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Émile Nelligan. Le Rimbaud québécois. Aleksandra M. Grzybowska. Table des matières. Émile Nelligan, le poète en exil intérieur 1.L’adolescence difficile du génie précoce. 2. A la recherche d’une nouvelle voie poétique. 3.A l’École littéraire de Montréal. 4. La gloire.
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ÉmileNelligan Le Rimbaud québécois Aleksandra M. Grzybowska
Table des matières • Émile Nelligan, le poète en exil intérieur 1.L’adolescence difficile du génie précoce. 2. A la recherche d’une nouvelle voie poétique. 3.A l’École littéraire de Montréal. 4. La gloire. 5. La fin tragique.
II. Le Vaisseau d’or ou le destin tragique du poète. L’analyse du poème. 1. Étude formelle du texte 1.1. La mise en page 1.2. L’analyse lexicale 1.3. L’analyse stylistique
2. Étude thématique 2.1. Le mouvement. 2.2. Vers l’interprétation. 3. Liens et exercices intertextuels 3.1. « Splendeur et décadence du génie poétique » . 3.2. Le thème de la dilapidation des richesses. 3.3. La vision de la fin de l’artiste.
I. Émile Nelligan Le poète en exil intérieur
HommageàNelligan • En des traits incisifs, allant droit à l'essentiel, le tableau résume symboliquement le drame du poète montréalais, qui va bientôt sombrer, à l'image prophétique de son fastueux Vaisseau d'or. • À l'avant-scène du tableau se présente le poète, chapeau melon noir, sombre manteau, mains gantées. Tristement songeur, son visage est légèrement tourné sur le côté. Les yeux regardent, nous ne savons quelles profondeurs intérieures.
En arrière du poète, nous voyons une partie du Carré Saint-Louis de Montréal, où le jeune homme habitait avec ses parents. Le parc, qui semble ici immense, est couvert de neige. Un plan d'eau glacé porte de rares reflets d'arbres, dénudés. Par cette journée amère et froide, quelques promeneurs vont en ce parc. À gauche du poète, à quelques pas en arrière de lui, se tient silencieusement une femme, elle aussi, comme le poète, figée en une pose. • Tout au fond du tableau, l'horizon est fermé: à peine quelques fenêtres éclairées sur cette muraille de maisons, à l'architecture victorienne. Le ciel, brumeux, est chargé de l'ombre d'une nuit toute proche.
1. L’adolescence difficile du génie précoce • Né à Montréal le 24 décembre 1879, d’une mère canadienne-française et d’un père irlandais, Émile Nelligan grandit dans un foyer qui manque d’harmonie. Son père est autoritaire et têtu, sa mère douce et sensible ; lui exige qu’on parle anglais à la maison, elle s’adresse en français à son fils unique.
C’est elle surtout qui l’élève et lui communique son goût pour les arts ; des soirées qu’elle passe au piano, il conservera un amour pour la musique qui fera l’objet de plusieurs de ses poèmes. C’est à l’âge de seize ans - nous sommes en 1896 - qu’il développe certaines amitiés littéraires et que ses premiers poèmes paraissent dans des quotidiens. Encouragé par sa mère, le jeune poète entre en conflit avec son père, qui voudrait le voir apprendre un vrai métier. Au contraire, Nelligan quitte l’enseignement des Jésuites.
2. A la recherche d’une nouvelle voie poétique • L’année suivante, Nelligan entre à l’École littéraire de Montréal, non pas lieu d’études, mais cénacle où se réunissent poètes bourgeois et amoureux de la langue française. Le jeune poète se heurte à une conception vieillotte de l’activité poétique : pour la plupart, qui pratiquent une poésie de circonstance ou faite à des fins d’édification, la poésie n’est qu’un moyen intelligent d’occuper ses loisirs ;
alors que pour lui, seule compte « la poésie dont on vit et dont on meurt ». Nelligan se range donc aux côtés des poètes symbolistes, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire (l’année suivante, en 1898, il annoncera : « Je mourrai fou. Comme Baudelaire. ») et des parnassiens (l’art pour l’art) ; il lit Heredia, Leconte de Lisle, mais aussi les décadents Rollinat et Rodenbach. Edgar Allan Poe également. • Signé du pseudonyme Émile Kovar, son premier poème, Rêve fantasque, paraît dans Le Samedi du 13 juin 1896. Sous le même pseudonyme, il publiera huit autres poèmes en l'espace de trois mois. Cinq sonnets, signés Émile Nelligan, paraîtront en 1897 dans Le Monde illustré.
3. A L’École littéraire de Montréal • Le 10 février 1897, après avoir soumis au comité d'admission deux poèmes: Berceuse et LeVoyageur, Émile Nelligan est élu membre de l'École littéraire de Montréal, fondée en 1895 par Louvigny de Montigny et Jean Charbonneau. Émile est le cadet du groupe. Le 25 février, il assiste pour la première fois à une séance de l'École et il récite ses poèmes, entre autres, Tristia et Sonnet d'une villageoise.
Les poètes de L’École de Montréal 1ère rangée: • H. Desjardins, • A. de Bussière, • G. Desaulniers 3ème rangée: • H. Demers E.-Z. Massicotte, L.Frechette, G.-A. Dumont, P.Bédard 2 ème rangée: • A. Pelletier, • W.Larose • C.Gill 4ème rangée: • A.Ferland, J.Charbonneau, G. Beaulieu, • Émile Nelligan
Les deux conceptions de la poésie • Le premier groupe avec Henry Desjardin considère que « la littérature n’est qu’un moyen intelligent d’occuper des loisirs, ce n’est pas un métier » (Le Monde illustré, 20 mai 1899, p. 38) • Émile Nelligan, le représentant de la deuxième tendance, riposte que « ce n’est plus la poésie dont on s’amuse, c’est la poésie dont on vit et dont on meurt ».
4. La gloire 1899 verra survenir la brève apothéose et la chute précoce. Le 26 mai, en effet, Nelligan récite des poèmes à la quatrième séance publique de l’École littéraire, dans le Château de Ramesay.
Le beau ténébreux Voici comment le décrivit un témoin : « Une vraie physionomie d’esthète ! une tête d’Apollon rêveur et tourmenté, où la pâleur accentuait le trait net, taillé comme au ciseau dans un marbre. Des yeux très noirs, très intelligents, où rutilait l’enthousiasme, et des cheveux, oh ! des cheveux à faire rêver, dressant superbement leur broussaille d’ébène, capricieuse et massive, avec des airs de crinière et d’auréole. »
5. La fin tragique Porté en triomphe jusque chez lui, près du Carré Saint-Louis, Nelligan connaît vraiment une gloire intense à dix-neuf ans. Moins de trois mois plus tard, cependant, son équilibre mental est rompu, par les heures de veille, par tout ce qu’a pu déclencher en lui ce succès enivrant. Devenu bohème, il loge dans une mansarde, chez un ami littérateur comme lui, où vient parfois le relancer sa mère, ce qui lui occasionne chaque fois des crises nerveuses inquiétantes.
Le 9 août 1899, il grimpe dans un arbre du Carré Saint-Louis et prétend vouloir se suicider. On se saisit de lui pour le conduire dans un établissement de santé. Il demeurera en asile psychiatrique de 1899 à 1941, année de sa mort (les deux tiers de sa vie), ayant définitivement rompu les liens qui le rattachaient au monde des hommes.
II. Le Vaisseau d’orou le destin tragique du poète L’analyse du poème
Le Vaisseau d’Or C’était un grand Vaisseau taillé dans l'or massif :Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,S'étalait à sa proue, au soleil excessif. Mais il vint une nuit frapper le grand écueilDans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,Et le naufrage horrible inclina sa carèneAux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil. Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanesRévélaient des trésors que les marins profanes,Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés. Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?Hélas ! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !
1. Étude formelle du texte 1.1 la mise en page • Observez la régularité de la versification. Quelle est la valeur des rimes? • Comment s’organisent les rimes des deux tercets ? Que pouvez-vous dire de l’utilisation de la ponctuation faite par l’auteur à la dernière strophe ? Quels mots commencent par une majuscule ? Quel sens cela peut-il avoir ? • Donnez un titre à chacune des quatre strophes. • Le vers 9 reprend en partie le vers 1, en substituant le passé simple à l’imparfait (« Ce fut » au lieu de « C’était »). Quel effet en découle ?
1.2 Analyse lexicale • Donnez la définition des mots suivants et précisez le sens connoté qu’ils peuvent avoir dans le contexte de ces vers : • Cyprine (v. 3), carène (v. 7), diaphanes (v. 9), • profanes (v. 10), névrose (v. 11), sombré (v. 14).
1.3 Analyse stylistique La figure stylistique globale du poème est l’allégorie. L’allégorie est une métaphore élargie où l’analogie, autrement dit le rapport d’identité, est développée à l’aide d’un ensemble d’éléments. Ici, comme dans nombre de poèmes symbolistes (voir par exemple Le Dormeur du Val), la clef est donnée à la fin du texte. En effet, c’est au treizième vers que se trouve la métaphore centrale : « mon cœur, navire déserté ». L’allégorie se construit pourtant peu à peu au fil des vers. Dites comment. Quels sont les mots, les figures qui permettent d’élaborer cette allégorie ?
La personnification, à la première strophe, permet déjà d’associer le bateau à l’être humain. • Qu’est ce-ce que la Cyprine ? Que signifie qu’elle soit ainsi abandonnée, offerte, « cheveux épars, chairs nues » au « soleil excessif » ? • Dans le même ordre d’idées, commentez le choix du mot « cercueil » (v. 8), celui du mot « flancs » (v. 9)
2. Étude thématique • 2.1 Le mouvement • Identifiez les mots qui permettent de repérer un axe vertical dans le poème. Dans quel sens nous entraîne le mouvement ; du haut vers le bas ou du bas vers le haut ? • De même, soyez attentifs à la dynamique luminosité-obscurité et à celle de l’intérieur et de l’extérieur. Comment se fait-il que le Vaisseau « taillé dans l’or massif » (v.1) ait soudain des « flancs diaphanes » (v. 9) ?
2.2 Vers l’interprétation • Reconstruction de l’allégorie. À partir de ce que vous connaissez de la biographie de l’auteur, et en tenant compte surtout de la logique de l’allégorie, dites ce que peuvent symboliser • « l’Océan trompeur », « la Sirène » (v. 6), • les « trésors » (v. 10), • les marins « Dégoût, Haine et Névrose » (v. 11) • « l’abîme du Rêve » (v. 14).
3. Liens et exercices intertextuels 3.1 Dans un commentaire qui pourrait s’intituler « splendeur et décadence du génie poétique », opérez un rapprochement entre Le Vaisseau d’Or et ce quatrain également de la main de Nelligan : Je sens voler en moi les oiseaux du génie Mais si j’ai si mal tendu mon piège qu’ils ont pris Dans l’azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris, Et que mon cœur brisé râle son agonie.
3.2 Examinez le traitement du thème de la dilapidation des richesses dans « L’enfant à la cervelle d’or » d’Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin). 3.3 Comparez cette vision de la fin de l’artiste avec celle que présente Rimbaud dans « Adieu » : « Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée ! »
III. Bibliographie et Liens • Leyrac, Monique, Leyrac chante Nelligan, Analekta, 2000, CD, isbn AN28815(485024) • Nelligan, Poésies complètes 1896-1899, texte établi et annoté par Luc Lacourcière, Montréal, Fides, coll. du Nénuphar, 2004 [1958]. • Wyczynski, Paul, Album Nelligan : une biographie en images, Montréal, Fides, 2002.
http://www.fondation • nelligan.org/prixNelligan.html : Prix Nelligan. • http://www.ksurf.net/~nelligan/ : Autre site sur Nelligan. • http://www.poesie-quebecoise.org: Portail de la poésie Québécoise. • http://www.emile-nelligan.com