardier avait jeté un coup d'oeil dans la rue et aperçu Cosette en extase. Cosette
s'enfuit emportant son seau et faisant les plus grands pas qu'elle pouvait.
3. INTRODUCTION :
5. (I. Les états d’âme de Cosette)
(Idée directrice de la 1ère partie :)
Face au spectacle de la poupée, Cosette
éprouve différents états d’âme qui se
manifestent en particulier dans le mode de
La narration.
6. (a) le point de vue interne) (Idée directrice de la sous-partie :) Nous pouvons observer que le narrateur est anonyme puisque le récit est écrit à la troisième personne du singulier et que le point de vue adopté est interne.
(Procédés et citations à l’appui :) En effet, le vocabulaire de la vue, très présent, montre que la perception de la petite fille guide le texte : « lever les yeux », « vu », « vision », « apparaissait », « considérait » « ses yeux ne pouvaient se détacher », « s’éblouissait », « croyait voir », « paraissaient ». De même, on constate que Cosette est la plupart du temps sujet des verbes utilisés dans le texte. On remarque également la fréquence du vocabulaire de la pensée et du monologue intérieur : « mesurait », « se disait », « pensait », « croyait », « faisait l’effet »… Le narrateur utilise le style indirect : « elle se disait qu’il fallait… », mais aussi le style direct qui traduit fidèlement les émotions du personnage principal, sous une forme exclamative : « Comme elle doit être heureuse cette poupée-là ! ».
(Remarque finale) Le point de vue de vue interne dans ce passage permet de faire éprouver avec plus d’intensité aux lecteurs les sentiments de la petite fille.
- Quand je cite une liste d’expression, chacune d’entre elles doit être entre
guillemets.
- Servez-vous de la grammaire pour justifier l’interprétation du texte.
7. (b) L’émerveillement de Cosette) (Idée directrice de la sous-partie :) Le texte se concentre sur le sentiment d’émerveillement éprouvé par Cosette.
(Procédés et citations à l’appui :) L’admiration de la petite fille pour la poupée est assimilée à une sorte d’extase mystique : le champ lexical religieux le prouve : « paradis », « Père éternel », « adoration », « extase », « vision ». Victor Hugo utilise aussi le registre merveilleux pour métamorphoser la boutique en palais de conte de fées, par l’intermédiaire du point de vue enfantin de son personnage. Différentes comparaisons et métaphores transforment la réalité en monde féérique : « palais », « reine » « princesse », « fées » « génies » ; il y a donc une association candide de la religion et du monde des contes, reliés par l’idée d’irréalité, comme le montrent les adjectifs « prodigieuse » , « chimérique » ou « fantastique ». La poupée semble sacrée pour Cosette : elle ne peut l’appeler simplement « poupée », mais « dame » ou « chose ».
(Remarque finale) Mais la poupée demeure une sorte de mirage dont Cosette a conscience.
- Pensez à analyser les registres !
8. (c) La lucidité paradoxale du personnage) (Idée directrice de la sous-partie :) En effet, Cosette fait preuve d’une lucidité paradoxale.
(Procédés et citations à l’appui :) Cependant, Cosette reste triste et lucide. Notons le vocabulaire de la tristesse : « morne », « accablée », « malheureux », « triste ». Elle qui se transporte facilement dans le monde enfantin des contes de fées, a aussi une conscience aiguë de sa condition sociale misérable. Il y a un paradoxe entre sa candeur et sa lucidité, que Victor Hugo traduit très bien dans un oxymore : « sa sagacité naïve », « sagacité » étant un synonyme de « clairvoyance », c'est-à-dire tout le contraire, normalement, de la naïveté. On perçoit ainsi que Cosette n’est pas seulement une petite fille pauvre et malheureuse : elle est aussi très intelligente, ce qui lui donne toutes les caractéristiques d’une héroïne pathétique.
(Remarque finale servant de transition entre les deux parties) : Les états d’âme de Cosette sont donc subtilement traduits par Victor Hugo dans ce passage, et qu’ils soulignent l’écart entre la fillette et la poupée.
- Je sais identifier les figures de style !
9. (II. Le contraste entre Cosette et la poupée)
(Idée directrice de la 2ème partie :)
Hugo ne cesse d’opposer dans ce
passage descriptif la misérable petite fille et la
magnifique poupée : elles se présentent comme deux
doubles inversés.
10. a) La construction du texte (Idée directrice de la sous-partie :) Tout d’abord, ceci est perceptible à travers la construction du passage :
(Procédés et citations à l’appui :) On remarque que l’extrait est encadré par la triste réalité de Cosette, qui tire son seau (l.1), et « emportant son seau », à la dernière ligne. Sa tristesse est évoquée au départ, et se termine sur sa peur de la Thénardier. D’autre part, on peut observer l’alternance entre les termes mélioratifs désignant la poupée et ceux péjoratifs caractérisant Cosette, comme cette opposition dans la même phrase de « rayonnement chimérique » à «misère funèbre et froide ».
(Remarque finale) Ces procédés achèvent de renforcer l’écart entre le désir de Cosette de posséder une telle poupée et le fait que celle-ci lui soit complètement inaccessible.
11. b) Deux poupées que tout oppose… (Idée directrice de la sous-partie :) On pourrait dire que Cosette et le jouet sont deux poupées que tout oppose. A la première est rattachée une réalité sordide et à la deuxième, un monde céleste et paradisiaque.
(Procédés et citations à l’appui :) On peut percevoir que Cosette est une enfant soumise la servitude, « morne et accablée » ; elle est même un être « englouti » et c’est un « abîme » qui la sépare du jouet. En revanche, la poupée est en hauteur et l’enfant doit « lever les yeux » pour la regarder ; elle trône majestueusement. L’adjectif « heureuse » est attribué à la poupée, tandis que Victor Hugo parle de « malheureux petit être » à propos de Cosette. La petite fille insiste sur la beauté de la poupée en répétant le même adjectif : « belle robe rose », « beaux cheveux lisses ».
(Remarque finale) L’accumulation de ces antithèses accentue le contraste entre la poupée vivante et la poupée inanimée.
12. c) Deux êtres symboliques (Idée directrice de la sous-partie :) En fait, Cosette et la poupée sont pour Victor Hugo le symbole de valeurs opposées : la misère associée au malheur et le bonheur lié au luxe. Il procède à une sorte de personnification de ces valeurs à travers les deux petites.
(Procédés et citations à l’appui :) D’ailleurs, dans une phrase du texte, le romancier semble s’exprimer directement quand il dit : « C’étaient la joie, la splendeur, la richesse, le bonheur, qui apparaissaient (…) à ce malheureux petit être englouti dans une misère funèbre et froide ». L’énumération des termes positifs en début de phrase s’oppose aux termes négatifs qui finissent la phrase, mis en relief par une allitération en « F ».
(Remarque finale) La poupée incarne aussi tout simplement l’univers du jeu, alors que Cosette ne connaît que le travail.
On peut aussi étudier les sonorités dans un texte en prose.
13. CONCLUSION : Nous avons d’abord étudié les états d’âme de Cosette, qui connaît une extase quasi mystique malgré sa tristesse. Puis nous avons mis en évidence le fait que la poupée est un reflet inversé de la petite fille, chacune incarnant symboliquement des valeurs opposées. Ce texte est particulièrement touchant, car la misère de la petite fille apparaît plus frappante, confrontée à l’image du bonheur inaccessible que constitue pour elle la poupée. Cosette, heureusement, dans la suite du livre, sera arrachée aux griffes des Thénardier par Jean Valjean, et cette précieuse poupée deviendra la sienne… La réalité rejoindra le rêve…