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Euromeduc 2008 Séminaire de Paris Table-ronde : Liens entre productions par les jeunes et éducation aux médias 30 juin 2008. Intervention de Odile Chenevez Clemi Aix-Marseille Formatrice à l’IUFM de l’Université de Provence.
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Euromeduc 2008 Séminaire de Paris Table-ronde : Liens entre productions par les jeunes et éducation aux médias 30 juin 2008 Intervention de Odile Chenevez Clemi Aix-Marseille Formatrice à l’IUFM de l’Université de Provence Réinvestir la formation à l’enquête journalistique scolaireDe quelques paradoxes et contrastes
Euromeduc 2008 Séminaire de Paris Table-ronde : Liens entre productions par les jeunes et éducation aux médias 30 juin 2008 Intervention de Odile Chenevez 1. Le réel et le médiatique : le paradoxe du vu à la télé 2. La confidentialité et la publicité : le paradoxe de la monstration 3. L’autorité et la popularité : le paradoxe de l’audimat 4. Blogs et journaux scolaires : le nécessaire contraste 5. Pratique journalistique experte et pratique scolaire d’imitation : la rupture praxéologique Réinvestir la formation à l’enquête journalistique scolaireDe quelques paradoxes et contrastes
Dans mes productions médiatiques, je dénigre les médias, mais je les recopie à l’envi, sans plus savoir d’où vient ce que je diffuse. Le rapport au réel est rendu confus et nécessite une réflexion sur un certain rapport au savoir et à la vérité ainsi que l’apprentissage de techniques de recherche de preuves. (Investigation) [À propos des incidents de Clichy-sous-Bois] « Ma mission, si vous l’acceptez, sera de vous expliquer ce qui s’est réellement passé.[…] Les adolescents partirent en courant et nous racontèrent que pendant qu’ils couraient, les gendarmes les poursuivaient. Eux, les gendarmes, nous avouèrent qu’ils ne les poursuivaient pas. Au bout d’un certain temps, cinq d’entre eux (des adolescents) rentrèrent dans une sorte de décharge ou de parc abandonné. […] . Ils reçurent une décharge électrique de vingt mille volts. Seul un des adolescents survécut. Alors si vous vous faites poursuivre par des gendarmes, ne vous planquez pas dans un transformateur électrique ! » (V.D., collège du Var) Le réel et le médiatique : le paradoxe du vu à la télé
Investigation : Le chikungugna sévit-il exclusivement à la Réunion ? Le mot est-il bien swahili ? Le swahili est-il bien la langue (ou une langue) de la Réunion ? Comment se fait-il que l’on utilise ce mot (originaire de Tanzanie) pour désigner la maladie ? De telles vérifications sont assez faciles à amorcer sur Internet. Dans un journal d’école primaire « Le Chicoungougna est un virus transmis par un moustique à la Réunion. Seule la femelle moustique peut piquer. Chicoungougna veut dire en swahili « marcher courbé » dans la langue de la Réunion. En effet, c’est ce que font les malades à cause de leurs douleurs aux articulations. Ils ont aussi de fortes fièvres et des plaques sur la peau. » (J. et C., école primaire). Le réel et le médiatique : le paradoxe du vu à la télé (2)
Les productions scolaires sont traditionnellement confidentielles : l’élève ne doit pas avoir à souffrir d’une éventuelle piètre qualité de son travail. Le journal scolaire est une exception tout aussi traditionnelle, comme les spectacles scolaires. La publication sur Internet, un nouveau paradigme scolaire ? La pratique de la publication est devenue aujourd’hui massive avant d’être raisonnée. Des questions professionnelles essentielles - A qui s’adresse-t-on en sortant les travaux d’élèves de leur confidentialité, et pourquoi ? - Quels sont les risques que l’on fait prendre aux élèves, à leur image de soi et à la protection leurs apprentissages quand leurs travaux deviennent des médias ? - Quelles sont les conditions qui permettent de contrôler ces risques ? - Dans quelles conditions la publication facilite-t-elle certains apprentissages, et lesquels ? La confidentialité et la publicité :le paradoxe de la monstration
Publier des travaux d’élèves, est-ce bien, naturellement ? La justification dominante est celle de la valorisation des travaux des élèves, ou l’utilisation d’un support qui leur plaît, voire qui leur ressemble. Mais le blog de classe où l’on publie tout ce qui se fait en classe peut devenir un cas d’exhibitionnisme pédagogique. Les conditions favorables de la publication scolaire - Freinet : « On ne travaille que pour quelqu’un ». - S’adresser à quelqu’un : la pédagogie de la dédicace (Jean Vial), pour une véritable éducation sociale. - La publication scolaire doit être au cœur de la dialectique entre liberté et sécurité. - Exposer et s’exposer : prise de risque d’un rite de passage. - Elle peut permettre de refonder la légitimité de l’évaluation. La confidentialité et la publicité :le paradoxe de la monstration (2)
La bienveillance n’est jamais sûre en matière de publication sur Internet Aujourd’hui publier n’est pas forcément éditer, c’est seulement montrer. La pratique scolaire de la publication est devenue massive avant d’être raisonnée. Les travaux d’élèves deviennent des médias dans un impensé didactique plus ou moins sérieux. Un paradoxe pédagogique ternaire - « Les travaux des élèves sont en ligne, peu importe qui les visitera ». - « Il faut que ces médias soient vus par un maximum d’internautes ». (préoccupation sociale de popularité) - « Le rôle de l’école est de se préoccuper de l’autorité (le crédit moral et intellectuel) des productions des élèves ». Malheureusement, les exigences scolaires sur le point 3 ne sont pas toujours fortes pour les productions médiatiques des élèves. L’autorité et la popularité :le paradoxe de l’audimat
Les blogs personnels des adolescents préoccupent le système éducatif,. Si la peur des risques de dérives d’expression est compréhensible, elle devrait aussi donner l’occasion à l’école de réfléchir à sa mission d’éducation aux principes républicains de la liberté d’expression Ce sont souvent les mêmes élèves qui ont un blog personnel et qui participent à des médias scolaires… Les blogs d’adolescents comme une interface entre les sphères publique et privée. Skyblogs : des petits homards nus hébergés dans une grande carapace. (cf. Dolto) Publier pour expérimenter leur image, leur potentiel de séduction, leur agressivité, voire les limites de leurs provocations. Sans ingérence inutile dans les activités privées des élèves, l’école peut contribuer à préparer les futurs citoyens à prendre leurs responsabilités dans le cyberespace. Expériences dans ce sens avec des plateformes sous SPIP par exemple. Les blogs et le journal scolaire :le nécessaire contraste
Sur le Skyblog de Melody . Du blog personnel au Spip du collège : double langage (1)
Mélody, sur le journal du collège, sous SPIP . Du blog personnel au Spip du collège : double langage (2)
On regarde ici les productions médiatiques de type journalistique, intégrées à un projet scolaire, dans lequel cette activité présente un objectif de formation du citoyen. Enthousiasme, réussites humaines et dynamisme contagieux les caractérise. Comment forment-elles réellement l’esprit critique ? Le journalisme de reportage et d’enquête est la forme la plus experte du journalisme. Elle est rarement transposée dans les pratiques scolaires Ce journalisme suppose une posture de recherche de vérité et de critique de l’information immédiatement disponible. Les modèles de cette posture sont des journalistes comme Laurence Lacour, Marie-Monique Robin, Daniel Grandclément, la russe Anna Politkovskaia ou le polonais Ryszard Kapuscinski. La plupart des journalistes ont des contraintes qui ne leur permettent pas de fréquenter ces postures de journalisme. Pratique journalistique experte et pratique scolaire d’imitation : la rupture praxéologique
Si l’on se contente d’imiter les pratiques réelles des journalistes sans questionner leur raison d’être, il y a de grandes chance que l’on rejoigne les clichés d’un journalisme de mise en scène L’imitation amènera à chercher - comme objectifs ultimes - à interviewer des vedettes, à faire des articles de révérence ou sans fondement problématique, à recopier Internet et les autres médias, donc à faire de la mise en spectacle d’une information consensuelle et servile. Le genre journalistique du commentaire ne doit pas être l’unique genre du journalisme scolaire Le travail patient et plus serein de l’enquête sur des terrains directement observables est une nécessité éducative pour une éducation critique aux médias. Il existe des modèles didactiques appropriés comme le PER (Parcours d’étude et de recherche) Pratique journalistique experte et pratique scolaire d’imitation : la rupture praxéologique (2)
Merci de votre attention Compléments : journaux scolaires sous SPIP
Les plates-formes dynamiques de type CMS sont souvent considérées comme la véritable évolution dans la démocratisation de l’acte de publication, en particulier à l’école. Plus complexe qu’un blog, le SPIP fonctionne en fait de la même manière que celui-ci. La différence tient dans l’existence d’une gestion d’auteurs, qui permet un « tampon » entre l’écriture et la validation. Le « sas » privé du SPIP est le lieu spécifique de l’accompagnement pédagogique. C’est le travail d’élaboration privé qui détermine la construction du rapport des élèves à la chose publiée. Ce travail inclue la nécessité de penser ce que l’on va diffuser, en fonction précisément de cette diffusion. Spip pour prendre le temps de décider de ce qui est publiable…
Une véritable formation s’avère nécessaire dès lors que l’on souhaite en administrer des rubriques, organiser une arborescence, gérer un forum, insérer des objets peu courants, dimensionner correctement les images que l’on y insère, ou même en modifier les squelettes… et respecter les règles de la publication et de la liberté d’expression. Dans l’académie d’Aix-Marseille, les établissements qui le souhaitent peuvent demander l’installation d’un SPIP hébergé par le serveur académique. Il est possible de personnaliser l’environnement, mais des squelettes types peuvent être installés La structure arborescente en rubriques est, de plus, bien adaptée à la réalisation de journaux en ligne Spip pour accompagner l’écriture et la production scolaire éditée
Simon est le fils de l’une des professeurs de français. Il a vite compris le fonctionnement de la plate-forme, et n’hésite pas à se faire passer pour sa mère – qui n’a rien vu – pour faire des commentaires sur les articles de ses élèves à elle, qui sont aussi ses copains à lui… . Evénements minuscules dans l’espace privé (1)…
Les enseignants sont surpris par le nombre d’articles que les élèves proposent à la publication mais sont inquiets des recopiages d’internet. Bientôt ils ne pourront plus assurer l’administration devenue trop lourde… . Evénements minuscules dans l’espace privé (2)…
En 2005, les élèves ne savent pas encore bien que ce qu’ils copient sur Internet est facilement repérable, et beaucoup ont la naïveté de croire que cela ne se verra pas. Ce fut d’ailleurs l’une des raisons du renoncement des enseignants à continuer le projet : ils craignaient d’être débordés par le nombre d’articles copiés. Où l’on voit que Julie sait faire fonctionner le moteur Google et que, lorsqu’elle est en colère, elle en oublierait presque le langage identitaire (qu’elle utilise sans réserve sur son blog). Echanges dans le forum interne du SPIP, entre Julie et Etienne - à l’insu des professeurs qui ne l’ont pas vu -,. à propos d’un article proposé par Etienne : Julie : Etienne, le but de ce site n’est pas de copier-coller des textes que tu trouves sur le web, par exemple celui-ci!! Le truc c’est que ce test il est sur tout les blogs donc … c’est pas discret le copier coller !! Etienne : OUI MAI JULI SUR MON BLOG C T MOI KI LAVEZ FE Evénements minuscules dans l’espace privé (3)…
Cette expérience, pionnière en 2004, a permis de vérifier que les élèves ont très vite saisi en quoi la plate-forme ressemblait à leurs blogs, notamment quant à la manière de publier sur un CMS. Mais ils ont aussi tous compris en quoi elle était différente, en particulier quant au statut institutionnel du site, et à la présence d’un espace privé qui constitue tout un monde d’échanges et de débats dans lequel on n’entre pas anonymement. Julie : Ouais ba ta une imagination…….. kon retrouve sur pleinnnnnnnnnnnnnnn de blogs avant même que tu l’ais rédigé!!! Alors voilà quoi je trouvais ça bizare Etienne : oui si tu veu mais c moi ki les fe Julie : c’est toi qui le dit parce que……….. Enfin voilà regarde là (lien) tu ne peux pas me dire que le 17 août 2004 est plus ancien que le 27 octobre 2003 !! Et sachant que ton texte a été écrit en 2004 et celui qui t’aurais recopier (selon toi puisque tu es à l’origine de ce texte) en 2003, il y a un petit problème !! Etc. Evénements minuscules dans l’espace privé (3)…
Le projet ne peut durer que si le sens didactique de l’aventure est clairement établi et assumé par les enseignants. Ce sens peut s’énoncer ainsi : la responsabilité de l’acte de publier des propos que l’on aura élaboré rigoureusement avec l’intention de les diffuser, en assumant des retours sans concession, est une condition épistémologique saine – et sans doute indispensable – de l’apprendre. L’enthousiasme lié à l’attrait du nouveau passe vite. La banalisation du support Internet rend plus délicate la motivation des équipes. Si l’on ne se préoccupe que de la motivation des élèves, ce qui plaît aujourd’hui, c’est plutôt le papier glacé… Le style magazine flatte le narcissisme beaucoup mieux que toute forme virtuelle, devenue tellement ordinaire ! Le risque de banalisation
D’un point de vue de l’éducation à la publication, le travail didactique de transposition scolaire apporte quelques résultats intéressants : Tout d’abord, celle-ci est validée par une instance qui s’en porte garant : les notions de comité de rédaction et de directeur de publication peuvent y prendre sens. Ensuite, il s’agit bien d’un journal au sens démocratique du terme. Enfin, la chose publiée en ligne prend une qualité de production aboutie, bien sûr perfectible, mais validée par une réécriture et une supervision qui permet à l’élève de progresser. On peut d’ailleurs envisager un comité de rédaction où les élèves auraient toute leur part dans la validation Perspectives