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. Etude de cas Abdelkader1807-1883Hugues FRANCOIS Lyc
E N D
1. L’Autre: un ennemi?
2.
Etude de cas
Abdelkader
1807-1883
Hugues FRANCOIS Lycée J.F Champollion Lattes
4. Un homme en tenue traditionnelle, l’émir Abdelkader sur une photographie postérieure à 1860
Un homme décoré du grand cordon de l’ordre de la Légion d’Honneur
L’adversaire le plus acharné des français lors de la conquête de l’Algérie qui ne se rendit qu’en 1847: un vaincu
Un homme qui arbore la plus haute distinction française, reconnaissance de mérites éminents aux yeux de ceux qui la remettent: un ami de la France
5. Différent
Ennemi
Prisonnier
Ami?
Dans les avatars de l'émir peut-on trouver quelques outils pour appréhender l’autre?
6. Abdelkader: l’autre, ennemi a vaincre
8. L’homme est jeune, tout juste 24 ou 25 ans puisque les débats sont toujours ouverts sur sa date de naissance
C’est un guerrier qui s’exprime, un cavalier, un semeur de mort,
L’adversaire est désigné, collectif ou individuel, chef de troupe ou au corps à corps l’émir se bat
C’est un chef politique les tribus se sont fédérées sous son nom et il entend assumer pleinement son pouvoir dans le cadre d’une guerre sainte, le jihad est proclamé.
Comment un homme si jeune a-t-il pu accéder à de si hautes fonctions?
12.
Un fils de famille noble maraboutique, la « noblesse de chapelet »
Une formation intellectuelle poussée orchestrée par son père Mahi Ad-Din, mort en 1833,qui dirigeait une zâwiya, confrérie soufie, renommée près de Mascara; Abdelkader lui succède à la tête des Qadiriyya, son éducation l’y a préparé.
Une approche rigoureuse et mystique de l’Islam au sein d’une confrérie fondée au douzième siècle par Ibn-Arabi lui-même d’origine andalouse et mort à Damas en 1240. Lors de son premier pèlerinage en Orient (1828-1830) Abdelkader se fait initier dans la confrérie orientale des Naqshbandiyya.
14. Une guerre qui alterne des phases de combat et des phases d’accalmie avec les traités de 1834 et 1837 pendant lesquelles l’émir entreprend de réorganiser les territoires placés sous son autorité entre le centre de l’Algérie actuelle et la frontière marocaine et ce malgré des difficultés récurrentes avec les tribus.
Le traité de la Tafna est rompu, suite à l’expédition des « portes de fer » menée par les français. En février 1841, Bugeaud est nommé Gouverneur Général avec pour mission de mener à bien la conquête totale. Ses moyens sont sans cesse accrus. Des atrocités sont commises comme les « enfumades » du colonel Pélissier, un millier d’hommes asphyxiés dans les grottes du Dhara auxquelles répond le massacre des prisonniers français détenus par les hommes de l’Emir.
21. Trois images à l’organisation identique même si elle est inversée rendant à la fois hommage aux chefs et aux simples soldats, à la cavalerie et à l’infanterie dans une action commune
Une symétrie qui voit s’opposer l’ordre français au désordre arabe et annonce la victoire inéluctable du premier dans un dynamique à laquelle ne manque ni le bruit, ni la fumée, ni la fumée. C’est là le talent du peintre de bataille
A la lisibilité des uniformes et la cohérence des actions menées s’oppose l’anarchie des comportements, le folklore des costumes traditionnels, l’outrance des expressions. Tout oppose les adversaires. La discipline s’oppose à la prouesse vaine. Deux univers et deux époques qui se font face.
26. La tente d’Abdelkader est au centre du camp comme au centre du monde
Chef d’une confrérie d’initiés soufis il a aussi conçu son campement comme une ville mobile, conciliant nomadisme et sédentarité
Cette ville de tentes peut se lire aussi comme la référence à une cosmogonie organisée autour du maitre de la confrérie, détenteur du pouvoir mais aussi du Verbe et donc connaisseur du sens caché des textes sacrés (Cf. Bruno Etienne: Abdelkader)
Un ordre existe bien, loin des représentations d’Horace Vernet et du savoir des conquérants, mais cet ordre est autre.
Le 16 mai 1843 les troupes du duc d’Aumale trouvent enfin la smala et s’en emparent en l’absence de l’émir
30. La prise de la smala marque le début de la fin pour Abdelkader
Il ne peut plus imposer son autorité aux tribus qui se soumettent face à la pression constante des armées françaises
Il se réfugie régulièrement au Maroc d’où il lance des raids et tente vainement de soulever la Kabylie en 1846
Les marocains, défaits à la bataille d’Isly en 1841, et contraints par Bugeaud, maréchal en 1843, à ne plus le soutenir, deviennent aussi une menace pour lui.
Il est contraint à la reddition le 23 décembre 1847. L’ennemi est vaincu mais quel ennemi?
35. De 1847 à 1951,les mêmes éléments sont présents et servent de signes codés quelle que soit la nature de l’image. L’ennemi se soumet de la même façon et l’abandon volontaire du cheval et du sabre s’inscrivent dans une tradition de la mise en scène de la défaite. Abdelkader vaincu s’inscrit dans une longue lignée de représentations.
Si Abdelkader est représenté de la même manière que Vercingétorix, l’Algérie devient une forme de guerre des Gaules inversée, Paris une nouvelle Rome est peut ainsi se déployer la rhétorique de la mission civilisatrice: l’autre peut-il devenir un semblable dans une sorte de courbure de l’espace temps?
Si la continuité de la représentation d’Abdelkader est perceptible, qu’en est il de Jules César?
52. Plus rien ne demeure du guerrier
Le marabout musulman n’arbore plus que son chapelet et son burnous blanc
Une altérité revendiquée dans l’affirmation d’une foi
Mais un dialogue noué avec de nombreux visiteurs
63. De 1853 à 1855, Abdelkader et sa suite séjournent à Brousse en Anatolie dans l’empire Ottoman
A partir de 1855, Il s’installe à Damas où il demeure jusqu’à la fin de sa vie avec sa famille, délivrant son enseignement et gérant ses biens
Il devient aussi un notable de la ville puisqu’il appartient au conseil municipal et reste en étroites relations avec les représentants de la France mais aussi des autres puissances européennes.
66. Pendant les émeutes de juillet 1860 à Damas l’intervention d’Abdelkader et de ses fidèles permet de sauver environ 11000 chrétiens parmi lesquels des religieuse et des enfants
Cette intervention lui vaut la reconnaissance de la France et des chancelleries occidentales.
Le 22 septembre 1860, l’émir reçoit le Grand Cordon de la Légion d’Honneur de la part de Napoléon III
C’est le point de départ d’une nouvelle hagiographie et d’une nouvelle évolution des regards portés sur l’émir
71. Catholique ou franc-maçon le regard demeure chargé de préjugés tenaces qui, s’ils ne sont pas toujours explicites, conditionnent la relation à l’autre
Abdelkader n’accède à la grandeur que parce qu’il a été imprégné de valeurs qui, au départ ne sont pas les siennes.
Malgré sa constante affirmation de lui-même il demeure celui que l’Occident a apprivoisé.
76. « Je déclare par ma langue et du fonds du cœur que personne ne saurait apprécier ma loyauté comme le gouvernement français qui me porte, à moi comme à mes enfants, le plus vif intérêt. Je suis donc fier de la bienveillance que me témoigne la France et je suis fier de lui être entièrement dévoué »
Abdelkader 1881
« Je suis par Lui.
Il est mon tout, Il est mon âme
Tu es Lui le moi et Lui Toi […]
Souviens-toi […] »
Abdelkader Conclusion
77. Abdelkader, c’est une altérité vaincue et apprivoisée mais c’est aussi la progressive construction d’un personnage par les yeux de ceux qui le regardent, le peignent où le décrivent
Abdelkader c’est une altérité effacée par un mythe, celui d’un « Vercingétorix africain », d’un gaulois d’outre mer , un anachronisme héroïque que ses vainqueurs font par l’épreuve entrer dans la modernité.
Abdelkader c’est un homme fidèle à sa parole et à sa Foi, constitutive de son identité d’arabe, de musulman et de mystique
Abdelkader c’est pour les gouvernements français du XIXème siècle, l’autre tel qu’on le rêve sans jamais le reconnaitre…