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Orthographe. Aspects historiques. Une périodisation en trois étapes embo î t é es. Les systèmes d’écriture L’évolution du système orthographique français Histoire de l’enseignement de l’orthographe. Quelques repères bibliographiques.
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Orthographe Aspects historiques
Une périodisation en trois étapes emboîtées • Les systèmes d’écriture • L’évolution du système orthographique français • Histoire de l’enseignement de l’orthographe
Quelques repères bibliographiques • Beaulieux, C. (1927). Histoire de l’orthographe française. Paris: Champion. • Catach, N. (2001). Histoire de l’orthographe française. Paris: Champion • Chervel, A. & Manesse, D. (1989). La dictée. Les français et l’orthographe. 1873-1987. Paris: Calmann-Lévy. • Jaffré, J.-P. & Fayol, M. (1997). Orthographes. Des systèmes aux usages. Paris : Flammarion
Deux grands types de système • Deux grandes tendances générales des systèmes d’écritures (Hjemslev; repris par Catach) • Tendance cénémique: représentation d’unités non significatives d’une langue • Tendance plérémique: représentation d’unités significatives d’une langue • Au passage: le mythe de l’universalité de l’idéographie - le mythe de l’alphabet biunivoque
Deux modes de traitement • Adressage: chaque unité significative comporte une adresse où on peut la retrouver • Assemblage: constituer la forme graphique significative en prenant appui sur le lexique phonologique et utilisant la conversion phonographique • Pas de rapport direct entre système et mode de traitement: tout système permet les deux stratégies • Comme résultat de l’apprentissage • Comme possibilité et nécessité du système (mixité des systèmes)
Avantages et problème des systèmes • Plérémiques: haute charge mnémonique, rapidité d’accès au signifié; avantages pour certaines langues plus monosyllabiques avec nombreux homophones homographes • Cénémiques: plus grandes économie; accès plus indirect au signifié, surtout dans des modèles mixtes avec des règles phonogrammiques moins efficaces (finnois, grec versus français et anglais)
Français: un système mixte • 80% cénémique • « Un mot français constitue à chaque fois un tout spécifique, même si sa configuration cénémique aide largement à sa reconnaissance » • Pourquoi ce système?
Etude diachronique de l’orthographe française • L’orthographes des jongleurs (XI et XIIe siècles) • Adaptation de l’alphabet latin, pauvre en graphème, au français, très riche en phonème • Bilinguisme - aide mémoire - dominance de l’oralisation - instrument de relecture • Lettres à nombreuses correspondances phonologiques: • « uile » se lit « ville, file file »; « base » se lit « base basé basse » • Mais tout ce qui est écrit se prononce: une orthographe idéale?
Un exemple de textes des jongleurs Lauenture dun autre lai Com ele auint vus conterai Fet fu dun mut gentil vasal Li breton lapelent Ianual A kardœl seiornoit li reis Artur li pruz et li curteis (Marie de France, Le lai de Lanval, d’après des manuscrits milieu du XIIe)
Le labyrinthe orthographique: les praticiens (XIIIe au XVe siècles) • « La période suivante a tout gâté » (Catach, p. 11) - le pouvoir linguistique change de main • L’océan des écritures judiciaires: fonctionnaires, baillis, procureurs, etc.; introduction du français dans les écritures publiques • Orthographe régulière et latinisante
Un écriture peu lisible • « ung » pour éviter la confusation entre « vn » et «vii » • Pour ne pas confondre « seu » (su) avec « sen » (s’en), on écrit « sceu » en généralisatn à « scavoir », … • Pourquoi « huis »? Pour distinguer u et v: hvis et vis • Pas d’accent: ajout de consonnes pour marquer valeur des consonnes: z pour distinguer e et é: chez, nez, etc.
Vers lecture visuelle • Tendance à lecture visuelle (versus oralisation des jongleurs); donc différenciation des homonymes (le français est relativement fortement monosyllabique) • Sis -> six • Vint -> vingt et entraîne ung • Nom et non • Mes devient: mes, mais, mets • Deux voyelles formant un groupe de graphème distinguer par consonne: aultre, peult; faict, laict, traict
« Etymologisme » systématique et incohérent • Batesme: baptême; oscur: obscur; lou: loup; doi: doigt; pie: pied • Scavoir: scire (or: sapere) • Poids: pondus au lieu de pensum (peso) • Pourtant: havoir est rare malgré habere • Vers une généralisation du principe étymologique: joignhant, receptuant, acestpant
Les raisons d’être de cette orthographe • Lecture visuelle • Texte sans ambiguïté • Bilinguisme et donc étymologie accessible et prestigieux • Mais aussi: paiement à la ligne et augmentation des lettres (Beaulieux)
Un jugement sévère « Ainsi, une copie maladroite du latin, l’abus de la tradition […] l’empirisme et le goût du lucre avaient transformé la belle orthographe du XIIe siècle, si nette et si sobre, en une cacographie pédante, hypertrophiée et grossière, en même temps qu’à la belle écriture caroline avait succédé un grimoire indéchiffrable. » (Beaulieux, p. XIV)
Vers l’orthographe actuelle • Imprimerie, nécessité d’uniformisation, nouveau bouleversement phonologique: une révision s’impose; deux tendances: • La réforme défendue par Ronsard; Montaigne et de nombreux autres auteurs - proposition de retour à l’orthographe de la chanson de geste; élimination des lettres adscrites; utilisation des accents; élimination de y pour i, etc. Ces réformes « mériteraient aujourd’hui encore d’être appliquées, car elles sont dans la véritable tradition française » (Catach, p. 28)
La tradition • Geofroy Tory: introduction d’accents, cédille, apostrophe, mais amélioration de l’orthographe française par meilleure imitation du latin • Premier traité d'orthographe française 1529: Tres utile et compendieulx traicte de lart et science dorghographie gallicane • Robert Estienne: publie en 1539-1540 le Dictionnaire francois-latin », premier du genre qui va s’imposer comme norme; la base: l’orthographe des praticiens
Le triomphe des conservateurs « Avons faict ung recueil, principalement de ce que nous avons veu accorder a ce que nous auions le temps passé apprins des plus scavans en nostre langue qui auoyent tou le temps de leur vie hanté es Cours de France lesquels lieux le langage sescrit et se prononce en plus grande pureté » (Estienne) « La Compagnie déclare quelle desire suivre l’ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres davec les ignorants et les simples femmes. » (Mézeray, projet pour un dictionnaire de l’Académie française, 1635)
L’Académie • L’orthographe du XVIIe siècle n’est pas fondamentalement différente de celle des praticiens - premier dictionnaire 1694 • Attachement de l’Académie à cette orthographe défectueuse: marque de caste Commentaire de Cohen: « Les membres de l’élite devaient, sur une tête rasée, porter une masse de cheveux qui n’étaient pas les leurs: la langue française aussi, celle des gens de qualité du moins, devait porter perruque. »
Peu de changements - vers une orthographe d’Etat • Le changements introduits dans les Dictionnaires de l’Académie: entre 2 et 7%, sauf dans l’édition de 1740: 26%. • Cet effort de transformation n’est pas repris lors de la révolution: tendance à l’étatisation de l’orthographe • Création d’un enseignement primaire public en 1832 - la connaissance de l’orthographe devient obligatoire pour l’accession aux emplois publics • L’histoire de l’enseignement de l’orthographe
Histoire de l’enseignement de l’orthographe • Un nouveau venu au 19e siècle - ancien régime: pas une connaissance indispensable à la culture de l’individu; science d’une corporation • Alentours années 1820: orthographe dans recrutement des enseignants; 1830: introduction dans les programme du primaire
Les premières méthodes au primaire • Copie: principal exercices des frères des écoles chrétiennes • Cacographie: livrer aux élèves des mots et phrases mal orthographiés à copier en corrigeant • Conjugaison: écrire sur un cahier des verbes dans toutes les formes • Exercices de français: exercices d’analyse ou de cacographie couplés avec la grammaire • Orthographe lexicale: retenir orthographe des mots usuels (Larousse: champs lexicaux Donc: surtout méthodes basées sur mémoire et méthodes individuelles; le maître est là pour guider et contrôler, rarement pour expliquer
Le secondaire • L’orthographe ne relève pas de l’instruction, mais de l’éducation; c’est aux maîtres d’études et non aux professeurs de l’enseigner; c’est l’affaire du primaire • Changement à partir de la Première guerre mondiale
Le primaire à nouveau • A partir des années 1860-70: le couronnement de l’instruction primaire est l’orthographe • Toute la pédagogie de la lecture et écriture est orientée dans ce sens • L’orthographe comme investissement majeur de l’école; l’instituteur en possession d’une science • Le français: uniquement orthographe et grammaire
L’histoire de la dictée • La dictée est rare avant 1850 • Premiers recueils de dictées sous forme de phrases sans lien illustrant une règle de grammaire • Puis: recueil de petits textes continus dans des dictées graduées - textes artificiels • Puis: utilisation de la dictée pour faire passer d’autres messages - double fonction de la dictée « Dans la plupart des écoles, les maîtres s’efforcent d’inspirer à leurs élèves le goût de l’agriculture au moyen de dictées » (1872, un inspecteur)
La dictée: l’exercice phare de l’enseignement de l’orthographe • Obligation de s’adresser simultanément à tous les élèves • Faire classe • Expliquer les règles et les appliquer • Correction au tableau noir • Donc: exercice moderne parfaitement adapté aux exigences nouvelles de l’instruction primaire à la fin du 19e